VOICI, TU ES BELLE, MON AMIE
La voix de la Sulamithe s’adressant à son bien-aimé
L’invitation à sortir sur les traces du troupeau
Les délices que l’époux trouve dans sa bien-aimée
L’ombre du pommier et la maison du vin
La voix du bien-aimé : « Lève-toi, mon amie… ! »
La beauté de la bien-aimée
Une nouvelle invitation du bien-aimé
« Afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints… et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance -, afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Eph. 3 : 18-19).
Christ est le grand thème de toute l’Ecriture. Le Saint Esprit se plaît à mettre en évidence divers aspects des gloires du Seigneur. Le but essentiel du Cantique des cantiques est de présenter l’amour de Christ envers son peuple. Précisons qu’il s’agit bien avant tout, en figure, des relations futures du Roi (Christ) avec Israël, son épouse terrestre - plus précisément avec le « résidu pieux » qui se sera formé alors. Mais nous aimerions souligner ici ce qui peut être appliqué aux besoins actuels des enfants de Dieu. L’amour, qui tient une si grande place dans ce livre, est le lien vital qui unit chaque racheté à son Sauveur. De Lui à nous, cet amour est infini, immuable ; de nous à Lui, très souvent, il est faible et inconséquent !
De l’amour dont Jésus nous aime,
Rien ne peut rompre le cours ;
Il nous acquit pour Lui-même,
Il est à nous pour toujours.
A partir du Cantique des cantiques, de nombreuses applications morales peuvent être faites à l’Eglise, l’épouse céleste de Christ. Christ aime l’Assemblée ; dans son amour, Il « s’est livré lui-même pour elle » (Eph. 5 : 25). Il aime son peuple terrestre qui est aussi au bénéfice de l’œuvre de la croix. « Il aime également une âme et l’attire à Lui ; en sorte que dans ce livre nous trouvons aussi une application personnelle très précieuse » (JND). Ce qui lui donne une grande valeur, c’est qu’il éveille notre amour pour Christ, en nous faisant comprendre un peu mieux l’étendue du sien ; car notre « peu » d’amour pour Lui tient à notre « faible » appréciation de son amour pour nous ! Nous avons tous de grands progrès à faire à cet égard.
La voix de la Sulamithe s’adressant à son bien-aimé
Au cours du récit, la Sulamithe est progressivement établie dans une position d’intimité avec l’époux ; elle est élevée de sa condition misérable jusqu’à partager sa gloire ! Esaïe dit : « De la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira de toi « (Es. 62 : 5).
Au début du Cantique, c’est la voix de l’épouse qui se fait entendre ; elle fait connaître son désir : recevoir un gage de l’amour de l’époux. Elle souhaite une « preuve » tangible de son amour (1 : 2). Elle aura bientôt la confirmation attendue. Elle pourra dire alors : « Sa main gauche est sous ma tête, et sa droite m’embrasse » (2 : 6).
Elle demande à son bien-aimé : « Tire-moi : nous courrons après toi » (1 : 4a). Que nous fassions tous la même demande au Seigneur ! Attirée par son amour, elle désire courir après le bien-aimé. La réponse espérée ne se fait pas attendre, et elle dit : « Le roi m’a amenée dans ses chambres » (v. 4b). C’est dans ce lieu secret qu’elle peut goûter les effets de sa présence, seule avec lui. Là, chacun peut s’oublier pour jouir de sa Personne et de son amour.
Après avoir contemplé toute la beauté du roi, elle est saisie par sa propre laideur. Elle regarde « au creux du puits d’où elle a été tirée » (Es. 51 : 1) et déclare : « Je suis noire » (v. 5). Elle se compare elle-même aux tentes de Kédar, connues de tous pour leur noirceur et elle confesse son passé coupable : « Ils m’ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à moi, je ne l’ai point gardée » (v. 5-6).
Restons conscients de notre misérable passé, de notre méchanceté naturelle (Job. 39 : 37 ; Ps.73 : 22 ; Es. 6 : 5). Ainsi nous serons davantage en mesure de rappeler « à la louange de sa gloire » (Eph. 1 : 12) ce que la grâce de Dieu a fait de nous : une épouse bien-aimée ! Si la Parole dit que nous sommes « agréables… dans le Bien-aimé », ce n’est certes pas à cause de nos mérites (Eph. 1 : 6).
L’invitation à sortir sur les traces du troupeau
La Sulamithe est très désireuse de suivre les traces du troupeau qui appartient à « celui qu’aime son âme ». Elle veut être là avec lui, au moment où il le fait reposer à midi. Elle lui demande quel chemin elle doit suivre pour s’y rendre et il instruit celle qu’il appelle déjà ici « la plus belle parmi les femmes » (1 : 8 ; 5 : 9 ; 6 : 1). Pour jouir de la bénédiction, il faut que la Sulamithe sorte sur les traces du troupeau et fasse paître ses chevreaux près des habitations des bergers. Tous les parents chrétiens feront bien de suivre ce conseil !
Mais il convient de reconnaître que parfois nous nous détournons de notre Bien-aimé ! Nous nous laissons séduire par les plaisirs de ce monde, imaginant y trouver de la nourriture et le repos recherché. Or tout cela s’avère être des « gousses », la nourriture habituelle des porcs dans la parabole de Luc 15 (v.16). Si nous laissions la chair là où elle a été placée par la croix de Christ, c’est-à-dire dans la mort, ces mauvaises convoitises ne pourraient plus nous attirer.
La vive affection de l’époux produit une réponse immédiate de l’épouse. « Pendant que le roi est à table » (v. 12), l’adoration s’élève vers lui. Il est fait allusion à l’odeur si agréable du nard. Durant ces moments si précieux, il se peut qu’aucune parole ne soit même prononcée ; l’adoration est alors muette (Jean 12 : 3).
L’époux de la Sulamithe est constamment sur son cœur ; il est symbolisé ici par un bouquet de myrrhe parfumée, qui imprègne continuellement ses vêtements (v. 13 ; 2 Cor. 2 : 14-16). Elle le compare également à une belle grappe de Henné parfumée, dans les vignes d’En-Guédi (v.14).
Les délices que l’époux trouve dans sa bien-aimée
L’épouse avait dit : « Je suis noire » (1 : 5). Lui déclare : « Voici, tu es belle, mon amie ; voici, tu es belle ! Tes yeux sont des colombes… » (4 : 1). La colombe est un symbole de douceur, de tendresse, de pureté et de paix ; séparée de son compagnon, elle se lamente, montrant ainsi l’ardeur de ses affections pour lui (voir aussi 2 : 14).
Dans l’élan de son cœur, la Sulamithe dit : « Voici, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es agréable ! » (1 : 16). Et il lui répond : « Comme le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles » (2 : 2).- La plupart des hommes, dans la sombre vallée de ce monde, ne reflètent pas les merveilleux traits de beauté que chacun peut contempler en Christ. Ce ne sont que des « épines », un sujet de souffrance pour le Sauveur, à cause de l’endurcissement de leur cœur.
Toutefois, Il trouve sa joie dans la compagnie des « siens », de ceux qui sont appelés « excellents de la terre » (Ps. 16 : 3). Christ sanctifie ses rachetés, Il « met sa beauté sur eux ». Pour acquérir « ce lis », Il est descendu dans cette sombre vallée, envahie d’épines. Pour obtenir son Epouse, Il a accepté de porter une couronne d’épines que les hommes, par dérision, avaient tressée à son intention (Matt. 27 : 29).
L’ombre du pommier et la maison du vin
Pour parler de son bien-aimé, l’épouse se sert encore d’une belle image : elle le compare à un pommier qui porte du fruit, à la différence de tous les autres arbres dans la forêt. Elle prend plaisir à son ombre, elle s’y assied et son fruit est doux à son palais (2 : 3). Cet Homme est le seul, chers lecteurs altérés, parmi tous les hommes, auprès de qui vous pouvez trouver du repos, une ombre rafraîchissante et un fruit excellent ! Assis, comme Marie, aux pieds de Jésus, nous pouvons nous nourrir de Lui en écoutant sa Parole.
L’expérience de l’épouse s’enrichit davantage encore. Elle en fait part aux autres : « Il m’a fait entrer dans la maison du vin ; et sa bannière sur moi, c’est l’amour » (v. 4). Ses besoins étaient déjà grandement satisfaits ; maintenant dans la « maison du vin », elle reçoit une plénitude de joie ; elle goûte le charme incomparable de son amour. Ce sont pour elle, et maintenant pour chaque croyant, des moments d’émotion intense, passés sur les « lieux élevés » dans la communion, avec le bien-aimé. Une bannière s’élève souvent pour annoncer que la victoire a été remportée ! Par son amour, Christ a triomphé de tous les ennemis.
La première strophe du Cantique se termine par un appel lancé aux filles de Jérusalem : il leur est demandé de veiller à ne pas troubler le repos de l’amour (2 : 7 ; 3 : 5). Le croyant qui goûte l’amour de Christ redoute tout ce qui peut perturber son intimité avec son Sauveur.
La voix du bien-aimé : « Lève-toi, mon amie… ! »
Dans la strophe suivante, le bien-aimé fait entendre sa voix, pour réveiller les affections de son épouse. Il lui annonce sa venue, elle reconnaît sa voix et réalise qu’il se rapproche de plus en plus ; il en vient même à regarder derrière le treillis. Il lui demande : « Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! » (2 : 10, 13) : « Montre-moi ton visage… ta voix est douce, et ton visage est agréable » (v. 14). Mais elle reste indifférente à ses appels pressants.
D’où un désir exprimé : « Prenez-nous les renards, les petits renards qui ravagent les vignes, car nos vignes sont en fleur » (v.15). En grandissant, ils deviennent de plus en plus « tyranniques ». Un péché peut d’abord paraître insignifiant et grandir ensuite au point de régner sur nous (Rom. 6 : 12, 14). Celui qui nous a rachetés est frustré dans ses affections. Si la fleur disparaît, il n’y a plus de fruit possible ; or tout ce fruit appartient au Seigneur (Jean : 15 : 8).
Au chapitre 4, nous retrouvons les mêmes paroles qui ont déjà été entendues de la bouche du roi : « Voici, tu es belle, mon amie ; voici, tu es belle ! Tes yeux sont des colombes… ». A ces paroles s’ajoutent ici : « derrière ton voile » (v.1). Ce voile rappelle celui dont Rébecca s’est couverte en voyant Isaac approcher, pour laisser à son futur époux toute la joie de découvrir sa beauté (Gen. 24 : 65).
Le bien-aimé décrit successivement :
- ses yeux : les yeux - ils sont la porte de notre âme ;
- ses cheveux : c’est un symbole de la soumission, de la séparation du monde et de la consécration à Dieu ;
- ses dents : elles forment chez la Sulamithe un ensemble harmonieux, sans la moindre faille ;
- ses lèvres : les paroles qui en jaillissent donnent une idée juste de l’état de notre cœur. « De l’abondance du cœur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34).
Le roi cite également ensemble les joues et le front ; ils sont le reflet de la modestie - ou au contraire de l’audace (un front hautain). Il compare le cou de sa bien-aimée à la tour de David, bâtie pour y suspendre armures et boucliers après une victoire. Enfin il mentionne les seins - le symbole des affections. Chers lecteurs, Christ seul est-il l’objet des vôtres ? Il se plaît à reconnaître chez ses rachetés la fidélité de leur amour.
Si l’épouse est devenue capable de décrire devant les filles de Jérusalem les gloires et les perfections de son époux (5 : 10-16), lui-même insiste devant tous sur les beautés et les perfections de son épouse. Quand elle l’entend parler ainsi, elle saisit encore mieux l’étendue de son amour à son égard. Savons-nous décrire en détail, devant notre entourage, les gloires de Christ ? Pour en parler de façon convenable, un cœur doit être d’abord bien assuré des affections du Seigneur à son égard ! Si ce cœur est rempli de paix et de joie, il « bouillonnera » pour Lui (Ps. 45 : 1).
Ainsi depuis que la Sulamithe a compris à quel point son bien-aimé l’aime, elle ne trouve plus de termes assez enflammés, de comparaisons assez éloquentes pour le décrire ! Le roi, lui aussi, ne se contente pas d’une appréciation d’ordre « général » au sujet de son épouse. Il décrit avec soin plusieurs traits de sa beauté ! Ainsi, dans l’Ecriture, le Saint Esprit fait ressortir les grâces « morales » que Christ veut relever chez les siens.
Le roi déclare ensuite : « Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n’y a point de défaut » (4 : 7). Ces paroles rappellent qu’un jour l’Eternel a obligé Balaam à parler de cette manière d’Israël, son peuple « terrestre ». Le devin a dû affirmer que l’Eternel « n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni vu d’injustice en Israël » (Nom. 23 : 21 ; 24 : 5-9). Leur état pratique était pourtant, à ce moment-là, particulièrement humiliant (ch. 25). De même, en accord avec les conseils divins, le peuple céleste est « saint et irréprochable devant Lui en amour » (Eph.1 : 4).
Le Seigneur connaît les dangers auxquels nous nous exposons souvent imprudemment. Nous ne savons pas toujours reconnaître les « tanières des lions » et les « montagnes des léopards » (v. 8) et nous en éloigner au plus vite !
Une nouvelle invitation du bien-aimé
Avec douceur, l’époux invite sa bien-aimée à Le suivre sur des montagnes plus sûres : « Viens avec moi du Liban…» dit-il (4 : 8). Cependant, ce qui doit nous convaincre de nous enfuir, c’est l’amour pour Lui plutôt que la crainte du danger.
Le bien-aimé s’écrie, une fois encore, avec un amour fervent : « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, ma fiancée !... Que tes amours sont meilleures que le vin, et l’odeur de tes parfums plus que tous les aromates !…Tu es un jardin clos, …une source fermée, une fontaine scellée. Tes plants sont un paradis…. » (v. 9-15). Tel se veut un cœur qui désire être tout entier pour lui, dans une disposition intime qui ravit le roi.
Nous sommes surpris de l’entendre demander : « Réveille-toi, nord, et viens, midi ; souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s’exhalent ! » (v.16). Le Seigneur envoie ainsi souvent des vents contraires « souffler » sur ses rachetés, afin que les fruits de sa propre grâce soient produits en eux. Les plus beaux plants dans son jardin se développent souvent au cours d’une forte persécution ! Si le vent du nord parle d’épreuve, le vent du midi parle de façon générale de prospérité et de paix. Notre Dieu ne permet pas que nous soyons éprouvés au-delà de ce que nous pouvons supporter et Il donne « du secours au moment opportun » (1 Cor. 10 : 13 ; Héb. 4 : 16). Après un temps où notre foi est mise à l’épreuve (Mara), Dieu dans sa bonté nous envoie un temps de répit et de bénédiction (Elim) (Ex. 15 : 22-23, 27).
Ce fut le cas pour Job : il a reçu de grandes bénédictions de Dieu à la fin de son temps d’épreuve nécessaire. « S’il afflige (le vent du nord), il a aussi compassion (le vent du midi) » (Lam. 3 : 32). « Il frappe (le vent du nord), et ses mains guérissent (le vent du midi) » (Job 5 : 18). Ne peut-on pas dire que le vent du midi succède au vent du nord dans notre vie, l’un et l’autre étant envoyés par Dieu pour nous faire du bien « à la fin » (Deut. 8 : 16 ; Jac.5 : 11) ?
Dans ce Cantique, « le jour de la joie de son cœur » approche pour le bien-aimé (3 : 11). Les disciples de Jésus ont entendu avec joie le Seigneur dire à son Père : « Je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où je suis, moi, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17 : 24). C’est la volonté de son cœur plein d’amour !
En entendant les déclarations variées du roi qui vont jusqu’à parler d’elle comme de « ma parfaite », comment douter un instant de son merveilleux amour ? Il remplit le cœur de l’Epoux pour son Eglise ; quelle assurance, quelle paix, tant de grâce apporte chaque jour aux rachetés !
Le Bien-aimé se présentera bientôt son peuple céleste comme une épouse « glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable… sainte et irréprochable » (Eph. 5 : 27). « Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait » (Es. 53 : 11).
Ph. L - le 09-01-2015
Plus de nuit, plus de distance !
Ton Epouse à ton côté,
Reflétera ta puissance,
Et ta grâce, et ta beauté.
Fruit de ton amour suprême
On la verra dans ce jour
Environnée elle-même
De ton éternel amour.
Cet amour, sans le comprendre
Nous l’adorons à genoux
Car ta croix le fit descendre
Et s’abaisser jusqu’à nous.