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VOICI  L’HOMME  (8)

 

Hérode (Luc 23 : 6-12)

Bien que Pilate ne fût pas disposé à ouvrir son cœur à la vérité, il était convaincu de l’innocence de Jésus et de l’inanité des accusations portées contre lui. C’est pourquoi il s’efforce de se dessaisir de cette cause embarrassante. En mentionnant la Galilée, province constamment en effervescence, les Juifs espéraient déterminer le gouverneur à agir conformément à leurs désirs. Le résultat fut exactement contraire. « Quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si l’homme était Galiléen. Apprenant qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode qui, en ces jours-là, était lui-même aussi à Jérusalem » (Luc 23 : 6-7).

Alors que Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode régnait sous la sujétion de Rome, avec le titre de tétrarque, sur la Galilée. Hérode Antipas, nom sous lequel il est entré dans l’histoire, était fils d’Hérode le Grand, qui ordonna le massacre des enfants de Bethléem (Matt. 2). A la mort de ce dernier, la Palestine fut subdivisée en quatre provinces. Mais peu après, en l’an 6 de notre ère, l’un des tétrarques, Archelaüs de Judée (Matt. 2 : 22) fut remplacé par un gouverneur (ou procurateur) romain siégeant à Césarée. Ponce Pilate occupait ce poste depuis l’an 26 de notre ère.

C’est lui qui avait fait décapiter Jean le baptiseur. Les évangiles le mentionnent à plusieurs reprises en lui donnant le titre de roi. En Luc 13 : 32, le Seigneur l’appelle « ce renard », sans doute parce qu’Hérode avait fait répandre le bruit qu’il le ferait mourir, ruse par laquelle il pensait le tenir éloigné de Jérusalem. Aucun passage ne confirme qu’il ait eu réellement l’intention de mettre sa menace à exécution, et pas davantage le passage qui retient maintenant notre attention. 

C’était un homme vivant dans le péché, léger et dénué de tout scrupule, et seule sa curiosité détermina son comportement envers le Seigneur Jésus au cours de l’unique entretien qu’il eut avec Lui. « Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit beaucoup ; car il y avait longtemps qu’il désirait le voir, parce qu’il avait entendu parler de lui ; et il espérait voir quelque miracle opéré par lui » (Luc 23 : 8). « Il se réjouit beaucoup » ; ces mots montrent à quel degré d’indifférence le cœur humain peut atteindre. En effet, l’aspect de « l’homme de douleurs » ne pouvait faire se réjouir quiconque possédait encore le moindre sentiment d’humanité.

Quelle sollicitude Dieu avait manifestée envers cet Hérode ! Il lui avait envoyé d’abord Jean le baptiseur ; celui-ci lui avait fait souvent entendre la vérité, il le reprenait « au sujet de tous les méfaits qu’il avait lui-même commis » et auxquels il ajouta encore « celui de mettre Jean en prison », sur les instances d’Hérodias (Luc 3 : 19-20) qui vivait dans le péché avec lui. Mais « Hérode craignait Jean, le sachant homme juste et saint… lorsqu’il l’avait entendu, il faisait beaucoup de choses, et il l’écoutait volontiers » (Marc 6 : 19-20). Il fut donc « très attristé » quand, contraint d’aller jusqu’au bout dans le chemin du mal où il s’était engagé, il n’eut plus d’autre issue que de faire mourir le fidèle témoin qui n’avait cessé de l’avertir (Marc 6 : 26).

Aussi était-il tourmenté dans sa conscience et « perplexe » quand « il entendit parler de tout ce qui était fait » par Jésus (Luc 9 : 7). Il disait à ses serviteurs : « C’est Jean le Baptiseur ; c’est lui, ressuscité des morts ; c’est pourquoi les miracles s’opèrent par lui » (Matt. 14 :1-2). On parlait de Jésus jusque dans son entourage. Nous lisons en Luc 8 : 3 que « Jeanne, femme de Chuzas, intendant d’Hérode » ayant été guérie par le Seigneur Jésus, le suivait et le servait. Un frère en vue de l’assemblée d’Antioche, Manahem, avait été nourri (et probablement élevé) avec lui (Act. 13 : 1). Mais la semence qui avait été répandue dans le cœur d’Hérode avait été étouffée par les épines, et les « autres convoitises » (Marc 4 : 19) avaient empêché la Parole divine d’opérer une œuvre profonde en lui.

Déjà durant le ministère de Jésus, « il cherchait à le voir » (Luc 9 : 9), et nous venons de lire qu’il y avait « longtemps qu’il désirait le voir, parce qu’il avait entendu parler de lui » (23 : 8). Pour quelle raison ? Parce qu’il « espérait voir quelque miracle opéré par lui ». Son égarement était tel qu’il pensait trouver en Jésus quelque thaumaturge propre à satisfaire son inlassable besoin de distraction.

Céder tant soit peu à de tels mobiles eût été indigne de Celui qui, quoique humilié, restait constamment égal à lui-même. « Il l’interrogea longuement ; mais Jésus ne lui répondit rien » (Luc 23 : 9), quels que fussent les nouveaux outrages que ce silence dût Lui attirer et la colère des « principaux sacrificateurs et des scribes » qui l’accusaient « avec véhémence ». « Alors Hérode, avec ses troupes, après l’avoir traité avec mépris et s’être moqué de lui, le revêtit d’un vêtement éclatant et le renvoya à Pilate » (v. 10-11). Tous s’unissaient dans leurs outrages : « Hérode avec ses troupes », de même que « Pilate et Hérode devinrent amis ce même jour » (v. 12). La haine contre Dieu semble, hélas, unir les hommes d’un lien plus puissant que l’amour qu’Il a mis dans le cœur des siens.

Le « vêtement éclatant » (v. 11) dont Hérode a, apparemment, revêtu lui-même le Seigneur Jésus, était porté par ceux qui briguaient une charge publique élevée. Par ce geste, Hérode voulait donc tourner le Seigneur Jésus en dérision et, corroborer l’accusation des Juifs qui avaient déclaré : « Il se dit lui-même être le Christ, un roi ». Or le Seigneur ne « briguait » pas la royauté : Il possédait des prérogatives divines qu’Il ne pouvait renier. Il avait le pouvoir de les revendiquer sans délai, mais Il patientait, et patiente aujourd’hui encore dans sa grâce « jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée » (Rom. 11 : 25). Alors Il reviendra sur cette terre « avec beaucoup de puissance et de gloire » (Luc 21 : 27). Il ne sera plus « celui que la nation abhorre, au serviteur de ceux qui dominent » mais « des rois verront, et se lèveront - des princes, et ils se prosterneront » (Es. 49 : 7). « Voici, mon serviteur agira sagement ; il sera exalté et élevé, et placé très-haut. Comme beaucoup ont été stupéfaits en te voyant,... ainsi il fera tressaillir d’étonnement beaucoup de nations ». S’Il a supporté en silence les moqueries du roi Hérode, alors « des rois fermeront leur bouche en le voyant » (Es. 52 : 13-15). Plus nous nous efforçons de Le suivre, par la foi, dans les profondeurs de son abaissement, plus nous nous réjouissons à la pensée que, bientôt, nous serons, avec tous ses rachetés, les témoins de son glorieux triomphe.

 

D’après  von Kietzell Fritz  – « Messager Evangélique » (1969 p. 197-200)

 

A suivre