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VOICI  L’HOMME  (14)

 

« Père, pardonne-leur » (Luc 23 : 34)

Les évangiles rapportent sept paroles prononcées par le Seigneur sur la croix (Matt. 27 : 46 ; Marc 15 : 34 ; Luc 23 : 34, 43, 46 ; Jean 19 : 26-27, 30). Celle que nous allons méditer est la première. Le Seigneur l’a prononcée sitôt après qu’Il eut été crucifié.

« Ils le crucifièrent là... Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 33-34). De sa bouche sainte ne sortent ni plaintes, ni protestations, ni menaces. Chaque fois qu’Il l’ouvre, c’est pour exprimer des paroles de grâce. Point de sainte et juste colère, ni d’appel à la vengeance et au jugement de Dieu. « Père, pardonne-leur » : telle est sa réponse à la plus cruelle des offenses qu’Il a subies de la part de ses ennemis.

Il aurait été déjà admirable, semble-t-il, que le Seigneur intercède en faveur des légionnaires, suppôts ignorants de ses bourreaux. Mais pouvait-Il invoquer le pardon de Dieu en faveur des Juifs, dans la bouche desquels « Hosanna » avait si vite fait place à « Crucifie-le », un peuple qui, en retour de ses innombrables bienfaits, L’avait accablé d’outrages ?

Certes, tout ce qui appartenait à l’ancienne économie était mis de côté car, en tant que nation, Israël avait entièrement failli à sa responsabilité envers Dieu. Il n’avait pas su discerner « en cette journée » (la sienne) ce qui lui « apporterait la paix » (Luc 19 : 42). Si les choses en étaient restées là, tout espoir de restauration aurait été à jamais perdu pour lui, car en rejetant son Messie, il mettait le comble à son iniquité. Mais, en Christ, Dieu accomplissait ainsi ses desseins éternels de grâce, de sorte que « là où le péché abondait », la grâce pourrait « surabonder » (Rom. 5 : 20). « Il a été compté parmi les transgresseurs » (Es. 53 : 12) - voilà ce que son peuple fit du « Saint d’Israël ». Mais « il a intercédé pour les transgresseurs » - telle fut la réponse de Celui qui était venu du ciel en grâce.

« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matt. 5 : 44), avait dit le Seigneur un jour, sur la montagne. Aucun commandement n’est plus contraire à la nature humaine. Mais en Christ, il y avait concordance parfaite entre ses actes et son enseignement. Aussi pouvait-Il déclarer de lui-même : Je suis « absolument ce qu’aussi je vous dis » (Jean 8 : 25). Animé de l’esprit de son Maître, Paul écrivait aux Corinthiens : « Calomniés, nous supplions » (1 Cor. 4 : 13). Et Pierre : « Car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces... quand il souffrait, ne menaçait pas », mais pria au contraire pour ses ennemis (1 Pier. 2 : 21-23).

Moïse, beau type de Christ, avait intercédé, lui aussi, pour le peuple, qui l’avait accablé de ses incessantes manifestations de jalousie. L’Eternel aurait détruit Israël « si Moïse, son élu, ne s’était pas tenu à la brèche devant lui, pour détourner sa fureur » (Ps. 106 : 16, 23 ; Ex. 32 : 30-34 ; Nom. 14 : 13-19). Mais par la suite Dieu ne trouva aucun intercesseur parmi les chefs du peuple. Aussi donne-t-Il libre cours à son amertume : « J’ai cherché parmi eux un homme qui... se tînt à la brèche devant moi pour le pays, afin que je ne le détruisisse pas ; mais je n’en ai point trouvé » (Ezé. 13 : 5 ; 22 : 30). Maintenant Il en a trouvé un dans la personne de son Fils unique, et cela au moment même où son peuple venait de le crucifier.

« Père, pardonne-leur ». En vertu de cette intercession, Israël n’a pas été définitivement rejeté par Dieu, comme il l’aurait mérité, et le jugement qui devait l’atteindre a été différé quelque temps encore. Après la descente du Saint Esprit, la repentance a été prêchée au peuple, principalement par Pierre, et les premiers chapitres des Actes décrivent les fruits extraordinaires qui en ont résulté. Mais Israël comme peuple a continué de mépriser et de rejeter son Messie. « Gens de cou raide », leur dit Etienne, « incirconcis de cœur et d’oreilles, vous résistez toujours à l’Esprit Saint ! » (Act. 7 : 51). La mise à mort d’Etienne a été comme « l’ambassade » envoyée après l’Homme noble qui s’en était allé dans un pays éloigné, lui disant : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19 : 12-14). Toutefois, « Dieu n’a pas rejeté son peuple », mais « actuellement, subsiste un reste selon l’élection de la grâce » et, après les jugements, « tout Israël sera sauvé » (Rom. 11 : 2, 5, 26).

Le motif de l’intercession du Seigneur Jésus en faveur de son peuple est tout aussi admirable que l’intercession elle-même. « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous en aurions, certes, jugé autrement. N’agissaient-ils pas en parfaite connaissance de cause ? N’avaient-ils pas discerné qui était Jésus ? Ne déclaraient-ils pas ouvertement, comme dans la parabole : « Celui-ci est l’héritier, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous » (Luc 20 : 14) ? Pourtant le Seigneur dit : « Ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il aimait son peuple « d’un amour éternel » et la grâce dont son cœur était rempli pour lui « l’attirait avec bonté » (Jér. 31 : 3). « Frères, je sais que vous avez agi par ignorance », dit Pierre, « comme aussi vos chefs » (Act. 3 : 17). « Aucun des chefs de ce monde » n’avait connu la sagesse de Dieu. « Car s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Cor. 2 : 7-8). Cependant, après avoir rejeté le Sauveur ressuscité et glorifié comme ils avaient rejeté le Sauveur souffrant et humilié, ils n’ont plus pu invoquer leur ignorance. Aussi, dans son intercession, Etienne ne demande pas au Seigneur de leur pardonner, parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, mais « il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Act. 7 : 60).

« Pour mon amour, ils ont été mes adversaires ; mais moi je me suis adonné à la prière -  littéralement : mais moi prière » (Ps. 109 : 4). A sept reprises, l’évangile de Luc nous présente le Seigneur Jésus en prière. Homme dépendant, il a passé des nuits en prière (Luc 6 : 12). Nous lisons aussi que, « levé le matin, longtemps avant le jour, il se rendit dans un lieu désert, et il priait là » (Marc 1 : 35). « Mais moi, Eternel ! je crie à toi, et dès le matin ma prière te prévient » (Ps. 88 : 13). Le « matin » de Gethsémané, sa prière avait aussi « prévenu » Dieu, alors que « dans l’angoisse du combat, il priait plus instamment », au moment où Il recevait la coupe de la main du Père. « J’ai crié à toi, Eternel, tous les jours ; j’ai étendu mes mains vers toi » (Ps. 88 : 9). « Tous les jours », sur la croix même, Il « crie » à son Dieu et « étend ses mains vers lui », ses mains blessées par ceux pour lesquels Il intercède : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». 

 

D’après  von Kietzell Fritz  – « Messager Evangélique » (1970 p. 36-40)

 

A suivre