Le découragement et la détresse d’Elie
Un serviteur puissant qui se tient devant l’Eternel
Les menaces de Jézabel et la fuite d’Elie
Un homme excessivement découragé
Fortifié par les aliments envoyés par Dieu, Elie peut aller jusqu’à Horeb
Le prophète solitaire dans la caverne
La parole de l’Eternel vient sonder le cœur d’Elie
Elie, appelé à se tenir sur la montagne, devant l’Eternel
Une mission est confiée au prophète qui doit retourner « par son chemin »
Et si nous rencontrons des croyants découragés, comme Elie…
La dépression est un mal pernicieux et souvent rebelle qui peut affliger aussi, il faut l’admettre, le chrétien. Tous les éléments sont là, dans le monde dans lequel nous vivons, pour que certains puissent être atteints dans leur esprit par une telle maladie. On trouve dans l’Ecriture des exemples de croyants - Job, Jacob, Elie, David, Jérémie… ou même l’apôtre Paul - qui ont pu connaître des périodes d’abattement, de doute, ou de profond découragement. Mais la Parole de Dieu nous donne aussi des ressources divines, infiniment plus efficaces que les moyens humains.
Les récits des expériences du prophète Elie, dans les chapitres 17 à 19 du premier livre des Rois, peuvent être utiles à considérer en rapport avec le sujet que nous nous proposons d’aborder.
Un serviteur puissant qui se tient devant l’Eternel
Elie le Thishbite, d’entre les habitants de Galaad, au-delà du Jourdain, est d’abord envoyé vers le roi Achab pour lui annoncer un jugement de la part de Dieu : suite à l’état lamentable d’Israël, tombé dans l’idolâtrie, il n’y aura « ces années-ci » ni pluie ni rosée sur le pays, sinon à sa parole. Elie peut affirmer : « L’Eternel, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens, est vivant… » (1 Rois 17 : 1). Plus tard, il parlera de la même manière à Abdias : « L’Eternel des armées, devant qui je me tiens… » (18 : 15). Elie connaissait réellement l’Eternel et agissait en son nom, conduit par son Esprit. C’était le secret de sa force. Dieu honore ceux qui l’honorent (1 Sam. 2 : 30). « Bienheureux l’homme dont la force est en toi, et ceux dans le cœur desquels sont les chemins frayés ! » (Ps. 84 : 5) : c’était le cas pour ce prophète, attentif à la voix divine.
Caché depuis trois ans par l’Eternel, d’abord au torrent du Kérith, puis chez une pauvre veuve à Sarepta, Elie reçoit l’ordre de se présenter à nouveau devant Achab. Il fait face à ce mauvais roi qui sort à sa rencontre, plein de haine. Il lui donne même des ordres qu’Achab s’empresse d’exécuter (v. 16-20).
Puis, sur le mont Carmel, face à 850 faux-prophètes, Elie s’adresse au peuple rassemblé : « Combien de temps hésiterez-vous entre les côtés ? Si l’Eternel est Dieu, suivez-le ; et si c’est Baal, suivez-le ! » (v. 21). Et le peuple ne répond rien ; personne ne sort des rangs pour prendre place aux côtés du prophète de l’Eternel. Alors Elie leur dit : « Je reste, moi seul… » (v. 22). Cette réflexion est peut-être un premier signe du déclin qui va suivre. Il n’est jamais bon d’être occupé de soi : cette pensée fera son chemin dans le cœur du prophète.
Pour l’instant, c’est l’heure de la victoire. Les prophètes de Baal montrent leur incapacité totale. Elie prépare alors minutieusement un holocauste sur un autel de douze pierres - qui rappelle l’unité du peuple aux yeux de Dieu. Il demande à l’Eternel d’envoyer le feu du ciel pour consumer le sacrifice : « Réponds-moi, Eternel, et que ce peuple sache que toi, Eternel, tu es Dieu, et que tu as ramené leur cœur » (v. 37). En réponse en sa demande, le feu tombe et consume entièrement l’holocauste. Tout le peuple se prosterne. Hélas, cette attitude, en présence d’un si grand miracle, sera sans lendemain. Elle ressemble à celle des foules durant le ministère de Jésus. Devant les miracles qu’Il faisait, ils croyaient en son nom. Cependant le Seigneur, qui connaît le cœur de l’homme, « ne se fiait pas à eux » (Jean 2 : 23-25).
Tous les faux prophètes sont aussitôt mis à mort au torrent du Kison. Elie, qui domine cette scène, demande ensuite à Dieu qu’une pluie bienfaisante tombe : elle est envoyée du ciel (Jac. 5 : 18). Mais, témoin lui aussi de cette scène grandiose, Achab ne pense qu’à manger et à boire ! De retour à la maison, il raconte par le menu détail à Jézabel ce qui vient de se passer au Carmel et comment les prophètes idolâtres ont été tous tués.
Les menaces de Jézabel et la fuite d’Elie
Jézabel est furieuse. Elle se déchaîne et envoie un messager à Elie ; elle jure devant ses dieux de mettre, dès le lendemain, l’âme d’Elie comme celle de l’un des faux prophètes défunts (1 Rois 19 : 1-2). Peu d’entre nous ont eu sans doute affaire à une personne aussi diabolique que Jézabel. Cette épouse d’Achab, le roi d’Israël, était impitoyable. Elle poussait son mari à mal faire, et c’est elle qui détenait en fait le pouvoir, « cachée » derrière le trône du faible Achab, devenu un idolâtre à son contact (1 Rois 16 : 31-32). Désormais, il n’était plus qu’un jouet entre les mains de cette Sidonienne, la fille du roi Ethbaal. Chaque fois que Jézabel proférait une menace, comme dans le verset 2 du chapitre 19, chacun savait qu’elle serait suivie d’effet. C’était vraiment une ennemie redoutable et redoutée !
Il faut constater avec tristesse que la conduite d’Elie, après avoir reçu le message de Jézabel, le rend méconnaissable. Le Seigneur avait pourtant gardé jusqu’ici son prophète. Toutefois la Parole précise qu’« Elie était un homme ayant les mêmes penchants que nous » (Jac. 5 : 17). Il était donc sujet, hélas, aux mêmes défaillances. Jusqu’ici il avait été un instrument docile dans la main de son Dieu. Il venait tout juste de triompher, à la gloire de Dieu, de tous les prophètes de Baal. Il s’était confié entièrement dans le Seigneur, qui avait déployé Sa puissance en faveur de son peuple pour le ramener à Lui. Mais le prophète n’est plus maintenant que l’ombre de lui-même ! Découragé, il s’enfuit, craignant pour sa vie. Il passe en Juda, où régnait Josaphat, et laisse son jeune homme à Béer-Shéba. Puis il s’enfonce volontairement, tout seul, dans le désert (1 Rois 19 : 3-4).
Il serait fâcheux de se poser des questions au sujet de la foi d’Elie. Ce serait montrer notre ignorance d’une telle situation. L’homme le plus remarquable est totalement dépourvu dès qu’il est sans autres ressources que les siennes (Prov. 29 : 25). Chers lecteurs, n’avons-nous pas fait parfois partie de ceux qui sont désespérés, excessivement découragés, à la suite de circonstances très douloureuses ou de calomnies si difficiles à supporter ? Si c’est le cas, nous nous sommes probablement souvent posé cette question : Pourquoi ? - ou de façon plus directe : Pourquoi moi ? Dans ces périodes de découragement intense, les consolateurs peuvent s’avérer « fâcheux » (Job 16 : 2). Les croyants concernés par cette épreuve sont déjà troublés dans leur esprit ; ils ne sont pas, la plupart du temps, en mesure de trouver dans l’Ecriture les réponses claires aux doutes qui les assaillent. Leur compréhension spirituelle est devenue floue, leurs pensées errantes, et ils ne savent plus comment retrouver le bon chemin.
Un homme excessivement découragé
Si l’on retrace un peu le parcours d’Elie, on comprend ce qui peut se passer en chacun de nous en traversant des moments très difficiles. La Parole nous présente ce prophète, hier encore plein d’énergie, fidèle et ferme devant l’ennemi (1 Rois 18 : 17-18), et nous le voyons maintenant, après le chemin d’un jour, assis au désert sous un genêt, totalement découragé. Arrivé à telle extrémité, il en vient à demander la mort pour son âme, après s’être enfui par crainte de mourir (v. 4a). N’avons-nous jamais secrètement espéré une telle issue devant l’opposition durable de notre entourage ou l’intensité d’une épreuve, un châtiment qui revenait chaque matin, comme pour Asaph (Ps. 73 : 14) ?
Voici donc un homme - il s’agit ici d’un croyant - qui est subitement sans force et incapable d’agir comme il le faisait si peu de temps auparavant. Il reconnaît devant l’Eternel : « Je ne suis pas meilleur que mes pères » (v. 4b). Cette réflexion n’a rien de surprenant. Ce genre de malade découragé n’a plus en général d’égard pour lui-même. Il s’estime sans valeur, inutile ; il pense qu’il est une lourde charge pour son entourage. Il n’a plus de respect pour sa personne, ou en tout cas ne fait rien pour en conserver.
Elie est visiblement à bout de résistance physique et nerveuse : il se couche, se relève, se recouche encore. Peut-être voudrait-il dormir pour oublier un moment sa condition misérable (v. 5-6 ; Prov. 6 : 10) ? Les personnes déprimées peuvent parfois être sujettes à des périodes d’insomnies, et lorsque le sommeil fuit, c’est une situation extrêmement pénible. Mais toute personne insomniaque n’est pas nécessairement déprimée. Quelqu’un qui vient par exemple de perdre un être très cher peut, sous l’effet du choc, perdre momentanément le sommeil sans être pour autant déprimé.
Certains au contraire dorment, mais ils sont, comme Job, « excédés d’agitation » (Job 7 : 9). Ils souhaitent que la lumière du jour succède à l’obscurité ; pourtant, au réveil, ils éprouvent une grande difficulté à se lever et à reprendre tant soit peu l’activité qui était la leur avant la maladie. Ils éprouvent plutôt le besoin, ou l’envie, au cours de la journée d’aller se coucher sans forcément sommeiller.
Toutefois, Dieu peut se servir parfois de telles situations pénibles pour parler à notre conscience et à notre cœur (Est. 6 : 1 ; Ecc. 8 : 16b).
Fortifié par les aliments envoyés par Dieu, Elie peut aller jusqu’à Horeb
L’Eternel savait que son prophète avait faim et soif. Il lui envoie un ange pour répondre à ses besoins. Il lui apportera à deux reprises de la nourriture. Elie reçoit, par le moyen de cet ange, l’ordre de se lever et de manger. Il obéit, et quelle surprise de trouver à son chevet « un gâteau cuit sur les pierres chaudes, et une cruche d’eau » (v. 6) !
Les personnes atteintes de dépression se négligent en général beaucoup ; elles sont parfois anorexiques, ou, au contraire mangent beaucoup - ce qu’elles font quelquefois en secret. Elles s’estiment abandonnées, oubliées, comme le déclare David dans le Psaume 13. Les « je » et les « moi » abondent dans les premiers versets de ce psaume. Mais, pour la personne déprimée, il est souvent impossible d’agir autrement ; c’est l’une des caractéristiques de la maladie.
Quelle bonté du Seigneur à l’égard de son serviteur près de défaillir ! Il était parti, sans penser apparemment à sa subsistance. Cependant, après avoir mangé, Elie se recouche. Alors l’ange revient et lui dit à nouveau : « Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi » (v. 7). Elie obéit et cette fois il ira, ô merveille ! avec la force de ces aliments, quarante jours et quarante nuits, jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu (v. 8). L’Eternel veut lui redonner la force de marcher. C’est aussi son intention d’amour envers ceux qui restent couchés, sans force (voir Dan. 10 : 11).
Prenez courage, amis dans la détresse ! Jésus veille constamment sur chacune de ses brebis. Il a commencé dans sa grâce un travail dans votre cœur. Il l’achèvera (Phil. 1 : 6). La restauration sera complète. Confiez-vous en Lui sans réserve et obéissez à son appel.
Tous ces soins rappellent la manne et l’eau du rocher fournis chaque jour au désert, pendant quarante ans, au peuple de Dieu. Il avait dû vivre dans ce lieu aride, suite à son incrédulité (Ex. 16 et 17). Les ressources divines qui convenaient au lieu où ils se trouvaient n’ont cessé qu’à leur arrivée en Canaan. Là, d’autres aliments les attendaient, en particulier le « vieux blé du pays » - un autre aspect de Christ. Il en va de même pour les chrétiens : « De sa grâce journalière, nous éprouvons les soins touchants », dit un cantique.
On se souvient également que le Seigneur ressuscité a préparé lui-même, avec amour, un repas chaud au bord de la mer de Galilée, pour accueillir et restaurer ses disciples transis et fatigués. Ils étaient repartis exercer leur ancien métier, au lieu de L’attendre. Ces pécheurs expérimentés n’avaient d’ailleurs pris aucun poisson ; ils avaient suivi un chemin de propre volonté où il n’y avait pas de bénédiction possible (Jean 21 : 3-9).
Le prophète solitaire dans la caverne
En arrivant à Horeb - ce lieu où la Loi avait été donnée -, Elie se réfugie dans une caverne. Ce lieu obscur convenait aux « pensées » qui le hantaient (v. 9). Si quelqu’un est déprimé, il cherche souvent à s’enfermer dans son « petit univers » où il ressasse ses pensées lugubres et négatives. Quand son état s’améliore, il lui faut encore un certain temps pour voir « le bout du tunnel ».
Elie se croit solitaire : « Je reste, moi seul » (18 : 22 ; 19 : 10, 14). Il semble avoir perdu tout espoir d’un changement heureux. Pour lui, pense-t-il, tout est fini ! Il se voit poursuivi, en danger de mort : « Ils cherchent ma vie pour me l’ôter » (v. 10). Il vient d’avoir une grande déception ; il a cru que le peuple allait revenir de tout son cœur à l’Eternel. L’espoir de parvenir à ce but l’avait longtemps soutenu dans son service. Il est convaincu d’être le point de mire de nombreux ennemis. Il y voit la conséquence pénible de son travail pour Dieu.
En effet, un témoin fidèle du Seigneur peut se sentir seul alors qu’il s’efforce de suivre, malgré ses infirmités personnelles, le chemin avec son Seigneur. Incompris de ses frères, il peut être de surcroît persécuté par des incrédules. Son Maître a connu de façon extrême toutes ces souffrances. Mais, Homme parfait, Il s’est fortifié en se confiant dans son Dieu et Père. Fixons nos yeux sur Lui et suivons son exemple !
Si, au contraire, on nourrit de telles craintes dans son cœur, elles peuvent amener, même pour une personne pieuse, à des pensées de suicide, en contradiction absolue avec l’Ecriture. Job en était venu à dire : « Mon âme est dégoûtée de ma vie… Je parlerai dans l’amertume de mon âme » (Job. 10 : 1). Dans ces conditions, ses paroles - il le reconnaît - étaient « outrées » (6 : 3).
Nous pensons à juste titre aux besoins spirituels de notre prochain, ils sont essentiels. L’état de l’âme de celui dont nous nous approchons doit nous tenir grandement à cœur. Elie devait, lui aussi, retrouver la paix de Dieu ; elle surpasse toute intelligence et apporte le calme que l’on goûte seulement dans la présence divine. Nos cœurs et nos pensées sont ainsi gardés dans le Christ Jésus (Phil. 4 : 7).
Mais ne négligeons pas de répondre aux besoins physiques, avant d’aborder, avec celui qui nous est cher, les questions d’ordre spirituel. Une personne peut manquer du nécessaire, être affamée ou dans un état de fatigue extrême - c’était justement le cas d’Elie. Il faut commencer par y répondre : c’est l’enseignement de l’Ecriture (Jac. 2 : 15-16) et c’était la manière d’agir du Seigneur.
La parole de l’Eternel vient sonder le cœur d’Elie
Dans cette caverne, le prophète entend la voix de l’Eternel lui poser une question importante. Il la répétera deux fois : « Que fais-tu ici, Elie ? » (v. 10, 13). Ce point devait d’abord être précisé. Il doit l’être pour chacun de nous : discernons ce qui nous a conduits jusqu’ici !
Elie venait de délaisser le peuple de Dieu. Très dépendant jusqu’ici, il avait subitement, de son propre chef, quitté le champ d’activité que le Seigneur lui avait dévolu. Il se considérait désormais « inapte » à tout service. Il va apprendre que le contraire aura lieu, au moment de sa restauration. Il cherche ici à se disculper, à rejeter la faute sur les autres - une habitude qui peut parfois s’accentuer au cours d’un découragement ou d’une détresse.
Le prophète « fait requête à Dieu contre Israël » (Rom. 11 : 2) et trahit ainsi sa fausse position : il est le seul prophète semble-t-il, à avoir agi de la sorte. Moïse, au même endroit, avait intercédé pour le peuple (Ex. 32 : 11 ; Rom. 8 : 34). Les paroles accusatrices, répétées deux fois par Elie devant Dieu (v. 10, 14), montrent l’agitation de son esprit. Il manque présentement de discernement pour juger sainement de la situation.
Cependant, « comme un père a compassion de ses fils, l’Eternel a compassion de ceux qui le craignent. Car il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière » (Ps. 103 : 13-14). Dieu connaissait tout d’Elie, en dépit de sa question qu’Il lui pose pour parler à sa conscience (Ps. 139 : 3). Il aurait pu lui adresser aussitôt des reproches mérités. Mais sa fidélité est grande envers la troupe de ses affligés. C’est pourquoi, je me confierai en Lui, ajoute Jérémie (Lam. 3 : 22-24 ; Ezé. 34 : 12-16).
Quel autre voudrait,
Quel autre pourrait,
Me voyant gémir,
Me tirer d’angoisse
Et me secourir ?
Elie, appelé à se tenir sur la montagne, devant l’Eternel
Elie, invité à sortir de la caverne, se tient maintenant sur la montagne, devant Dieu (v.11). L’Eternel passe, précédé d’un grand vent impétueux, déchirant les rochers. Mais Il n’est ni dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, qui suivent - symboles de Sa puissance et de Ses jugements (v. 11-12).
« Et après le feu, une voix douce, subtile » (v. 12). C’est en l’entendant qu’Elie enveloppe son visage dans son manteau et sort à l’entrée de la caverne. Et cette voix lui parle (v. 13). « Nous connaissons ta douce voix, Jésus Berger fidèle », chantons-nous dans un cantique. Chacune de ses brebis la connaît bien, et quand elle est malade ou découragée, elle aime particulièrement l’entendre car elle est « douce et subtile » (Jean 10 : 27 ; Osée 2 : 14). Elle vient calmer l’esprit troublé d’Elie, le rassurer en lui faisant part de ses plans souverains vis-à-vis d’Israël.
Agissons-nous avec sagesse vis-à-vis de celui qui a un grand besoin de « vider » son cœur ? Peut-il être sûr de notre discrétion ? Si quelqu’un a besoin de mettre sa vie en accord avec la volonté de Dieu, aidons-le avec le concours indispensable du Seigneur.
Dieu parle à son serviteur de cet avenir qui lui paraît si sombre. Il lui révèle ses plans souverains vis-à-vis d’Israël et du monde environnant. Il parle d’aller oindre Jéhu, fils de Nimshi, pour qu’il soit roi sur Israël » (v.16). Il lui fait ainsi part du « conseil » réservé à ceux qui le craignent (Ps. 25 : 14).
Si l’on cherche à réconforter un enfant de Dieu, dans un état de découragement comparable à celui d’Elie, parlons de la souveraineté de Dieu. Il est Celui qui donne un roi dans sa colère et qui l’ôte dans sa fureur (Osée 13 : 11). Tous ses conseils sont la fermeté même. Elie craignait pour sa vie ; il savait qu’Achab et sa femme Jézabel cherchaient à le tuer. Mais l’Eternel avait décidé que ce méchant couple vivrait désormais dans la peur, ayant appris l’onction de leur successeur. L’heure de leur mort s’approchait rapidement. Celle d’Achab précéderait même l’enlèvement d’Elie au ciel dans un char de feu, sans passer par la mort !
Il est très utile de réfléchir aux voies de Dieu à l’égard d’autres serviteurs qui fortement éprouvés, ont connu des moments très difficiles - mais toujours limités par le Seigneur. Pensons par exemple à Job : L’Eternel a permis pour lui une longue épreuve. Il se sert de Satan, en lui fixant avec précision les bornes de son activité pernicieuse. Job a beaucoup souffert ; il gardait toutefois, malgré des moments de grand découragement, l’assurance que Dieu connaissait la voie qu’il suivait. Il pensait : « Je sortirai comme de l’or » (Job 23 : 10). Chacun de nos frères ou sœurs découragés serre-t-il dans son cœur l’assurance que Dieu agit à notre égard selon sa miséricorde, et nous fera, après l’épreuve, « du bien à la fin » (Deut. 8 : 16) ? Job a dû supporter avec patience des « consolateurs fâcheux » - ils sont nombreux ! Ils affirmaient que le patriarche était certainement sous le coup d’un juste jugement de la part de Dieu, d’une punition infligée suite à des fautes ignorées jusqu’ici. A la fin de cette longue discipline, Job a beaucoup appris : « Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu : c’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 42 : 5-6). Dieu bénira la fin de Job : il recevra de Sa part plus qu’il n’avait perdu au début de cette épreuve. Son intimité avec Dieu a grandi. C’est au moment où l’on touche à la fin de nos ressources que Dieu montre sa puissance et son amour.
Une mission est confiée au prophète qui doit retourner « par son chemin »
Comment Dieu assure-t-il la succession de l’un de ses serviteurs ? Là encore, Il agit de façon souveraine. L’Eternel révèle à Elie le nom de celui qui va lui succéder. Il l’associe à son choix : en effet, c’est Elie qui ira oindre Elisée, le fils de Shaphath, d’Abel-Mehola (v.16).
Elisée était loin d’être un paresseux : Elie le trouve au travail dans les champs, accomplissant courageusement sa tâche journalière. Mais il est immédiatement prêt à tout abandonner pour servir Dieu (v. 20). Cette attitude montre un réel attachement au Seigneur ; cet exemple pouvait redonner du courage à Elie - et à beaucoup d’autres serviteurs qui ont vieilli sous le harnais.
Elie s’était trompé en déclarant : « Je suis resté, moi seul ». Outre les cent prophètes cachés par Abdias pour faire échec aux desseins sanguinaires de Jézabel, sept mille hommes en Israël n’avaient pas plié le genou devant Baal !
Avant de repartir, Elie connaît donc son successeur : les choses ne sont pas si désespérées qu’il l’avait cru. Nous pouvons être parfois perplexes, mais nous ne sommes pas sans ressources. « Tout don parfait descend d’en haut, du Père des lumières, en qui il n’y a pas de variation ni d'ombre de changement » (Jac. 1 : 17). Il ne faut pas se hâter, à l’instar de Jérémie, de cesser d’être pasteur, en suivant le Seigneur (Jér. 17 : 16). Jérémie a été parfois tout près du désespoir, mais Dieu lui a toujours envoyé du secours, même quand il a été jeté dans une fosse boueuse par de méchants hommes. Ce secours peut surgir, comme dans ce cas-là, d’une façon très insolite. Ebed-Mélec, l’Ethiopien le fera remonter de la fosse (Jér. 38 : 6-13). Toutes choses servent le Seigneur (Ps. 119 : 91).
Nous avons parfois très peu de patience pour sympathiser avec nos frères accablés par diverses tribulations. Dieu n’a pas encore jugé bon peut-être de nous faire passer par les « grandes eaux » (Ps. 18 : 16). Et nous sommes naturellement, hélas, égocentriques. Souvent, à notre honte, nous cessons rapidement d’aider notre frère ou notre sœur découragé et malheureux. Ce ne sont pas des visites rapides « de politesse » dont ils ont besoin. Apprenons du Seigneur à prendre le temps nécessaire - ce précieux temps limité, et souvent gaspillé par ailleurs. Demandons-lui de nous donner plus d’équilibre et de mettre d’abord notre temps à son service : il est prioritaire !
Contemplons la manière d’agir de notre Seigneur : Il écoute patiemment Elie qui se répète. Ces « répétitions » font ressortir les pensées qui obsèdent un esprit ; elles nous aident à « comprendre », puis à sympathiser utilement. Dieu parle ensuite avec bonté à Elie de la mission qu’Il a encore l’intention de lui confier, après avoir oint son successeur, Elisée. Ils travailleront ensemble sept ans avant l’enlèvement d’Elie. Ce seront des moments bénis pour l’un et pour l’autre ; la peine d’Elisée, au moment du départ d’Elie, le montre bien.
Les « onctions » que Dieu confie à son serviteur Elie rappellent la souveraineté du Seigneur. Personne ne peut lui dire : « Que fais-tu ? ». A Pierre aussi, avant son reniement, le Seigneur dit : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas » - et pour l’aider à surmonter son désespoir à ce moment-là, il lui confie déjà un service : « Quand tu seras revenu, fortifie tes frères » (Luc 22 : 32). Quel paradoxe apparent ! Fortifier ses frères, après être tombé si bas soi-même ? Job aussi, à la fin, a été utile à ses frères : il a pu prier pour eux - après avoir appris d’abord à « se connaître » ! (Job 42 : 7-10).
Et si nous rencontrons des croyants découragés, comme Elie…
Si le Seigneur nous aide à discerner qu’un enfant de Dieu est accablé, à cause peut-être de la longueur de son épreuve, prenons-le, si possible, à l’écart. Il a besoin d’un peu de repos. Soyons, avec le secours du Seigneur, disposés à « l’écouter » et à sympathiser - c’est-à-dire à souffrir avec lui. Il se peut qu’il répète souvent les mêmes choses : c’est chez lui, pour l’instant, une véritable litanie ! Il avait besoin de déverser ce qui encombrait son cœur, depuis longtemps peut-être. Laissons-lui le temps nécessaire pour exprimer ses plaintes. Il insistera probablement sur le caractère « insupportable » de son épreuve : elle a ce caractère à ses yeux. Montrons-lui ensuite, avec patience, tout ce que le Seigneur a souffert pour le racheter. Ne veut-Il pas encore manifester pour lui - et pour chacun de nous - le même amour immuable ?
Si mon frère (ou ma sœur) commence à reprendre courage, le moment est venu de lui rappeler que, dans sa bonté, Jésus lui confie une œuvre utile et bénie, jusqu’à Son retour. Il se sert dans sa grâce de « serviteurs » qui ont reconnu leur inutilité (Luc 17 : 10). Ce frère et cette sœur reçoivent du Seigneur l’assurance qu’ils sont laissés encore sur la terre, avec un but précis, connu de leur Maître seul. Chacun des siens se voit confier un témoignage à rendre. Il a le caractère d’une « lampe » au milieu des ténèbres morales d’un monde qui a rejeté Christ.
Chers lecteurs, la manière si remarquable dont Dieu s’est occupé d’Elie n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Nos amis croyants qui ont connu de telles afflictions peuvent en rendre témoignage : le bon Berger choisit les remèdes convenables pour traiter et guérir chaque cas ! Il les applique avec toute la douceur convenable et au bon moment. Restons en communion avec Lui. Il pourra se servir de nous au moment opportun pour aider une âme dans un moment de difficulté. Appliquons-nous à le faire avec tout le soin désirable, sans négliger la prière.
Si des âmes en détresse sont encore dans leurs fautes et leurs péchés - sans Dieu et sans espérance dans ce monde -, elles sont encore plus à plaindre. Ne gardons pas égoïstement le trésor qui nous a été confié. Cherchons à gagner leur confiance et à les amener au bon Berger : c’est de Lui seul que nous avons tous un grand besoin. Dans leur solitude morale, elles ont le vide au cœur et elles sont souvent hantées par la pensée de la mort. Satan les retient en esclavage durant toute leur vie, en se servant de cette crainte (Héb. 2 : 15). Elles doivent lui être arrachées. Rappelons un cantique, à ce sujet, à un lecteur qui, peut-être, serait encore incroyant :
Possèdes-tu, dès aujourd’hui la vive et joyeuse espérance ?
As-tu trouvé, plein d’assurance, près de Jésus, un ferme appui ?
Pour moi, j’ai mon Sauveur, Il suffit à mon cœur.
Quand ton esprit est abattu, quand ta folle gaieté s’envole,
Quelle voix alors te console ? Et pour ami qui donc as-tu ?
Pour moi, j’ai mon Sauveur, Il suffit à mon cœur.
De ton présent, de ton passé, quand tu sens la triste folie,
Quand tu prends en dégoût la vie, qui soutient ton cœur oppressé ?
Pour moi, j’ai mon Sauveur, Il suffit à mon cœur.
Oh ! Si tu pouvais dans les bras de Jésus prendre place !
Si tu voulais saisir Sa grâce ! Ami, vient à Lui, tu vivras.
Pour moi, j’ai mon Sauveur, Il suffit à mon cœur
Pour moi, j’ai mon Sauveur, heureux qui contemple sa face !
Chaque découragement, chaque profonde détresse, a sans doute une origine très différente. Il peut être consécutif à des difficultés d’ordre professionnel ou familial, à la suite également d’un conflit entre des frères et des sœurs en Christ. On peut également avoir été fortement découragé à la suite d’épreuves successives ou à cause d’un état de santé fragilisé.
Il peut surgir dans un cœur si un péché n’a pas été jugé : il doit alors l’être sans tarder.
Mais on peut aussi rencontrer quelqu’un qui est habité par l’idée que s’il est déprimé, c’est qu’il a nécessairement péché - surtout si une personne le lui dit et s’il a une âme scrupuleuse -, alors qu’en réalité il traverse un profond découragement ou une détresse, ou encore une maladie psychique.
Il est toujours triste et douloureux pour une âme croyante qui traverse une dépression d’être à certains moments incapable de jouir de la communion avec son Seigneur. Elle peut même être retenue de prier, quand son esprit est trop abattu. Elle peut toutefois s’appuyer fermement sur le Rocher inébranlable : c’est une Personne, et Christ, ce divin Rocher, nous porte lorsque nous ne pouvons plus avancer.
Ne méprisons pas le soulagement que le Seigneur permet par le moyen des médecins. Il se peut également que Dieu veuille bien utiliser l’un des siens en faveur de celui qui traverse de telles douleurs morales. Comme dans tout service, le serviteur n’est rien qu’un instrument que le Seigneur se plaît à utiliser dans Sa grâce pour faire du bien aux siens. Il faut de l’humilité et une grande dépendance à celui dont Dieu se sert - quand Il se plaît à agir par son moyen comme « l’Eternel qui te guérit » (Ex. 15 : 26).
Que le Saint Esprit qui habite en nous, croyants, nous aide à agir, à être prêts à secourir une personne en détresse et à agir avec amour envers elle.
Ph. L Le 30-01-2014
Il donne une plus grande grâce au moment où les fardeaux deviennent plus lourds,
Il envoie une plus grande force quand le travail devient plus pesant,
Devant une plus grande affliction, Il multiplie les effets de Sa grâce,
Et si les épreuves sont plus nombreuses, Il augmente Sa paix !
Traduit de l’anglais
A lire sur www.bibliquest.org (sujet : Maladie) le témoignage d’un croyant : « Le chrétien atteint par la dépression »