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Veiller et dormir

 

            Pourquoi le Seigneur, après avoir deux fois reproché à ses disciples de n’avoir pas pu veiller avec lui, leur dit-Il ensuite : « Dormez dorénavant et reposez-vous » ? Et comment faut-il entendre l’expression « leurs yeux étaient appesantis » (Marc 14 : 40-42) ?

            Le Seigneur Jésus, dans son immense grâce, emmena avec Lui trois de ses disciples afin qu’ils prennent part à ce que « l’Homme » Christ Jésus pouvait connaître des souffrances qui étaient devant Lui. Le moment était des plus solennels. Le Seigneur lui-même allait être abandonné de Dieu, portant les péchés et les expiant par sa mort. Avant cela, Il devait être livré entre les mains des pécheurs, et les disciples, laissés à eux-mêmes pour un peu de temps, et exposés à être criblés par Satan, seraient atteints par les flots de l’iniquité qui s’élevaient contre leur Seigneur et Maître. C’était bien le moment de veiller, et Jésus, tout en s’isolant pour prier, les prend avec Lui, afin qu’ils veillent de leur côté et apprennent ainsi à veiller et à prier avec Lui. Remarquons que les trois mêmes disciples avaient été témoins de la puissance du Seigneur pour ressusciter les morts (Marc 5 : 37) et avaient vu sa gloire sur la montagne où Il fut transfiguré (9 : 2). Tout cela, s’ils avaient su en profiter, aurait été pour eux une préparation morale à connaître la communion des souffrances de Christ, comme nous le voyons dans Philippiens 3 : 10 ; mais ils avaient été accablés de sommeil sur la montagne (Luc 9 : 32) et « épouvantés » (Marc 9 : 6), et dans le jardin de Gethsémané ils dorment, montrant ainsi leur incapacité à veiller avec Jésus. Ils ne peuvent pas entrer dans les pensées de Jésus quant à l’importance de ce moment solennel ; cependant l’un d’eux, Pierre, plein de confiance en lui-même, malgré les avertissements du Seigneur, avait la prétention de Le suivre dans des circonstances où Jésus seul pouvait se tenir.
            Le Seigneur, selon sa tendresse habituelle, cherche une excuse pour ses disciples en disant : « L’esprit est prompt, mais la chair est faible », ce qui montre bien que ce sont leurs yeux naturels qui étaient appesantis ; ils étaient « endormis de tristesse » (Luc 22 : 45) ; leur douleur était trop grande pour leurs forces physiques, et il n’y avait pas chez eux la puissance et l’énergie spirituelles qui auraient pu dominer le corps. Le moment passe sans qu’ils en profitent, ce court moment où ils auraient pu jouir de la communion avec Jésus et puiser avec lui des forces pour résister à l’heure de la tentation qui allait survenir. Ce moment une fois passé, il n’était plus temps de veiller, et Jésus leur dit : « Dormez dorénavant ». Dès lors il fallait entrer « seul » dans la lutte, et, comme nous le voyons dans le cas de Pierre, succomber. Quel avertissement solennel pour nous tous ! Et combien ces paroles et cet exemple du Seigneur Jésus nous engagent à mettre à profit les courts moments de tranquillité qui se présentent, selon la bonté de Dieu, avant l’orage ! Jésus leur avait annoncé ce qui devait arriver ; ils n’y font pas attention, mais Lui-même ne laisse pas passer l’occasion de prier. Parfait en toutes choses, Il ne pouvait le faire.
            Nous voyons ici l’âme de Jésus sous le poids de la mort, en pensée, comme Lui seul pouvait le connaître. Mais Il veille, et Il prie, homme soumis par son amour à cet assaut, en présence de la plus puissante tentation à laquelle Il pouvait être exposé. D’un côté Il veille, et, de l’autre, Il présente sa détresse à son Père. Sa communion avec le Père n’était pas interrompue, quelle que fût sa détresse ; le sujet de cette communion était cette détresse même qui Le poussait davantage en toute soumission et en toute confiance vers son Père. Mais si nous devions être sauvés, si Dieu devait être glorifié en Celui qui s’était chargé de notre cause, la coupe ne devait pas passer loin de Lui : la soumission de Jésus est parfaite. Il rappelle avec tendresse à Pierre sa fausse confiance, en lui faisant sentir sa faiblesse (v. 37) ; mais Pierre était trop plein de lui-même pour en profiter ; il lui fallait une expérience plus triste pour le guérir de cette confiance-là. Il se réveille bien de son sommeil, mais sa fausse confiance n’est pas ébranlée.
            Jésus a donc dû boire la coupe, mais Il la prend de la main de son Père, car la volonté de son Père est qu’Il la boive. S’abandonnant ainsi parfaitement à son Père, ce n’est ni de la main de ses ennemis, ni de celle de Satan qu’Il prend cette coupe. Il la reçoit de la main seule de son Père, selon la perfection avec laquelle Il s’est soumis à la volonté de Dieu à cet égard en Lui remettant tout entre les mains : c’était sa volonté ! Ainsi, en ne cherchant que la volonté de Dieu qui dirige tout, on échappe aux causes secondes et aux tentations de l’Ennemi, et c’est de Dieu qu’on reçoit l’affliction et l’épreuve si elle survient.

 

W. J. Lowe – article paru dans un ancien périodique d'évangélisation : « le Salut de Dieu »