LE LIVRE DES JUGES (21)
CHAPITRE 21
La corruption morale en Israël. Les fruits de la discipline
L'arche à Béthel et l'autel à Silo
RESUME DU LIVRE DES JUGES
L’Ange de l’Eternel à Bokim : Ch. 1-2
Les douze juges et leur appel : Ch. 3-16
Les quatre juges qui parlent de Christ
Les ennemis du peuple de Dieu
Les juges au milieu du peuple dans son déclin
Le tableau moral de l’état du peuple : Ch. 17-21
Conclusion
La corruption morale en Israël. Les fruits de la discipline
Le livre des Juges se termine sur le relèvement du peuple après l’affaire de Guibha, et la réintégration de la tribu de Benjamin, par les efforts actifs de la grâce.
• Israël à Mitspa et à Béthel : v. 1-4
Le premier fruit de la discipline est le refus de toute alliance avec le mal ; aucun mariage n’était plus possible avec Benjamin.
Mais la sévérité à l’égard du mal n’empêche pas les affections du cœur pour tout le peuple de Dieu. Montant à Béthel pour la troisième fois, Israël se tient devant l’Eternel, et pleure longuement et amèrement le deuil d’une tribu perdue. Dans la pensée de Dieu, l’unité de son peuple était toujours la même, symbolisée par les douze pains sur la table, et les douze pierres sur le pectoral du souverain sacrificateur. Mais, pour la première fois depuis le début de cette terrible affaire, Israël prend enfin conscience d’avoir déshonoré Dieu en portant atteinte à l’intégrité de son peuple.
Lorsque le peuple a perdu son unité extérieure (heureusement de façon momentanée) par sa propre faute, il la désire ardemment dans son cœur ; les conditions morales sont alors remplies pour qu’Israël bâtisse un autel à l’Eternel pour lui présenter des holocaustes et des sacrifices de prospérités (v. 4). Les voies de Dieu sont un paradoxe pour l’esprit humain. Au matin de ce jour, le peuple est donc à nouveau occupé au service de l’adoration, comme avant le combat contre Benjamin.
• Le jugement de Jabès de Galaad et le pardon pour Benjamin : v. 5-14
Les habitants de Jabès de Galaad n’étaient pas montés vers l’Eternel à Mitspa avec leurs frères. C’était un mépris coupable des intérêts du peuple de Dieu. On notera combien l’amour du monde (Jabès de Galaad était au-delà du Jourdain, en dehors de l’héritage de Dieu) émousse l’intelligence spirituelle et l’énergie pour les intérêts de Jésus Christ.
Le juste jugement de Jabès devient l’occasion de manifester la miséricorde à l’égard de Benjamin. Quatre cents jeunes filles épargnées du jugement deviennent les épouses des réchappés du rocher de Rimmon (v. 13-14).
• L’amour en activité à Silo
L’amour suggère un moyen de poursuivre l’aide au résidu de Benjamin, sans renier les engagements pris devant Dieu. A l’occasion d’une fête à l’Eternel à Silo, le peuple accepte de se laisser ravir des femmes pour rebâtir les maisons de leur frère Benjamin. Le peuple tout entier s’identifie avec lui maintenant : « Usez de grâce envers nous… » (v. 22). Quelle immense différence avec son attitude avant la discipline : « Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de vous ? » (20 : 12). C’était une leçon durement apprise que celle de l’unité pratique du peuple de Dieu, dans ses bénédictions comme dans ses responsabilités, en conséquence de sa conduite.
Toutes les tribus retournent alors dans leurs possessions (v. 24)
• Conclusion : v. 25
Cette longue parenthèse (ch. 19-21) qui dévoile l’état moral du peuple se termine par la même déclaration que celle qui l’a introduite : « En ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël ; chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (v. 25).
Cette période de la vie d’Israël est donc l’histoire du désastre moral intérieur d’un peuple qui a abandonné Dieu pour suivre ses propres pensées. Dieu se sert des ennemis du dedans (à l’intérieur du pays) et même du peuple lui-même pour le châtier et le relever. Pourtant, Dieu n’a pas encore abandonné son peuple, ni sa demeure au milieu de lui. Plus tard, dans l’histoire de la royauté, Israël sera livré aux ennemis du dehors, puis finalement déporté à Babylone.
L'arche à Béthel et l'autel à Silo
La pensée de Dieu à l’égard de son peuple Israël était d’en faire une nation de sacrificateurs et d’adorateurs : « J’ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange » (Es. 43 : 21). Ainsi, le peuple, appelé hors d’Egypte pour servir Dieu (Ex. 4 : 23), était planté dans la terre d’Emmanuel pour lui rendre culte. A la montagne d’Ebal, Josué en avait rendu témoignage (Jos. 8 : 30, 33).
Dieu habitait au milieu de son peuple dans le tabernacle et l’arche de l’alliance (dans le lieu très-saint) était le siège de son autorité. Le service divin (Rom. 9 : 4) y était rendu à l’autel. Le tabernacle est aussi le symbole de l’assemblée chrétienne sur la terre, et l’arche le plus beau type de Christ et de son œuvre ; l’autel est le lieu de l’adoration.
Or, qu’était-il arrivé ?
Le premier péché du peuple, qui entraîne tous les autres, était en rapport avec « tout ce qui concerne Dieu » (Héb. 5 : 1).
Lors de la conquête du pays, la tente d’assignation (le tabernacle, lieu de rencontre avec Dieu) avait été transportée de Guilgal à Silo (au nord de Béthel), par Josué, en présence d’Eléazar (Jos. 18 : 1 ; 19 : 51). Là était le centre de rassemblement du peuple.
Silo (ou Shilo, qui signifie la paix) est un nom appliqué prophétiquement à Christ (Gen. 49 : 10), le « Seigneur de paix » (2 Thes. 3 : 16). Pour les chrétiens, ce lieu figure le repos et l’adoration dans la présence de Christ après les combats. Silo a été la demeure de Dieu au milieu de son peuple (Ps. 78 : 60), pendant tout le temps des Juges, jusqu’à la royauté en Israël. Alors, le tabernacle a été dressé à Gabaon (1 Chr. 21 : 29), puis transporté à Jérusalem (2 Chr. 5 : 5), selon la pensée de Dieu (Ex. 15 : 17 ; Ps. 132 : 13-14). Là, il sera ensuite remplacé par le temple.
Dans l’intervalle, l’arche semble bien être restée seule à Béthel (20 : 27). Elle ne retrouve momentanément sa place dans le tabernacle à Silo qu’au début de la vie de Samuel (1 Sam. 3 : 3 ; 4 : 3-4), avant d’être prise par les Philistins. Comment le peuple pouvait-il espérer prospérer, dès lors que le tabernacle et l’arche étaient ainsi séparés ? Cette grave lacune est révélée au moment même où l’Esprit dévoile l’état moral du peuple. N’est-ce pas la cause profonde de tout le mal ?
Bien plus tard, Jérémie en reparlera au peuple de la part de Dieu : « Allez à mon lieu qui était à Silo, où j’ai fait demeurer mon nom au commencement, et regardez ce que je lui ai fait, à cause de l’iniquité de mon peuple Israël » (Jér. 7 : 12 ; 26 : 6).
Combien de fois ressemblons-nous au peuple d’Israël qui mettait sa confiance « en des paroles de mensonge, disant : C’est ici le temple de l’Eternel, le temple de l’Eternel, le temple de l’Eternel » (Jér. 7 : 4).
C’est la présence de Christ que nous devons rechercher à tout prix et en toute circonstance. Gardons cette pensée sur nos cœurs, comme conclusion de ce livre si triste, mais si instructif.
L’histoire détaillée du peuple de Dieu au temps des Juges (ch. 3-16) est précédée par l’exposé de l’état du peuple, son déclin et sa ruine (ch. 1, 2) ; elle est complétée par un tableau de l’état moral d’Israël : idolâtrie, violence et corruption.
L’Ange de l’Eternel à Bokim : Ch. 1-2
Après la mort de Josué, le peuple ayant abandonné Guilgal (figure du jugement de la chair en nous, croyants), rencontre l’Ange de l’Eternel à Bokim (le lieu des pleurs). Aucune nouvelle conquête du pays n’est rapportée. Israël est confronté à des ennemis, que Dieu laisse subsister au milieu de lui pour le châtier et l’éprouver, selon trois critères :
- marcher dans les sentiers anciens de leurs pères,
- que chaque nouvelle génération apprenne à accepter les combats contre les ennemis, et,
- s’attacher à la Parole de Dieu.
Quelques traits remarquables de l’histoire des douze juges méritent d’être rappelés.
Les douze juges et leur appel : Ch. 3-16
– 1. Othniel est un sauveur suscité par l’Eternel ; l’Esprit de l’Eternel est sur lui et il juge Israël (3 : 9-10),
– 2. Ehud est un sauveur suscité par l’Eternel (3 : 15),
– 3. Shamgar sauve Israël (3 : 31),
– 4. Débora, prophétesse, juge Israël (4 : 4) et appelle Barak de la part de l’Eternel (4 : 6),
– 5. Gédéon est appelé et envoyé par l’Eternel (6 : 14),
– 6. Thola se lève pour sauver Israël (10 : 1),
– 7. Jaïr se lève pour juger Israël (10 : 3),
– 8. Jephté, chassé par ses frères (11 : 3), est rappelé par eux (11 : 6),
– 9. Ibtsan juge Israël (12 : 8),
– 10. Elon juge Israël (12 : 11),
– 11. Abdon juge Israël (12 : 13)
– 12. Samson, nazaréen avant sa naissance (13 : 5), est poussé par l’Esprit de l’Eternel (13 : 25).
Les quatre juges qui parlent de Christ
Gédéon, Barak, Samson et Jephté sont nommés dans la lignée des hommes de foi (Héb. 11 : 32). Pour chacun d’eux, un trait moral ou une circonstance parle à nos cœurs de Christ.
– Gédéon présente, devant l’Ange de Dieu qui lui rendait visite, l’offrande consumée par le feu sur le rocher (6 : 20-21). Le rocher n’est-il pas le Christ, comme aussi le sacrifice, dont la bonne odeur s’élève vers Dieu sous le feu du jugement ?
– Barak (et non pas Débora) emmène captifs ses captifs (5 : 12). La même expression est employée pour Christ (Ps. 68 : 18 ; Eph. 4 : 8). Christ vainqueur et ressuscité, vu en figure en Barak, est monté au ciel et donne des dons aux hommes.
– Samson, dans sa soif ardente, crie à l’Eternel, qui frappe pour lui le rocher d’où s’écoule l’eau vivifiante qui sauve la vie du juge (15 : 19). Là encore, Christ est le rocher, source des eaux de la vie éternelle. Puis Samson saisit les battants de la porte de la ville pour les porter en face de Hébron (16 : 3). Christ a vaincu la puissance de Satan et de la mort.
– Jephté est chassé par ses frères à Tob, comme un étranger (11 : 3). Il revient plus tard comme un libérateur. Christ, rejeté comme autrefois Joseph et Moïse, et maintenant comme Jephté, est venu pour sauver son peuple de leurs péchés (Matt. 1 : 21).
Israël est plusieurs fois livré par Dieu à ses ennemis, comme châtiment à cause de ses infidélités (l’idolâtrie en particulier). Alors, l’Eternel envoie un juge pour délivrer son peuple. Il est très instructif de suivre la sagesse de Dieu qui choisit les instruments de son jugement d’une manière adaptée à l’état de son peuple.
– Les Araméens ou Syriens (3 : 8). Ce sont des ennemis venus de l’extérieur, du pays d’origine d’Israël. Ils symbolisent la corruption religieuse.
– Moab (3 : 12-13), avec les fils d’Ammon et Amalek (descendants d’Esaü, frère de Jacob). Ces trois nations, liées autrefois à Israël par les liens du sang, étaient devenues ses ennemis implacables. Ensemble, elles sont pour nous, chrétiens, le symbole de l’opposition de Satan et de la puissance du mal au peuple de Dieu.
Ces deux groupes d’ennemis habitaient en dehors du territoire d’Israël. En gardant ses frontières, et notamment les gués du Jourdain, le peuple était en sécurité. La leçon est simple et importante pour le chrétien : le jugement de soi-même (symbolisé par le Jourdain et Guilgal) nous préserve du monde religieux et des attaques de nos ennemis spirituels.
– Canaan (4 : 3). Les ennemis habitent maintenant au milieu du peuple, et le dépouillent de ses armes. Pour nous chrétiens, le combat est toujours d’ordre spirituel.
– Madian, avec Amalek et les fils de l’Orient (6 : 1). Madian est souvent associé à Moab dans les combats contre Israël. Ces ennemis, établis en force dans le pays, apportent l’esclavage, la famine et la misère.
– Les Philistins. Nommés aux jours de Shamgar (3 : 31), ils ont joué un rôle de plus en plus grand dans la misère du peuple. Au temps de Samson, puis de Samuel, ils dominent même sur Israël (15 : 11, 20). Ils sont aussi l’image de la chair dans le chrétien, son plus constant ennemi. Collectivement, les Philistins parlent du danger de la profession sans vie au milieu de la chrétienté.
Les juges au milieu du peuple dans son déclin
Les trois premiers juges (Othniel, Ehud et Shamgar) agissent personnellement pour le bien du peuple, sans son intervention. C’est un privilège pour un serviteur du Seigneur de travailler de la part de son maître pour le bien des saints.
Plus tard, Barak (avec Débora) et Gédéon sont associés à Israël, qui participe maintenant aux combats. Un peuple de bonne volonté (5 : 11), en grand nombre (trente-deux mille hommes : 7 : 3) répond à l’appel de ces deux juges.
Après la triste parenthèse d’Abimélec (qui n’est pas appelé un juge), Israël a connu paix et prospérité aux jours de Thola et de Jaïr.
Jephté n’est pas appelé par Dieu directement ; mais, conduit par l’Esprit de Dieu, il a été un instrument de délivrance. Néanmoins, la guerre civile a ravagé le peuple, sans toutefois briser encore son unité. Aux jours d’Ibtsan, Elon et Abdon, Israël a connu la tranquillité, avant la venue du dernier juge, Samson. Son appel par Dieu est le plus remarquable et le plus touchant ; mais son histoire est la plus triste, au milieu d’un « peuple… ravagé » (Es. 18 : 7), subjugué par ses ennemis. Non seulement personne ne s’associe à Samson dans les combats (il est entièrement seul), mais les hommes de Juda se tournent même contre lui pour le livrer aux Philistins. La mort de Samson termine la longue histoire des douze juges d’Israël, solennelle et instructive (16 : 31). Barak avait vaincu les ennemis ; Samson est maintenant vaincu par les Philistins et tombe entre leurs mains. Samson en prison ne chante pas comme Débora, mais implore en demandant d’être vengé. Quel changement ! La seule ressource de la foi est de s’attacher à l’Eternel « qui, dans notre bas état, s’est souvenu de nous, car sa bonté demeure à toujours » (Ps. 136 : 23).
Le tableau moral de l’état du peuple : Ch. 17-21
Les récits qui terminent le livre ne suivent pas l’ordre chronologique. L’idolâtrie et la violence sont signalées dans les tribus d’Ephraïm et de Dan, comme exemple de l’état général du peuple. Jonathan, petit-fils de Moïse, encourage l’adoration des idoles.
L’immoralité de Guibha de Benjamin dévoile l’état moral d’Israël, peu de temps après la mort de Josué (Phinées, fils d’Eléazar, petit-fils d’Aaron, était encore en vie).
En résumé, l’iniquité prévalait, et « chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (17 : 6 ; 21 : 25). L’histoire si touchante de Ruth, rattachée à celle des Juges, montre toutefois que la grâce de Dieu surabonde, là où le péché de l’homme abonde.
Dieu a supporté son peuple avec une admirable patience : sa sainteté et sa justice exigeaient de le châtier toutes les fois que cela était nécessaire ; mais son amour demeurait immuable : « Son âme fut en peine de la misère d’Israël » (10 : 16). Au temps des Juges, le peuple n’a pas connu de délivrances durables et son état a constamment décliné, jusqu’aux jours de Samuel (le dernier juge) où l’arche de Dieu est prise et tout est perdu, à vue humaine. Alors, la grâce divine intervient pour relever son peuple à Mitspa, et le préparer pour recevoir David, le roi selon le cœur de Dieu.
D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)