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Les leçons du sanctuaire (1)
 

            Ces notes de conférences de J. B. Stoney (1814-1897), groupées sous le titre « les leçons du sanctuaire », ont pour sujet les bénédictions conférées par le Seigneur au milieu des siens assemblés à son Nom. Selon le souhait de leur auteur, ces textes devraient éveiller notre intérêt pour ce grand sujet. Que chacun de nous, croyants, soit assuré que Christ est fidèle, comme Fils, sur sa maison - celle de Dieu (Héb. 3 : 6), et que nous désirions apprendre beaucoup plus du Seigneur lui-même. Retenons cette promesse : « A vous qui entendez, il sera ajouté » (Marc 4 : 24).


La présence du Seigneur et ses caractéristiques
          Le Seigneur véritablement présent au milieu des siens assemblés à son nom
          Les caractéristiques de la présence du Seigneur au milieu des siens
         
 

La présence du Seigneur et ses caractéristiques

            « Car là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d'eux » (Matt. 18 : 20)

            Il peut sembler à certains que c’est un sujet très élémentaire, mais il est d’une grande importance. En fait, plus nous l’étudierons, plus nous verrons combien peu nous le connaissons ; alors nous désirerons en apprendre davantage. Je propose de considérer le fait de la présence du Seigneur, bien que je ne puisse pas entrer dans tous les détails. Je désire me cantonner à ce qu’est Sa présence. C’est un fait. Vous pensez peut-être qu’il n’est pas nécessaire d’insister là-dessus, mais je suis certain que c’est utile ; je ne doute pas que, grâce à Dieu, beaucoup croient que le Seigneur est effectivement présent, mais la masse des croyants a seulement la conviction qu’il en est ainsi, et la conviction n’est pas la foi.
            Trois classes composent généralement les réunions d’assemblée :
                 -  ceux qui ont la foi et jouissent de Sa présence ;
                 -  ceux qui sont convaincus, qui croient la vérité et n’iraient nulle part ailleurs ;
                 -  ceux qui sont là par imitation.

            Les deux derniers groupes n’empêchent pas la présence du Seigneur, mais seuls les croyants du premier en jouissent - ce qui est très différent d’être simplement convaincu que c’est le bon chemin.

           J’étais dernièrement dans un lieu où il y avait cinq rassemblements et tous pensaient être sur le terrain de ce verset de Matthieu 18, mais ils étaient chacun opposé à l’autre ; il n’y avait pas de communion entre eux. Eh bien, il doit y avoir quelque chose de radicalement défectueux dans la signification donnée à ce passage pour admettre un tel état de choses, et nous devons apprendre quelle est la bonne signification.

            Je trouve ce principe dans la deuxième épître à Timothée, écrite pour les derniers jours. Quand l’apôtre ne serait plus, Timothée devrait tenir ferme et lutter contre ceux qui résistaient à la vérité. Qu’est-ce qu’ils essayaient de faire ? Neutraliser la puissance de Dieu en l’imitant. Et que devait faire Timothée ? Il devait persévérer, et la folie de ces hommes « à l’intelligence corrompue » serait « manifeste pour tous » (2 Tim. 3 : 8-9). Nous ne rejetons pas tout de suite de tels hommes « réprouvés quant à la foi » ; non, ce que nous avons à faire avant tout c’est de tenir ferme. « Toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu » (v. 14). Moïse ne recula pas quand il vit les magiciens à l’œuvre. Il continua et prospéra.

            Il vous faut apprendre et être assurés que vous connaissez la présence du Seigneur, et que vous avez les signes qui l’accompagnent. Ils sont connus de ceux qui sont rassemblés en son Nom, et elles sont la preuve positive que nous avons Sa présence. Il ne peut y avoir rien de plus précis que le fait qu’Il est au milieu de nous. Ces mots mêmes sont utilisés en Luc 24 : 36 : « au milieu d’eux ».
 

                        Le Seigneur véritablement présent au milieu des siens assemblés à son nom

            Pour moi-même je ne peux rien concevoir de plus grand que l’actualité de la présence du Seigneur. Que puis-je dire de plus grand que cela ? Que puis-je présenter à un jeune chrétien de plus grand que ce simple fait : je peux vous conduire à un lieu où vous connaîtrez réellement la présence de votre Sauveur ? Je peux comprendre qu’un jeune croyant dise : Voilà, s’il me fallait aller à 75 km, j’irais. Qu’est-ce qui pourrait réjouir davantage son cœur qu’être en fait dans la présence de son Sauveur ? Eh bien, c’est un fait. Certains pourraient penser que c’est une action de l’Esprit de Dieu. Sans doute, si vous n’aviez pas l’Esprit de Dieu, vous ne pourriez pas reconnaître Sa présence ; et sans cela, il ne pourrait pas y avoir de communications entre vous et Christ. Et souvenez-vous, ce n’est pas la présence de Jésus comme lorsqu’Il était dans l’humiliation ; c’est comme Il est en gloire qu’Il vient au milieu des siens assemblés. Il ne peut pas y avoir une plus grande chose sur la terre. Il vient là où Il a été rejeté, dans toute la dignité morale de l’atmosphère céleste, le Seigneur en gloire. « Là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d'eux ». C’était pour les disciples qui connaissaient Sa présence qu’Il disait cela. Ils savaient très bien quels étaient les bienfaits liés à cette présence, bien qu’alors ils Le connaissaient seulement comme l’homme humble et débonnaire.

                               Un type dans l’Ancien Testament

            Un passage de l’Ancien Testament permet de considérer cela « en type », car la présence du Seigneur est seulement révélée maintenant dans sa grande réalité vivante ; mais si vous regardez au type, vous voyez que l’arche de l’alliance et les chérubins de gloire typifient la présence du Seigneur. Et s’il y a un type, vous pouvez être sûrs que l’Antitype est plus grand. « Et j'habiterai au milieu des fils d'Israël, et je leur serai Dieu ; et ils sauront que moi, l'Eternel, je suis leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d'Egypte, pour habiter au milieu d'eux. Je suis l'Eternel, leur Dieu » (Ex. 29 : 45-46). Je pourrais citer bien d’autres passages, mais je suis sûr que vous les rechercherez parce qu’il est facile de trouver ces références en relation avec le fait que Dieu habite au milieu de son peuple. Le mot qui est généralement rendu ici par demeurer signifie : « je fixe mon nom là » ; ce n’est pas seulement demeurer.

            On peut constater l’opinion du peuple d’Israël ou de ses docteurs à ce sujet. Ils ont adopté un mot qui est courant parmi nous, bien qu’on ne le trouve pas dans la Bible : la Shekinah. Ce mot vient simplement de demeurer, mais il a une autre portée, celle d’une manifestation glorieuse. Je vous donne ces deux exemples pour vous montrer quelle pensée était associée au type. Tout croyant peut entrer dans la présence du Seigneur, il a le droit d’entrer dans les lieux très saints où se trouvait l’arche de l’alliance, le type de notre Seigneur Jésus Christ. Et Dieu dit : « Là je me rencontrerai avec toi ». Or l’antitype de cela c’est la présence du Seigneur au milieu des siens assemblés à son nom. Il y avait seulement une arche de l’alliance. Elle ne pouvait pas être avec Israël et aussi avec Juda. Jéroboam dressa des veaux dans Dan et à Béthel pour éloigner par ruse le cœur du peuple du seul lieu où Dieu avait mis son nom. Je ne m’arrête pas sur cela, désirant me cantonner à la bénédiction découlant du fait de la présence du Seigneur de gloire au sein de sa propre assemblée. Pour Israël, c’était une nuée de gloire ; pour nous, c’est le Seigneur de gloire ! « Et je me rencontrerai là avec les fils d'Israël, et la tente sera sanctifiée par ma gloire. Et je sanctifierai la tente d'assignation et l'autel ; et je sanctifierai Aaron et ses fils, afin qu'ils exercent le sacerdoce devant moi » (Ex. 29 : 43-44). « Et il dressa le parvis tout autour du tabernacle et de l'autel, et mit le rideau à la porte du parvis. Et Moïse acheva l'œuvre. « Et la nuée couvrit la tente d'assignation, et la gloire de l'Eternel remplit le tabernacle » (Ex. 40 : 33-34). Le tabernacle était une représentation de ce que Moïse avait vu sur la montagne, une figure du vrai, du céleste ; et quand il l’eut dressé, la nuée de gloire le remplit. Maintenant, dans la dignité céleste, le Seigneur vient au milieu des siens. Il ne pouvait pas venir dans un ordre terrestre. Le tabernacle était une chose céleste au milieu d’Israël.

                               « Je bâtirai mon assemblée »

             Quand le Seigneur a été rejeté ici-bas, Il a dit : « Je bâtirai mon assemblée » (Matt. 16 : 18). Notez le mot « mon », sur lequel il faut beaucoup insister ; cela donne tout son caractère. Comment pourrait-elle être l’assemblée du Seigneur si Lui-même n’y était pas ? Elle est appelée « l’assemblée du Dieu vivant » (1 Tim. 3 : 15). Et cette assemblée est une forteresse imprenable sur la terre. Certains vous diront que tout est brisé ; mais son assemblée est imprenable. C’est un langage très simple et très fort ; elle est là, elle est, dans un sens, inattaquable. « Les portes de l’hadès ne prévaudront pas contre elle ». Ce n’est pas du tout dans le ciel, c’est sur la terre. Et donc, quand Il parle de tout le mal dans ce monde, montrant comment le royaume des cieux a failli ici-bas parmi les hommes, Il dit que Son trésor est là. Je fais seulement allusion à cela pour montrer qu’à aucun moment dans l’histoire de l’assemblée - bien que vous puissiez en parler comme étant démantelée et dire que ses œuvres « sculptées » ont été brisées avec des haches et des marteaux - vous ne pouvez mettre de côté le fait que la puissance de Dieu est liée avec elle, qu’Il demeure fidèle. Il se peut que vous ne demeuriez pas fidèle - ce qui est très probable, un grand nombre ne l'a pas été -, mais Lui est fidèle. C’est un grand point. Où était la rupture en Israël ? Avec Aaron et ses fils. Où ? Juste comme ils entraient dans le lieu très saint, dans le lieu le plus brillant. Et alors ? Les fils d’Aaron furent réduits à deux, mais ils avaient le souverain sacrificateur avec eux, et bien que réduits à deux nous pouvons avoir le Seigneur ; nous avons encore Celui qui se tiendra aux côtés des siens et les soutiendra selon son plaisir, tandis que l’assemblée est là.                      

                               Rencontrer le Seigneur

            Je me pose souvent la question : Vais-je vraiment rencontrer le Seigneur ? Quel effet cela devrait avoir sur nous tous ! Sa présence est seulement connue par la foi, c’est donc quelque chose qui est moralement au-delà de la chair. Il en est de même avec le Saint Esprit : le monde ne Le voit pas et ne Le connaît pas. Il est seulement connu par la foi. Bien que je Le connaisse peu, c’est quelque chose de plus grand que le type. Si j’avais demandé à un jeune enfant au milieu du peuple d'Israël : Sais-tu que Dieu demeure , il aurait probablement pu dire : Oui, il y a le tabernacle et la nuée qui demeure sur lui. Vous admettrez donc maintenant que l’antitype est plus grand que le type. Nous en sommes arrivés à l’accomplissement complet de la parole de Dieu. Il n'y a pas une seule chose qui se soit passée auparavant selon le dessein de Dieu que vous ne trouviez pas maintenant établie en pleine vigueur dans le Seigneur béni que nous présentons ici. Vous admettez, je pense, la réalité de sa présence ; c’est tout ce que je désire. En Luc 24 : 36 et Jean 20 : 19, vous en avez le modèle. Je ne pense pas que nous le comprenions pleinement, mais nous voyons que le Seigneur est au milieu des siens. « Les disciples furent remplis de joie quand ils virent le Seigneur », lorsqu’Il « vint et se tint au milieu d'eux » (Jean 20 : 19-20). Le Seigneur Jésus Christ prend sa propre place au milieu de son assemblée. Et Il dit : « Paix à vous ! », ce n’est pas une nuée. Il faut que nous priions tous pour mieux comprendre cela.                        

                               Le vrai tabernacle dressé par le Seigneur

            Avant de continuer avec les caractéristiques de la présence du Seigneur, lisons Hébreux 8 : 1-2 : « Or le point capital de ce qui vient d’être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, ministre des lieux saints et du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, non pas l'homme ». Un ministre du sanctuaire (comme c’est traduit dans d’autres versions) devrait être « des lieux saints » ; c’est le pluriel, donc cela signifie le lieu très saint. Le Seigneur a dressé le vrai tabernacle, « non pas l'homme ». Et qui étaient associés au souverain sacrificateur ? Les fils d’Aaron. Nous sommes de Christ, sacrificateurs avec Lui dans le lieu très saint, en ce sens les fils de Christ. Le Seigneur est actuellement là, et dans l’ordre céleste. L’imitation de la chose prouve seulement qu’il y a une grande réalité. Les gens ne contrefont pas la menue monnaie, mais les grosses pièces.
 

                        Les caractéristiques de la présence du Seigneur au milieu des siens

            Je vais m’arrêter sur les caractéristiques prouvant la présence du Seigneur, et dans les prochaines notes, sur les marques qui prouvent que vous avez été dans Sa présence. La chose est si grande ! Vous ne pourriez pas être là sans en être touchés, sans être conscients des effets - non pas de l’un d’entre eux, ou de certains, mais de tous.

                               La première caractéristique

            En présence du Seigneur, vous n’avez pas de nuage ; s’il y a un nuage, vous ne jouissez pas de sa présence et ce manque de jouissance affaiblit nos réunions de culte. Vous êtes occupés par votre état, vous êtes occupés par les effets de la lumière ; tout croyant doit savoir ce que c’est. Une personne qui va être présentée à quelque grand personnage s’y prépare ; elle se regarde dans le miroir pour voir si elle est dans un état convenable. Vous trouverez, en règle générale, que c’est notre état qui nous occupe d'abord, nous ne sommes pas tout à fait prêts pour la présence du Seigneur. Et très souvent nous voyons dans le culte que la fraction du pain est repoussée à plus tard parce qu’il n’y a pas eu de préparation suffisante. On devrait être occupé de la fraction du pain toute la semaine. Celui qui a le cœur vrai sait que c'est une chose importante à laquelle il aspire ; la première chose qu’il fait est de se rappeler ce que le Sauveur a fait pour l’amener à ce lieu merveilleux où Il est Lui-même. Il est si heureux et tellement en repos dans Sa présence qu’il est prêt de tout cœur à se souvenir de Christ et de sa mort ; il est placé dans un bonheur sans nuage.

            Vous êtes « sans tache » - vous devez l’être -, sinon vous ne pourriez pas être là. Il est le « ministre des lieux saints » ; vous ne pourriez pas être là sans être saint. Il n’y a pas d’ombre. « Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi », a dit Jésus à Pierre (Jean 13 : 8). C’est une plus grande chose pour nous, bien-aimés frères et sœurs, que la nuée de gloire sur le tabernacle. Cette nuée était pour la vue naturelle, Christ est pour la vue spirituelle ; par la foi nous Le voyons. Nous jouissons d’un bonheur sans nuage dans la présence de notre Sauveur dans la gloire. Nous nous souvenons de Celui qui nous a amenés à ce bonheur par son œuvre. Pour beaucoup, la Cène est seulement comme la pâque en Egypte ; c’était l’appropriation, et laissez-moi vous dire que l’appropriation n’est pas le souvenir. Ce n’est pas tout. « Et dès le lendemain de la pâque, ils mangèrent du vieux blé du pays » (Jos. 5 : 11). Le « lendemain » signifie une nouvelle phase. Vous tournez, pour ainsi dire, une nouvelle page : vous vous êtes étendus sur ce qu’Il a traversé, c'est-à-dire la pâque ; maintenant vous vous nourrissez de Celui qui a traversé tout cela.

            En Jean 20, quand Jésus est entré, Il a dit : « Paix à vous ! ». Vous ne pouvez pas jouir de sa présence sans la paix. Si vous comprenez vraiment cela, vous devriez être profondément touchés par Sa présence. Le Seigneur Jésus Christ est au milieu des siens sur cette terre où Il a été crucifié ; Il est descendu dans son jardin pour manger ses fruits exquis (Cant. 4 : 16). Il est venu pour être au milieu de ceux qui sont assemblés à son nom, afin que son cœur puisse se réjouir de ceux qui sont autour de Lui et pour lesquels Il est mort, ayant été crucifié par des mains iniques. La pâque en Egypte était l’appropriation du bénéfice de l’œuvre de Christ. Cela empêche qu’un vrai culte d’adoration soit rendu à Christ quand nous sommes occupés des bénédictions qu’Il a acquises pour nous dans sa mort, au lieu d’être occupés par ce qu’Il a traversé pour nous procurer le merveilleux bonheur dont nous jouissons dans sa présence.

            Les disciples savaient très bien que Jésus était là. Rien ne pouvait remplacer sa présence ; même si tous les anges devaient venir, ils ne pourraient pas Le remplacer ; la présence du Saint Esprit ne le remplace pas ; c’était Sa présence à Lui qu’ils connaissaient. Ce n’est pas la même chose pour une personne individuelle que dans l’assemblée, bien que le Seigneur, d’une manière particulière, se manifeste à ses serviteurs - Paul par exemple. Ce sur quoi je m’arrête, et c’est une grande caractéristique, c’est qu’il n’y a pas la moindre distance entre Lui et moi. Il n’y a pas de présence dans laquelle je me repose aussi complètement. Il est Celui qui me connaît entièrement et qui a ôté tout ce qui pourrait causer la plus petite ombre entre Lui et moi. Vous êtes alors dans le repos parfait. Et sans cela, comment pourriez-vous vous approcher de Lui ? Pourrait-il y avoir un nuage entre Lui et vous dans le ciel ? Et il ne devrait pas y en avoir non plus là où Il nous réunit. S’il y a un nuage, vous ne pouvez pas vous souvenir de Lui ; de même en Luc 24, avant que le Seigneur prenne sa place dans l’assemblée, Il a remis les choses en ordre avec Pierre (v. 34). Une personne passant devant un tribunal terrestre ne peut pas y aller sans une convocation de la cour ; elle ne serait pas autorisée à entrer ; ce serait de la plus haute présomption de le tenter. Pourquoi la fraction du pain est-elle souvent « retardée » dans nos rassemblements ? La préparation se poursuit pendant le culte, nous ne sommes pas prêts. Venant dans l’Assemblée de Christ, vous ne venez pas seulement comme sauvés, mais comme étant des « pierres vivantes » (1 Pier. 2 : 5), une partie constituante de son Assemblée.

            Je pense qu’il est clair que Christ est présent au milieu de nous, beaucoup plus que le type ne le fut jamais - personne ne peut en dire le sens pour nos cœurs. Je viens dans la présence de Celui qui a apporté avec Lui une atmosphère céleste, de sorte que j’y suis à mon tour. Le psalmiste pouvait dire : « Mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi… comme je t'ai contemplé dans le lieu saint » (Ps. 63 : 1-2). Pensez à un tel langage ! En connaissez-vous quelque chose ? Dieu merci, nous y avons goûté. Je sens combien peu je le réalise et pourtant je suis là pour jouir de la présence du Seigneur, pour être dans une autre sphère, coupé de tout ce qui est du monde, et non pour respirer une atmosphère terrestre - il n’y a pas de « perturbation ». On peut être empêché par la maladie - je sens combien je suis l’objet de la miséricorde divine, n’étant pas empêché de venir dans la présence du Seigneur. Toutefois certains disent : Ne peut-on pas goûter cette présence dans sa propre chambre ? Oui, mais vous ne pouvez pas l’avoir de la même manière. Quand le Seigneur vous rencontre dans votre chambre, c’est en relation avec vos besoins. Si vous Le rencontrez dans son Assemblée, la rencontre est en relation avec ses intérêts. J’espère que je rends cette question claire. Cela vaut la peine de garder ces explications dans notre esprit. Quand Il vient à moi - et Il le fait, grâces à Dieu, Il n’oublie  aucun de nous -, Il me fournit ce dont j’ai besoin. Mais quand je Le rencontre dans la maison de Dieu, je Le rencontre, en relation avec ses propres intérêts ! Et Il dit, comme on le lit dans le Psaume 22 : « J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation » (v. 22). Je suis introduit dans un nouvel état de choses, dans une nouvelle région. Les choses du Père me sont alors révélées.

            J’insiste encore sur le fait que, si vous ne pouvez pas jouir de la présence du Seigneur sans  nuage (et vous ne pouvez pas en jouir vraiment s’il y a un nuage), vous ne pouvez pas connaître ce qu’est réellement Sa présence. Saul de Tarse passa trois jours sans manger ou boire (Act. 9 : 9). Il apprenait sans doute ce que Christ avait traversé pour lui ; il nous dit qu’il plut à Dieu de lui révéler son Fils (Gal. 1 : 15). Quelle joie pour son cœur, le long de la route, de goûter désormais sa présence ! Nous ne l’avons pas encore dans toute sa plénitude, mais nous en avons un avant-goût. Et si vous deviez quitter ce monde, qu’auriez-vous ? Vous L’auriez sans rupture ; mais vous l’avez déjà « goûté », vous avez affaire avec Lui. Nous lisons en Josué 3 : 7 : « Aujourd'hui je commencerai à t'élever aux yeux de tout Israël, afin qu'ils sachent que, comme j'ai été avec Moïse, ainsi je serai avec toi ». Je crois que l’âme a le sentiment de la présence du Seigneur d’une telle manière qu’Il suffit à tout, et le reste est mis de côté. Toute la question est de commencer à rechercher Sa présence, il n’y a pas de crainte ensuite pour vous.

                               La seconde caractéristique

            Vous avez revêtu le « céleste ». Vous appartenez à une nouvelle scène, à un nouvel ordre de choses, vous êtes célestes. Comment pourriez-vous entrer dans le sanctuaire à moins d’appartenir à cette sphère ? Cette sphère, c’est le ciel.

                               La troisième caractéristique

            Vous êtes chez vous. Vous êtes des fils dans la maison du Père, des fils dans cette nouvelle sphère. Tout ce que vous avez se trouve là, vous n’avez rien ici-bas, aucune propriété ; ce que vous avez sur la terre, vous le perdrez. Vous n’avez pas ici bas de « titre de propriété » ! Employez ce que vous avez ici sur la terre pour le Seigneur et alors, bientôt, vous serez récompensés.

                               La quatrième caractéristique

            Vous êtes « hors de vous-mêmes ». Ne pensez pas que ce soit du transcendantalisme. Il est d’une immense importance de comprendre cet effet - c’est une caractéristique de la présence du Seigneur - elle ne peut être assumée, elle ne peut être imitée. C’est un fait : Je suis hors de moi-même pour Dieu ; je suis séparé de tout ce qui est de l’homme. J’oublie tout sauf Lui ! Comment puis-je être à l’aise là, et être en quelque manière en relation moralement avec l’homme, un pécheur ? Paul ne savait pas s’il était, à un moment donné, dans le corps ou en dehors, il était « en extase », bien que l’on n’aime pas bien cette traduction qui se trouve trois fois dans les Actes. Quelqu’un me demande : Comment savez-vous que vous êtes dans la présence du Seigneur ? Je dis : j’ai tout perdu de vue, sauf Lui-même. Combien de temps cela dure-t-il ? Cela peut durer une minute, mais c’est une grande chose de le ressentir parce que cela prouve la vérité. Cette seule minute prouve une réalité, bien que je ne veuille pas vous limiter à une minute ! Que Dieu veuille faire comprendre à chacun des lecteurs que c’est vrai, c’est tout ce que je demande. C’est comme la reine de Shéba : « il n’y eut plus d’esprit en elle » (1 Rois 10 : 5). Comment aurait-il pu en être autrement ? Vous voyez, ce n’est pas que vous sentiez que vous avez perdu quelque chose, mais vous êtes tout à fait surpris de voir combien de choses que vous considériez comme absolument nécessaires pour vous, ne le sont pas du tout dans la présence du Seigneur. On pourrait s’étonner : Mais voulez-vous dire que je pourrais me passer de nourriture ou de vêtement ? Je ne dis pas cela ; mais je dis que, quand vous êtes heureux dans la présence du Seigneur, vous ne pensez plus aux choses terrestres comme étant nécessaires.

            La reine de Shéba pensait-elle à sa position en Abyssinie ou à ses joyaux ? Elle les avait perdus de vue. Ressentait-elle cela comme une privation ? Elle ne ressentait pas le moins du monde de privation ! C’est ce dont notre cœur doit se saisir : aucune « privation », mais j'ai réalisé au contraire la suffisance du Seigneur, et loin de sentir une privation, je peux dire que je n'ai jamais été si heureux ! La reine n’était pas simplement absorbée : elle était si sensible au bonheur qu’elle ressentait, qu’elle se répandait en reconnaissance. C’est une autre caractéristique qui suit nécessairement le fait d’avoir été « hors de nous-mêmes », mais je dois attirer votre attention un peu plus sur ce point. Si vous êtes vraiment hors de vous-même et que vous trouvez que vous ne voulez plus rien, votre coupe est comble et déborde ; vous ne pouvez vous contenir, vous devez adorer. L’adoration est le débordement d’une coupe remplie. Comment pourriez-vous rester silencieux ? Ce n’est pas qu’un frère indique un cantique pour élever le niveau d’une réunion ; pas du tout cela. Je dis : entrez dans la présence du Seigneur ! Quand vous en jouissez, plongé dans toute la bénédiction dans laquelle vous êtes introduit, votre cœur est si rempli que vous ne pouvez vous empêcher d’adorer. Certains pourraient demander s’il faut s’exprimer à haute voix ? Le Seigneur peut dire à l’un de vous de le faire, sinon vous n’avez pas le droit de prononcer des paroles. Il a ses instruments choisis pour ce dessein, mais il ne faut pas supposer que ceux qui ne s’expriment pas à haute voix n’adorent pas.  

                               La cinquième caractéristique

            Je suis si sensible à la bénédiction dans laquelle je me trouve que j’adore le Père. Ce n’est pas rechercher la bénédiction, ce n’est pas prier ; c’est adorer, je me répands en reconnaissance. Christ me conduit au Père. Je suis maintenant dans une nouvelle sphère, et tout est céleste, du fait de sa présence. Je vous présente de profondes réalités. Par exemple, pensez au fils prodigue. Vous, vous êtes aussi nourri du veau gras. Et maintenant, que faites-vous ? Vous bénissez le Père : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3). « Le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4 : 23). C’est les délices de notre cœur d’adorer Celui qui l’a tant béni. A la cène du Seigneur il y a deux parties, comme le montre le Psaume 22. La première s’achève au verset 21 ; ces  premiers versets racontent les souffrances de Christ. Puis le verset 22 introduit une nouvelle pensée : « J'annoncerai ton nom à mes frères ». En quelle compagnie ? « Je te louerai au milieu de la congrégation ». Ce verset nous montre qu’Il est là. L’auteur de l’épître aux Hébreux traduit cela ainsi : « au milieu de l'assemblée je chanterai tes louanges » (2 : 12). C’est expérimental, ce n’est pas du tout un enseignement. Je pourrais aussi dire à quelqu’un : si le soleil montait à l’horizon, que se passerait-il ? Il y aurait la lumière. C’est expérimental.

                               La sixième caractéristique

            L’un des effets de la présence du Seigneur, c’est que vous êtes édifiés. Or je pense que c’est très important, car je vois que certains lisent beaucoup la Bible mais sans résultat. Ils jouissent grandement de la Parole mais ils ne sont pas édifiés. Je ne pense pas que quoi que ce soit édifie, sinon le Seigneur lui-même. Je vous indique un passage très simple à ce sujet : Luc 24. Les passages familiers aident toujours beaucoup. Plus vous connaissez un passage, plus il vous apporte. Les deux disciples ont écouté le plus grand exposé qui n‘ait jamais été fait, et vous en attendriez de grands résultats. Non. Seulement leurs cœurs brûlèrent en eux. Cela ne produisit aucun changement dans le but de leur course, ils dirent qu’il était trop tard pour aller plus loin et ils Lui demandèrent d’entrer. Il entra et se fit connaître à eux dans la fraction du pain. C’était la figure de sa propre mort, une opportunité appropriée pour Lui de se révéler. Puis Il disparut, et que se passa-t-il alors ? Il leur fallut aller à Jérusalem, à quelque treize kilomètres de là. Pourtant, quelques minutes plus tôt, ils estimaient que c’était trop tard pour aller plus loin. « Se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem ; ils trouvèrent assemblés les onze et leurs compagnons » (Luc 24 : 33). Voyez quel effet ! Notez bien : à l’heure même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Et qu’est-ce qui avait produit cette décision ? Sa présence ! L’impression que j’ai est que, si quelqu’un lit seulement la Parole et ne réalise pas pratiquement qu’il est dans la présence du Seigneur, il est comme quelqu’un qui possède beaucoup de minerai (de l’or, de l’argent) mais qui ne sait pas quoi en faire. La présence du Seigneur me façonne. Il est le « moule », je suis changé. Beaucoup de personnes ont une grande connaissance de la Bible, beaucoup de minerai en somme, mais elles ne se laissent pas façonner par le moule et toute cette connaissance ne leur sert à rien. Faites-leur contempler le Seigneur, cela fera toute la différence. Il les formera, et le minerai aura servi à quelque chose. Un enfant apprend les bonnes manières à la maison ; il est éduqué par ceux avec lesquels il vit. La présence du Seigneur produit la conformité à sa pensée, et rien d’autre. Dieu nous dit : « Mettez la Parole en pratique, et ne vous contentez pas de l’écouter » (Jac. 1 : 22). C’est la contemplation de la gloire du Seigneur qui a de l’effet sur moi. Vous en avez un exemple en Philippiens 4. Mais comment avez-vous « la paix de Dieu » ? Quand vous êtes près de Lui ! C’est de Lui que vous recevez la paix, et c’est l’effet moral de la Parole. Je suis « transformé (métamorphosé)  en la même image » (2 Cor. 3 : 18).

            On pourrait dire : j’étais à la réunion et il n’y a pas eu beaucoup de choses dites, mais j’y ai vraiment trouvé le Seigneur et j’ai reçu beaucoup de bien de Sa présence ressentie – c’est l’édification qui nous affermit. L’amour édifie. La connaissance enfle. Je ne doute pas que vous mangiez du blé du pays. Comment pourriez-vous être dans sa compagnie et ne pas en être édifié ?

 

D’après J. B. Stoney