Quelques leçons tirées de l'expérience de Pierre
Les récits de la vie de Pierre contenus dans la Parole de Dieu sont riches en enseignements pour nous, croyants. Nous désirons relever quelques points saillants dans l'histoire de ce disciple, en relation avec nos besoins actuels.
Sans vouloir négliger les enseignements contenus dans les premiers versets, arrêtons-nous plus précisément sur le v. 11 : « Et ayant mené les nacelles à terre, ils quittèrent tout et le suivirent ». Tout abandonner ! Cherchons à mesurer quelque peu ce que cela implique.
Une prise aussi importante de poisson était loin d'être habituelle à ces hommes qui étaient pourtant de vaillants pêcheurs ! Elle apportait un gain bien supérieur à celui qu'ils pouvaient normalement escompter, à l'issue de plusieurs journées de dur labeur. Or c'est à l'instant même où ces hommes probablement pauvres reçoivent une telle abondance et où il semble qu'une vie plus facile s'annonce enfin, que l'appel du Seigneur se fait entendre. « Venez après moi et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes. Et aussitôt, ayant quitté leurs filets, ils le suivirent » (Marc 1 : 17-18).
On comprend donc quel prix avait, pour le Seigneur, cette obéissance des disciples qui consentaient un tel abandon, immédiat et complet. Cet épisode se situe peu après le début du ministère du Seigneur. Avant d'être prêts à abandonner ainsi tous leurs biens, les occasions avaient donc été rares pour Simon et ses compagnons de contempler le Seigneur déployant autour de Lui son activité d'amour. Rappelons toutefois l'intervention de Jésus en faveur de la belle-mère de Simon. Elle était couchée, ayant la fièvre : Jésus, « s'approchant, la fit lever, la prenant par la main, et aussitôt la fièvre la quitta ; et elle les servit » (Marc 1 : 31). Nous pensons aussi à la scène de la guérison par le Seigneur de beaucoup d'infirmes, atteints de diverses maladies (Luc 4 : 40).
Ceux qui ont dû connaître et supporter une pauvreté à l'état endémique comprendront mieux quelle joie c'était pour ces pécheurs de recevoir un tel afflux de poissons ! Quelle tentation alors, au moment même où leurs conditions de vie s'amélioraient brusquement, de rester dans leur cadre habituel, dans la chaude atmosphère familiale ! Comme il pouvait sembler préférable de continuer à se servir de ces bateaux familiers, et en particulier de ces filets au moyen desquels une telle bénédiction pouvait peut-être encore être fournie !
Si cet appel du Seigneur était survenu une heure auparavant, lorsqu'ils venaient de quitter leurs embarcations pour nettoyer leurs filets, leur réponse immédiate aurait paru peut-être plus compréhensible : ils étaient alors fatigués et déçus par cette longue nuit de travail infructueux. Mais délaisser maintenant leur activité après une si belle pêche vraiment miraculeuse représentait un abandon autrement difficile (Matt. 19 : 27) !
Quelles leçons pouvons-nous retirer de cette scène ? Avons-nous abandonné ce qui nous tenait à coeur, mais risquait de nous encombrer, afin d'être vraiment libres de répondre à l'appel du Seigneur ? Celui qui pouvait dire en toute vérité que le zèle de la Maison de Dieu l'avait dévoré (Ps. 69 : 9) ne désire pas que les siens soient oisifs ou paresseux. Elisée labourait avec douze paires de boeufs quand Elie passa près de lui. Il laissa alors une activité fructueuse pour suivre le prophète sur un chemin de souffrance et de dénuement, au service de Dieu (1 Rois 19 : 19-21).
Suivre le Seigneur dans son chemin d'abaissement volontaire implique pour le racheté l'abandon joyeux de tout fardeau terrestre inutile qui ralentirait inévitablement sa course (Héb. 12 : 1-2). Ne pensons pas qu'il soit possible de nous emparer des choses d'en Haut d'une main, si l'autre s'agrippe encore aux choses périssables d'ici-bas ! Si notre conscience nous montre un tel état, ne cherchons pas à le nier, mais rejetons résolument ce qui est un obstacle évident à notre croissance spirituelle. « Nul homme qui va à la guerre (qui est en service comme soldat) ne s'embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu'il plaise à celui qui l'a enrôlé pour la guerre » (2 Tim. 2 : 4).
L'apôtre Pierre s'adressant d'abord à ceux que la persécution avait dispersés au milieu d'un monde impie, mais aussi à tous les chrétiens, déclare : « Bien-aimés, je vous exhorte, comme forains et étrangers, à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l'âme, ayant une conduite honnête parmi les nations, afin que quant aux choses dont ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes oeuvres qu'ils observent » (1 Pier. 2 : 11-12).
L'Ecriture mentionne aussi les dispositions intérieures de Paul après sa remarquable conversion : « Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées à cause du Christ comme une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j'ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ et que je sois trouvé en lui » (Phil. 3 : 7-8). De la part de l'apôtre, c'était le sacrifice immédiat et entier de tout ce qui aurait pu donner à sa chair l'occasion de se glorifier, sans jeter le moindre regard de regret en arrière. Il peut dire en vérité : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11 : 1).
Cette scène présente une grande différence avec celle qui a été évoquée plus haut. Alors que précédemment Pierre avait obéi aussitôt à un ordre du Seigneur, il agit maintenant de sa propre initiative, sans aucun commandement du Maître, en déclarant : « Seigneur, si c'est toi, commande-moi d'aller à toi sur les eaux » (v. 28).
Le « viens » (v. 29) est simplement une permission accordée. Pierre va faire en chemin une rude expérience. Il a peur et réalise sa faiblesse naturelle ! « Mais voyant que le vent était fort, il eut peur, et comme il commençait à enfoncer, il s'écria, disant, Seigneur, sauve-moi » (v. 30).
Quels étaient les motifs réels de Pierre en faisant cette demande surprenante : « Si c'est toi, commande moi... », alors que le Seigneur venait de dire : « Ayez bon courage ; c'est moi, n'ayez point de peur » ? Devant cette mer agitée, la confiance de Pierre a subitement fait défaut ; mais, avant même la demande quelque peu présomptueuse de son disciple, la main de Jésus toujours compatissant était déjà prête à saisir celui qui commençait à s'enfoncer tout en lui disant : « Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté ? ».
Si le Seigneur lui avait demandé de le rejoindre et s'il avait obéi en s'appuyant simplement sur lui, Pierre aurait certainement reçu au fur et à mesure les ressources indispensables. Veillons à ne pas dépasser, même parfois avec de bonnes intentions, la mesure de foi que Dieu nous a départie. Ne comptons jamais sur nos propres capacités, appuyons-nous sur Lui seul. Parfois nous avons besoin d'appeler le Seigneur au secours, nous sentant pratiquement surmontés pour mener à bien un service, entrepris sans en avoir reçu l'ordre. Mais notre Père est toujours prêt à venir à notre secours et à serrer dans ses bras aimants un de ses enfants qui s'est fourvoyé.
Ecoutons les paroles du psalmiste : « Eternel ! Mon coeur n'est pas hautain et mes yeux ne s'élèvent pas : et je n'ai pas marché dans des choses trop merveilleuses pour moi » (Ps. 131 : 1). Souvenons-nous aussi de la recommandation de Paul : « Car, par la grâce qui m'a été donnée, je dis à chacun de ceux qui sont parmi vous de ne pas avoir une haute pensée de lui-même au-dessus de celle qu'il convient d'avoir, mais de penser de manière à avoir de saines pensées, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun » (Rom. 12 : 3).
Que d'enseignements sont également contenus dans 1 Cor. 12 : 12-30 ! Combien il est important de les retenir pour les mettre en pratique actuellement dans l'Assemblée. L'imperfection dans l'enseignement et dans le service des saints est bien réelle. Il y a des efforts pour présenter l'évangile, mais hélas, des éléments humains s'y mêlent, de sorte qu'on peut rarement s'y associer ou les recommander. Tout cela provient souvent d'un manque d'humilité et d'une communion insuffisante avec le Seigneur.
D'autres dangers que ceux qui découlent d'une activité non sanctifiée, guettent aussi les enfants de Dieu. Ne devons-nous pas confesser nous être une fois ou l'autre endormis au lieu de veiller au poste que le Seigneur nous avait confié ?
A Gethsémané, Jésus a dû dire à son disciple : « Simon, tu dors ? Tu n'as pu veiller une heure ? » (Marc 14 : 37). Or le sommeil spirituel est souvent le prélude à une chute (1 Thes. 5 : 6-8). Une fois endormi, le chrétien perd conscience de ce qui l'entoure : ses mains désormais inactives et ses pieds devenus inutiles pour la marche, il est incapable d'accomplir la tâche qui lui a été confiée. Et quand, soudain, il s'éveille, rempli de honte, n'est-il pas parfois placé devant les conséquences irréversibles de sa défaillance (Matt. 13 : 25) ?
En revanche, celui qui est attentif à l'avertissement du Seigneur : « Veillez et priez, afin que vous n'entriez pas en tentation » (Matt. 26 : 41), en retire une bénédiction durable. Il peut alors marcher sur les traces du parfait serviteur, de Celui que la Parole montre constamment en veille et en prière (Luc 6 : 12 ; Ps. 102 : 1, 7). Devant le tribunal de Christ, il pourra entendre son Maître lui dire : « Bien, bon et fidèle esclave, tu as été fidèle en peu de choses... entre dans la joie de ton Maître » (Matt. 25 : 21, 23).
Citons encore une circonstance solennelle dans le vie de ce disciple : « Or Pierre suivait de loin... étant entré dans le palais (sur l'intervention de Jean) … il s'assit avec les huissiers pour voir la fin » (Luc 22 : 54 ; Matt. 26 : 58). Quelle association d'actions successives aux tristes conséquences !
Pierre suit d'abord secrètement, il n'ose déjà plus rendre ouvertement témoignage, et il se trouve lui aussi chez le gouverneur, se chauffant auprès du feu allumé par ceux qui haïssaient son Seigneur (Marc 14 : 67). Il est ensuite conduit à renier son Maître. Suspecté, il veut tenter de se rendre crédible ; il va alors jusqu'à prononcer des imprécations et à jurer qu'il ne connaît pas cet homme (Matt. 26 : 74). Impulsif et sûr de lui, il avait pourtant affirmé à Jésus devant tous les disciples, quelques heures auparavant, qu'il était prêt à aller avec lui en prison et à la mort (Luc 22 : 33). Son amour était réel mais, hélas, bien vacillant. Comme chacun d'entre nous, il avait besoin d'apprendre à se connaître.
« Quand tu soutiens mes pas dans tes sentiers, mes pieds ne chancellent point » (Ps. 17 : 5). Chaque croyant en fait souvent l'expérience. Et le Seigneur dit : « Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et où je suis, moi, là sera mon serviteur » (Jean 12 : 26). D'où cette recommandation donnée par le Seigneur à chacun de ses serviteurs, comme à Pierre : « Toi, suis-moi » (Jean 21 : 23).
Chaque disciple, dans les circonstances variées qu'il est appelé à traverser, peut rendre témoignage de la bonté et de la sagesse avec lesquelles le Seigneur lui montre le chemin à suivre. C'est celui qu'il a lui-même suivi sur cette terre (Ps. 17 : 4 ; 1 Jean 2 : 6). Il diffère absolument du chemin proposé par la sagesse humaine, qui finalement se révèle abonder en épines et en pièges de toutes sortes (Prov. 22 : 5). Celui qui dispose son coeur pour obéir et suivre humblement dans sa marche journalière les enseignements de l'Ecriture (Ps. 119 : 105), connaîtra le vrai bonheur.
Il faut apprendre à courir avec patience (Héb. 12 : 1) : le sentier du juste est délimité par la Parole. Si nous sommes trop pressés, impatients d'atteindre le but que nous nous sommes nous-mêmes fixé, nous chercherons à emprunter des raccourcis. Mais un serpent mord celui qui, pour parvenir plus promptement à ses fins, renverse une clôture (Ecc. 10 : 8). Que de dangers subtils et inconnus le croyant évitera en suivant la voie étroite et sainte, loin du monde, loin du péché, que lui indique le Seigneur ! Et quelle riche entrée dans le royaume éternel obtiendra alors cet humble racheté (2 Pier 1 : 11) !
Ph. L. 03.08.06
Il est un sentier de lumière,
De paix et de sécurité,
Qui nous fait traverser la terre,
Le coeur heureux, en liberté.
C'est une voie étroite et sainte,
Loin du monde, loin du péché,
Mais d'où l'amour bannit la crainte :
Jésus lui-même y a marché.
C'est le sentier que, sur la terre,
Nous ouvrit son immense amour,
Où de sa face la lumière
Plus brillante croît chaque jour.