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VOICI  L’HOMME  (15)

 

 « Sauve-toi toi-même » (Matt. 27 : 39-44 ; Marc 15 : 29-32 ; Luc 23 : 35-37)

 Nous contemplons maintenant le Seigneur Jésus suspendu à la croix, exposé aux rayons du soleil d’Orient, aux regards impudents de la foule, ainsi qu’aux sarcasmes incessants de ses ennemis, à quoi s’ajoutaient les tortures physiques de la crucifixion. Nous ne pouvons guère nous représenter l’intensité des souffrances morales qu’Il éprouva dans son âme divinement sensible, sous l’effet du « venin mortel » (Jac. 3 : 8) distillé par la langue acérée de ses adversaires. « Mon âme est au milieu de lions ; je suis couché parmi ceux qui soufflent des flammes - les fils des hommes, dont les dents sont des lances et des flèches, et la langue une épée aiguë » (Ps. 57 : 4). « Beaucoup de taureaux m’ont environné, des puissants de Basan m’ont entouré ; ils ouvrent leur gueule contre moi, comme un lion déchirant et rugissant. Je suis répandu comme de l’eau, et tous mes os se déjoignent ; mon cœur est comme de la cire, il est fondu au-dedans de mes entrailles. Ma vigueur est desséchée comme un têt et ma langue est attachée à mon palais ; et tu m’as mis dans la poussière de la mort » (Ps. 22 : 12 -15). Combien il est émouvant d’entendre, de la bouche même du Seigneur, la description des souffrances physiques et morales qu’Il a endurées à la croix !

Ces souffrances rendent plus indigne encore la cruauté des injures dont ses ennemis l’abreuvent. A part les quelques fidèles qui « se tenaient près de la croix » (Jean 19 : 25), tous les spectateurs de cette scène jouent leur rôle dans ce concert ignominieux : le peuple, les chefs, les soldats et les brigands crucifiés avec Jésus. Nous verrons plus tard que même les terreurs des trois heures ténébreuses ne leur fermèrent point complètement la bouche (Matt. 27 : 47, 49).

De grandes foules du peuple et de ceux qui, de toutes les régions du pays, étaient venus à Jérusalem pour la fête, « s’étaient assemblées à ce spectacle » (Luc 23 : 48). Le peuple « se tenait là, et regardait » (Luc 23 : 35), ou défilait devant la croix, et tous injuriaient l’homme de douleurs, se moquaient de lui et le couvraient d’outrages (Matt. 27 : 39, 41, 44). « Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; ils ouvrent la bouche, ils hochent la tête » (Ps. 22 : 7). Combien la Parole de Dieu est admirable ! Ce qui était écrit dans ce psaume se réalisait à la croix : « Ceux qui passaient par là l’injuriaient ; ils hochaient la tête et disaient : Toi qui détruis le temple et qui, en trois jours, le bâtis, sauve-toi toi-même » (Matt. 27 : 39-40). Ils reprennent les mensonges dont ils s’étaient servi la nuit précédente pour étayer leurs faux témoignages contre Jésus. Quelle infamie que de Lui imputer de nouveau des paroles qu’Il n’avait pas prononcées ! « Tout le jour ils tordent mes paroles ; toutes leurs pensées sont contre moi en mal » (Ps. 56 : 5). « Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix » (Matt. 27 : 40). Ces mots ne nous rappellent-ils pas le langage de Satan, lors de la tentation de Jésus au désert ? Il n’est pas surprenant que les « fils de la désobéissance » s’expriment comme leur père.

« Les chefs, de leur côté, se raillaient de lui » (Luc 23 : 35). « Ceux qui sont assis dans la porte parlent contre moi » (Ps. 69 : 12). Ils avaient dit, dans une occasion précédente : « Cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits ! » (Jean 7 : 49), mais maintenant ils faisaient cause commune avec elle. De même, les humiliations que Pilate et Hérode avaient infligées à leur innocente victime les avaient réconciliés l’un avec l’autre. Il en était ainsi du peuple et de ses chefs. « De même aussi les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, disaient en se moquant... » (Matt. 27 : 41). Bien qu’ils le fissent « entre eux » (Marc 15 : 31), leur attitude était d’autant plus condamnable qu’elle se parait des formes hypocrites chères aux bien-pensants.

« Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même » (Matt. 27 : 42). Peu de jours auparavant, ils avaient comploté de faire mourir Lazare, dont la résurrection attestait que Jésus « avait sauvé les autres » ; ils voulaient faire disparaître ce témoin, « car, à cause de lui, beaucoup de Juifs s’en allaient et croyaient en Jésus » (Jean 12 : 11). Maintenant qu’ils pensaient avoir atteint leur but, ils reconnaissaient avec une franchise pleine de cynisme qu’Il avait sauvé les autres. N’aurait-Il pas pu se sauver lui-même ? Certes ! Mais notre Sauveur ne l’a pas voulu. Afin de pouvoir sauver les autres, il lui fallut renoncer à se sauver lui-même. Il n’y avait pas d’autre moyen permettant de ramener à Dieu les coupables tombés loin de Lui. Comme le serviteur d’Exode 21, il a dit : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre » (v. 5). Il ne voulait pas se sauver lui-même ; et Il ne le pouvait pas, parce qu’Il voulait nous sauver. Il était venu ici-bas « pour chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10) ; non pour chercher quelque chose pour Lui-même, mais « pour servir et pour donner sa vie en rançon pour un grand nombre » (Matt. 20 : 28 ; Marc 10 : 45).

« Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même. Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions ! » (Marc 15 : 31-32). Tel avait été leur langage, de tout temps. « Une génération méchante et adultère recherche un signe ; et il ne lui sera pas donné de signe, si ce n’est le signe du prophète Jonas » (Matt. 12 : 38-39 ; 16 : 1-4). Mais ce signe-là ne leur a pas suffi non plus. Car, après que le Fils de l’homme eut été « trois jours et trois nuits dans le sein de la terre », comme Jonas avait été « dans le ventre du cétacé », ils « virent » mais ne crurent point. Bien plus, ils recoururent à la corruption et au mensonge, afin de cacher « jusqu’à aujourd’hui » au peuple la vérité irréfutable de la résurrection de Jésus.

C’est à l’égard de ces chefs religieux que s’accomplit la prophétie d’Esaïe, confirmée par les paroles de Jésus : « En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez pas, et en voyant vous verrez et vous n’apercevrez pas » (Matt. 13 : 14). Leur aveuglement est particulièrement évident quand ils prononcent une parole de l’Ecriture, sans s’apercevoir que le psalmiste la met dans la bouche des ennemis du Messie : « Il s’est confié en Dieu, qu’il le délivre maintenant s’il tient à lui » (Matt. 27 : 43 ; Ps. 22 : 8). « Mes adversaires m’outragent comme un brisement dans mes os quand ils me disent tout le jour : Où est ton Dieu ? » (Ps. 42 : 10). Aucune parole humaine ne pourrait mieux décrire les sentiments de l’Homme parfait, ainsi outragé.

La mesure de son humiliation est comblée lorsque les soldats eux-mêmes et les brigands crucifiés avec ajoutent leurs injures à celles du peuple et de ses chefs (Luc 23 : 36-37 ; Matt. 27 : 44). Nous L’entendons s’écrier par l’Esprit prophétique : « Ceux qui me haïssent sans cause sont plus nombreux que les cheveux de ma tête » (Ps. 69 : 4). « Eternel ! combien sont multipliés mes ennemis, et sont nombreux ceux qui s’élèvent contre moi. Beaucoup disent de mon âme : Il n’y a point de salut pour lui en Dieu » (Ps. 3 : 1-2). Néanmoins sa confiance en Dieu demeure inébranlable et Il sait qu’Il sera délivré : « Mais toi, Eternel ! tu es un bouclier pour moi ; tu es ma gloire, et celui qui élève ma tête » (Ps. 3 : 3).

 

D’après  von Kietzell Fritz  – « Messager Evangélique » (1970 p. 67-71)

 

A suivre