LES PAROLES D’AGUR (1)
Un homme humble et conscient de ses limites, mais parlant comme oracle de Dieu
La grandeur de Dieu
Dès le début du chapitre 30 du livre des Proverbes, nous sommes mis en contact avec un personnage inconnu jusqu’ici, qui apparaît sur la scène sans que nous sachions ni d’où il est, ni d’où il vient. Son nom, Agur, signifie « qui rassemble » ; le nom de son père, Jaké, « établi » ; ses deux auditeurs sont Ithiel, « Dieu est avec moi », et Ucal, « puissance ».
Agur a quelque analogie avec Melchisédec par sa subite introduction dans les pages du Saint Livre, sans aucun préambule. Il diffère cependant de celui-ci du fait que le nom de son père nous est donné, tandis que Melchisédec est présenté « sans père ni mère, sans généalogie » (Héb. 7 : 3).
Remarquons aussi que l’auditoire auquel Agur s’adresse n’est pas bien nombreux : deux hommes seulement, Ithiel et Ucal. Mais Dieu avait des pensées glorieuses qu’Il voulait communiquer dans le monde entier et tous ceux qui désirent l’entendre peuvent en prendre connaissance aujourd’hui dans cette merveilleuse portion de l’Ecriture. Quelle joie, pour cet homme, quand il saura tout le bien qui a été fait sur la terre par son moyen à la famille de Dieu - dans le passé, le présent et le futur !
Un homme humble et conscient de ses limites, mais parlant comme oracle de Dieu
Agur a parlé comme « oracle » de Dieu, comme porte-parole du grand Dieu, caché dans le ciel. Quand il ouvre la bouche, Dieu dans son livre a soin de dire que ces paroles viennent d’Agur. Dieu aurait pu dire très justement qu’elles étaient de Lui, mais Il dit : « Paroles d’Agur » en vertu de ce principe que nous trouvons ailleurs dans l’Ecriture : « Ceux qui m’honorent, je les honorerai » (1 Sam. 2 : 30).
Avant toutes choses, Agur veut convaincre ses auditeurs de ce qu’il est, personnellement et il commence par ces mots surprenants : « Certes, moi je suis plus stupide que personne » (v. 2). Chers amis, il y a une règle invariable par devers Dieu à l’égard de tous ceux dont Il veut se servir sur cette terre. Elle est précieuse et nous pouvons Le bénir de ce qu’il n’y a aucun fléchissement dans son exécution. Peut-être la connaissez-vous ? Elle n’a pas été donnée sur la montagne de Sinaï, mais dans un tout autre lieu et cette règle est celle-ci : « Il donne la grâce aux humbles » (Jac. 4 : 6).
Nous savons combien nous sommes dépendants de la grâce, tout particulièrement dans les temps difficiles, puisque Paul disait à Timothée : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2 : 1).
Cette grâce, c’est qu’Il a daigné s’abaisser pour nous sauver. Mais elle n’est donnée qu’aux petits, aux humbles, et comme nous ne le sommes pas, par nature, lorsque Dieu veut nous confier quelque chose, pour que nous puissions l’employer à Son service, il faut qu’Il nous apprenne tout d’abord à nous connaître ; ce n’est qu’après que Dieu peut se servir de nous.
J’ai dit que c’est une règle invariable. Vous savez que Jacob, en principe, est le premier prophète, non pas qu’il soit appelé tel, mais nous pouvons bien dire que personne n’a parlé comme lui de l’avenir dans une diction oraculaire aussi merveilleuse. Il est passé, en effet, au-dessus de toute l’histoire du temps, pour relier la fin de l’Apocalypse avec le commencement du Livre de Dieu. Oui, en considérant toutes les bénédictions qui seront accordées aux objets de la grâce de Dieu, à cause de Christ, il a franchi d’une seule traite toute l’histoire du temps, jusqu’aux collines éternelles, les nouveaux cieux et la nouvelle terre, que nous trouvons à la fin du livre de l’Apocalypse.
Mais Dieu ne s’est pas servi longtemps de Jacob, seulement durant 17 années. Auparavant, pendant 130 années, Jacob a dû rester à l’école de Dieu, pour pouvoir Le servir durant ces 17 ans. Dieu a dû le briser, l’humilier de toutes manières : dans sa maison, dans ses affaires, dans sa personne même. Cet homme n’aurait jamais pu supporter le poids de la gloire d’Egypte si Dieu ne l’avait pas d’abord formé et façonné tout le long du chemin. Quand ce berger d’origine, cet homme qui n’avait connu que les troupeaux, le bétail, est arrivé dans la capitale du monde civilisé d’alors, sur le seuil du palais du plus grand monarque du siècle, il a trouvé son enfant devant lui, son fils, devant qui tout le monde s’agenouillait, à l’exception du Pharaon. Comment aurait-il pu supporter une pareille gloire, s’il n’y avait été préparé par Dieu ? N’oublions pas qu’il est arrivé là s’appuyant sur un bâton, traînant misérablement sa hanche déboitée, gardant le souvenir de la honte à cause de l’histoire de Ruben. Pourtant, chose remarquable, devant un tel homme d’aspect misérable, le Pharaon lui-même a baissé la tête et a accepté la bénédiction qu’il lui a donnée.
Pensons aussi à l’apôtre Paul. Le Nouveau Testament se compose de 27 livres, dont 14 sont de Paul, à qui a été d’ailleurs confiée la révélation du plus grand mystère « tenu caché de tout temps en Dieu » (Eph. 3 : 9). Personne n’aurait pu sonder ce mystère, si Dieu n’avait trouvé bon de le révéler. Or, Paul était un homme remarquable, qui avait devant lui un brillant avenir. Il avait été « élevé et instruit aux pieds de Gamaliel selon l’exactitude de la Loi » (Act. 22 : 3) et il pouvait prétendre à la plus belle perspective dans le monde religieux. Mais Dieu ne pouvait pas se servir d’un être semblable, en dépit de toutes ses capacités naturelles. C’est pourquoi Il a dû le briser tout d’abord sur le chemin de Damas (Act. 9). Alors, durant trois jours, le bien-aimé apôtre a eu affaire avec Dieu et ce n’est qu’après qu’Il a pu l’employer pour écrire 14 épîtres et révéler le mystère de l’Eglise. Toutefois cela ne suffit pas encore pour ce cher serviteur du Seigneur. Après avoir été ainsi brisé comme un vase, au commencement de sa carrière, les morceaux auraient pu, en quelque sorte, reconstituer par la suite l’ancien vase, pour sa plus grande ruine. Dieu l’avait, en effet, introduit au troisième ciel, mais quand Paul s’est retrouvé dans les circonstances ordinaires de la vie - tout au début de son ministère, avant qu’il ait supporté les souffrances mentionnées dans l’épître aux Corinthiens -, il courait le plus grand danger de s’enorgueillir. Alors, pour le maintenir et pour qu’il puisse faire un bon usage du glorieux dépôt confié à un humain, Dieu lui envoya « une écharde pour la chair » (2 Cor. 12 : 7). Trois étapes remarquables ont marqué le chemin d’un tel homme. La première, c’est qu’il a pu dire, en écrivant aux Corinthiens : « Je suis le moindre des apôtres » (1 Cor. 15 : 9). La deuxième apparaît dans ces paroles : « Je suis le moindre de tous les saints » (Eph. 3 : 8) - le cercle est agrandi. La troisième se trouve en 1 Timothée 1 : 15. Il faut remarquer pourtant que, là, c’est un vieillard qui parle, un homme qui a blanchi durant les années de travail pour son Maître, un serviteur par le moyen duquel des âmes nombreuses ont été sauvées, un homme remarquable qui a derrière lui toute une vie de communion avec Dieu et qui, dans l’ère nouvelle de la grâce, n’aura pas son pareil. Mais, en écrivant à son enfant Timothée, tandis qu’il est arrivé, pour ainsi dire, aux frontières du pays, il peut se déclarer le premier des pécheurs. Considérant l’univers tout entier, il reconnaît avoir marché, comme pécheur, à la tête de tous ceux qui cherchent à s’opposer à Christ.
Nous pourrions examiner d’autres exemples dans les Ecritures, mais revenons à Agur. Il se présente donc ici comme un homme stupide, non pas devant Dieu, mais à ses propres yeux. C’est un homme brisé, qui en a fini avec lui-même et que Dieu peut, par conséquent, employer pour nous communiquer des choses précieuses. « Je n’ai pas l’intelligence d’un homme ; et je n’ai pas appris la sagesse, ni ne possède la connaissance du Saint » (v. 2-3). Nous connaissons l’estimation de Dieu au sujet de la sagesse des hommes et nous savons que la main du Tout-Puissant a voulu écrire : « la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Cor. 3 : 19).
Or, Agur ne possédait rien de cela ; il n’avait pas appris la sagesse et ne possédait pas la connaissance du Saint (ou des saints). On pouvait donc se demander s’il valait bien la peine d’écouter un homme semblable, mais c’est précisément cet instrument que Dieu choisit, parce qu’ainsi Il peut agir librement, selon ses merveilleuses pensées, pour qu’il n’y ait aucune obstruction au canal qui amène cette bénédiction de son trône vers ceux auxquels elle est destinée.
Si Agur nous montre combien il est d’accord avec Dieu quant au jugement de l’homme, il va aussi nous parler de la grandeur de Celui sous le regard duquel il a fait, sans doute, un assez long bout de chemin ; il va aussi montrer à ses auditeurs qu’ils ne Le connaissent pas davantage que lui.
« Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu ? » (v. 4a), leur demande-t-il, tout d’abord. Dieu est l’architecte des choses visibles et invisibles. Il nous a donné, dans cette merveilleuse création, qui est son œuvre, des échantillons frappants de son savoir-faire : le brin d’herbe, la fleur dans sa beauté, comme dans son parfum, autant que la montagne, la vallée, la goutte d’eau même, qui, considérée avec les moyens puissants dont l’homme dispose, se transforme en un immense océan où pullulent sans nombre des êtres vivants, imperceptibles à l’œil nu. Et d’ailleurs, si les hommes peuvent considérer ces choses, ils sont les débiteurs des ressources de la Création qui leur permettent de contempler, dans tout ce qui est fini, la grandeur de Celui qui est infini, qui a créé les mondes et toutes les choses qui y sont.
Toutefois il y a, ailleurs que sur notre globe, de grandes et merveilleuses choses, car si Dieu, sur cette terre, a voulu préparer un palais que l’Ecriture appelle Eden, ce n’était cependant qu’une habitation destinée à un humain. Or, quel est celui qui est monté dans les cieux pour explorer là-haut, dans la sphère glorieuse de sa présence, son propre palais à Lui ? Les mots me manquent, les expressions ne répondent pas aux saintes exigences de ce que nous serions obligés de dire si nous en avions la capacité. Nous approchons de la frontière de l’infini et là, personne ne passe. L’œil ne peut sonder ces horizons de gloire et de lumière ! Aussi l’Ecriture dit-elle : « Il habite la lumière inaccessible » (1 Tim. 6 : 16). Il est là, depuis l’infini de l’éternité passée, derrière les remparts de cette lumière inaccessible. « Les cieux des cieux ne peuvent le contenir » (2 Chr. 2 : 6). Alors, tout ce qu’est l’infini de cette création invisible, dans ces limites dont les démarcations sont incommensurables pour l’homme, ne peut contenir Celui qui est insondable de toutes manières. Oui, les cieux des cieux ne peuvent le contenir !
Mais, là-bas, nous sommes chez Lui, au moins par la pensée qui nous a été donnée de Lui et, sur les ailes de la foi, nous avons pu demeurer, pour ainsi dire, un instant aux bornes de son propre pays. Toutefois, il nous faut revenir sur la terre, qui est son champ d’activité. Et alors, nous entendons Agur poser une deuxième question.
« Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains » (v. 4b). Il y a, en effet, une demeure infranchissable, réservé à Dieu seul, mais, entre cette demeure et celle de l’homme (la terre) il y a un élément puissant : le vent. Nous connaissons sa grande force sur notre globe, les œuvres de l’homme ne résistent que faiblement et souvent il faut garder pendant de longues années le souvenir de son passage, tant sur mer que sur terre.
Or, quel contraste entre ce que Dieu a fait (non seulement chez Lui, mais aussi entre le ciel et la terre) et l’ouvrage des humains ici-bas ! Le travail de l’homme n’est qu’un assemblage de matériaux empruntés avec fierté aux arsenaux du Créateur, mais l’homme n’a pourtant jamais pu jusqu’ici dominer l’ouvrage de ses mains.
Ce vent impétueux, dont parle Agur, est docile dans le creux des mains de notre Dieu. C’est simple, comme expression, mais c’est l’infini devant lequel nous nous prosternons pour adorer.
Il en est de même pour les eaux, l’étendue incommensurable des mers. Notre Dieu a serré tout cela dans un manteau (v. 4c). Que dire ? Toute sa grandeur est là. Ce sont les œuvres de cette merveilleuse création visible, dominée par Lui jusqu’au grand jour où, accompagnée de la terre et des cieux, elle reprendra comme autrefois le chemin du néant.
Oui, nous ne sommes pas grand chose devant Celui qui a créé les cieux et la terre, la mer et tout ce qu’elle contient. L’homme aime cependant beaucoup à lever la tête, mais quand on se place devant la majesté de Celui qui a appelé les mondes à l’existence et qui les maintient, on n’a pas beaucoup de peine à se rendre compte que l’on est semblable à la menue poussière qui s’attache à la balance, sans la faire dévier de son exactitude en aucune manière, selon ce qui est écrit : « Les nations sont réputées comme une goutte d’un seau, et comme la poussière d’une balance » (Es. 40 : 15).
L’homme est donc vanité, un souffle qui passe et pas autre chose ! Seule, la grâce de Dieu a pu se souvenir d’êtres aussi insignifiants.
Mais Dieu a serré les eaux dans un manteau, il a établi toutes les bornes de la terre. Quel travail merveilleux, quand le sec est apparu et que Dieu Lui-même a posé les limites de ce qui devait être la part de l’homme, là où il pourrait paisiblement mettre le pied.
Ainsi, dans ce verset 4 de notre chapitre, nous partons, pour ainsi dire, de la demeure inaccessible de notre Dieu. Passant par le vent, qui sépare cette demeure de la terre, nous arrivons aux mers et finalement nous atteignons la terre. Là, Dieu vient nous dire : Voyez-vous cette croûte de terre ? C’est moi qui en ai posé les limites, après avoir pris connaissance des besoins de tous ceux qui passeraient par ce lieu. Oui, chers amis, la sagesse de Dieu a eu soin de placer dans les entrailles de la terre ce qui devait être conservé, afin que l’homme n’en fasse pas un mauvais usage : le charbon, l’or, l’argent et bien d’autres matières précieuses.
Quand Dieu nous donne de considérer cette terre et ses bornes, la façon merveilleuse dont Il a disposé toutes choses, nous sommes obligés de nous écrier : Quel grand Dieu ! Mais, il n’est pas seulement le Dieu créateur et c’est pourquoi ici, à la fin de ce verset 4, Agur demande à ses auditeurs, en parlant de Lui : « Quel est son nom ? ». Et quel Nom glorieux, en effet, que le sien. Toutefois, nous avons le privilège de Le connaître : c’est « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes » (2 Cor. 1 : 3). Sans doute, Il est le Dieu créateur, mais, par grâce, nous connaissons son nom. « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître », dit le Seigneur (Jean 17 : 26).
Nous sommes donc en relation avec Lui et quand nous nous adressons à Lui, nous pouvons dire, du plus profond de notre cœur : notre Dieu. Mais, chose merveilleuse, depuis le trône où Il siège dans sa majesté, là-haut, dans les régions inexplorées de sa sainteté, de sa puissance et de sa gloire, Lui, que les cieux des cieux ne peuvent contenir, nous sommes ses chers enfants. N’est-ce pas précieux ?
Mais ce Dieu bienheureux a aussi un fils et c’est pourquoi Agur pose ici cette question : « Quel est le nom de son fils, si tu le sais ? ». Y a-t-il, parmi les lecteurs, quelqu’un qui ne le connaîtrait pas ? Il s’appelle Jésus de Nazareth. Oui, le Fils de ce Dieu duquel nous venons de considérer la puissance, la sagesse éternelle, la grandeur insondable, parce que c’est l’infini qui se multiplie par lui-même, est né plus bas que nous ne sommes, dans une étable, à Bethléem de Juda, ignoré de tous. Il est mort sur une croix, entre le ciel et terre, au milieu des moqueries, des outrages des hommes, la face couverte de crachats, la tête couronnée d’épines et les mains saignantes sous les clous !
Connaissez-vous le Jésus des Ecritures, le Fils, ce grand Dieu qui est venu dans l’humanité pour mourir sur la croix du Calvaire. Connaissez-vous son nom ? Ou seriez-vous resté dans l’ignorance de ce glorieux nom de Jésus, qui signifie Sauveur ? Oui, ce grand Dieu créateur est le grand Dieu Sauveur ; c’est ainsi que l’épître de Tite le place devant nos âmes (Tite 2 : 13).
Chers amis, quand le Seigneur Jésus est descendu sur cette terre, Il est venu nous révéler le Père, nous faire connaître le grand Dieu invisible. Mais Il était « la Parole faite chair » (Jean 1 : 14) et Dieu, pour nous faire connaître qui était Celui qui est venu ainsi sur cette terre - comme le Seigneur nous a fait connaître Celui qui est demeuré dans la gloire éternelle - a voulu nous écrire un Livre. Ainsi, si le Seigneur nous a montré le Père, qui était ce grand Dieu habitant la lumière inaccessible, Dieu, de son côté, nous a révélé son Fils, parfaitement homme et parfaitement Dieu.
Il ne faut pas essayer de localiser l’infini dans les étroites limites du fini. Nous sommes des êtres « finis » ; aussi, comme Dieu manifesté en chair, c’est l’infini, toujours l’infini ! Notre seule part c’est d’adorer !
Le mystère du Fils ne sera sondé par aucune créature, mais Dieu a voulu nous donner Sa Parole pour nous révéler cette Personne bénie et nous la faire connaître.
D’après M. Capelle
A suivre