LE LIVRE DE JOSUE (6)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ
Séparés pour Dieu (Jos. 5 : 2-9)
Le secret de la force (Jos. 5)
Séparés pour Dieu (Jos. 5 : 2-9)
« Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17 : 16).
La circoncision, pour le peuple de Dieu, est le signe qu'il Lui appartient de fait, qu'il est mis à part pour lui selon le dessein divin. Pour le père des croyants, c'était une marque extérieure de l'alliance que Dieu avait faite avec lui (Gen. 17 : 11). Les paroles de l'Eternel - « mon alliance sera en votre chair comme alliance perpétuelle » (v. 13) - englobaient toute la génération de son peuple d'autrefois. La circoncision signifiait qu'Israël était séparé pour Lui d'avec les nations qui l'entouraient. Le chrétien est séparé pour Dieu en Christ, qui est ressuscité d'entre les morts et qui demeure, non pas sur la terre, mais dans les cieux. La circoncision, qui n'est pas faite de main mais qui est « du cœur, en esprit, non pas dans la lettre » (Rom. 2 : 29), remplace maintenant l'ordonnance charnelle.
La circoncision des fils d’Israël nés dans le désert
« La circoncision, faite de main dans la chair » (Eph. 2 : 11), relève désormais du judaïsme ; or, retourner en esprit au judaïsme, c'est, en fait, rejeter la croix de Christ. Cette croix a prononcé une sentence de mort sans appel contre l'homme dans la chair (2 Cor. 5 : 14). Elle a aussi démontré que l'homme en Adam ne pourra jamais se corriger de manière à satisfaire aux exigences de la justice et du cœur de Dieu. Le chrétien, par conséquent, ne se glorifie pas de son obéissance à la Loi, ni de ce qu'il fait, ni de ce qu'il est – bon, mauvais ou indifférent. Il ne se glorifie pas dans sa chair (Gal. 6 : 13). Il repousse au contraire l'idée de pouvoir se rendre agréable à Dieu par ses œuvres ou par ses connaissances, en disant : « Pour moi, qu'il ne m'arrive pas de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6 : 14). Tous les efforts que l'on fait pour rendre le « moi » acceptable devant Dieu reviennent pratiquement à rejeter la croix de Christ, et ne sont que des manifestations de cet orgueil de la chair que Dieu a condamné par la croix de Christ. L'homme dans la chair, qu'il soit Juif ou Gentil, circoncis ou incirconcis, est jugé incurable par Dieu. En Christ, « ni la circoncision, ni l'incirconcision n’ont d’importance » (Gal. 6 : 15).
Les fils d'Israël, en tant que nation, avaient été circoncis en Egypte. Dans ce pays, ils formaient le peuple de Dieu, portant sur eux la marque de Son alliance. « Tout le peuple qui était sorti avait bien été circoncis » (Jos. 5 : 5). Mais Israël errant dans le désert était un peuple incirconcis, car « de tout le peuple né dans le désert, en chemin, après être sorti d'Egypte, aucun n'avait été circoncis » (v. 5). Dans le désert, pendant près de quarante ans, le peuple dans son ensemble avait négligé ce rite et cessé de porter sur lui ce signe convenu qui exprimait sa séparation pour Dieu d'avec les païens. Et pourtant, nous ne lisons pas que l'Eternel ait demandé aux Israélites de garder cette ordonnance tant qu'ils demeurèrent dans le désert. C'est là un fait remarquable si nous considérons l’histoire personnelle de Moïse et la manière dont Dieu agit envers lui lorsqu'il négligea de circoncire ceux de sa propre famille (Ex. 4 : 24-25). Pourquoi cela ?
Dieu avait promis d'introduire les fils d'Israël dans leur héritage. Dans cette incrédulité d'Israël, nous pouvons voir la raison pour laquelle le peuple fut rendu indigne de porter sur lui la marque de son appartenance à l'Eternel. L'incrédulité dans la parole de la grâce de Dieu et une vraie séparation pour Dieu, ne peuvent coexister dans le cœur de l'homme. Israël ne crut pas que Dieu les introduirait dans le pays que l'Eternel avait « juré à leurs pères de leur donner ». Leur errance dans le désert fut la conséquence de leur incrédulité, et le signe de leur appartenance à Dieu en tant que peuple ne fut plus exigé d'eux pendant tout le temps de leurs pérégrinations.
La circoncision de cœur produite par le sentiment de la grâce de Dieu
Le grand principe selon lequel la grâce de Dieu envers nous est ce qui nous rend pratiquement capables de rompre les liens qui nous attachent au monde, est de toute importance. Une vie véritablement consacrée à Dieu est le résultat d'une communion avec Lui. Plus nous goûtons ses faveurs, plus nous portons la marque de notre séparation d'avec le monde. Essayer de nous sanctifier par nos propres forces, c'est se moquer de la grâce divine à notre égard. Cette sorte de séparation d'avec ce qui nous entoure dans ce monde, que certaines personnes pratiquent afin d'atteindre à la sainteté pour Dieu, c'est comme quelqu'un qui arracherait les feuilles d'un pommier sauvage dans l'espoir d'améliorer la nature de cet arbre ! Quels que soient nos efforts pour atteindre à la sainteté en renonçant au monde, nous ne changerons pas notre mauvaise nature. Et celui qui aspire à devenir saint, et qui pense, par ces moyens-là, arriver à porter enfin les fruits désirés, n'a en fait produit que celui de l'orgueil spirituel ! La vraie circoncision du cœur est produite par le sentiment de la grâce de Dieu et de sa faveur envers ses saints.
Dès que les fils d'Israël furent introduits dans le pays de la promesse, l'Eternel ne pouvait permettre qu'ils soient dans leur héritage tout en restant eux-mêmes semblables aux païens. Voilà pourquoi l'assèchement des eaux du Jourdain par l'Eternel devant Israël, et l'ordre qu'Il donne au peuple d'être circoncis une seconde fois, sont des événements entre lesquels existe une corrélation d'ordre moral. Dieu exigeait d'eux ? en eux – cette marque de son alliance. Il leur demandait de porter en eux-mêmes ce témoignage du fait qu'ils étaient son peuple, séparé pour Lui des nations idolâtres qui l'entouraient.
« En chemin », c'est-à-dire dans le désert, qui correspond à la période de doute et de tentation dans l'histoire d'Israël –, Dieu ne leur donna aucun commandement concernant la circoncision. Mais une fois sa promesse accomplie, eux-mêmes étant témoins de sa fidélité et ayant été introduits dans la terre promise, « en ce temps-là », sans attendre, Il exigea d'eux d'être circoncis. La grâce de Dieu s'était déployée envers eux, et les bénédictions dans lesquelles Il les avait introduits changeaient sa manière d'agir à leur égard.
L'homme naturel, dans ses pieux efforts, cherche à extirper de son cœur tel ou tel mal et, par ce moyen, à se rendre digne de servir Dieu. Mais « en Christ », « en » qui nous sommes accomplis, nous sommes aussi circoncis, et il faut pour cela mettre de côté le corps de la chair lui-même ! Il ne s’agit pas de nous débarrasser de tel ou tel mauvais penchant, mais de dépouiller « le corps de la chair » lui-même.
Le dépouillement du corps de la chair
L'épître aux Colossiens explique ce que signifient pour le chrétien l'ordonnance juive de la circoncision et celle, chrétienne, du baptême : « Vous êtes accomplis en lui (Christ), qui est le chef de tout pouvoir et de toute autorité. C’est en lui aussi que vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair, par la circoncision du Christ, ayant été ensevelis avec Lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'action puissante de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts » (Col. 2 : 10-12).
La circoncision de Moïse signifiait qu'Israël avait été séparé pour Dieu d'entre les nations. La circoncision de Christ signifie que le croyant a dépouillé le vieil homme et qu'il est absolument mis à part pour Dieu, en Christ ressuscité d'entre les morts. Nous ne devons maintenant jamais oublier que c'est en Christ, non pas dans nos propres forces, que nous sommes circoncis ; que cette circoncision est excessivement spirituelle, n'étant pas « faite de main » ; enfin, qu'il s'agit d'une œuvre divine, totalement différente de tout ce qui est de l'homme. Aucune main d'homme ne saurait effectuer dans les croyants cette séparation d'avec les « choses vieilles » qui sont passées. Cette séparation est opérée par la mort et l'ensevelissement de Christ, et, pour les croyants, elle ne signifie rien moins que leur propre mort spirituelle et leur ensevelissement avec Lui. Seule une opération divine pouvait ôter de devant Dieu le vieil homme, le corps de notre chair, et le seul moyen pour cela, c'était la mort de Christ. Notre foi fait ses délices de cette vérité !
Dieu parle de ses saints comme étant « accomplis » (littéralement : remplis, comblés) en Christ qui est exalté au-dessus de tous. Cette plénitude est absolue, rien ne peut y être ajouté ; aucun homme, aucun ange ne peut la rendre plus parfaite.
En Christ, nous sommes de l'autre côté du Jourdain, en Canaan, dans les lieux célestes. En Lui, nous sommes circoncis, ayant dépouillé le corps de la chair. La circoncision, en tant qu'acte divin est l’héritage commun à tous les chrétiens, car tous sont en Christ, morts avec Lui, ressuscités avec Lui. La circoncision, résultat pratique de la grâce de Dieu envers nous, est la mortification de nos membres qui sont sur la terre et, considérée sous cet angle, elle est notre lieu fort.
Que d'amertume chez beaucoup de chers enfants de Dieu pour vouloir tenter en vain de détruire la chair en eux-mêmes ! Qu'une telle dépense d'énergie ait pour résultat de faire souffrir le corps afin de purifier la chair de ses désirs coupables, ou de mettre l'âme à la torture pour détruire le principe du péché – c'est-à-dire la chair –, tous ces effets ne sont que recherche de soi-même pour maîtriser le moi. « La chair n’est d’aucun profit » (Jean 6 : 63). « Nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu, qui nous glorifions dans le Christ Jésus et qui n'avons pas confiance en la chair » (Phil. 3 : 3).
De même que la circoncision à Guilgal était le privilège commun à toute la nation d'Israël, de même, pour tous les chrétiens, est la circoncision du Christ. Il n'en reste pas moins qu'il y a aussi le côté pratique de ce privilège. Ayant été circoncis en Christ, et le corps de la chair ayant été ainsi mis de côté par Dieu, nous devons faire mourir nos membres qui sont sur la terre. « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre » (Col. 3 : 5), « ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme » (v. 9-10). Nous prenons naturellement plaisir à donner libre cours à nos passions et à nos convoitises. Les mettre à mort, refuser à nos désirs d'être satisfaits, renoncer à notre propre volonté, cela ne va pas sans souffrance. « Mortifiez donc » est une parole qui va droit au cœur de chacun, comme un « couteau tranchant », et cela chaque jour de notre vie sur la terre.
Séparation de cœur pour Dieu
« L'Eternel dit à Josué : Fais-toi des couteaux de pierre tranchants » (v. 2). Nous parlons maintenant de la vie quotidienne pratique. La seule personne capable de circoncire nos cœurs, c'est Christ, qui accomplit en vérité dans les siens, par l'Esprit, une authentique séparation de cœur et d'esprit pour Dieu. Christ a quitté ce monde, Il est ressuscité des morts, Il est le vrai Josué. Du ciel, où Il se trouve, Il sépare les siens du monde pour son Dieu et Père. « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17 : 14), telles sont ses paroles.
L'exemple le plus vrai de circoncision pratique est peut-être celui de l'apôtre. Sa vie fut un long sacrifice et une constante abnégation de soi. Il porta la mort de Jésus continuellement dans sa vie de chaque jour. Ainsi, ce que fut la vie de Jésus sur la terre se trouve manifesté dans son serviteur, car le comportement et la marche de son divin Maître transparaissaient en lui.
Notre force, pour mortifier nos membres qui sont sur la terre, c'est l'Esprit de Dieu qui habite en nous : « … si, par l'Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8 : 13). Le moi doit être perdu de vue, et la foi prend la place de la volonté et de l'énergie humaine pour qui veut suivre le chemin de la séparation pour Dieu. Christ et l'Esprit sont notre force.
Dieu place devant les siens, comme moyen de mortifier leurs membres, la mort de Christ, et rien que cela. « Portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, aussi, soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4 : 10) ; c'est là une parole qui devrait être gravée dans nos cœurs. Nous ne pouvons supprimer nos passions ou nos convoitises pas plus que nous ne pouvons ôter de notre cœur notre état de péché par de bonnes résolutions, des efforts ou des pénitences. Mais quand, par la foi, nous appliquons la mort de Jésus à notre vie de tous les jours, et que, par amour pour Lui, nous portons cette mort « toujours, partout, dans le corps », nous sommes rendus capables de mettre à mort nos mauvais penchants. Et alors, quand les ténèbres sont repoussées, ce que Jésus a été sur la terre brille quelque peu dans nos pauvres corps mortels et l'on peut voir en nous sa vie.
Israël, peuple qui venait d'être circoncis dans le corps à Guilgal, témoignait de l'impuissance humaine au milieu de ses ennemis. En eux-mêmes, il n'y avait aucune force pour vaincre. Cependant, à l'heure de leur grande faiblesse, la terreur de l'Eternel s'empara de leurs ennemis. Notre force en présence de l'ennemi – Satan – et au sein de la méchanceté spirituelle, c'est la puissance du Seigneur Lui-même, car quand nous sommes faibles, alors nous sommes forts.
Aucune puissance en nous pour vaincre
Un enseignement très pratique nous est donné dans le passage suivant : « tout le peuple qui était sorti d'Egypte... tous les hommes de guerre, étaient morts dans le désert, en chemin, après être sortis d'Egypte ; car tout le peuple qui était sorti avait bien été circoncis... Les fils d'Israël avaient marché dans le désert quarante ans, jusqu'à ce qu'eût péri toute la nation des hommes de guerre sortis d'Egypte... Et il suscita leurs fils à leur place : ceux-là Josué les circoncit » (v. 4-7).
Les hommes de guerre qui étaient sortis d'Egypte n'étaient pas de ceux dont Dieu pouvait se servir sous la conduite de Josué. Un par un, pendant quarante ans, lentement mais sûrement, ils tombèrent dans le désert jusqu'à ce que, pour finir, tous aient péri. Le chrétien sait fort bien, dans son âme, ce que cela signifie spirituellement. L'énergie qu'il a apportée d'Egypte, ces « hommes de guerre » que sont les forces naturelles, une situation mondaine et autres choses semblables, ne sont pas favorables au travail spirituel de Dieu. Lentement, ces énergies se consument et ces « hommes de guerre » tombent dans le désert, tandis que, lentement aussi, nous apprenons à ne plus compter que sur Dieu pour recevoir la force. Un par un, ils disparaissent, tandis que, petit à petit, nous apprenons à nous placer sous la conduite de notre Seigneur ressuscité. Ce long travail d'épuration sous l'effet duquel la force du moi, l'attrait du monde, et autres « hommes de guerre » de ce genre, tombent en chemin les uns après les autres, est souvent amer et douloureux. La main qui châtie nous consume, et pourtant c'est la même main qui aussi nous bénit, car Dieu, tandis qu'Il retranche les « choses vieilles », en suscite aussi de nouvelles « à leur place ». Tandis qu'Il prononce la sentence de mort contre ce qui faisait autrefois notre force, Il suscite en nous, par la discipline et l'apprentissage de ce que nous sommes en nous-mêmes, des activités nouvelles qui Lui doivent toute leur efficacité. Nous nous apercevons que là où la puissance que nous croyions être la nôtre diminue, la puissance de Christ, au contraire, devient plus évidente.
Combien fréquemment nous voyons ce processus à l’œuvre dans la vie des chrétiens ! En fait, la vie chrétienne est faite en grande partie de cette expérience même. « Il suscita leurs fils à leur place », devient alors une parole des plus encourageantes ! La prière, la confiance en Dieu, la patience, un esprit de foi, un cœur disposé à recevoir les conseils divins, l’œil qui discerne les voies de Dieu, l'énergie de l'Esprit Saint en nous, ce sont là des « hommes de guerre » qui ne sont pas sortis d'Egypte, et c'est devant eux que tombent les forteresses de Satan ! Et puisque tel est le cas, comme en témoigne la vie des enfants de Dieu, nous comprenons bien pourquoi, après la victoire comme après la défaite, Israël, sous la conduite de Josué, retournait à Guilgal. Chaque jour, les soldats du Seigneur, qui est dans les cieux, doivent retourner à la Croix, et porter dans leur corps la mort de Jésus.
Le secret de la force (Jos. 5)
« Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi... » (Gal. 2 : 20).
Guilgal – qui signifie « roulement » est le lieu vers lequel les fils d'Israël venaient puiser la force dans tous les conflits dont parle le livre de Josué. C'est à Guilgal qu'ils revenaient après la victoire comme après la défaite, et c'est de ce camp qu'ils sortaient pour la bataille !
La force pour le combat puisée à Guilgal
Lors de la circoncision, l’Eternel dit à Josué : « Aujourd'hui j'ai roulé de dessus vous l'opprobre de l'Egypte. Et on appela le nom de ce lieu-là Guilgal, jusqu'à ce jour » (v. 9). Peut-être aurait-on pu s'attendre à ce que Dieu déclare les fils d'Israël délivrés de l'opprobre de l'Egypte après avoir précipité leurs ennemis dans les profondeurs de la mer, ou juste après les avoir introduits en Canaan, de l'autre côté du Jourdain. Mais non, Dieu exigea qu'ils soient d'abord circoncis.
A Guilgal, l'Eternel lui-même roula l'opprobre de dessus eux, et les fils d'Israël se tinrent devant Lui avec la bénédiction dont Il les avait bénis. Le Pharaon avait dit que, s'ils réussissaient à sortir d'Egypte, ils resteraient prisonniers du désert, et de fait ils avaient bien semblé être en danger de s'y perdre et d’y mourir ! Dans leur camp, en Canaan, ils étaient devant l'Eternel comme son armée, son peuple terrestre, selon l'accomplissement de son dessein ; ils étaient un peuple acquis, installé dans le pays de la promesse, séparé d'entre les nations alentour par ses soins, et pour « Lui-même ». Dieu déclare qu'ils lui appartiennent en propre.
Dans notre propre camp chrétien, nous voyons ce que Dieu a opéré, et, son œuvre étant devant nous, nous sommes établis dans sa grâce, ce qui est le principe fondamental de la force chrétienne. Dieu a réalisé son dessein envers ses rachetés en Christ, et Il les a plantés, eux qui venaient du pays d'esclavage, dans les lieux célestes en Christ. Par Christ, Il a ôté tout ce qu'Il voyait en eux de contraire à ce qu'Il avait en vue pour eux. Ceux qui lui appartiennent sont morts avec Christ, et rendus en Lui parfaitement conformes à sa pensée, car ils sont ressuscités avec Christ, et assis en lui dans les lieux célestes. C'est là dans ce camp, que le chrétien trouve la source de la force. De quelque manière que l'on considère le monde, ou la chair en tant que principe du mal, en Christ ressuscité d'entre les morts, monté au ciel, l'opprobre est roulé de dessus les rachetés de Dieu, par Dieu lui-même. Il les déclare libres, car ce n'est pas ce que les fils d'Israël disaient d'eux-mêmes, mais ce que déclarait l'Eternel à leur sujet qui faisait de Guilgal - de ce camp - la source de leur force.
C'est à Guilgal que les douze pierres provenant du lit du Jourdain furent dressées pour le mémorial qui témoignait non seulement de la puissance divine qui avait arrêté le fleuve, mais rappelait aussi aux fils d'Israël les eaux profondes dans lesquelles l'arche de l'alliance s'était arrêtée pour eux. Et c'est là, « en esprit », que la circoncision est véritablement et pratiquement réalisée par les croyants. Le moi n'est réellement tenu dans la mort que si le cœur est occupé continuellement, et en vérité, du souvenir de la mort de Jésus. Lorsque les fils d'Israël contemplaient ces pierres de mémorial, ils pensaient nécessairement au chemin par lequel l'arche avait dû passer pour eux. En nous souvenant continuellement de la mort de Christ pour nous, ressuscités avec Lui, nous nous tenons en pratique au siège de la puissance. Nous ne pouvons remporter la victoire sur l'Ennemi sans être soumis à Dieu. Bien qu'assis dans les lieux célestes en Christ, le croyant sait bien qu'à moins de mortifier ses membres qui sont sur la terre, il n'a pratiquement aucune puissance pour sa vie quotidienne. Savoir que nous sommes morts avec Christ et mortifier les désirs de la chair sont deux choses indissociables dans la pratique. Nous ne sommes pas dans le Jourdain, nous en avons été retirés, mais il faut que le souvenir de la mort de Christ demeure constamment dans nos cœurs si nous voulons vraiment vivre pour lui. Un croyant peut très bien savoir selon l'Ecriture quelle est sa position en Christ tout en menant une vie tout à fait inconvenante. Il n'en serait pas ainsi si son cœur était occupé de la mort de Christ pour lui - par laquelle ses péchés ont été ôtés - et de Christ ressuscité en qui il peut marcher en nouveauté de vie. L'apôtre dit : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 : 20). Le souvenir de l'amour de Jésus mourant pour des coupables était toujours devant son âme. Tandis que des yeux de notre cœur nous contemplons les pierres du Mémorial, nous nous rappelons qu'Il est entré dans la mort pour nous, que nous sommes morts avec Lui, et que, par la puissance du Saint Esprit, nous sommes rendus capables de mettre à mort notre orgueil et les convoitises auxquelles nous étions jadis asservis.
Deux grands principes de la bénédiction du chrétien enseignés à Guilgal
Deux grands souvenirs sont associés au camp de Guilgal :
- les douze pierres provenant du lit du Jourdain - mémorial de l’œuvre de Dieu lorsqu'Il introduisit les fils d'Israël dans l'héritage promis - prises à l'endroit où l'arche s'était arrêtée
- la circoncision, témoignage du fait qu'en tant que nation, Israël appartenait exclusivement à l'Eternel.
Ce que nous enseignent ces deux figures, c'est précisément les deux grands principes de la bénédiction, lesquels, si l'on y adhère par la foi, sont source de puissance. Premièrement, en Christ monté au ciel, le chrétien accède à tous les privilèges, à toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. De plus, en s'identifiant avec Christ dans sa mort, le chrétien, en tant qu'enfant déchu d'Adam, est mort, enseveli et comme n'existant plus aux yeux de Dieu.
Le camp était pour tout Israël – pas seulement pour les hommes de guerre ou les neuf tribus et demie. Il n'y avait qu'un seul camp, avec ses pierres de mémorial et sa circoncision. De même, lorsque nous contemplons notre propre camp, nous nous réjouissons de ce que ses réalités glorieuses sont pour « tous les saints », tous étant « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, » et tous étant « morts avec Christ ». Que notre foi personnelle soit ou non à la hauteur des pensées de Dieu concernant notre Guilgal, c'est là une autre question. Il n'en reste pas moins que, dans la mesure où le camp - là où se puise la force - est précieux à l'âme du croyant ; celui-ci y revient toujours, avant la victoire comme après la défaite.
C'est de la citadelle de la grâce divine que le soldat chrétien doit toujours sortir et là aussi qu'il doit constamment revenir. Les douze pierres, en figure, la circoncision qui n'est pas faite de main, doivent toujours occuper son cœur. Il doit constamment être fortifié pour le combat par sa foi en cette vérité selon laquelle il est « membre du corps de Christ », comme en celle qu'il a été « crucifié avec Christ ».
Pour être efficace, le soldat de Christ doit être ceint des vérités divines. Il est fortifié dans son âme par ce que la Parole de Dieu déclare quant à la vraie bénédiction, et son énergie pour le combat vient de ce qu'il se laisse conduire par l'Esprit dans la vérité. La puissance des ténèbres et de la méchanceté spirituelle dans les lieux célestes, voilà l'ennemi, et en demeurant de cœur dans la certitude d'être bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, nous combattons l'Ennemi sur son propre terrain. Relâcher sa ceinture, c'est donner l'avantage à Satan. Il suffit que nous renoncions à une seule des vérités que Dieu nous a données, ou que nous manquions de « faire mourir » pratiquement nos propres convoitises pour que, du fait de cet abandon, toute force spirituelle et tout courage nous fassent défaut.
D’après H. F. Witherby