Le cantique prophétique de Zacharie le sacrificateur
L’annonce faite à Zacharie par l’ange
L’accomplissement de la promesse
Rempli de l’Esprit Saint, Zacharie prophétise !
« Zacharie… fut rempli de l’Esprit Saint et prophétisa : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité et racheté son peuple, et nous a suscité une corne de délivrance dans la maison de son serviteur David. C’est ce qu’il avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps : une délivrance de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent. Cela pour accomplir la miséricorde envers nos pères et pour se souvenir de sa sainte alliance, du serment par lequel il a juré à notre Père Abraham de nous accorder, une fois délivrés de la main de nos ennemis, de le servir sans crainte, en sainteté et en justice devant lui, tous nos jours. Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : car tu iras devant la face du Seigneur pour préparer ses voies, pour donner la connaissance du salut à son peuple, dans le pardon de leurs péchés, par la profonde miséricorde de notre Dieu, selon laquelle l’Orient d’en haut nous a visités, afin de luire pour ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix » (Luc 1 : 67-79).
Zacharie (l’Eternel se souvient) et sa femme Elisabeth (serment de Dieu) faisaient partie de la race sacerdotale. « Ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et dans toutes les ordonnances du Seigneur, sans reproche » (Luc 1 : 6). Quel bel exemple Dieu place devant les siens par ce couple ! Toutefois Elisabeth était stérile et ils étaient tous les deux très âgés (v. 7). Mais Dieu, dans ses compassions, prend en compte la tristesse et l’affliction d’un foyer privé d’enfants et Il y répond à sa manière, toujours la meilleure.
L’annonce faite à Zacharie par l’ange
Zacharie exerçait le sacerdoce, devant Dieu, dans le temple. Il avait été désigné par le sort pour offrir le parfum (v. 8-9) - ce qui avait lieu en général une seule fois dans toute une vie, car les sacrificateurs étaient très nombreux. Or soudain, avec effroi, il s’aperçoit qu’il n’est plus seul. Un ange du Seigneur - il s’agit de Gabriel (Dieu est puissant), le même qui avait été envoyé à Daniel - se tient à côté de l’autel du parfum (v.11). Depuis quatre siècles, aucun message n’était venu du ciel ; mais Dieu va parler à nouveau aux hommes, en se servant à cette occasion d’un ange.
L’ange dit à Zacharie : « Ne crains pas » (v. 13) - combien de fois cette expression revient dans les Ecritures ! Puis il ajoute : « Tes supplications ont été exaucées ». La Parole met en évidence la responsabilité du mari et son autorité. Zacharie est présenté comme l’auteur de ces intercessions, même si Elisabeth y avait sa place. Un certain temps s’est écoulé, comme pour le prophète Daniel (Dan. 10 : 12), avant que Dieu ne réponde. Dans un tel cas, il ne faut pas conclure hâtivement que notre demande a été ignorée ou rejetée. En fait, elle recevra certainement une réponse (1 Jean 5 : 14-15), mais peut-être tout à fait différente de celle que nous pensions ! Déçus par cette attente, nous pouvons cesser d’espérer un exaucement de la part de Dieu. Ce que la Parole nomme « d’instantes prières » n’empêche pas parfois que des « restes » d’incrédulité subsistent dans notre cœur et finissent par se montrer au grand jour (Act. 12 : 5, 15 ; Marc 9 : 24).
Gabriel communique alors à Zacharie le message dont il est chargé : « Ta femme Elisabeth t’enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse… Il sera rempli de l’Esprit Saint déjà dès le ventre de sa mère. Il fera retourner un grand nombre des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu… » (v. 13b-17). En effet, Jean Baptiste sera plus qu’un prophète ; à lui reviendra la part d’être humblement « le messager de Dieu ». Il sera chargé de préparer le chemin devant Jésus, le Messie promis à Israël (Matt. 11 : 9-11 ; Mal. 3 : 1). L’enfant qu’Elisabeth va attendre sera rempli de l’Esprit Saint, dès le ventre de sa mère (Prov. 10 : 1). Que pourraient espérer de mieux aujourd’hui aussi des parents chrétiens pieux ?
Zacharie entend ces très bonnes nouvelles. Cependant il se montre incrédule, ce qui est toujours une insulte à Dieu. Comme Abraham et Sarah, il pense probablement aux « limites » précises accordées pour l’enfantement à l’homme et à la femme. Aussi une telle naissance lui paraît impossible, du seul fait - indiscutable à ses yeux - que son âge est avancé. Il avait probablement déjà cessé de demander à Dieu de confier un enfant à Elisabeth. Il n’avait pas su, comme c’est souvent notre cas, s’appuyer fermement sur la puissance illimitée de Dieu en toutes circonstances, sur ce Dieu de « l’impossible ». Le même ange rappellera à Marie la conception tellement surprenante de sa parente ; Elisabeth sera à ce moment-là au sixième mois de sa grossesse (Luc 1 : 36-37).
Sceptique, le sacrificateur répond à l’ange : « Comment connaîtrai-je cela, car moi je suis un vieillard, et ma femme est très âgée ? » (v. 18). En réponse à ce « comment » dubitatif, l’ange se présente d’abord et précise ses fonctions habituelles : Gabriel se tient devant Dieu et il a été envoyé pour parler à Zacharie (Héb. 1 : 14) et lui annoncer ces excellentes nouvelles. Zacharie était supposé connaître la puissance de Dieu par sa lecture des Ecritures et son contact avec les « choses saintes » dans le temple. Il était plus responsable que d’autres, or ici il laisse percer de l’incrédulité. N’aurait-il pas dû se souvenir à ce moment-là d’autres cas remarquables, par exemple la naissance miraculeuse d’Isaac (Gen. 21 : 1-3) et celle de Samson ou de Samuel ?
Chers lecteurs chrétiens, nous sommes plus fautifs encore si le scepticisme nous gagne. Nous avons une si grande proximité avec notre « bon et tendre Père ». Pourquoi avoir le moindre doute ? C’est injustifiable ! Sans la foi, il est impossible de plaire à notre Dieu (Héb. 11 : 6). Sa Parole nous assure qu’Il fait travailler toutes choses pour le bien de ceux qui l’aiment (Rom. 8 : 28).
Gabriel annonce aussi à Zacharie : « Voici, tu seras réduit au silence, sans pouvoir parler, jusqu’au jour où cela arrivera, parce que tu n’as pas cru mes paroles qui s’accompliront en leur temps » (v. 20). Ce sacrificateur « perd » ainsi durant des mois toute possibilité de rendre témoignage par des paroles pieuses. C’est un avertissement solennel pour nous : que de temps précieux une fâcheuse attitude de ce genre peut nous faire gâcher !
A l’extérieur, le peuple s’étonnait de ce que Zacharie s’attarde ainsi dans le temple. Il en sort enfin mais il ne peut pas leur parler ! Il fait des signes mais il reste muet. Alors ils comprennent qu’il a dû avoir une « vision » dans le temple (v. 22).
L’accomplissement de la promesse
En dépit de notre incrédulité, le travail divin se poursuit. Selon la promesse, Elisabeth conçoit. Mais le père de cet enfant attendu reste muet jusqu’au moment de la naissance, neuf mois plus tard ! Sa langue est enfin en mesure de faire monter la louange vers Dieu. Durant cette période d’attente, le Saint Esprit a travaillé secrètement dans le cœur et l’esprit de ce vieux disciple. Nous avons toujours besoin d’être instruits par le Seigneur. Quand le travail que Dieu s’est proposé à notre égard est achevé (Phil. 1 : 6), Il nous introduit auprès de Lui pour l’éternité.
Ce sacrificateur a été « préparé » comme un autre Zacharie qui avait été prophète de l’Eternel avant lui. Il est devenu un de ces instruments utiles, auquel le Seigneur peut s’adresser à toute heure et dire : « Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai » (Ps. 81 : 10).
C’est durant la même période que Gabriel est chargé d’une mission encore plus extraordinaire : annoncer à Marie une merveilleuse naissance, aux conséquences infinies. Cette vierge d’Israël apprend qu’elle va devenir la mère du Sauveur ! « Le Saint Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi celui qui naîtra, saint, sera appelé Fils de Dieu » (v.35) ; et c’est le fils d’Elisabeth et de Zacharie que Dieu a choisi pour devenir le héraut de Jésus, avant que le Fils de l’Homme commence son ministère ici-bas.
Elisabeth va donc d’abord mettre au monde cet enfant qui sera comparé plus tard à une « lampe ardente et brillante » et le peuple aimera pour un temps se réjouir à sa lumière (Jean 5 : 35). Emerveillés, voisins et parents se réjouissent avec cette mère. Ils estimaient convenable, selon la coutume, de l’appeler Zacharie, comme son père. Mais Elisabeth dit fermement : « Non, il sera appelé Jean (faveur de l’Eternel) ». L’attitude de cette femme, soumise à son mari et à Dieu lui-même, leur paraît incompréhensible car personne ne portait ce nom dans leur parenté (v. 61) et l’habitude était de donner à un nouveau-né masculin le nom de son père. On décide alors d’en référer à ce père, encore muet. Zacharie demande une tablette et il écrit : « Jean est son nom » (v. 63). En confirmant ainsi le nom de cet enfant, choisi par Dieu lui-même, Zacharie montre devant tous que sa foi a triomphé. Il a sans doute appris plus de choses au sujet du Seigneur durant cette courte période que dans toute sa vie passée. Si nous devons connaître une épreuve similaire (1 Pier. 1 : 7), demandons avec droiture à Dieu de nous enseigner à « écouter la verge, et celui qui l’a décrétée » (Mich. 6 : 9).
« Tous leurs voisins furent saisis de crainte ; et on s’entretenait de toutes ces choses dans tout le pays des montagnes de Judée ; tous ceux qui les apprirent les gardèrent dans leur cœur, en se disant : Que sera donc cet enfant ? Et en effet, la main du Seigneur était avec lui » (v. 65-66).
Rempli de l’Esprit Saint, Zacharie prophétise !
La partie la plus précieuse de ce récit reste à rappeler. L’usage de la parole est rendu à Zacharie, le père de Jean. Dans le passé il était un sacrificateur de l’ancienne alliance. Maintenant, il est « rempli de l’Esprit Saint et il « prophétise ». Quel fruit remarquable porte cette épreuve, acceptée par cet homme pieux ! Ses premiers mots seront pour louer et bénir Dieu. Ce n’est pas un cantique « ordinaire » qui sort de sa bouche. Les termes sont inspirés par le Saint Esprit qui donne au sacrificateur l’intelligence nécessaire pour discerner les pensées de Dieu et les faire connaître autour de lui. Ce que Zacharie exprime fait partie de ces précieux cantiques qui émaillent le début de cet évangile de Luc - la joie est leur thème commun (1 : 14, 44, 47, 58 ; 2 : 10). Cet évangile est celui de la grâce, de la pauvreté, et de la joie !
Toutefois Zacharie ne commence pas par prophétiser au sujet de son fils Jean. Certainement cet ancien sacrificateur de la classe d’Abia, honteux de son incrédulité passée, aurait pu dire comme Job : « Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu… et je me repens » (Job 42 : 5). Conduit par Dieu, Il a appris, comme Ezéchias « tout ce qui était dans son cœur » (2 Chr. 32 : 31).
Il bénit d’abord le Seigneur, le Dieu d’Israël, pour tout ce qu’Il a fait (Ps. 34 : 1-3). L’apôtre Paul, placé sur le terrain chrétien, plus élevé, bénit Dieu, lui aussi, à plusieurs reprises, au commencement de ses épîtres. Zacharie réalise après la naissance de son fils l’imminente venue de Christ, du Messie. Il en parle ici comme d’un fait déjà accompli ! C’est la foi qui lui fait dire que « le Seigneur a déjà visité et sauvé son peuple ». Il lui a « suscité une corne de délivrance dans la maison de son serviteur David » (v.68-69). La corne était un moyen de défense, mais elle servait également à transporter des liquides, en particulier l’huile dont on se servait pour oindre un roi ou un sacrificateur. C’est dans l’Ecriture un symbole de force, lié ici à la puissance du Sauveur.
Il rend grâce à Dieu pour l’accomplissement de la prophétie. La venue du Messie avait été annoncée de tout temps par ses saints prophètes : « une délivrance de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent » (70-71).
Il loue Dieu pour sa fidélité car Il a réalisé les promesses de miséricorde faites aux pères. Le Seigneur s’est souvenu de sa sainte alliance « inconditionnelle » avec Abraham, du serment qu’Il avait juré au père de la foi. Tout s’accomplit maintenant par la semence d’Abraham - dans le Seigneur Jésus Christ. L’effet du salut qu’Il leur avait promis a des effets internes, et externes aussi. Ils vont être sauvés de leurs ennemis et ils pourront servir Dieu sans crainte « en sainteté et en justice devant lui, tous nos jours » ! C’était une vue anticipée du royaume encore à venir (v. 72-75).
Un commentateur (G. Campbell Morgan) met en évidence dans ces versets deux aspects importants. Il attire d’abord notre attention sur la relation qui existe entre le « nom » de Jean et le « thème » du cantique. Tous deux sont en relation avec la grâce de Dieu. Ensuite il estime qu’il y a successivement, dans les versets 72 et 73, des « allusions » aux noms de Jean, de Zacharie et d’Elisabeth : Jean - la promesse de la grâce (v.72) ; Zacharie - se souvenir (v.73) ; Elisabeth - le serment (v.73).
Cette « faveur de Dieu », annoncée par le nom de Jean, est la conséquence du serment prononcé par Dieu, au moment où Il a fait une sainte alliance avec Abraham. La mission de Jean, le héraut du Seigneur - il n’était encore à ce moment-là qu’un petit enfant » - est annoncée au verset 76. Jean est ce prophète du Très-Haut, chargé de « préparer » ses voies et les cœurs parmi son peuple. Il doit leur donner la connaissance du salut et annoncer le pardon de leurs péchés (v.77). Les références à Jéhovah que l’on trouve dans l’Ancien Testament ont leur application en Jésus au Nouveau Testament. Malachie annonce la venue d’un « messager » qui préparera le chemin devant Jéhovah (3 : 1). Zacharie montre que Jean n’est autre que ce messager ; il vient annoncer la venue de Jésus, c’est également Jéhovah.
La venue de Christ - l’Orient d’en haut qui nous a visité en grâce - est comparée à un lever du soleil (v. 78-79). Malachie parle de la venue du soleil de justice, apportant la guérison dans ses ailes ; « vous sortirez, et vous prospérerez… » (Mal. 4 : 2) Depuis déjà de longs siècles, le monde était dans une obscurité profonde. Désormais, suite aux effets de la grande miséricorde de notre Dieu, une aurore glorieuse allait se lever. Elle rayonne en Christ, la lumière du monde ! Les nations, assises jusqu’ici dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, vont être illuminées à leur tour et les pieds de ceux qui craignent Son nom seront conduits dans le chemin de la paix » (Luc 1 : 79).
Après ce beau cantique, le chapitre se termine par ces paroles : « Or l’enfant (il s’agit de Jean) grandissait et se fortifiait en esprit ; il resta dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël » (v.80).
Quelle grâce a été accordée à ce couple, en retour de sa piété fidèle. Il est précisé pour les trois membres de la famille qu’ils étaient « remplis de l’Esprit ». Ils ont, comme David, et beaucoup d’autres - y compris le prophète Zacharie - servi Dieu dans leur génération (Act. 13 : 36). Chers lecteurs, avons-nous le même désir, formé par l’amour pour Christ ? Quel que soit notre âge, si nous restons dans une communion intime avec le Seigneur, nous serons rendus capables d’offrir ainsi « sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13 : 15). Notre cantique en tant que rachetés du Seigneur est beaucoup plus élevé. Il comporte d’autres « strophes » qui présentent à notre Dieu les perfections de son Fils et toutes les conséquences glorieuses de son œuvre.
Ph. L Le 07. 11. 14
Toi, le Fils du Très-Haut, toi, bien-aimé du Père,
Toi, la gloire du ciel !
Tu vins nous apporter, du sein de la lumière,
Les dons de l’Eternel.
Aux pécheurs, aux enfants d’une race coupable
Et digne de la mort,
Tu vins manifester la faveur ineffable
Et la paix du Dieu fort.
C’est à toi, Rédempteur, qu’appartiennent nos âmes :
Tout en nous est à toi.
De ton amour en nous produis les douces flammes,
Fais-nous vivre de foi.