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LE LIVRE DE JOSUE (13)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ


La ruse des Gabaonites 
Le danger de s’appuyer sur la sagesse de l’homme sans consulter Dieu 
Les conséquences de la faute de Josué et des princes d’Israël
                      

Alliance avec l'Ennemi  (Jos. 9)

            « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle relation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Cor. 6 : 14).

            Une importante coalition des peuples cananéens se forma peu après la chute de Jéricho et d'Aï, et l'établissement de la loi de Dieu au centre du pays. Les peuplades originaires de la montagne, du pays plat ou du rivage de la grande mer, étaient prêtes à faire la guerre à Josué et à Israël. Elles reconnaissaient la nécessité de passer outre à leurs différences et de s'unir pour atteindre leur but : anéantir l'armée de l'Eternel.

                        La ruse des Gabaonites

            Parmi ces peuples coalisés figuraient les Héviens qui habitaient principalement dans quatre villes : Gabaon, Kephira, Beéroth et Kiriath-Jéarim. Les chefs de ces villes tinrent conseil ensemble, et, tandis que d'autres membres de leur nation prenaient les armes, ils eurent eux-mêmes recours à un stratagème pour arriver à leurs fins : « ils usèrent de ruse ».
            L'hostilité déclarée de l'Ennemi est toujours plus facile à affronter que ses ruses. Quand les puissances du monde se déchaînent contre quelques enfants de Dieu, ils n'ont plus qu'à vaincre ou à mourir. Les premiers chrétiens ont dû braver les grands et les puissants de leur temps, et, par leur faiblesse même, ils ont remporté des victoires dont nous moissonnons encore aujourd’hui la bénédiction. Plus tard, au temps de la Réforme, quelques faibles hommes voulurent, dès le début, obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Ils tinrent en échec des rois, des empereurs et des papes ! Dieu était pour eux et, par sa puissance, ils remportèrent la victoire. C'est à leur foi et à leur courage que nous devons notre liberté actuelle de nous réunir autour du Seigneur.
            Mais quand l'Ennemi se présente déguisé en ange de lumière, usant de paroles douces et flatteuses et, comme c'est le cas aujourd'hui, discutant pieusement, alors, les chrétiens ont besoin de se tenir sur leurs gardes ! Satan a remporté plus de victoires en semant son ivraie pendant que les hommes dormaient, qu'en déployant toute sa force pour écraser le peuple de Dieu. Et quand il ne réussit pas à écraser, il essaye de corrompre : telle est sa stratégie !
            L'écho des « Amen » des fils d’Israël aux commandements de l'Eternel et à sa Parole qui leur enjoignait de s'abstenir de toute union avec leurs ennemis, s'était à peine dissipé que les ambassadeurs de Gabaon se présentaient dans le camp, à Guilgal. Ils avaient bonne apparence aux yeux des anciens d'Israël. Ils portaient des signes extérieurs indiquant, semblait-il, qu'ils arrivaient de loin, et les objets qu'ils présentaient pour accréditer leurs dires avaient un air bien usagé. Des personnes qui, apparemment, viennent de loin exercent souvent une influence fascinante sur les enfants de Dieu. Ils captent une attention qui leur serait refusée si on les connaissait mieux. Cet étrange attrait qui émane de certaines choses, pour la seule raison qu'elles sont anciennes, est incontestable. Des choses considérées comme « vieilles », des choses qui sont usées, « crevassées et recousues », s'imposent à l'esprit comme des objets de vénération, voire de superstition, trop souvent sans que l'on se demande : « Ces choses sont-elles vraies ? ». De nos jours, trop de chrétiens se contentent de demander, à propos de « curiosités religieuses » : « Sont-elles anciennes ? ». S'ils sont rassurés quant à leur ancienneté, les voilà satisfaits ! Rares sont ceux qui songent à se demander : « Sont-elles authentifiées par la Parole de Dieu ? », ou même à s'enquérir de ce qu'étaient vraiment ces objets jugés vénérables à l'état neuf ! Des choses vieilles et moisies ont d'abord été fraîches et en bon état, et si, dans le camp d'Israël, la question avait été soulevée de savoir d'où venaient ces vieilles choses apportées par les ambassadeurs, quelles étaient les mains qui avaient tissé leurs habits, et dans quel pays avaient mûri leurs raisins et leur blé, l'issue eût été fort différente de ce quelle fut.
            Que les croyants se méfient du pain « sec et moisi ». Ce pain rassis n'est pas celui dont Dieu veut nourrir ses enfants. Des outres crevassées et vidées de leur vin, c'est comme un enseignement et une prédication qui ne retiendraient que le souvenir d'un passé heureux, toute joie dans le Saint Esprit s'étant évanouie. Des habits rapiécés ne font qu'indiquer qu'ils ont fait leur temps et doivent être mis de côté. Les messagers de Dieu ont chaussé leurs pieds de « la préparation de l'évangile de paix », le voyage le plus long n'entraîne pour eux aucune usure. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits », telle est la parole du Maître touchant les faux docteurs et les faux conducteurs. Il est triste de voir l'engouement de plusieurs pour ce pain « sec et moisi », pour certaines traditions qui remontent à la nuit des temps, ainsi que l'aveuglement des hommes provoqué par la ruse bien connue de l'Ennemi, qui les incite à rejeter la vivante et permanente Parole de Dieu au profit de la tradition !
            Les « vieux sacs », les « vieilles outres à vin », les « vieilles sandales » et les « vieux habits » de ces « ambassadeurs » inspiraient le respect aux princes d'Israël, et leur pain rassis accréditait très sérieusement leurs dires quant à leur mission. Les anciens d’Israël prirent de leurs provisions, crurent ce qu'ils voyaient, sans rechercher la sagesse de Dieu. Ces Héviens avaient pour armes offensives la tromperie et le mensonge, et c'est avec elles qu'ils remportèrent la victoire.
            Les vérités de Dieu les plus anciennes sont toujours nouvelles pour l'âme, car elles viennent directement de Lui. Quand des ambassadeurs se présentent à nous de la manière dont les Héviens se présentèrent à Israël, nous pouvons à coup sûr en déduire que leur vin provient des vignes de l'Ennemi, car les ambassadeurs de Dieu ont à leur disposition l'énergie et l'onction du Saint Esprit.
            Satan n'a pas grand-chose de nouveau à offrir à l'homme, mais il est rusé à l'extrême et maître dans l'art de déguiser ses ambassadeurs, de mettre en valeur leurs atouts. S'il ne peut pas détruire les enfants de Dieu, en leur faisant ouvertement la guerre, il s'insinue au milieu d'eux pour les corrompre. De nos jours et dans nos pays, ses ruses réussissent extrêmement bien, et elles réussiront toujours là où les hommes, au lieu de prendre conseil de Dieu ou d'obéir humblement à sa Parole, s'en réfèrent à la sagesse de leur propre cœur.
            C'est à Guilgal, dans le camp d'Israël, à l'endroit même où Dieu avait dit des fils d'Israël qu'Il avait roulé de dessus eux l'opprobre de l'Egypte, où ils avaient été mis à part pour Dieu en tant que peuple, et d'où ils étaient partis faire la guerre contre les puissances du Pays de la Promesse, que les Héviens se présentèrent avec leur audace et leurs mensonges ! Et Satan, aujourd'hui, se présente comme un ange de lumière sur le terrain le plus saint que les chrétiens puissent occuper, et, par ses flatteries et ses tromperies, il réussit à traiter alliance avec eux dans le camp même ! Il corrompt les vérités les plus hautes en y introduisant l'erreur, et il souille les réalités célestes avec le levain de la fausse doctrine. La place qu'occupaient les fils d'Israël ne leur conférait en soi aucune force. Quelle leçon pour les chrétiens ! Une religion purement formelle ne sert à rien lorsqu'il s'agit d'empêcher l'Ennemi d'entrer. Aucun credo ni aucun principe n'empêcheront jamais les Héviens d'entrer. Notre unique ressource est celle à laquelle nous recourons malheureusement avec si peu d'empressement : « la bouche de l'Eternel » ! Les chrétiens, il est vrai, n'ont ni Urim ni Thummim comme en avaient les fils d'Israël, mais ils ont la Parole de Dieu qui vit et demeure éternellement.
            « Ambassadeurs » signifie « gond » (ou « charnière »), et il est bien vrai que ces hommes ont été la charnière de la porte par où s'introduisirent dans le camp ces païens que les fils d'Israël avaient pour mission de détruire, dès leur entrée en Canaan. « Peut-être habites-tu au milieu de nous ; et comment traiterions-nous alliance avec toi ? » dit Josué à ces ambassadeurs. « Nous sommes tes serviteurs », répondirent-ils doucement. « Qui êtes-vous ? et d'où venez-vous ? », demanda encore Josué. Les Héviens parlent alors des jours d'autrefois, des travaux et des guerres du temps jadis. Ils sont intarissables sur les merveilles que l'Eternel a accomplies en Egypte quarante ans plus tôt, et sur les victoires remportées très loin de chez eux, de l'autre côté du Jourdain. C'est ainsi qu'ils endorment les soupçons de Josué. Mais ces hommes n'ont pas un mot à dire sur ce que Dieu fait à leurs portes, à Jéricho et à Aï. Prudemment, ils évitent d'aborder ce sujet. Aucune allusion non plus à Ebal et aux « Amen » qui y avaient été prononcés à la lecture de la Parole de l'Eternel. Tout cela est exclu.
            Les ambassadeurs de Satan se refusent à parler des victoires remportées par Dieu dans le temps actuel, de son œuvre aujourd'hui, choses qui intéressent éminemment les siens, s'ils marchent par l'Esprit. Les faits relatifs à l’œuvre de Dieu aux jours d'autrefois sont désormais entrés dans l'histoire, ce dont le monde consent à parler. Mais des effets présents de la vérité de Dieu, de ses victoires actuelles, de l'obéissance qu'elle exige des hommes aujourd'hui même, de toutes ces vérités qui nous sondent, il ne doit pas être question. N'importe qui peut parler des victoires remportées il y a plusieurs siècles sur la Rome païenne ou la Rome pontificale, mais des victoires de l'Evangile remportées dans le monde actuel, de l'autorité de la Parole sur les enfants de Dieu en ce moment même, il ne saurait être question, pas plus qu'il ne fut question de Jéricho, d'Aï et d'Ebal, soigneusement bannies des discours de ces Héviens.
            Satan est maître dans l'art de mêler le mensonge avec la vérité, et ces Héviens étaient des hommes habiles. Ils avaient entendu parler de la renommée de l'Eternel et de ces puissants rois, Sihon et Og, mis à mort par Israël. Ces choses étaient réelles. Mais leurs pièces à conviction – leur pain moisi, leurs outres crevassées et vidées de leur vin, leurs vieux habits – tout cela n'était que mensonge.

                        Le danger de s’appuyer sur la sagesse de l’homme sans consulter Dieu

            La flatterie fait tomber plus de croyants que l'épée. Là où l'opposition violente « frappe ses mille », un langage mielleux « frappe ses dix mille » ! Les princes d'Israël acceptèrent le témoignage des provisions des Gabaonites, confiants dans leur propre sagesse et leur propre discernement, et ils n'interrogèrent pas la bouche de l'Eternel. C'est ainsi que les Héviens remportèrent la victoire.
            Peut-être la remportèrent-ils d'autant plus aisément que c'est aux princes eux-mêmes que les ambassadeurs s'étaient présentés. Plus d'un homme, occupant une place éminente dans les choses de Dieu, plus d'un « prince en Israël », succombe à la flatterie. Les paroles flatteuses aveuglent l'âme quant à la réalité des choses. La place qu'une telle personne occupe est uniquement le don de Dieu, mais si cet homme fait usage de son autorité comme si sa propre sagesse était sa force, il risque de tomber pour n'avoir pas interrogé Dieu. Un esprit vraiment dépendant est en général plus rare chez le « prince » que parmi les simples soldats de l'armée de Dieu. Acan, tout prince qu'il était, a introduit l'anathème dans le camp, et ces princes, qui traitèrent alliance avec ces païens, associèrent les fils d'Israël à leurs ennemis ! Ces fautes des princes d'Israël sont soulignées d'une façon très particulière, à notre intention, dans le livre qui est devant nous.
            « A la loi et au témoignage », voilà ce à quoi doit toujours se référer le chrétien pour juger de la validité des titres de ces ambassadeurs qui prétendent arriver d'un pays lointain. Il doit interroger le Seigneur, acquérir par l'Esprit la vraie sagesse qui est celle de la Parole de Dieu, et obéir à l'Ecriture.
            La vérité enfin se fit jour. Ceux qui semblaient venir de loin étaient en fait des voisins. Au bout de trois jours, l'erreur est découverte. Les princes ont engagé la responsabilité du peuple dans cette alliance ; ils ont frayé le chemin qui permet à des idolâtres d'entrer dans leur sein, et leur serment doit être respecté. Rien d'étonnant à ce que toute l'assemblée murmure contre les princes !

                        Les conséquences de la faute de Josué et des princes d’Israël

            Dieu ne peut pas permettre que les mensonges flagrants des Gabaonites servent d'excuse au mal que les princes ont fait venir sur toute l'assemblée en agissant selon leur propre sagesse, et en négligeant de s'humilier pour interroger la bouche de l'Eternel. Les princes sont à la tête de l'assemblée du peuple de Dieu, et Dieu permet à ce mal, engendré par leur propre suffisance, de suivre son cours. Déraciner ce mal leur est impossible, ce que l'on a semé doit être moissonné.
            De nos jours, dans l'Eglise de Dieu, lorsque, par orgueil et par indépendance d'esprit, les conducteurs autorisent à faire des alliances doctrinales, ou personnelles avec les ennemis de Dieu, les conséquences doivent en être supportées par l'Eglise elle-même. Jamais on ne reverra l'Eglise de Dieu telle qu'elle fut à ses débuts, dans sa fidélité à Christ et sa séparation d'avec le monde ! Dans une moindre mesure, la même vérité s'applique aux réveils parmi les chrétiens qui sont revenus en esprit, au cours des siècles, à Guilgal, et en sont repartis vers la victoire. C'est au camp, tôt ou tard, que les ambassadeurs de Satan se présentent. Ils y sont reçus par les conducteurs eux-mêmes, et « la tradition des hommes » est acceptée là où la vérité de Dieu devrait seule régner. Le résultat, c'est la faiblesse et, pour finir, la corruption.
            Le chrétien peut se réjouir de la grâce souveraine de Dieu envers des Héviens, mais il ne peut pas se réjouir de leur victoire obtenue par la tromperie et le mensonge, ni de la défaite des « princes », conséquence de leur propre prétention. Ces Héviens étaient de pauvres païens, et c'est pour sauver leur vie qu'ils se donnèrent tant de mal, mais bien qu'ils eussent la vie sauve, ils furent maudits et demeurèrent sous cette malédiction jusqu'à leur mort. Ils étaient voués à être des serviteurs pour le sanctuaire, tout comme l'argent et l'or de Jéricho avaient été consacrés, d'une manière absolue, à l'Eternel.

 

D’après H. F. Witherby