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DES  CHOSES  TRES  SAINTES  (4)       

 

8 – Le service dans le sanctuaire

            « C'est ici le service des fils de Kehath, dans la tente d'assignation : c'est une chose très sainte » (Nom. 4 : 4).

            C’est une famille privilégiée, à l'histoire bien remarquable, que celle des fils de Lévi ; elle avait été donnée à Aaron pour se tenir devant lui et le servir (Nom. 3 : 6 ; 18 : 6). Ils avaient été lavés, purifiés, rendus propres pour un tel service (8 : 21). N'en est-il pas de même pour nous et dans une mesure bien plus complète puisque ce sont nos cœurs qui ont été purifiés par la foi ? Tournés vers Dieu, en nous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai (1 Thes. 1 : 9), nous avons le privilège de servir, et nous avons tous reçu un service. Il peut être fort humble, tel que celui d'Elisée qui, pour commencer, versait l'eau sur les mains d'Elie (2 Rois 3 : 11). Mais, pour « acquérir une bonne maturité » (1 Tim. 3 : 13), il nous faut commencer par « bien servir » dans la sphère et selon la mesure que Dieu nous a départie. C'est le Seigneur lui-même que nous servons, quel que soit notre petit service : « C’est le Seigneur Christ que vous servez » (Col. 3 : 24).
            La bénédiction prononcée sur cette famille par Moïse, homme de Dieu, lui conférait un honneur tout particulier (Deut. 33 : 8-11) : s'occuper du sanctuaire. De plus, une partie d'entre eux, les fils de Kehath, avaient comme attribution une charge des plus précieuses : tout ce qu'il y avait dans les lieux saints. Ce service particulier leur appartenait : ils portaient sur l'épaule (Nom. 7 : 9). Un service noble, intelligent, nécessitant l'engagement de leurs facultés, de leurs forces mises au service du Seigneur. Il comportait évidemment du labeur, des souffrances et la guerre (voir Nom. 4 : 3). Nous sommes en effet au désert : « C'est un lieu de misères, de troubles, de combats », dit un cantique ; c’est « un pays stérile et plein de fosses… aride et d'ombre de mort » (Jér. 2 : 6). Mais ce service comportant ce qu'il y avait de plus précieux dans le tabernacle était « une chose très sainte » (Nom. 4).
            Tel est le service que nous avons à remplir vis-à-vis de Celui qui a été lui-même sur la terre le Serviteur parfait, le Fils de l'homme qui « n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour un grand nombre » (Matt. 20 : 28). Modèle parfait, serviteur qui s'approchant du poteau aura l'oreille percée, comme marque ineffaçable de son service d'amour : « J'aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre » (Ex. 21 : 5). « Lui a laissé sa vie pour nous » (1 Jean 3 : 16). La laisserions-nous pour nos frères ? Pour nous, ce ne sont plus des ustensiles que nous avons à porter, mais des réalités de sa vie en nous à manifester. Paul rappelle aux anciens de l’assemblée à Ephèse ce que fut ce service pour lui : « J’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves…. Je ne fais aucun cas de ma vie » (Act. 20 : 19, 24).
            Dans ce chapitre 4 des Nombres, il s'agissait en premier lieu de porter l'arche ayant comme couverture un drap de bleu (v. 5-6), c'est-à-dire rendre témoignage à un Christ glorifié assis au ciel, porter sur nous ce sceau céleste de notre vie nouvelle « cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3 : 3). Il fallait porter également la table des pains avec le « pain continuel », Christ en association vivante avec les siens : « La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un, comme nous, nous sommes un, moi en eux, et toi en moi », disait-Il à son Père (Jean 17 : 22). Cette unité en Lui sera bientôt connue du monde lorsque nous serons manifestés avec Lui - le drap d'écarlate qui recouvrait la table - et nous avons à la réaliser au désert avec la vigilance nécessaire suggérée par les « peaux de taissons » (4 : 7-8). Hélas, quel sujet d'humiliation en pensant à l'humilité, la douceur, le support, la longanimité qui nous ont manqué si souvent pour réaliser l'unité de l'Esprit par le lien de la paix !
            Ensuite, il fallait porter le chandelier recouvert d'un drap de bleu sous la peau de taissons. Christ est assis au ciel « brillant de majesté » s'occupant de son Eglise afin qu'Il y trouve les fruits de l'Esprit. C'est l'Esprit, en effet, qui la forme et l'anime. La présence et les opérations de l'Esprit de Dieu, reniées de toutes parts au sein des systèmes humains, est une vérité que nous avons à proclamer bien haut - le chandelier porté sur une perche – réalisant toujours cette crainte et cette vigilance saintes que figure « la peau de taissons par-dessus ».
            Vient alors l'autel d'or également recouvert de bleu sous la peau de taissons. Nous pénétrons pour adorer le Père, au-dedans du voile, par un chemin nouveau et vivant jusqu'au sanctuaire où Dieu l'a reçu ! Quelle vigilance nous convient également dans ce cas - toujours la peau de taissons par-dessus - afin que rien d'étranger, de la chair non jugée, ne vienne se mêler au parfum du culte rendu par l'Esprit, culte dont le Père est l'objet, Christ, la substance et l'Esprit Saint la puissance.
            Après avoir enlevé les cendres de l'autel d'airain, le mémorial de ses souffrances et de sa mort, l'autel était recouvert de pourpre. Bientôt, Il régnera avec sa chère Eglise. Qu’Il nous fasse toujours sentir

                        Combien c'est douce chose,
                        Pour tout enfant de Dieu
                        Qui sur Toi se repose,
                        De t'aimer et de te servir !

            Peut-être convient-il d'ajouter quelques mots relatifs à l'avertissement donné dans les versets 17 à 20 du chapitre 4. Il concerne la mise en garde des fils de Kehath, d'entre les Lévites, quant au danger de s'emparer des fonctions qui avaient été dévolues à la famille d'Aaron. Comme nous l’avons déjà remarqué, les Lévites avaient été « absolument donnés » à Aaron et à ses fils pour qu'ils le servent (3 : 5-10). Ils font penser aux serviteurs, aux dons que le Seigneur allait donner à son Assemblée (Eph. 4 : 11-12). Le chapitre 16 du même livre des Nombres rapporte le récit de la révolte de Coré, fils précisément de la famille de Kehath. La parole qu'ils avaient entendue ne leur servit de rien, la révolte de l'assemblée de Coré aboutissant au jugement qui les a fait « descendre vivants au shéol » ! L'Eglise responsable a-t-elle évité cette confusion ? Le clergé n'a-t-il pas été bien vite introduit - cette classe de personnes qui se substituent à l'assemblée, « prenant la place de l'Esprit pour guider et régler à sa place sous le nom de sacerdoce ou de prêtrise ou de ministère comme corps distinct, agissant comme une institution à part » (J. N. Darby) ? N'est-ce pas le renversement de l'enseignement de 1 Pier. 5 : 1-4 : « ni comme dominant sur des héritages » ? Comme la mort menaçait les Lévites qui s'égaraient en usurpant les fonctions du culte qu'avait à rendre la famille d'Aaron, la mort, moralement, n'a-t-elle pas marqué le remplacement de l'action de l'Esprit par des offices figés, le rituel froid des formes religieuses sans vie de la profession chrétienne ? C'était le coup de mort au progrès et au développement des âmes. Le résultat en est : « Tu as le nom de vivre, - et tu es mort » (Apoc. 3 : 1). Le Seigneur a dit : « Qui est donc l'esclave fidèle et sage que son maître a établi sur les domestiques de sa maison, pour leur donner leur nourriture au temps convenable ? » (Matt. 24 : 45). Celui qui aura accompli humblement son service selon le cœur de Dieu, Il « l’établira sur tous ses biens » (v. 46-47). Chose des plus sérieuses, « chose très sainte » !

 

P. Finet – « Messager évangélique » 1974 p. 159-162 ; 217-219

 


A suivre