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L’activité et les soins du berger

 

« Mon seigneur sait que les enfants sont délicats, et que je suis chargé de menu et de gros bétail qui allaite ; et si on les presse un seul jour, ils mourront - tout le troupeau. Que mon seigneur, je te prie, passe devant son serviteur ; et moi je cheminerai tout doucement au pas de ce bétail qui est devant moi, et au pas des enfants, jusqu’à ce que j’arrive auprès de mon seigneur, à Séhir » (Gen. 33 : 13-14).
            Ces paroles de Jacob, en réponse à son frère Esaü, sont celles d’un berger chevronné qui connaissait bien son métier. Il mentionne la fragilité des enfants et celle du bétail. Bien que ses paroles manquent de franchise, elles contiennent d’utiles instructions pour notre marche.

 

            Le contraste entre le berger et le chasseur

Combien l’appréciation d’un berger comme Jacob diffère de celle d’un « chasseur » (voir Nimrod : Gen. 10 : 9) ! Parmi les bergers mentionnés dans la Bible, nous pensons également à Jephté (Jug. 11), et surtout à David, pris au milieu « des parcs de brebis... pour paître... Israël, son héritage. Et il les fit paître selon l’intégrité de son cœur, et les conduisit par l’intelligence de ses mains » (Ps. 78 : 70-72). L’activité du berger a l’approbation du Seigneur.
            Un chasseur, doué comme l’était Esaü, poursuit sans hésiter toutes les proies à sa portée. Il se montre acharné, peu lui importe les capacités de celle dont il veut faire sa proie ; après tout, qu’elles soient fortes ou faibles est à ses yeux tout à fait secondaire. Comment un homme de cette trempe pourrait-il comprendre les sentiments d’un berger comme Jacob ? Ce dernier, malgré ses défauts, était plein de douceur à l’égard de ses petits enfants, mais aussi de son bétail, et en particulier vis-à-vis des femelles qui allaitaient.
            On trouve des pensées similaires dans la bouche de l’Eternel, quand Il parle avec douceur à la conscience de Jonas. Celui-ci s’est construit une cabane et il est assis à proximité de Ninive. Il caresse l’espoir insensé d’assister finalement à la destruction de la ville. Il l’appelle même de ses vœux, oublieux de la grâce immense dont il vient d’être l’objet (Jon. 4 : 11). L’Eternel montre sa puissance souveraine, et avec une grande bonté, Il fait monter un kikajon pour délivrer son serviteur de sa misère. Pourtant c’était une brebis rebelle. Jonas se réjouit d’une grande joie, mais l’Eternel prépare encore un ver, qui fait sécher le kikajon. La tête de Jonas est frappée par un doux vent d’Orient envoyé par Dieu et le prophète se désespère (4 : 8). L’Eternel lui dit alors avec douceur : « Tu as pitié du kikajon… Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille êtres humains, qui ne savent pas distinguer entre leur droite et leur gauche, et aussi beaucoup de bétail » (4 : 10-11).

 

            Cheminer « doucement » au pas du troupeau

Au cours de sa conversation avec son frère, Jacob lui a dit : « Je cheminerai tout doucement au pas de ce bétail qui est devant moi, et au pas des enfants… » (Gen. 33 : 14). Il faut parfois beaucoup de patience et de support pour s’occuper de certaines brebis qui appartiennent au « troupeau de Dieu ». Mais si nous réalisons un peu les soins dont nous sommes nous-mêmes les objets de la part du grand Berger des brebis, nous serons plus débonnaires et humbles de cœur pour nous approcher d’elles.
            « Conduire » trop vite un troupeau ou prendre des décisions précipitées à son sujet peut être lourd de conséquences pour les plus faibles brebis, encore indécises quant au chemin à suivre dans tel ou tel cas.
            Avec beaucoup de zèle, un « berger » peut se déclarer décidé à agir, en affirmant avec force devant tous qu’il faut se soumettre à la vérité. Certains conducteurs sont très pressés de conclure une affaire qui a pourtant surgi avec la permission divine (Lam. 3 : 37). Le peuple de Dieu se laisse vite influencer ; il écoute parfois trop facilement quelqu’un qui s’arroge la place de conducteur : des décisions contestables sont alors prises hâtivement. En agissant ainsi, on risque de nuire à tout le troupeau et des « divisions » toujours douloureuses peuvent même se produire inopinément.
            Jacob avait récemment rappelé à son beau-père - « un habitant de la terre », égoïste et avare - toutes les épreuves qu’il avait subies, par amour pour Rachel, durant les vingt années passées chez lui (Gen. 29 : 20). Il s’était même efforcé d’apporter continuellement tous les soins désirables au troupeau de son beau-père, alors que d’autres l’auraient volontairement laissé dépérir, animés d’un esprit de vengeance ! Dans le cœur du berger Jacob, il y avait les mêmes dispositions que dans celui de David, quand il disait à Dieu : « Ces brebis, qu’ont-elles fait ? », souhaitant être plutôt frappé à leur place (2 Sam. 24 : 17 ; 1 Chr. 21 : 17).
            Laban ne se souciait aucunement des motifs qui pouvaient pousser Jacob à prendre tant de soins. Il voyait les capacités de son gendre, il appréciait les « résultats » de ses bons soins ; tout cela faisait fort bien son affaire et il n’hésitait donc pas à lui confier la garde de son troupeau (31 : 38-41).

 

            Les soins de Jacob pour le troupeau, image de ceux du bon Berger

Jacob ressemble sur ce point au Seigneur, toujours disposé à rassembler les agneaux et à les porter dans ses bras au moment nécessaire : « Comme un berger il paîtra son troupeau ; par son bras il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira doucement celles qui allaitent » (Es. 40 : 11). Les versets qui précèdent ce « joyau » plein de douceur dans la bouche du Seigneur contiennent une description éloquente de la puissance du « bras de l’Eternel » ; il reste constamment sous le contrôle de son amour parfait. Qui pourrait l’empêcher de nourrir et de consoler son troupeau (Ps. 23) ?
            Jacob avait pour son troupeau un tout autre œil qu’Esaü ! Ce dernier s’intéressait à un animal, s’il voyait en lui une proie « potentielle » ; et les hommes n’avaient sans doute guère plus d’importance à ses yeux. C’était le cas aussi de Diotrèphe (3 Jean 9-10). Malheur à ceux qui entravent ou même simplement « gênent » les projets de tels égoïstes !
            S’occuper avec amour des faibles, des égarés, des malades… (Ezé. 34 : 11-16a), c’est ressembler au Bon Berger qui, dans son merveilleux amour, a donné sa vie pour ses brebis (Jean 10 : 11).
            Certes, dans le troupeau de Dieu, il convient de reconnaître « ceux qui sont à la tête dans le Seigneur », ceux qui nous avertissent, et de les estimer « très haut en amour à cause de leur œuvre » ; toutefois, nous sommes également exhortés à avertir les déréglés, à consoler ceux qui sont découragés, à venir en aide aux faibles et à user de patience envers tous (1 Thes. 5 : 12-14).

Que Dieu veuille attacher nos cœurs au « grand Pasteur des brebis », à Celui qui nourrit son troupeau des biens de sa grâce, afin que nous sachions discerner sa voix et suivre ses directions, comme le faisait Jérémie (17 : 16). Ne nous hâtons pas de cesser d’être un pasteur sous la direction du Seigneur.  Demandons-Lui de nous rendre toujours plus attentifs aux exhortations de sa Parole.

 

Ph. L                                       le 14-02-2014

 

 

            Oui, nos âmes te magnifient, Dieu puissant, Dieu de charité !
                        Et nos cœurs en toi se confient pour le temps et l’éternité.

                        Force et bonté, grâce et puissance s’unissent en Toi pour bénir :
                        Aussi l’Eglise en assurance attend l’éternel avenir.