LE LIVRE DE JOSUE (3)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ
L'entrée dans l'héritage
Le récit commence maintenant par la mention de Josué se levant de bonne heure le matin et avec tout Israël, quittant le camp à Sittim, pour camper sur la rive du Jourdain. Il y a un remarquable ensemble de leçons dans l'enseignement du chapitre 3 au chapitre 6. Les enseignements divins tels que nous les trouvons dans ces chapitres, dès le premier abord, réclament consécration et zèle de la part de ceux qui y prêtent attention. Josué, dans son énergie, se leva de bonne heure ; une vie intérieure active nous est nécessaire si nous ne voulons pas manquer nos leçons en grâce et en gloire. Les chrétiens ne peuvent pas discerner les vérités divines aussi longtemps qu'ils dorment. « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Eph. 5 : 14).
Nous discernons clairement trois de ces leçons dans les versets 2 à 5 et le verset 7 :
-premièrement tout œil devait être fixé sur l'arche ;
-deuxièmement tout le peuple devait se sanctifier, chacun pour soi ;
-enfin, Josué devait être personnellement honoré « aux yeux de tout Israël ».
Fixer les yeux sur Christ
La première leçon est de la plus grande importance pratique. Fixer les yeux sur Christ, divin antitype de l'arche, est le seul moyen par lequel les voies de Dieu envers son peuple peuvent être comprises. Ce n'est que de cette manière que notre âme sera remplie des pensées de Dieu. Les chefs du peuple passèrent au travers du camp et ils commandèrent : Regardez l'arche, laissez une distance entre elle et vous, car Israël s'engage sur un chemin encore jamais foulé. Tout vrai conducteur parmi les enfants de Dieu, tout serviteur véritablement appelé par Dieu à « être à la tête » aura avant tout le désir de dire à ceux auxquels il s'adresse : Regardez à Christ, fixez les yeux sur Lui avec une sainte révérence, marchez sur ses traces en lui donnant la prééminence ; suivez-le là où Il vous conduit. La grande question n'est pas « où peut être le chemin », mais bien plutôt « où Christ veut-il me conduire » et elle mérite toute notre attention.
L'obéissance à Sa voix nous délivre de mille questions et difficultés, qui ne sont que des entraves dans notre progrès spirituel.
Les fils d'Israël avaient la colonne de feu pour les conduire hors d'Egypte et ils avaient l'arche pour les introduire en Canaan. Dans chaque cas ils n'avaient qu'à suivre l'orientation divine, car il leur était impossible de se frayer eux-mêmes un chemin au travers des eaux. Nos propres efforts pour nous frayer un chemin, non seulement nous privent de la bénédiction, mais encore détournent beaucoup de croyants de celui que Dieu a tracé ; mais en regardant à Christ le sentier de la bénédiction s'ouvrira devant nos pas. Les étapes de la foi sont nécessairement chaque fois nouvelles et ce n'est qu'en fixant les yeux sur Jésus que nous pouvons « connaître le chemin par lequel nous devons marcher ».
Dans le désert, si l'arche demeurait dans le tabernacle, les fils d'Israël restaient dans leurs tentes ; si elle allait de l'avant, ils suivaient. Et maintenant qu'ils allaient s'engager dans un chemin que personne n'avait encore foulé et qu'ils ne connaissaient pas, ils avaient besoin d'une manière toute spéciale de considérer les directions prises par l'arche « afin qu'ils connaissent le chemin par lequel ils devaient aller ».
Toutefois, tout en fixant les yeux sur l'arche et en la suivant, ils ne devaient pas s'en approcher, mais au contraire, respecter une distance précise entre elle et eux, de deux mille coudées. Le chrétien doit toujours donner au Seigneur Jésus Christ toute la place qui Lui appartient, car en toutes choses, Il doit avoir la prééminence (Col. 1 : 18). Restons toujours conscients qu'il y a une distance divine entre Lui et les siens. C'est Lui qui est le chemin, et dans ce chemin, c'est encore lui qui nous conduit : « Un seul est votre Maître, le Christ » (Mat. 23 : 10). C'est encore en regardant à Lui que nous apprenons à connaître le chemin de Dieu, et c'est en Le suivant que nous y marcherons. Si nous regardons les uns aux autres, nous ne fixons plus les yeux sur Jésus. Mais il faut que tous les regards se portent sur Lui : si les Israélites n'avaient pas maintenu la distance entre l'arche et eux, les premiers rangs l'auraient cachée à la vue des suivants. D'autre part, si nous considérons le service des chefs du peuple, avec quel bonheur ils dirigent tous les regards, les détournant d'eux-mêmes, pour les orienter vers l'arche devant eux ! Quel exemple pour les serviteurs du Seigneur ! Il faut que le croyant regarde à Christ de manière ininterrompue, s'il veut marcher dans le chemin de Dieu, à Christ Lui-même et non aux « ministres » qui ne peuvent ni sauver ni bénir, bien qu'ils puissent enseigner quel chemin suivre pour trouver le salut et la bénédiction. « Qu’est-ce donc qu’Apollos ? Qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru » (1 Cor. 3 : 5). Jamais le grand apôtre n’a voulu obstruer la vision du plus faible des saints en se plaçant entre Christ et lui.
A la Mer Rouge, Dieu ouvrit le chemin par la verge de sa puissance ; la nuée de Sa gloire se tint derrière Israël, et devant eux s'ouvrit une tranchée profonde dans les eaux. Mais au Jourdain, la « verge de Dieu » fait place à l'arche de Dieu. Cette arche, d'une manière toute spéciale, est un type de la personne de Christ : son bois de sittim nous parle de son humanité parfaite ; l'or dont elle est recouverte nous rappelle Sa divinité ; et à l’intérieur se trouve la loi de Dieu, ce qui place devant nos pensées Sa justice pratique en tant qu'homme. Tout dans l'arche témoigne de la grandeur de Sa Personne ! Or pour Israël, le motif, le seul motif pour tout mouvement, demeurait l'arche qui les conduisait.
Selon le conseil de Dieu tous les saints sont maintenant assis « dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Eph. 2 : 6), et pour tout vrai chrétien, cette position est inaliénable. Toutefois, en suivant le chemin de Dieu, le croyant réalisera souvent, pratiquement, qu'il foule un chemin inconnu, et ceci est une simple mais solennelle réalité qui met la foi à l'épreuve. « Vous n'avez pas passé par ce chemin ci-devant », dit Josué au peuple ; cela nous rappelle que, dans la vie de la foi, rien ne peut se faire par habitude, mais que nous avons toujours besoin de connaître la volonté du Seigneur pour la faire, dans une confiante dépendance. Si réellement l'arche nous conduit, chaque pas sera nouveau, parce que l’occasion d'un exercice renouvelé de nos cœurs avec le Seigneur. En 2 Samuel 5 : 19 et 23, David aurait pu penser que le chemin d'une première victoire, indiqué par Dieu, convenait encore pour une deuxième, alors que seule une dépendance renouvelée, instruite de Dieu, lui fit connaître le chemin des mûriers !
Nous sanctifier
La deuxième exhortation de Josué à Israël fut « sanctifiez-vous ! ». La crainte de Dieu et la séparation du mal étaient les deux conditions nécessaires pour connaître les merveilles que le Seigneur allait accomplir pour eux. Aucune vérité divine ne peut être traitée à la légère par le croyant sans qu'il en subisse un préjudice spirituel ; et s'il n'y a pas cette sainte crainte de notre Seigneur en nous, nous n'entrerons pas réellement en esprit dans son œuvre pour nous. Une pieuse révérence va toujours de pair avec la foi. Alors comment nous sanctifier ? Une séparation extérieure et une sanctification superficielle de toute forme de mal ne nous servira de rien. Il faut un vrai travail de cœur dans la puissance du Saint Esprit qui habite en nous. Le Seigneur nous dit que « la chair n’est d’aucun profit » (Jean 6 : 63). L'Esprit de Dieu est la vraie puissance pour la sanctification. « Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit, achevant (ou réalisant jusqu’au bout) la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 7 : 1).
Célébrer la grandeur de Christ ressuscité et glorifié
La troisième parole enfin concerne Josué lui-même : l'Eternel lui déclare qu'Il va l'honorer aux yeux de tout Israël comme Il ne l'avait jamais fait auparavant, d'une gloire semblable à celle de Moïse, le conducteur donné de Dieu pour conduire son peuple. Et comme Moïse fut un type de Christ conducteur pour le désert, Josué, en son temps, préfigure Celui qui, en gloire, introduit les siens dans la possession en esprit des bénédictions célestes. L'exaltation de Jésus est très précieuse au cœur de tout vrai croyant qui aime son Seigneur et Sauveur. Cela nous remplit de joie de savoir que l’œuvre de la puissance de Dieu dans la résurrection de Christ d'entre les morts et dans le don de la vie en Lui à tous ceux pour qui Il a connu la mort, est à honneur et à gloire pour le Seigneur Jésus. Plus réellement les croyants reçoivent dans leur âme ce que Dieu a fait en ressuscitant Christ d'entre les morts et en les faisant asseoir dans les lieux célestes, plus leurs cœurs célébreront la grandeur de Christ.
Puissions-nous exalter Jésus comme Celui qui nous a sauvés du pouvoir du péché et du jugement qui est réservé à l'Egypte, comme aussi celui qui est notre conducteur, pas après pas, au travers du désert de ce monde ; célébrons-Le aussi tel qu'Il est maintenant, le Fils de l'homme élevé dans la gloire. Il ne sera pas pleinement magnifié dans nos âmes tant qu'Il n'y est pas connu comme notre Josué, notre Seigneur ressuscité et glorifié. L'Eternel avait promis que Josué serait élevé aux yeux du peuple avant que le Jourdain ne soit franchi et les fils d’Israël ont reconnu Josué comme leur conducteur honoré de Dieu à la vue d'un Jourdain mis à sec et dépouillé de son pouvoir ! Pour nous, chrétiens, nous connaissons Christ comme Celui qui a vaincu la mort et qui est monté au ciel. Si nous recherchons réellement la bénédiction des enfants de Dieu, nous désirerons par-dessus tout qu'ils connaissent et jouissent de leurs bénédictions en un Christ ressuscité de telle manière qu'Il soit toujours plus magnifié dans leurs cœurs.
D’après H. F. Witherby