Le chrétien et le rire
Quelques exemples tirés de la Parole de Dieu
L’origine du rire
L’humour et l’ironie dans la Parole
La gravité
Le parfait modèle de Jésus qui nous donne sa joie
Dans le livre de l’Ecclésiaste (3 : 1-8), Salomon décrit toute une série de choses qui caractérisent la vie de tout être humain, de sa naissance à sa mort. « Il y a un temps pour toute affaire sous les cieux », dit-il. Puis il associe chaque activité ou émotion à son contraire : planter et arracher, démolir et bâtir, se lamenter et sauter de joie… Au début du verset 4, il dit qu’il y a « un temps de pleurer, et un temps de rire ». Dieu donne à chaque sentiment humain sa juste place et le chrétien qui accepte ce que le Seigneur lui dispense cherchera à vivre pour Lui, acceptant tout de sa main - les moments de tristesse, comme les moments de joie. Ainsi, il semble bien que le rire, comme les pleurs, expriment des sentiments que Dieu reconnaît.
Quelques exemples tirés de la Parole de Dieu
A l’époque patriarcale, Abraham et Sara ont ri quand Dieu a annoncé que Sara aurait un fils dans sa vieillesse (Gen. 17 : 17 ; 18 : 12). A cause de cette réaction d'Abraham, le nom d’Isaac, donné par l’Eternel avant même la naissance de cet enfant signifie « rire » (17 : 19). Quant au rire de doute de Sara, cette femme de foi (Héb. 11 : 11), il se changera en un rire de joie et de reconnaissance envers Dieu lors de la naissance du fils tant attendu (Gen. 21 : 6). Quant au rire moqueur et méprisant d’Ismaël (v. 9), il est bien différent et montre que le fils d’Agar ne connaît pas la parole que Dieu a révélée ; sa place n’est plus dans la maison d ‘Abraham et de Sara. Toutefois l’Eternel prendra encore soin de lui dans sa grâce.
Bildad, l’un des « consolateurs fâcheux » de Job (16 : 2), l’a repris avec sévérité ; cependant, il lui a déclaré : « Dieu… remplira ta bouche de rire et tes lèvres de chants de joie » (8 : 21). C’est ce qu’a connu le patriarche à la fin de sa longue épreuve, lorsque « l’Eternel bénit la fin de Job plus que son commencement » (42 : 12).
« Alors notre bouche fut remplie de rire, et notre langue de chants de joie ; alors on dit parmi les nations : L'Eternel a fait de grandes choses pour ceux-ci ! » (Ps. 126 : 2). Le roi David dépeint dans ce psaume - ce chant accompagné de musique - la joie des captifs que l’Eternel a rétablis de Sion.
A la lumière de ces exemples, nous voyons que ce n’est pas le rire en soi qui est bon ou mauvais ; c’est plutôt ce qui le provoque. Quand nous rions, s’agit-il d’un rire de joie, de bonheur, de gêne, de moquerie, d’incrédulité, ou même encore d’un rire sarcastique ?
Les divertissements
Les médias et le monde du spectacle rivalisent pour proposer toutes sortes d’émissions ou de productions théâtrales toujours plus drôles et hilarantes, afin d’attirer le plus possible d’auditeurs, parmi lesquels chacun pourra idolâtrer ses vedettes préférées. Il y a, pour nous chrétiens, un danger de nous laisser séduire par ces choses qui cachent souvent un grand vide spirituel. « Même dans le rire le cœur est triste ; et la fin de la joie, c'est le chagrin », a dit Salomon (Prov. 14 : 13). Il ne nous est pas défendu de rire, bien sûr, mais ne laissons pas notre conscience s'insensibiliser. Soyons gardés de l'esprit d'insouciance et de légèreté qui caractérise le monde autour de nous. Pensons à cet avertissement de la Bible : « Malheur à vous qui riez maintenant, car vous mènerez deuil et vous pleurerez » (Luc 6 : 25) - il s’adresse à ceux qui ne sont pas encore venus à Jésus, mais il parle aussi sans doute à la conscience de croyants qui s’associent aux distractions du monde.
Les plaisanteries
Le rire peut venir d’une simple « plaisanterie ». Le passage suivant est l’unique verset de l’Ecriture où se trouve ce mot : « Mais que ni la fornication, ni aucune forme d'impureté ou de cupidité, ne soient même nommées parmi vous, comme il convient à des saints, ni aucune chose honteuse ; pas de parole folle ou de plaisanterie - ce qui est inconvenant - mais plutôt des actions de grâces » (Eph. 5 : 3-4). Le contexte dans lequel on trouve ce mot est important. Il nous fait comprendre que toutes les plaisanteries impures, honteuses, préjudiciables à quelqu’un, ne sont pas dans la pensée de Dieu. Le Psaume 34 nous avertit : « Garde ta langue du mal, et tes lèvres de proférer la tromperie » (v. 13).
Les pensées
Finalement, tout ce qui détermine chez nous le rire, les plaisanteries ou des traits d’humour, vient de nos pensées. Dieu les connaît toutes (Ps. 139 : 2, 4 ; Héb. 4 : 13). L’apôtre Paul nous dit : « amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10 : 5). C’est le grand secret, avec l’aide du Seigneur, pour devenir un peu mieux cet homme parfait dont parle Jacques, qui tient « tout le corps en bride » (3 : 2).
« Au reste, frères, tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui est de bonne reputation - s'il y a quelque vertu et quelque louange -, que cela occupe vos pensées » (Phil. 4 : 8).
Encore faut-il que le sujet de la joie et du rire aient un motif selon Dieu et ne traduisent pas une perte de sens : « La fornication, et le vin, et le moût, ôtent le sens » (Osée 4 : 11). De tels abus ne relèvent pas d’un état de sagesse divine, comme Salomon le montre en Proverbes 20 : 1 : « Le vin est moqueur, la boisson forte est tumultueuse, et quiconque s'y égare n'est pas sage ».
L’humour et l’ironie dans la Parole
La Parole mentionne parfois des paroles exprimées avec humour ou ironie, sans qu’il soit dit pour autant qu’elles aient été accompagnées de rire ou aient voulu le provoquer.
Ainsi, par exemple, sur la montagne du Carmel, le prophète Elie s’est moqué des prophètes de Baal en leur disant : « Criez à haute voix, car il est un dieu ; car il médite, ou il est allé à l’écart, ou il est en voyage ; peut-être qu’il dort, et il se réveillera ! » (1 Rois 18 : 27). Elie, qui va ensuite invoquer le nom de l’Eternel, défie ici les prophètes de Baal et n’hésite pas à traiter avec ironie leur dieu inerte qui exerce une terrible influence parmi son peuple.
Dans l’exhortation de Paul aux Galates : « Frères, même si un homme s'est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, relevez un tel homme dans un esprit de douceur » (6 : 1), n’y a-t-il pas une pointe d’ironie ? Sont-ils si spirituels qu’ils le laissent entendre ? L’apôtre semble dire à ses frères de Galatie aux prétentions légales : Vous croyez être spirituels ; eh bien, montrez que vous l’êtes !
En écrivant à Tite, l’apôtre Paul rapporte l’appréciation de l’un des prophètes crétois sur son propre peuple : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux» (1 : 12). Ce portrait en termes forts et moqueurs est utilisé par l’apôtre pour montrer à Tite quelles étaient les manifestations de la vieille nature chez ces Crétois convertis. Il ajoute : « ce témoignage est vrai » et exhorte Tite à reprendre sévèrement ces croyants de Crète afin qu’ils soient « sains dans la foi » (v. 13).
La gravité est présentée souvent comme le caractère d’un chrétien suffisamment mature, qui a une vie de piété avec Dieu. Cependant Dieu a donné à chacun de nous un caractère différent. On peut manifester soit une joie intérieure paisible, soit une joie plus communicative. La gravité n’est-elle pas parfois une simple façade, qui se voudrait « religieusement » correcte ?
Paul dit que le surveillant doit bien conduire sa propre maison, « tenant ses enfants soumis en toute gravité (ou : dignité) » (1 Tim. 3 : 4). Tite devait, malgré sa jeunesse, être un modèle dans sa conduite : « te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres ; faisant preuve, dans l'enseignement, de pureté de doctrine, de gravité » (Tite 2 : 7). Dans ces deux passages, comme aussi en 1 Tim. 2 : 2, le mot « gravité » désigne le trait caractéristique d'une chose ou personne qui donne droit à la révérence et au respect, ou encore à la dignité, à la majesté, à être considérée comme sainte, honorable, pure. Dans 1 Tim. 3 : 8, il est dit que les serviteurs doivent être « graves, non doubles en paroles » ; de même les femmes et les vieillards doivent être graves (1 Tim. 3 : 11 ; Tite 2 : 2).
Il semble que la Bible ne nous enseigne pas qu’être « grave » au sens où on l’entend parfois - ne pas rire, être toujours sérieux - soit un des caractères inhérent au chrétien. Au contraire, celui-ci est appelé à être joyeux. Liberté est donnée à chacun d’exprimer sa joie par des actions de grâce, des chants de louange …
Le parfait modèle de Jésus qui nous donne sa joie
La Bible ne mentionne pas le rire dans la bouche du Seigneur Jésus. Il était l’homme de douleur, sachant ce que c’est que la langueur (Es. 53 : 3).
Jésus a participé à un mariage à Cana, en y changeant l’eau en vin (Jean 2 : 1-9), ce que Lui seul pouvait faire, et a dû contribuer à l’atmosphère heureuse ce jour-là !
Dans le Psaume 16, qui nous présente prophétiquement le parfait Serviteur, nous lisons : « Mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie » (Ps. 16 : 9). On Le voit se « réjouir en esprit » (Luc 10 : 21), sans qu’il soit question d’une manifestation extérieure de la joie, visible pour son entourage.
Il a dit à ses disciples : « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ôte votre joie » (Jean 16 : 22). Il nous dit aussi : « Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jean 15 : 11 ; 16 : 22). En effet, nous qui sommes les enfants de Dieu, nous connaissons une source intérieure de joie qui ne tarit pas. Nous pouvons goûter cette joie même au travers des peines et des souffrances ; c’est une joie « dans le Seigneur » (Phil. 3 : 1 ; 4 : 4), une joie « complète » résultant de la communion avec Dieu (1 Jean 1 : 4).
Amis chrétiens, que personne ne nous ôte notre joie, cette joie d’appartenir à Jésus Christ, notre soutien, notre paix, notre espérance ! Trouvons toujours notre vrai bonheur en Lui, dans la lecture de la Bible, la prière, la louange. Nous pourrons alors dire à Dieu : « Tu as mis de la joie dans mon cœur » (Ps. 4 : 7).