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LE LIVRE DE JOSUE (11)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ


Le péché non jugé ôte le discernement spirituel   
Une victoire assurée, mais bien différente de celle de Jéricho 
                      

A l’école de la victoire (Jos. 8 : 1-28)

            « L'Eternel, votre Dieu, la livrera en vos mains » (Jos. 8 : 7).
            « Priez par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit... » (Eph. 6 : 18)

                        Le péché non jugé ôte le discernement spirituel 

            Aussi longtemps que le péché d'Israël n’a pas été confessé, il n’a pas pu être pardonné, et, par conséquent, les fils d’Israël étaient sans force pour combattre pour l'Eternel. Il n'était pas avec eux, car le péché dans le camp faisait séparation entre leur Dieu et eux (Es. 59 : 2). Mais une fois le péché confessé et abandonné, Dieu l'a jeté derrière son dos (Es. 38 : 17). Certains enfants de Dieu passent des mois, voire des années de leur vie, dans un état d'apathie spirituelle, leurs cœurs sont devenus « comme de l'eau », et eux-mêmes sont très loin de connaître la pensée de Dieu. Car de même qu'une infime rupture sur une ligne téléphonique suffit pour rendre impossible toute communication entre deux personnes, de même le péché fait séparation entre Dieu et les siens. Ce n’est pas que Dieu renonce à ses voies de grâce envers ceux qui Lui appartiennent, mais sur cette terre, pendant notre vie ici-bas, tout péché non confessé empêche que la pensée de Dieu nous soit communiquée. C’est ce qui est la cause de notre manque de puissance divine, et de notre inefficacité dans le combat.
            Le courage moral fait défaut car il est le fruit d’une foi vivante en Dieu qui elle-même est liée à notre communion avec Dieu. Abraham marche avec Dieu, et Il dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire …? » (Gen. 18 : 17). Sa pensée ayant été communiquée à son serviteur, celui-ci agit avec foi et remporte la victoire ! Ce sont les cœurs infidèles, les esprits orgueilleux et indépendants, qui sont la cause des défaites dans l’œuvre du Seigneur. Cette parole de l'Eternel : « Je ne serai plus avec vous si vous ne détruisez pas l'anathème du milieu de vous » (Jos. 7 : 12), est une sentence solennelle pour les soldats chrétiens, et, jusqu'à ce que le mal que Dieu met à découvert soit retranché du milieu de son peuple, la défaite s'attache à ses pas ! Un soldat de Christ vraiment efficace n'est pas seulement un ouvrier fidèle et énergique, c'est aussi un homme humble et dépendant dans sa marche avec Dieu. Si le chrétien n'est pas en bon état devant Dieu, l'Esprit Saint est attristé, et sa flamme est éteinte dans son cœur. La vraie puissance du croyant n'est pas la sienne, mais la force qui vient de Dieu en lui. Il n'est qu'un vase que le Seigneur peut remplir. De même que l'Eternel n’a plus été avec Israël, et qu'Il se retira de Samson, de même aujourd'hui Il n'est plus avec les siens si leurs voies sont mauvaises à ses yeux. Il ne les quitte ni ne les abandonne jamais, de manière à les rejeter pour toujours ; toutefois, en agissant envers eux en gouvernement, Il se détourne de ses serviteurs infidèles, comme un père aimant s’éloigne de son enfant jusqu'à ce qu’il revienne de sa mauvaise conduite.
           Des hommes que Dieu a utilisés à certains moments sont mis de côté. Ils poursuivent leur travail comme par le passé, sans remporter de victoires. Comme Samson, ils s'efforcent de « se dégager » (Jug. 16 : 20), mais les Philistins ont le dessus. L'histoire d'Aï nous explique pourquoi : un mal caché est dans le camp. Puis, ces mêmes serviteurs se lèvent de nouveau après une période de défaite, ils redeviennent des vases de puissance pour Dieu et les hommes. L’histoire d'Aï nous révèle une fois encore le secret d’un tel changement : ces hommes se sont placés devant Dieu, et ils se sont humiliés. Dieu leur a fait connaître les raisons de leur échec. Ils se sont jugés sous son regard et ont retranché ce mal du milieu d'eux. Alors Dieu leur rend le courage d'aller de l'avant et Il leur accorde la victoire pour prix de leurs efforts.

                        Une victoire assurée, mais bien différente de celle de Jéricho

            Une fois revenu de l'ardeur de sa colère contre son peuple Israël, l'Eternel encouragea Josué à aller de l'avant, en lui disant : « Ne crains point, et ne t'effraye point. Prends avec toi tout le peuple de guerre, et lève-toi, monte à Aï » (Jos. 8 : 1). Bien rassurantes, en effet, étaient ces paroles de Dieu qui rappellent sa première exhortation et ses premiers encouragements pleins de grâce ! La victoire était assurée, mais la bataille devait être livrée d'une manière bien différente de celle qu’ils s'étaient d'abord proposés pour détruire Aï, ce « monceau de ruines » ! Ils avaient dit alors : « Ne fatigue pas tout le peuple en l'envoyant là » (7 : 3), mais aujourd'hui l'Eternel leur dit : « Prends avec toi tout le peuple de guerre », et tandis que les milliers d'Israël montaient à la bataille, chaque soldat devait se rappeler qu'il ne fallait pas faire peu de cas des « petits » ennemis, car de l'Eternel seul procédaient la force et le courage d'Israël.
            Tout Israël dut « se fatiguer » : « trente mille vaillants hommes » sont choisis par Josué et envoyés de nuit vers Aï. Les uns se mettent en embuscade et les autres montent au front de bataille. Si nous commettons des erreurs d'un cœur léger et que nous péchons à dessein dans notre service, Dieu nous contraint d'apprendre, moyennant peine et labeur, les leçons que nous avions négligées, et cela même après nous avoir montré nos erreurs et nous avoir pardonné notre manière d'agir. Non seulement les fils d'Israël se fatiguèrent pour monter à Aï mais c'est en les humiliant que Dieu leur accorda la victoire, car c'était en ayant l'air d'être battus, en fuyant devant leurs ennemis qu'ils obtinrent le succès ! Chutes et échecs apprennent au croyant à se méfier de soi. Celui qui n'a pas l'esprit contrit après une chute ou un échec, ne s'est pas complètement repenti de l'iniquité de son péché. Or Dieu n'est pas avec celui qui n'a pas l'esprit contrit, « car aussi notre Dieu est un feu consumant » (Héb. 12 : 29).
            Le travail caché, celui qui se poursuit dans le secret du cœur, seul avec Dieu, le monde ne le distingue pas. Les voies de Dieu à l'égard de son peuple déjouent tous les calculs humains. L'ennemi ne compte qu'avec la force de l'homme. Le monde ne se préoccupe pas de ces choses faites en secret, capables d’amener la main de Dieu à se tourner contre les siens dans leur chemin, dans leur service ou leurs combats. Nous en avons la preuve dans la manière dont le roi d'Aï sortit contre Israël. Il n'aperçut pas de changement en eux. A ses yeux, ils étaient les mêmes que ceux qui s'étaient enfuis devant lui quelques jours plus tôt ! Il s'imagina donc qu'ils tomberaient dans sa main aussi facilement que la fois précédente. Il ne savait pas que l'Eternel était au milieu d'eux. Il alla de l'avant, mais seulement pour trouver la mort, et que sa ville soit finalement détruite. Le javelot étendu par Josué fut le signal pour Israël d'une guerre qui ne cesserait pas avant que ses ennemis soient abattus et détruits jusqu'au dernier.
            Le roi païen était loin de songer au résultat de ce travail secret de Dieu dans le camp. Les fils d'Israël étaient « différents » de ce qu'ils avaient été quelques jours auparavant : ils avaient les mains nettes et leurs cœurs étaient fortifiés. Un esprit orgueilleux jugerait folie le jeûne et la prière ; mais elles avaient été agréables aux yeux du Dieu Saint. Tout travail spirituel est incompréhensible pour le monde. La seule chose qu’il lui faut bien reconnaître, c'est le résultat de ce travail. Dieu veuille que son action secrète dans le cœur des siens aille en s'approfondissant et en s'élargissant. Que ses « soldats » sachent demeurer seuls avec Lui dans le camp. En se jugeant et se purifiant eux-mêmes de toute iniquité, qu’ils puissent réaliser la présence de Dieu parmi eux et, à son commandement, s'élancer vers la victoire, les yeux fixés sur le javelot qui se trouve dans la main étendue de Celui qui les conduit.

 

D’après H. F. Witherby