Des puits creusés
L’eau vive d’un puits, image de ce que le croyant trouve en Christ
Les puits creusés par Abraham et l’action destructrice des Philistins
Les puits bouchés, image de l’activité de l’Ennemi dans l’Eglise
Les puits recreusés évoquant la vérité remise en lumière par des serviteurs fidèles
Veiller afin de ne pas laisser Satan boucher les puits
Garder la Parole de Dieu et la vivre
Lire : Genèse 26 : 17-22
Il est souvent parlé de puits dans l'histoire des patriarches. Abraham en a creusé plusieurs. Creuser un puits évoque l'idée d'un effort qu'il faut faire pour obtenir ce que l'on ne trouve pas à la surface du sol.
L’eau vive d’un puits, image de ce que le croyant trouve en Christ
La révélation des pensées de Dieu est venue du ciel ; elle ne se trouve pas dans les choses de la terre qui appartiennent à un monde où tout est opposé à Dieu. Il faut chercher ce qui est en haut et y penser (Col. 3 : 1). Ces choses sont du domaine de la foi, et ne se voient pas, mais la nature divine que possède le chrétien le rend capable d'en jouir ; il aime ces choses, il trouve en elles son vrai bonheur, le seul aliment qui convienne à sa nouvelle nature ; mais il a toujours en lui la vieille nature qui hait les choses de Dieu et qui s'oppose instinctivement à tout ce qui est selon Dieu. Puis, il y a le monde et ce qui est dans le monde, toujours prêts à s'interposer pour voiler ce qui est céleste et empêcher le cœur de se nourrir de Christ, centre de toutes nos bénédictions.
C'est pourquoi, sous l'action de l'Esprit de Dieu, nous devons fournir un effort continu pour être délivrés de l'influence des choses terrestres et pour être fidèles au Seigneur en demeurant attachés à sa Parole, dans laquelle nous avons besoin de pénétrer toujours plus profondément. C'est à cela que se rapportent toutes les exhortations qui nous sont adressées dans les Ecritures et dont nous avons continuellement besoin jusqu'à ce que nous arrivions au ciel, où il n'y aura plus d'obstacles à la jouissance de ce qui est en haut, puisque nous y serons nous-mêmes.
Les puits creusés par Abraham et l’action destructrice des Philistins
La vie d'Abraham présente beaucoup d'analogie avec la vie chrétienne, car son appel était un type de l'appel céleste. Il était aussi étranger en Canaan que le chrétien dans ce monde. Il a creusé beaucoup de puits, figure de l'effort nécessaire pour s'approprier nos bénédictions spirituelles et célestes.
Parmi tous les puits mentionnés dans la Genèse, l'un d'eux est caractéristique et attire toujours notre attention, c'est celui de Lakhaï-Roï, ou « du Vivant qui se révèle » (Gen. 16 : 7). C'est là qu'Isaac puisait le sujet de ses méditations lorsque Rebecca lui fut présentée ; et, c'est près de ce puits qu'il habita avec elle (Gen. 24 : 62 ; 25 : 11). Notre céleste Epoux ne désire-t-il pas nous trouver à sa venue avec l'attitude d'Isaac méditant sur la révélation que Dieu nous a faite de lui-même en son Fils bien-aimé ?
Les Philistins, ennemis du peuple de Dieu, habitaient aussi le pays ; mécontents des bénédictions accordées à Isaac, ils remplirent de terre les puits creusés au temps d'Abraham (Gen. 26 : 18). Image tristement fidèle de ce qui est arrivé à l'Eglise qui demeure, comme les patriarches, sur une terre étrangère, au milieu des ennemis de Christ. Elle ne possède de ressources qu'en ce qui est céleste, et, par conséquent, n'en trouve pas ici-bas.
Les puits bouchés, image de l’activité de l’Ennemi dans l’Eglise
Lors de la formation de l'Assemblée, le Saint Esprit, par le ministère des apôtres, lui a révélé les choses profondes de Dieu : « Ce que l'œil n'a pas vu, que l'oreille n'a pas entendu, et qui n'est pas monté au cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment » (1 Cor. 2 : 9), les bénédictions qui appartiennent à l'Eglise unie à Christ dans le ciel - celles qui se rapportent à la terre étaient décrites par les prophètes de l'Ancien Testament. C'était « le mystère du Christ… en d'autres générations, n'a pas été donné à connaître aux fils des hommes comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l'Esprit » (Eph. 3 : 4-5). En possession de ces glorieuses vérités, s'alimentant abondamment aux puits d'une si merveilleuse révélation, l'Eglise s'est acheminée, dès le début, à la rencontre de son Epoux céleste dans une séparation absolue du monde.
Hélas ! Laissée au milieu d'un monde dont Satan est le prince, ennemi de Christ et des siens, l'Eglise, manquant de vigilance, a subi l'influence néfaste de l'activité diabolique de l'adversaire, mécontent de la voir jouir de ses bénédictions. Elle a délaissé les enseignements de la Parole de vérité, surtout en ce qui concerne sa position céleste, en prêtant l'oreille aux enseignements des hommes, et insensiblement, mais rapidement, la vérité lui a été voilée. Elle a laissé les puits se remplir de terre, et, ne puisant plus à ces eaux vivifiantes et rafraîchissantes, elle a perdu son caractère céleste, elle s'est établie là où se trouve le trône de Satan (Apoc. 2 : 13), ne conservant guère du christianisme que des « formes » qui peuvent convenir au monde. Nous ne parlons pas des nombreux témoins qui, durant des siècles, gardèrent la vérité du salut par la foi avec une grande piété au travers de persécutions et de souffrances inouïes, jusqu'à la Réformation et depuis lors; nous ne parlons ici que de ce qui devrait caractériser l'Eglise séparée du monde, dans la conscience de son union avec Christ, son Chef céleste et enseignée par Lui.
Les puits recreusés évoquant la vérité remise en lumière par des serviteurs fidèles
Par la grâce de Dieu, les Réformateurs recreusèrent le puits de la vérité relative à la justification par la foi qui fut publiquement remise en évidence. Mais à nouveau cette vérité fut en grande partie voilée jusqu'au commencement du siècle dernier. Nous lisons, en Apocalypse 3 : 3 : « Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu ; garde-le, et repens-toi » - un avertissement adressé à Sardes, représentant un protestantisme déclinant.
C'est alors que Dieu intervint d'une façon merveilleuse en suscitant des serviteurs fidèles qui recreusèrent, pour ainsi dire, les puits bouchés au cours de l'histoire de l'Eglise. Alors, le plein salut et l'affranchissement par la foi en l'œuvre de Christ furent proclamés, ainsi que les vérités concernant la position céleste de l'Eglise, corps de Christ : la pleine suffisance du nom de Jésus pour rassembler les saints, selon Matthieu 18 : 20 ; la libre action de l'Esprit dans le rassemblement ; la cène du Seigneur ; la Table du Seigneur où se réalise la vérité de l'unité du corps de Christ. Le cri : « Voici l'Epoux, sortez à sa rencontre », fut entendu dans l'Eglise endormie ! Les chrétiens qui se laissèrent éclairer en répondant à cet appel, comme les vierges sages, sortirent de l'état dans lequel le sommeil avait plongé l'Eglise, et marchèrent à la rencontre de l'Epoux, munis de toutes les précieuses vérités enseignées au commencement.
Veiller afin de ne pas laisser Satan boucher les puits
Par la grâce de Dieu, nous possédons encore aujourd'hui ces merveilleux puits de vérités ouverts à nouveau pour que l'Eglise s'y désaltère jusqu'au terme de son pèlerinage si rapproché maintenant. Nous n'avons donc pas à les creuser, mais à veiller, afin que l'Ennemi ne les remplisse pas de la terre qui vient du cœur de l'homme insoumis à la Parole de Dieu. C'est à cela que doit s'exercer notre vigilance car l'Ennemi cherche à insensibiliser les sens spirituels par les choses de la terre auxquelles nous attachons trop de prix. Il travaille à entretenir une mauvaise conscience qui empêche de retenir la vérité : et si l'on ne garde pas une « bonne conscience », on fait naufrage quant à la foi (1 Tim. 1 : 19). Il est habile pour introduire graduellement la conformité à ce siècle, ce qui empêche de discerner « quelle est la volonté de Dieu » (Rom. 12 : 2). Il cherche à justifier la marche des chrétiens qui ne retiennent pas la vérité quant au rassemblement, pour engager les enfants de Dieu à marcher tous ensemble, ce qui serait selon Dieu si c'était sur le terrain de la vérité.
L'unité du corps de Christ qui est manifestée à la Table du Seigneur est aussi perdue de vue, par plusieurs qui prétendent qu'elle est réalisée dans toutes les réunions de chrétiens. Si nos yeux sont fixés sur la Parole, nous voyons combien la vérité telle qu'elle a été remise en lumière au réveil du dix-neuvième siècle, est déjà voilée pour plusieurs. Elle peut bien rester à l'état de connaissance pendant un certain temps; mais si elle ne produit pas d'effets pratiques, elle est sans fruit et ne fait qu'augmenter la responsabilité. Au commencement du réveil, tous les chrétiens jouissaient du bonheur d'avoir retrouvé la présence du Seigneur comme centre du rassemblement. Ils se rendaient avec joie au précieux appel du Seigneur, selon Matthieu 18 : 20 ; jouir de Sa présence était la chose importante en dehors de toute action.
Aujourd'hui, qu'est devenue cette précieuse vérité ? On entend dire que si l'on avait su que tel ou tel frère n’était pas là on ne serait pas venu à la réunion. Ou bien, on fait dépendre sa jouissance de l'action de tel ou tel frère. Quelle est la place que l'on fait au Seigneur et à la bénédiction qui découle de sa présence ? Il est vrai que l'on retire une bénédiction toute particulière de la Parole présentée sous l'action de l'Esprit, ne serait-ce que par « cinq paroles » ; mais cette bénédiction s'ajoute à celle de la présence du Seigneur et ne la remplace pas. La libre action de l'Esprit est entravée lorsque l'on ne s'attend pas au Seigneur seul. Souvent l'action des frères n'a lieu que pour remplir le temps, et l'on ne s'attend pas au Seigneur en intercédant par la prière.
C'est précisément ce défaut de réalisation de la présence du Seigneur et de la libre action de l'Esprit qui a engendré le « cléricalisme » sous ses diverses nuances dans l'Eglise. Pour les mêmes raisons, la liberté manque dans le culte et les réunions de prières ; surtout lorsque les frères sont nombreux. Il semble que l'on est réuni pour entendre la prière de quelques-uns, toujours les mêmes, plutôt que pour prier. Dans certaines assemblées, il y a des frères et des sœurs qui paraissent ignorer l'existence des réunions de prières !
Toutes ces lacunes, et il y en aurait beaucoup d'autres à énumérer, ne nous disent-elles pas que nous laissons jeter de la terre dans les puits que la grâce de Dieu et la fidélité du Seigneur envers son Assemblée ont fait ouvrir à nouveau pour que nous puissions attendre le retour de Christ sur le terrain de la vérité intégrale et de la fidélité.
Garder la Parole de Dieu et la vivre
Le seul moyen de garder la vérité, avons-nous dit, c'est de la mettre en pratique. Nous possédons tout ce qui est nécessaire pour cela : la Parole et de bons commentaires qui nous aident à la comprendre. « Désirons ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait de la Parole, afin que nous croissions par lui à salut » (1 Pier. 2 : 2). « Que la parole du Christ habite en nous richement » (Col. 3 : 16), afin qu'elle produise tous ses effets en nous dans notre vie tout entière.
Au milieu de l'état actuel de la chrétienté, retenons la Parole du Seigneur, ne renions pas le nom du Saint et du Véritable. Gardons la parole de sa patience, comme les saints de Philadelphie au temps où le déclin s'accentuait déjà. Le Seigneur aura encore des philadelphiens lorsqu'Il viendra - mais, question solennelle : Serons-nous du nombre ? Ne nous préoccupons pas de savoir si nous le sommes, ce serait être occupé de nous-mêmes, comme Laodicée, et non du Seigneur. Mais cherchons à porter les caractères de cette assemblée, et le Seigneur dira en son jour s'Il les a trouvés en nous. Soyons pénétrés de ce que signifie : « Tu as gardé ma Parole et tu n'as pas renié mon nom » (Apoc. 3 : 8), et « Tu as gardé la parole de ma patience» (3 : 10) et mettons-la en pratique, de même que : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (3 : 11). Le temps s'écoule rapidement. S'il y a vingt siècles que le Seigneur a dit : « Oui, je viens bientôt » (ou promptement), à plus forte raison sommes-nous près de sa venue !
Le temps fuit, le jour approche,
Qu'en nous tout montre Jésus ;
Qu'il nous trouve sans reproche,
Et publiant, ses vertus.
D’après S. Prod’hom - Article paru dans le « Messager évangélique » (1928 p. 329-335)