L'EPITRE DE JACQUES (1)
1- La patience, but de l'épreuve : v. 2-8
1.1 : Le travail de Dieu dans le croyant
1.2 : Demander de la sagesse à Dieu
2- Les riches et les pauvres : v. 9-11
3- La récompense de la fidélité : v. 12
4- La tentation et la relation du chrétien avec Dieu : v. 13-18
4.1 : Dieu ne tente personne : (v. 13-15)
4.2 : Le Père des lumières, parfait donateur : (v. 16-18)
1.1 : Le travail de Dieu dans le croyant
1.2 : Demander de la sagesse à Dieu
2- Les riches et les pauvres : v. 9-11
3- La récompense de la fidélité : v. 12
4- La tentation et la relation du chrétien avec Dieu : v. 13-18
4.1 : Dieu ne tente personne : (v. 13-15)
4.2 : Le Père des lumières, parfait donateur : (v. 16-18)
L'auteur de cette épître est probablement Jacques, frère du Seigneur (Gal. 1 : 19). Considéré comme une « colonne » (Gal. 2 : 9), il a joué un rôle important dans l'assemblée à Jérusalem. Le titre d'esclave que Jacques s'attribue dans la salutation exhorte déjà le lecteur à une entière soumission à la volonté de Dieu.
Jacques s'adresse aux Juifs qui avaient eu connaissance de l'évangile, sans être cependant tous des croyants. Cette épître « de transition » était destinée à l'ensemble du peuple juif, avant que Dieu n'ait rompu entièrement ses relations avec lui, après la mort d'Etienne, c'est-à-dire le rejet obstiné du Saint Esprit (Act. 7 : 51). L'histoire d'Israël, comme peuple terrestre de Dieu ne reprendra qu'après l'enlèvement de l'Eglise. Mais parmi les nombreux premiers chrétiens issus de ce peuple, il y avait des croyants encore attachés à la religion juive et qui continuaient à observer les ordonnances de la loi. Dieu ne leur dit pas encore, comme il le fera plus tard, de sortir vers Christ, hors du camp (Héb. 13 : 1 3), mais leur adresse un appel à montrer qu'ils possèdent une nouvelle vie en portant des fruits en relation avec celle-ci. Moralement, l'épître de Jacques se place entre Act. 7 : 60 et 13 : 46.
Cette épître se relie à l'évangile de Matthieu et fait suite au sermon sur la montagne (Matt. 5 : 14-16 ; 7 : 17 : 20). Jacques y expose la morale pure, véritable accomplissement de la loi telle que le Seigneur l'avait enseignée à ses disciples. De la même manière aujourd'hui, au sein de l'ensemble de ceux qui se réclament du nom de Christ, ceux qui ont vraiment la vie de Dieu sont encouragés à en montrer la réalité. Quant à ceux dont « la foi est morte » (Jac. 2 : 17), ils seront jugés par cette même parole.
Le style de l'épître est très direct, parfois sentencieux. Il abonde en images. Son auteur, imprégné de l'Ancien Testament, le cite à la lumière de l'enseignement de Jésus (en particulier de son sermon sur la montagne). Les mots relatifs à la parole humaine (« parler, dire, langue... ») reviennent souvent. Jacques s'attaque aux hypocrites ; il met en opposition la parole avec les oeuvres qui apportent la preuve de la foi. Il parle avec amour et douceur, mais aussi avec insistance, à ceux qu'il désigne par l'expression « mes frères », répétée 17 fois dans l'épître.
Nous proposons de parcourir brièvement le contenu des 5 chapitres de cette épître en suivant le plan suivant :
- L'épreuve de la foi endurée avec patience (Jac. 1 : 1-18)
- La loi de la liberté (Jac. 1 : 19-27 ; 2 : 1-13)
- La foi manifestée par les oeuvres (Jac. 2 : 14-26)
- La sagesse en paroles et en actes (Jac. 3)
- La conduite du croyant vis-à-vis du monde (Jac. 4 ; 5 : 1-6)
- L'exercice de la patience (Jac. 5 : 7-12)
Dans sa salutation, l'auteur de l'épître indique son appartenance à son Maître par cette expression : « esclave de Dieu et du Seigneur Jésus Christ » (v. 1). C'est aussi ce que Paul enseigne aux Corinthiens : « Vous n'êtes pas à vous-mêmes, car vous avez été achetés à prix » (1 Cor. 6 : 19-20). Jacques donne l'exemple de l'humilité à ses frères avant de placer devant leurs coeurs des sujets très pratiques concernant la patience, la sagesse, la maîtrise de soi, la prière...
Jacques s'adresse « aux douze tribus », donc à l'ensemble du peuple d'Israël que Dieu considère toujours dans son entier malgré la dispersion, conséquence de son péché. Sachons voir aussi l'Eglise entière, c'est-à-dire l'ensemble de ceux qui ont cru au Seigneur Jésus ; bien que dispersés actuellement, le Seigneur les connaît par nom (Jean 10 : 14 ; 2 Tim. 2 : 19) et les rassemblera bientôt dans la maison du Père.
Jacques invite les croyants juifs qui connaissaient l'épreuve à la considérer comme « une parfaite joie » (v. 2). En effet, un chrétien peut faire cette expérience surprenante : la grâce de Dieu lui permet de se réjouir dans son épreuve même. L'apôtre Paul a pu déclarer : « Nous nous glorifions dans les tribulations sachant que la tribulation produit la patience » (Rom. 5 : 3 ; 2 Cor. 12 : 9). Ce n'est qu'en regardant au Seigneur que nous pourrons nous réjouir malgré la souffrance. Lui-même a éprouvé cette joie en esprit en acceptant de faire ce qui était la volonté de son Père (Luc 10 : 21). « L'oeuvre parfaite » de la patience (v. 4) a été vue en Celui qui a dit : « J'ai attendu patiemment l'Eternel » (Ps. 40 : 1) et qui a considéré avec joie l'accomplissement des dessins éternels de Dieu (Héb. 12 : 2).
Le travail que Dieu opère en nous n'est-il pas de mettre notre volonté en accord avec la sienne ? Nous sommes alors « parfaits » et « accomplis » (v. 4). Sachons comprendre le but divin à travers nos épreuves, qui est toujours de nous « faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16).
Le chrétien réalise que dans le chemin de la volonté de Dieu, il ne manque de rien (v. 4) ; cependant, lorsque l'épreuve est là, il peut être ébranlé, ne sachant pas vraiment ce qu'il convient de faire... Alors, il lui faut s'adresser à Dieu avec confiance pour lui demander la sagesse ; Dieu est prêt à exaucer une telle requête, qui lui est agréable (1 Rois 3 : 10). Cette demande à Dieu doit être faite avec foi ; le doute provient de ce que la Parole n'a pas sa pleine autorité sur l'âme.
L'agitation de son esprit, au lieu d'une foi paisible, fait du croyant le jouet des circonstances, comme les vagues sont le jouet des vents (v. 6). Le chrétien qui marche par la foi peut trembler sous le vent de l'épreuve, mais le rocher sur lequel sa foi repose, lui, ne tremble jamais. Tel l'oiseau sur une branche agitée par la tempête et qui pourtant chante, le chrétien qui « ne doute nullement » (v. 6) reste en paix, sachant que le moment venu, il peut déployer les ailes de la foi et trouver un parfait refuge en Dieu.
Le christianisme n'a pas aboli les différences sociales, bien qu'il introduise dans les relations entre les hommes des notions nouvelles fondées sur l'amour de Dieu. Il s'agit, pour le chrétien, de savoir comment vivre à la place et au rang où Dieu l'a placé : c'est un test, une épreuve de sa foi.
La condition sociale est provisoire : elle s'achève après notre passage sur la terre. Cela est souligné à propos du riche « qui passera comme la fleur de l'herbe » (v. 11). Le Seigneur a dit : « Encore que quelqu'un soit riche, sa vie n'est pas dans ses biens » (Luc 12 : 15). Le riche, s'il est conscient de détenir des biens dont il est seulement le gérant, doit s'attacher à Celui qui demeure éternellement. Il peut se réjouir dans son humiliation, en communion avec son Seigneur qui s'est anéanti et a été obéissant jusqu'à la mort de la croix.
Quant au chrétien pauvre, il ne manque de rien puisqu'il a Jésus ! Le Seigneur s'est toujours approché des pauvres, des démunis ; il a eu compassion de ceux qui étaient dans le besoin. C'est dans une telle compagnie que se trouve le « frère de basse condition » (v. 9). Il est amené à être en communion avec le Seigneur de gloire.
Les pauvres sont exposés à être jaloux et envieux, mais ils sont « riches en foi et héritiers du royaume » (Jac. 2 : 5) ; Les riches sont exposés à l'orgueil et à un sentiment de supériorité. Soyons assurés que ceux qui sont les objets de l'amour divin, peuvent éprouver, quel que soit leur rang social ou de fortune, des bénédictions spirituelles bien supérieures à tout ce que ce monde peut offrir !
Le verset 12 résume et conclut ce qui vient d'être dit des épreuves permises par Dieu pour manifester la foi. Ces tentations extérieures ne devraient pas troubler le chrétien, mais révéler au contraire sa patience et sa persévérance. La « couronne de vie » se rapporte à une vie entière au cours de laquelle une telle patience a été produite, pour la gloire de Dieu. Cette récompense personnelle est accordée au vainqueur ; mais ce n'est pas sa fidélité qui lui permet de recevoir la vie éternelle, car le fondement du salut -qui est toujours immérité- c'est la foi dans le Seigneur Jésus et elle repose sur son oeuvre.
En revanche, la fidélité ou l'infidélité au Seigneur dans notre vie entraînent des conséquences qui ne sont pas les mêmes pour tous (1 Cor. 3 : 14-15 ; Héb. 11 : 35). Désirons être fidèles dans nos épreuves afin qu'il en résulte de la gloire pour le Seigneur (1 Pier. 1 : 6-7).
Les épreuves dont il est question au verset 2 étaient liées à des tentations extérieures que Dieu permet pour le bien des siens et finalement pour leur joie. A partir du verset 13, il s'agit de la tentation intérieure. Ce qui le tente vient du propre fond mauvais de l'homme ; chacun est « amorcé » par sa propre convoitise (v. 14). Mais qui pourrait dire, s'il est tenté, que Dieu en est l'auteur ? « Dieu ne peut être tenté par le mal, et lui ne tente personne » (v. 13). Il a communiqué au croyant une nouvelle nature qui peut triompher de la convoitise, avec les ressources divines (1 Jean 2 : 15-17). L'apôtre Paul montre que la source de toutes nos convoitises c'est le péché auquel notre vieille nature est assujettie (Rom. 7 : 8). Jacques parle plutôt des fruits qui sont produits par la convoitise.
La Parole de Dieu donne beaucoup d'exemples de la démarche mortelle décrite dans les versets 14 et 15. Ainsi en Josué 7, Acan doit dire : « En vérité, j'ai péché contre l'Eternel... j'ai vu... je les ai convoités, et je les ai pris... » (v. 21). En Actes 5, Ananias et Saphira gardent secrètement une partie du prix de la vente de leur terre. Ils ont cherché à paraître aux yeux des autres ce qu'ils n'étaient pas, faisant croire qu'ils étaient: décidés à tout donner au Seigneur ! La convoitise a rempli leur coeur. L'exemple de Juda aussi est très solennel : l'amour de l'argent l'a amené à trahir son maître, à le vendre aux chefs religieux et l'a conduit finalement à se précipiter lui-même dans une mort horrible (Matt. 27 : 5).
Le croyant a été affranchi de la loi du péché par la loi de l'Esprit de vie pour vivre, non plus en esclave de Satan et du péché, mais libre d'accomplir par l'Esprit la volonté de Dieu. Pour cela, Dieu lui fournit toutes les ressources nécessaires :
- Sa Parole, véritable arme dont s'est servi le Seigneur lui-même au désert pour mettre en fuite Satan (Matt. 4 : 4, 7, 10) : il faut donc lire la Parole de Dieu, la connaître, l'avoir sur le coeur (Ps. 119 : 11).
- Le Saint Esprit, puissance de la vie divine que possède le chrétien et qui l'aide à marcher à la gloire de Dieu : « Marchez par l'Esprit et vous n'accomplirez pas les convoitises de la chair (Gal. 5 : 16).
- La prière, par laquelle le secours sera fourni par Dieu, au moment opportun (Héb. 4 : 15).
Mais, pour celui qui a été tenté et qui est tombé, un remède existe : c'est la confession de son péché à Dieu. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9). Mais il faut que la confession soit réelle, entière, sans chercher d'excuse. « Que nul, quand il est tenté, ne dise : je suis tenté par Dieu » (v. 13), comme Adam qui fut prompt à trouver une fausse excuse : « la femme que tu m'as donnée... » (Gen. 3 : 12). Il ne pourra y avoir de véritable confession, ni donc de communion retrouvée avec Dieu, tant que nous chercherons à excuser ou justifier notre péché. Ce péché doit être abandonné.
Chaque chrétien doit donc veiller sur ses propres tendances (ce qui est un piège pour l'un, ne le sera pas nécessairement pour l'autre) afin que, face à la convoitise, il prenne l'attitude qui convient : fuir (2 Tim. 2 : 22) ou bien résister, en s'approchant de Dieu (Jac. 4 : 7-8).
Bien qu'il prononce ici des paroles sévères, Jacques le fait avec beaucoup d'amour : il s'adresse à « ses frères bien-aimés » (v. 16). C'est bien en effet l'amour qui peut toucher la conscience.
En contraste avec les mauvaises convoitises venant du coeur de l'homme, « tout ce qui nous est donné de bon » vient de Dieu (v. 17). Il est le Père des lumières, celui qui donne la lumière dans la création, mais aussi la lumière spirituelle (Jean 1 : 4, 9 ; 3 : 19). Il ne change pas, comme l'homme, selon les circonstances du moment (Mal. 3 : 6) !
Nous ne devons pas nous égarer en attribuant à Dieu le moindre mal ; par contre aucune source de bien ne peut être réellement trouvée en dehors de Lui. Ce qu'Il donne est toujours bon, même si nous ne le comprenons pas toujours. Le psalmiste pouvait dire : « Il est bon pour moi que j'ai été affligé » (Ps. 119 : 71).
L'acte le plus merveilleux de ce Père bon et parfait n'est-il pas d'avoir donné son Fils unique et d'avoir fait de nous ses enfants ? « Il n'a pas épargné son propre fils » (Rom. 8 : 32) et il donne avec lui « tout don parfait » (v. 17) à « ceux qui l'ont reçu » ; il leur donne « le droit d'être enfants de Dieu » (Jean 1 : 12). Dieu les élève ainsi au premier rang de ses créatures : ils sont « une sorte de prémices de ses créatures » (v. 18). Cette expression rappelle le premier-né de chaque famille d'Israël, le premier-né des animaux ou encore les premiers fruits qui appartenaient en propre à l'Eternel. Ceux qui ont cru en Jésus appartiennent à « une nouvelle création » (2 Cor. 5 : 17) et sont associés à Christ, le premier-né (Col. 1 : 18).
C'est la volonté du Père des lumières qui nous a engendrés ou régénérés (Tite 3 : 4), nous n'y sommes pour rien. Pierre rappelle aux croyants qu'ils sont « régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pier. 1 : 23). Jésus disait à Nicodème : « Si quelqu'un n'est né d'eau et de l'Esprit, il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3 : 5) : il faut l'action de la Parole de Dieu appliquée par l'Esprit pour opérer « le lavage de la régénération ». Celui qui était un pécheur est changé, il devient « une nouvelle création », animée de la vie divine. C'est aussi par cette Parole de vérité que l'âme peut avoir toute assurance, car tout ce qui vient de Dieu est immuable. « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd'hui, et éternellement » (Héb. 13 : 8).