Nadab et Abihu
La pensée de Dieu était que les fils d’Israël soient pour Lui « un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Ex. 19 : 6), mais ils s’en sont montrés incapables. Ce sont les Lévites qui ont été choisis pour exercer le sacerdoce devant Dieu, parce qu’ils sont restés de son côté, par fidélité, au moment du veau d’or (Ex. 32 : 25-29).
Aaron devient alors souverain sacrificateur. Il a quatre fils : Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar. Tous ne seront pas fidèles et la lignée des souverains sacrificateurs se poursuivra finalement par Eléazar seul (Nom. 20 : 25-28). Il était précisé qu’Aaron, ce « souverain sacrificateur pris d’entre les hommes », devait présenter des offrandes pour les péchés - « pour lui-même, aussi bien que pour le peuple » (Lév. 9 ; Héb. 5 : 1-3). Aussi longtemps que nos péchés ne sont pas ôtés de devant Dieu, nous ne pouvons rien Lui offrir.
Il est question deux fois dans l’Ecriture de Nadab et d’Abihu.
Avec Moïse et Aaron sur la montagne de Sinaï (Ex. 24)
Nadab et Abihu ont eu le privilège d’accompagner Moïse et Aaron sur la montagne et de voir le Dieu d’Israël - « et sous ses pieds comme un ouvrage de saphir transparent, et comme le ciel même en pureté » (Ex. 24 : 9-10). Dieu « ne porta point sa main sur eux » ; ils étaient accompagnés de ces « nobles » d’entre les fils d’Israël - les soixante dix anciens ! A cette occasion, « ils virent Dieu, et ils mangèrent et burent » (v. 11).
Une telle faveur n’aurait-elle pas dû remplir désormais leur cœur d’une sainte crainte de Lui déplaire ? Plus grande est notre proximité du Seigneur, plus notre responsabilité augmente ! Hélas, nous pouvons cesser de Le contempler (2 Cor. 3 : 13) et répondre aux sollicitations de notre chair. Elle est en effet toujours en nous, prête à se manifester.
Ces deux fils aînés d’Aaron avaient reçu - comme les deux autres fils - des consignes précises à respecter avant leur investiture comme sacrificateurs : « Vous ne sortirez pas de l’entrée de la tente d’assignation pendant sept jours (figure de toute notre vie) jusqu’au jour de l’accomplissement des jours de votre consécration » (Lév. 8 : 33). Ils devaient agir ainsi jour et nuit, et garder ce que l’Eternel leur avait donné à garder - « afin que vous ne mouriez pas ; car il m’a été ainsi commandé », leur dit Moïse (v. 35).
Nadab et Abihu présentant un « feu étranger » (Lévitique 10)
Dirigés par la main fidèle de Moïse, les Israélites avaient veillé à ce que chaque détail soit en accord avec le commandement de l’Eternel. Le verbe « commander » revient quatorze fois dans les chapitres 8 et 9 du Lévitique ! Or hélas, nous n’avons pas besoin d’aller plus loin dans notre lecture pour apprendre avec tristesse, au début du chapitre 10, ce qui s’est passé chez le frère de Moïse, dans la famille d’Aaron.
Une désobéissance flagrante au commandement de l’Eternel
Il semble que Nadab et Abihu sont sortis pour chercher ce « feu étranger » - image de ce qui peut venir du monde ou de la chair. Ce serait le « secret » de leur comportement ultérieur. Ils se sont rendus coupables d’un affreux péché, en faisant « ce qui ne leur avait pas été commandé » (Lev. 10 : 1).
C’était Dieu lui-même qui avait allumé le feu perpétuel, indispensable à l’usage normal de l’autel d’airain, où l’holocauste se consumait lentement devant Lui, jour et nuit. La gloire de Dieu était apparue à cette occasion. Le peuple l’avait vue, il avait poussé des cris de joie tout en se prosternant (Lév. 9 : 23-24).
Hélas, quel terrible contraste ! A peine consacrés, Nadab et Abihu présentent devant l’Eternel un feu « étranger » ; il n’avait donc pas été pris sur l’autel et leur désobéissance délibérée les conduit au désastre !
Un jugement immédiat
Nadab et Abihu se tenaient devant l’autel d’or, celui des parfums, avec leur encens, au moment où « le feu sortit de devant l’Eternel, et les dévora, et ils moururent devant l’Eternel » (Lév. 10 : 2 ; Héb. 12 : 29).
« Moïse dit à Aaron : c’est là ce que l’Eternel prononça, en disant : Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi, et devant tout le peuple je serai glorifié. Et Aaron se tut » (v. 3). Le cœur est étreint par la douleur, mais il reconnaît que Dieu a agi avec justice (Matt. 10 : 37). Pas un murmure ne sort de sa bouche. Il aurait pu prendre à son compte les paroles d’Eli : « C’est l’Eternel, qu’il fasse ce qui est bon à ses yeux » (1 Sam. 3 : 18)
Il se tient là, silencieux, entre ses deux fils vivants et les deux autres morts. Deux de leurs cousins, qui n’étaient pas des sacrificateurs, sont appelés et emportent « leurs frères » loin du lieu saint (v. 4-5). Ils sont encore revêtus de leurs tuniques, symbole de leur service et de leurs privilèges.
Plus tard Aaron dira, de façon touchante, en parlant de ses fils défunts : « Voici, ils ont présenté aujourd’hui leur sacrifice pour le péché et leur holocauste devant l’Eternel, et ces choses me sont arrivées… » (v. 19).
Selon notre appréciation, parfois gâtée par un contact habituel avec le péché, un tel jugement peut paraître très sévère. De manière solennelle, Dieu établit ici une nouvelle relation avec son peuple ; à cette occasion, Il revendique ce qui sied à sa sainteté.
Chers lecteurs chrétiens, la maison dans laquelle nous sommes invités est la « maison de Dieu » (1 Tim. 3 : 15). Dieu le Fils a promis d’être présent et Il est souverain sur sa maison. Le Saint Esprit y habite et la « gouverne » à la gloire du Père et du Fils. Organiser de notre propre chef, présider, décider de quoi que ce soit qui va se passer dans cette maison relèverait de notre part d’une rare audace, d’une présomption peu ordinaire ; ce serait un manque total de respect pour la Personne divine qui s’y trouve.
On se souvient sans doute de la faute de David : sans consulter l’Eternel, il avait décidé de faire porter l’arche sur un chariot neuf en lieu et place des épaules des Kehatites ; on se rappelle aussi de celle du roi Ozias qui a osé se substituer aux sacrificateurs, seuls qualifiés pour offrir à Dieu. Chaque fois, Dieu qui veille à sa gloire, intervient par un prompt jugement.
Il a agi également à l’égard de la première personne qui a osé ne pas respecter le sabbat (Nom. 15 : 32-36). Il est intervenu vis-à-vis d’Acan lorsqu’il n’a pas respecté l’anathème que Dieu avait prononcé contre tout ce qui se trouvait dans Jéricho. En cherchant à satisfaire sa convoitise, cet homme avait souillé tout Israël - et cela au moment même où le peuple de Dieu entrait dans la terre promise. Il a dû être lapidé avec toute sa famille (Jos. 7 : 1, 25).
Dans les premiers temps de la formation de l’Assemblée, Ananias et Sapphira ont également connu un jugement comparable pour avoir « menti au Saint Esprit » (Act. 5 : 1-10).
Il faut reconnaître que tout ce que Dieu confie à l’homme est rapidement gâché. Ce fut le cas dès le jardin d’Eden, puis au moment où la Loi a été donnée à l’homme. Le peuple a demandé « un dieu qui marche devant eux » ; ce sera un veau de fonte, ciselé par Aaron lui-même qui sortira du feu (Ex. 32 : 1-4). Une plaie très meurtrière leur a été envoyée.
Ainsi, dans cette scène de Lévitique 10, à peine le sacerdoce a-t-il été établi par Dieu, qu’un grave péché est commis par des sacrificateurs. D’où ce terrible jugement : les auteurs de ce sacrilège meurent devant Lui et tout le peuple qui, l’instant d’avant chantait de joie, mène deuil !
« Il y a toujours le danger d’admettre dans nos pensées, au sujet de Dieu, un élément de familiarité profane. Satan s’en sert de façon très pernicieuse » (C-H. M). Dans la mesure où Dieu est exalté et révéré dans nos pensées, notre marche sera en accord avec ce qu’Il aime et ce qu’Il ordonne. Si celles-ci sont peu élevées à Son égard, le niveau de notre marche s’en ressentira.
Une mise en garde adressée aux sacrificateurs
Les droits de Dieu sur les sacrificateurs étaient tels qu’ils n’avaient pas le droit de s’associer à la lamentation du reste du peuple (v. 6). Ils ne devaient même pas sortir de l’entrée de la tente d’assignation, sinon leur mort s’ensuivrait, car l’huile de l’onction de l’Eternel était sur eux. « Ils firent selon la parole de Moïse » (v. 7). Les « droits naturels » sont mis de côté. Dieu ne les annule pas pour autant, mais Il peut nous amener à les « dépasser », pour que ses propres droits soient respectés.
Nadab et Abihu avaient-ils trop bu pour avoir ainsi « oublié le statut » (v. 9 ; Prov. 31 : 4-5) ? Dans ce cas, leur chair a pu alors agir sans retenue. Leur attitude est à l’opposé de celle de Moïse, lorsqu’il a reçu l’ordre de l’Eternel de ne pas se servir d’un encens étranger (Ex. 30 : 7-9).
Peut-être leur mort fait-elle suite à l’ordre reçu par Aaron de ne pas entrer au-delà du voile en tout temps, leur intention ayant été de pénétrer dans le lieu très saint ? En tout cas, Aaron reçoit peu après un ordre direct : « Vous ne boirez point de vin ni de boisson forte, toi et tes fils avec toi, quand vous entrerez dans la tente d’assignation, afin que vous ne mouriez pas. C’est un statut perpétuel, en vos générations, afin que vous discerniez entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est impur et ce qui est pur, et afin que vous enseigniez aux fils d’Israël tous les statuts que l’Eternel leur a dits par Moïse » (v. 9-10). Il faut être dans l’état convenable pour enseigner ; il faut s’en souvenir ! Restons sobres dans le manger et le boire ; ne prenons pas sur ce point aussi les habitudes désastreuses d’une bonne partie de nos concitoyens ; elles risquent de s’installer peu à peu dans les assemblées, car nous avons pris l’habitude, par manque de séparation pour Dieu, de suivre « en marchant à deux pas derrière » - une façon d’agir courante dans ce monde.
D’utiles instructions pour nous, chrétiens
La sainteté sied à la maison de Dieu
Il est clair que les encensoirs dont les sacrificateurs se servaient dans le tabernacle devaient être eux aussi remplis uniquement de morceaux de charbon embrasés, pris sur l’autel d’airain (Lév. 16 : 2, 12-13 ; Nom. 16 : 46). La présence - en soi normale - de Nadab et d’Abihu à proximité de l’autel, à cause de leurs fonctions, aurait rendu ce chargement aisé.
Mais ils ont dédaigné se servir du feu que Dieu avait lui-même allumé peu auparavant. Ils ont choisi de se servir d’un feu « étranger » - c’est-à-dire d’une autre origine. Le feu divin, qu’ils n’avaient pas choisi, les a consumés. Ils ont eu affaire à sa force dévastatrice, alors qu’il aurait dû seulement servir à consumer leurs offrandes !
Dieu a rejeté ces offrandes du fait de leur désobéissance. Ils sont morts sans descendance ; leurs noms sont absents dans Nombres 3 : 4 et 1 Chroniques 24 : 2.
Le peuple d’Israël, récemment délivré de l’idolâtrie et de la corruption qui régnaient en Egypte, avait besoin d’apprendre que « la sainteté sied à ta maison, ô Eternel ! pour de longs jours » (Ps. 93 : 5). Arrachés à ce monde, les rachetés du Seigneur sont appelés à Le servir et la Parole met l’accent sur la sainteté pratique (1 Pier. 1 : 15-16). Notons qu’elle tient déjà une place éminente dans tout ce livre du Lévitique.
La mise de côté de l’homme dans le culte rendu par l’Esprit de Dieu
Les croyants qui ont le désir de s’approcher de Dieu pour adorer doivent le faire de façon convenable aux yeux de Dieu. La Parole insiste sur ce point capital. « Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi, et devant tout le peuple je serai glorifié » (Lév. 10 : 3).
L’Assemblée étant la maison de Dieu, il s’ensuit que l’homme doit être entièrement mis de côté. Toutes nos bonnes intentions, nos initiatives, nos traditions n’ont pas leur place dans cette maison-là. Nous y sommes reçus à titre d’invités, de visiteurs, et par conséquent nous devons nous conduire dans une telle Maison selon les seuls désirs de Dieu qui y demeure. Le Saint Esprit et la Parole veillent à nous enseigner à ce sujet : soyons à l’écoute !
Quant à notre service personnel dans la Maison, nous avons déjà vu que l’encens présenté devait être offert en se servant uniquement du feu pris sur l’autel du sacrifice. La seule base convenable est celle du sacrifice de Christ. En dehors de ce sacrifice, rien ne peut être offert à Dieu et accepté. Toutes les composantes à poids égal de cet encens sont pour Dieu seul. La gloire et la beauté sans pareilles de son Bien-aimé sont d’abord pour Lui.
Mais un besoin se fait également sentir d’avoir du « feu » pour présenter notre adoration. Le Seigneur seul fournit celui qui convient à remplir son racheté de ferveur. Il n’y a aucune place pour un feu « souillé », tel que celui d’une excitation charnelle qui envahit parfois les milieux « religieux ».
Depuis la chute, l’homme a toujours cherché à se divertir par la musique. Jubal, l’un des fils de Caïn, a été à l’origine des instruments de musique (Gen. 4 : 21). La musique exerce une forte influence sur nos sentiments et notre comportement. Les chefs de ce monde le savent bien et, dans les grandes occasions, s’en servent à profusion pour parvenir à leurs fins (Dan. 3 : 4-7). L’Ennemi qui domine notre monde l’utilise pour réveiller parfois en nous des manifestations coupables de notre chair. Même la musique dite « religieuse » n’est pas exempte de dangers à cet égard et nous devons être sur nos gardes. Or l’Ennemi excelle dans les « mélanges ».
Nous sommes aussi très sensibles à l’éloquence, et « quelqu’un qui joue bien » (Ezé. 33 : 32) plaît beaucoup. Apollos, un vrai serviteur de Dieu, était éloquent mais il se servait de cette capacité à la gloire de Dieu ! Beaucoup d’autres orateurs savent également manier le verbe pour entraîner leurs auditeurs « après eux » sur des chemins de traverse.
Le Seigneur avertit son serviteur Ezéchiel : il ne doit pas se leurrer sur le véritable impact de ses paroles. Le but du prophète était précieux et son cœur droit : il cherchait à amener à la repentance ce peuple coupable et captif à cause de ses péchés. Mais ces hommes d’Israël n’étaient pas réellement attentifs, leur conscience n’était pas « réveillée ». Peut-être trouvaient-ils, comme les Corinthiens plus tard à l’égard de l’apôtre Paul, que la présence d’Ezéchiel était méprisable ? Dieu ne regarde pas à la stature d’un homme, Il regarde à son cœur.
Veiller pour être gardés de tout ce qui excite la chair
La Parole nous met souvent en garde à l’égard de tout ce qui agit secrètement sur nos sentiments naturels. Au sujet des boissons alcooliques, nous pouvons lire, par exemple, dans 1 Tim. 4 : 3 et Tite 2 : 3. Nous pouvons nous laisser progressivement aller à boire de façon excessive, loin de la mesure indiquée par la Parole dans un cas précis (1 Tim. 5 : 23). Tenons-nous à l’écart, amis croyants, de tout ce qui « excite notre chair » ; c’est indispensable pour les sacrificateurs que nous sommes tous, sinon nous serions incapables de discerner entre ce qui est saint et ce qui est profane.
L’usage de la drogue - si répandu, hélas, aujourd’hui - est devenu un terrible fléau. Seule la puissance de Dieu peut nous en délivrer durablement ! Notre cœur n’est pas fait pour rester vide - Christ seul peut le remplir de façon bénie. Faute d’un contact vivant avec Lui, nous retombons vite dans le marasme intérieur. La solitude et l’inactivité peuvent nous pousser à toutes sortes d’excès. Alors, comme l’exprime un cantique, les « vains bonheurs d’un monde infidèle » captivent notre cœur ; or pourtant, ils « n’enfantent que regrets et dégoûts ».
Un chrétien doit constamment veiller et prier, chercher à chaque pas la volonté de son Dieu et Père dans sa marche. Le chemin lui est révélé par la Parole, éclairée par le Saint Esprit qui habite en lui.
Beaucoup de choses, dans le monde où nous vivons, font en fait partie de ce « feu » étranger. Elles n’ont donc pas de place dans l’adoration et le culte auxquels nous avons le privilège de participer « avec la liberté d’un fils devant son père, et le saint tremblement d’un mortel devant Dieu ».
Une pensée particulièrement encourageante nous est donnée également à la lecture de ce passage. Comprenons que l’Eternel a voulu maintenir, malgré notre ruine, la sacrificature par le moyen des « fils d’Aaron qui restaient » (v. 16). Nous pouvons y voir une image du temps actuel. Tout ce qui touche à l’Assemblée et au service divin gardera, semble-t-il, jusqu’à la venue du Seigneur, un caractère de faiblesse et de petitesse. Toutefois les ressources viennent de Dieu et ce sont toujours les mêmes. Elles sont à la portée d’un petit résidu, il doit s’en saisir. Souvenons-nous, pour notre consolation qu’Eléazar signifie : « Dieu a secouru » !
Ph. L le 21. 03. 14