DES CHOSES TRES SAINTES (2)
3 - L'autel d'or
4 - L'encens
5 - L'offrande de gâteau
Nous approchons maintenant de l'autel d'or. Nous en trouvons la mention en Exode 30 : 1-10. « Le sang du sacrifice de péché des propitiations » faisait chaque année propitiation pour l'autel. En effet, il n'y a pas de culte possible sans que le sacrifice expiatoire soit accompli. Les relations du peuple avec Dieu étant ainsi réglées - le sacrifice pour le péché offert et l'holocauste continuel présentés (ch.. 29) -, c'est dans la pleine acceptation du sacrifice de Celui qui nous aima jusqu'à la mort, se livrant « comme offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur » (Eph. 5 : 2) que nous nous approchons de l'autel d'or, l'autel du parfum. Les exigences divines à l'égard du péché ayant toutes été satisfaites à l'autel d'airain, c'est comme adorateurs que nous approchons et entrons par « le chemin nouveau et vivant » dans les lieux saints pour offrir des sacrifices spirituels, « fumer l'encens des drogues odoriférantes », présenter à Dieu le parfum des mérites infinis de son Bien-aimé.
Tout est de Lui, tout est par Lui, tout est pour Lui ! Le bois de sittim plaqué d'or pur, l'encens qui brûle, les lampes qui brillent et que l'on arrange chaque matin et chaque soir pendant que la bonne odeur du parfum se répand, tout parle hautement de Lui, de la divine excellence de sa Personne qui donne une parfaite efficace à son œuvre. Lorsqu'Il fut sondé par le feu scrutateur, la seule action de ce feu fut de produire ce nuage de parfum, le seul que Dieu agrée dans le sanctuaire. Pas d'encens étranger : « Tout ce qui, dans le culte, n'est pas vivifié par l'Esprit, est de la chair et du péché, même si l'on trouve de belles paroles et une belle mélodie » (J.N.Darby).
« Un encens continuel » expression bien douce à nos cœurs. Basée sur l'efficace éternelle de son œuvre, son intercession en notre faveur, dont nous parle aussi l'encens, monte continuellement devant Dieu. Quelle douce et bienfaisante pensée de pouvoir nous dire, en passant par la souffrance : « Le Seigneur pense à moi » (Ps. 40 : 17) ! La gloire dans laquelle Il est entré n'a changé en rien sa sollicitude et son amour envers nous. En ce qu'Il a souffert lui-même, Il peut entrer - les ayant toutes traversées - dans toutes nos souffrances. « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse » (Es. 63 : 9). Il est « toujours vivant afin d'intercéder pour eux » (Héb. 7 : 25). Quant à l'arrangement des lampes on a dit : « Si les croyants ne brillent pas comme des luminaires dans ce monde, ils ne peuvent faire fumer l'encens sur l'autel d'or, ils sont impuissants pour adorer. La marche et le culte sont liés ».
Que de leçons nous apprenons à l'autel d'or ! « C'est une chose très sainte ».
Déjà, Seigneur, tes gloires suivent
Les douleurs qui furent ta part.
Au ciel, pour ceux qui par Toi vivent,
Tu parais sous le saint regard.
Pilé très fin et mis sur le devant du témoignage dans la tente d'assignation, c'était « une chose très-sainte ».
Ici, il ne s'agit plus de nous-mêmes, ni du pécheur qui vient à l'autel d'airain, à la Croix, pour recevoir le pardon de ses péchés, ni non plus du croyant s'approchant de l'autel d'or pour rendre un culte spirituel, agréable à Dieu. Dans ce quatrième cas de « choses très saintes », l'Esprit de Dieu a pour objet de nous dépeindre Christ lui-même, de détailler son adorable Personne.
En effet, les quatre ingrédients de l'encens composé ont un seul langage pour proclamer avec une rare beauté à la fois les souffrances qui furent sa part et les grâces de sa Personne. Nous restons émerveillés de l'entendre nous en donner une aussi riche description. La sainte humanité qu'Il a revêtue, s'abaissant lui-même, les souffrances qui furent sa part ici-bas, la mort ignominieuse de la croix, sa résurrection en puissance, sa séance dans la gloire à la droite de Dieu, telles sont les notes du prodigieux clavier de l'Esprit Saint : les accords en sont incomparables, la mélodie est toute divine ! C'est Lui-même, ce sont ses mérites, ses dignités, l'office qu'Il remplit maintenant au ciel. Grand, souverain, miséricordieux sacrificateur, Il a traversé tous les cieux : Il « fut élevé dans le ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Marc 16 : 19). Il est là, nous portant sur son cœur. Il fallait « piler très fin » cet encens composé « d'ouvrage de parfumeur » en vue de l'étaler sur le devant du propitiatoire. Dans les moindres détails, Dieu apprécie, en y trouvant sa joie, toutes les perfections de l'homme qu'Il a glorifié et sur lequel, au jour de son abaissement, le ciel pouvait s'ouvrir. Cet encens devait revêtir trois qualités. Il était « salé » ; il n'a pas connu le péché (2 Cor. 5 : 21) ; « pur » et « saint » ; « il n'y a pas de péché en Lui » (1 Jean 3 : 5) ; « lui n'a pas commis de péché » (1 Pier. 2 : 22). Trois apôtres attestent ainsi que « c'est une chose très sainte ».
Et maintenant, exalté par Dieu même,
Dans les hauts lieux, près de la Majesté,
Nous te voyons, ceint de gloire suprême,
Toi, Fils de l'homme, Homme ressuscité !
« Et le reste de l'offrande de gâteau sera pour Aaron et pour ses fils : c'est une chose très sainte entre les sacrifices de l'Eternel faits par feu » (Lév. 2 : 3).
C'est Jésus, pain du ciel, nourriture divine. Plus nous serons nourris de Lui et plus nous serons sanctifiés, plus nous serons heureux.
Au raisonnement incrédule des Juifs, que nous voyons, en Jean 6, opposer au miracle de la multiplication des pains accompli par le Seigneur, celui de la manne que les pères avaient mangée au désert, le Seigneur répond par un enseignement remarquable. La réponse du Seigneur en confondant les Juifs nous ouvre le trésor de sa divinité.
Moïse, en effet, ne leur avait pas donné le pain qui vient du ciel (Jean 6 : 32), si même c'était « le blé des cieux » et « le pain des puissants » (Ps. 78 : 24-25). Mais « mon Père », dit Jésus, « vous donne le véritable pain qui vient du ciel » (Jean 6 : 32). La révélation de ce nom du Père, seul le Fils unique « descendu du ciel » (v. 38), « sorti d'auprès du Père » (Jean 16 : 28), la donnait, faisait connaître le Père. De même, c'était le Père qui « donnait », qui « envoyait » le Fils pour nous donner la vie éternelle. Ce nom si doux de Père révélé, connu en Jésus, était d'une gloire bien trop grande pour être confondu avec la manne, si miraculeuse que fût cette nourriture. La sainte humanité qu’Il a revêtue, nous l'avons donc en type dans l'offrande de gâteau. Ayant dit : « Tu m'as creusé des oreilles » (rendu par « Tu m'as formé un corps » en Héb. 10 : 5), Il dit alors : « Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté » (v. 7).
« Celui qui naîtra, saint, sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1 : 35) ; nous avons là la descendance de la femme qui paraît sur la scène, vrai homme et vrai Dieu tout à la fois.
Quand, dans la vallée, ceux de Beth-Shémesh levèrent leurs yeux, quelle joie fut la leur de voir venir l'arche ! (1 Sam. 6 : 13). L'arche de bois de sittim, plaquée d'or pur au-dedans et au-dehors, type bien connu du Seigneur dans son incarnation, unissant tous les trésors de la divinité à l'humanité dépendante, grand mystère de la piété, caché dans l'inscrutabilité de sa Personne: « Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père » (Matt. 11 : 27). Aussi gardons-nous bien de la faute des soixante-dix hommes qui parmi ceux de Beth-Shémesh, regardèrent dans l'arche et moururent.
« Christ, dans ce monde de misère, se dévoua lui-même, en amour, pour accomplir la volonté de son Père. Il s'anéantit lui-même… Il était dans le monde l'homme obéissant, dont la volonté était de faire celle de son Père, le premier grand acte et la source de toute obéissance humaine et de la gloire de Dieu. Sa volonté d'obéir et son dévouement à la gloire de son Père répandaient une bonne odeur sur tout ce qu'il faisait. Tous ses actes étaient empreints de ce parfum précieux de l'obéissance, de l'amour et du renoncement de soi-même » (J.N.Darby).
« Les tentations du monde ne servirent qu'à faire de Lui un vainqueur, la corruption et la haine du monde ne purent que faire de Lui un homme de douleurs ; ses misères, un bienfaiteur. Que de gloires morales se trouvent ici réunies ! » (J.G.Bellet).
Le levain et le miel, proscrits dans l'offrande, sont des symboles bien connus ; le levain représente le mal en activité engendré par la chair, tandis que le miel typifie les dispositions du cœur naturel aimant les agréables rapports sociaux.
Au contraire, le sel, qui maintient et active la séparation d'avec le mal, ne devait pas manquer (Lév. 2 : 11, 13).
La sainte humanité de Christ, ses grâces et les perfections de sa vie comme Homme dépendant et obéissant présentées au Psaume 16, voilà le langage de l'offrande de gâteau.
Soumis au feu, «soumis à la souffrance», quel que soit le mode de cuisson, ses souffrances pour la justice, en sympathie, ou par anticipation au jardin de Gethsémané, c'est un parfum qui monte vers Dieu son Père en odeur agréable.
L'huile dont l'offrande était pétrie et ointe, est une image du Saint Esprit ; « puissance du Très-haut » dont Jésus est né ; et dans la puissance duquel, « oint de l'Esprit Saint et de puissance » il allait de lieu en lieu, « lui qui avait le pouvoir de faire toutes choses et qui n'usa de son pouvoir que pour obéir plus parfaitement et se soumettre entièrement, et cela au milieu des peines et des conséquences amenées par le péché de l'homme » (J.N.Darby).
La bonne odeur de toutes les grâces de son adorable personne - l'encens - était tout entière pour Dieu (v. 2). « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai trouvé mon plaisir » (Luc 3 : 22). Il a été ici-bas l'homme de douleurs, son cœur ému de compassion, ses larmes versées en parfaite sympathie auprès de ceux qui pleurent, sa tendresse, quelle nourriture incomparable pour le cœur renouvelé !
Offrande présentée avec l'holocauste et accompagnant les divers sacrifices à l'Eternel tout le long de l'année (voir Nom. 15 : 1-13 ; voir aussi chap. 28-29), sa sainte humanité était mêlée à tous les aspects des sacrifices : « Christ donc ayant souffert pour nous dans la chair » (1 Pier. 4 : 1). « Ayant été mis à mort en chair » (1 Pier. 3 : 18).
C'est le pain de Dieu ! Manne cachée dans le ciel, un Homme glorifié que nous voyons par les yeux de notre cœur. « Nous voyons Jésus… couronné de gloire et d'honneur » (Héb. 2 : 9). Après la part de Dieu, ce qui en restait était donné à la famille sacerdotale pour être mangé « dans un lieu saint » ; comment jouirait-on d'une telle nourriture si le cœur est occupé du monde ? « C'est leur portion, que je leur ai donnée de mes sacrifices faits par feu. C'est une chose très sainte » (Lév. 6 : 10).
Tu vins, dans notre nature,
Prendre sur toi nos langueurs ;
Pour sauver ta créature,
Tu fus l'homme de douleurs.
P. Finet – « Messager évangélique » 1974 p. 53-56 ; 73-76
A suivre