Le Paume 13
L’expression de la détresse du fidèle
Le terrible sentiment d’être oublié par l’Eternel
La supplication du fidèle et l’espoir de la délivrance finale
La joie et la louange après la réponse divine
Au chef de musique. De David.
1 - Jusques à quand, ô Eternel, m’oublieras-tu toujours ? Jusques à quand cacheras-tu ta face de moi ?
2 - Jusques à quand consulterai-je dans mon âme, avec chagrin dans mon cœur, tous les jours ? Jusques à quand mon ennemi s’élèvera-t-il par-dessus moi ?
3 – Regarde, réponds-moi, Eternel, mon Dieu ! Illumine mes yeux, de peur que je ne dorme du sommeil de la mort ;
4 - De peur que mon ennemi ne dise : J’ai eu le dessus sur lui, et que mes adversaires ne se réjouissent de ce que j’aurai été ébranlé.
5 - Mais pour moi, je me suis confié en ta bonté, mon cœur s’est réjoui dans ton salut.
6 - Je chanterai à l’Eternel, parce qu’il m’a fait du bien.
Sous l’ancienne alliance, le chant et la musique accompagnaient l’exercice du ministère prophétique. Dieu avait ordonné qu’ils soient associés au culte ; ils en faisaient partie. David a composé environ la moitié des psaumes. Ce roi avait reçu de l’Eternel des dons très utiles : il savait chanter les poèmes qu’il composait et inventer aussi les instruments de musique nécessaires pour les accompagner (1 Chr. 23 : 5 ; Amos 6 : 5). Il avait ainsi organisé le chant dans le sanctuaire et choisi les chœurs qui s’y produisaient devant Dieu (2 Sam. 6 : 5 ; 1 Chr. 15 : 16).
Les chantres qui faisaient monter leurs cantiques à l’Eternel « grand et fort digne de louange » (Ps. 96 : 4) appartenaient aux trois familles de Lévi. Rien n’était laissé à la volonté de l’homme (2 Chr. 25 : 8 ; Prov. 16 : 33). Du temps de David, Dieu avait appelé Héman de la famille de Kéhath, Asaph de celle de Guershom, et Ethan (Jeduthun) de celle de Mérari ; chacun dirigeait douze chantres. C’est sans doute à l’un de ces trois chefs de musique que David avait confié la mise en musique de ce psaume ; la louange, malgré la brièveté de ce psaume, y a toute sa place (v. 5b).
L’expression de la détresse du fidèle
Le Psaume 13 appartient à un groupe de psaumes (11 à 15) dans lesquels l’expression de la détresse d’une âme pieuse va grandissant. Au Psaume 11, le croyant constate que les fondements sont ébranlés, en danger de disparaître (v. 3). Dans le psaume suivant, il voit que « l’homme pieux n’est plus », les fidèles ont disparu (v. 1). Et dans ce Psaume 13, son découragement grandit encore, car l’auteur a l’impression que l’Eternel a oublié de sauver celui qui pourtant crie vers Lui sans se lasser ! Cet homme pieux commence alors à désespérer ; il trouve l’épreuve de plus en plus difficile à supporter ! Un chrétien aussi peut sentir l’angoisse le gagner devant le triomphe apparent - heureusement momentané - du mal.
Ce psaume fait partie de ceux qui nous rappellent que Dieu ne répond pas toujours aussitôt aux cris d’une personne désespérée. Ce cri, ou ce soupir, « Jusques à quand », exprime l’angoisse qui est dans un cœur et le désir intense d’une délivrance divine. Elle se retrouve souvent dans la bouche des prophètes : Esaïe, Jérémie, Habakuk, et surtout David, poursuivi avec acharnement par des ennemis - peut-être par Saül.
Un tel cri d’angoisse montera aussi de façon pressante du cœur du résidu fidèle, pendant la grande tribulation, dans la période de la « détresse de Jacob » (Jér. 30 : 7). Par leur attente patiente, ces fidèles font partie de ceux dont la souffrance est décrite dans ce psaume.
Le terrible sentiment d’être oublié par l’Eternel
David a l’impression que Dieu l’a oublié. Il pense qu’il n’est plus l’un des objets de la faveur de l’Eternel. Il fait dans son âme l’expérience journalière du découragement, et il est humilié, car il se sent jour après jour du côté des « perdants ». Quand le psalmiste sera-t-il enfin délivré de tous ces fardeaux qui pèsent sur lui ?
Il est convaincu que Dieu doit absolument prendre rapidement en considération son misérable état et lui envoyer son secours pour éviter que deux désastres au moins ne se produisent. Le premier serait sa mort (v. 3b), l’autre que ses adversaires puissent se réjouir de ce qu’ils ont enfin réussi à l’ébranler (v. 4).
Si l’Eternel n’intervient pas pour « illuminer » les yeux de David, ceux-ci ne tarderont pas à se fermer pour toujours. Dieu se doit d’intervenir pour inverser le flux de la « marée montante » du mal ; sinon les ennemis pourront bientôt se réjouir d’avoir battu David et obtenu la victoire qu’ils désiraient obtenir.
Tant de choses dans l’univers « moral » échappent à notre compréhension « très limitée ». Il est utile de se souvenir des encouragements qu’un homme vêtu de lin, ceint d’or, prodigue à Daniel. Il le rassure : « Ne crains pas, Daniel » - et il le répète à deux reprises : « Dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues… ». Il révèle aussi à ce bien-aimé la raison du délai : « le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours » (Dan. 10 : 12-13). Tout cela reste bien mystérieux pour un croyant mais Dieu nous aide par ce moyen à patienter dans des circonstances similaires.
Il y a en effet chez chacun une tendance à retourner en arrière, à revenir à de faux appuis ou à faire à nouveau des calculs humains forcément erronés (Ps. 118 : 8). Tout cela se produit dès que nous n’avons pas reçu la réponse rapide escomptée à nos prières ! Plusieurs personnes, dans l’Ecriture, ont cette façon de se comporter : Abraham et Jacob, par exemple. Au moment où ces deux patriarches auraient dû accepter un délai et attendre avec confiance le temps choisi par Dieu, ils se sont tournés au contraire l’un et l’autre vers une « solution de rechange », de leur propre cru. Celles-ci s’avèrent vaines et sont même une véritable entrave dans une vie de foi ! Le psalmiste, lors de sa longue épreuve, semble avoir eu les mêmes dispositions d’esprit : « Jusques à quand consulterai-je dans mon âme, avec chagrin dans mon cœur, tous les jours ? » (v. 2a). Il doit réaliser que ses propres ressources ne servent à rien pour résoudre ses problèmes et demander à Dieu de le « regarder » et de lui répondre (v. 3a).
Dieu n’oublie jamais son peuple ! Sion peut prétendre que l’Eternel l’a abandonnée, mais ce n’est pas le cas. Dieu déclare : « Une femme oubliera-t-elle son nourrisson, pour ne pas avoir compassion du fruit de son ventre ? Même celles-là oublieront ! ...Mais Moi, je ne t’oublierai pas (cité dans Héb. 13 : 5). Voici, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains » (Es. 49 : 14-15).
David découragé, au bord du désespoir, avait demandé à l’Eternel : « Jusques à quand m’oublieras-tu ? ». En fait, il n’était pas oublié ! Dieu a dit : « Je ne te laisserai pas, je ne t’abandonnerai pas » (Héb. 13 : 5).
La supplication du fidèle et l’espoir de la délivrance finale
Le psalmiste espère encore une issue favorable, il garde l’espoir que la délivrance est proche. L’Eternel va intervenir, mais Il faut attendre avec confiance qu’Il estime dans sa grâce le moment convenable venu.
David veut espérer, envers et contre tout, qu’il va être délivré de ses ennemis et dans sa foi, il anticipe le moment du salut ! Sa prière s’adresse à l’Eternel, il se confie dans sa bonté sans limites. La prière soulage toujours ; elle nous détourne de ce « moi » envahissant, elle nous retient de trop penser à nous ! Au début de la lecture de ce psaume, nous sommes frappés par le nombre de « je » et de « moi » dans la bouche de David. Sous la pression des circonstances, notre âme est en danger de se consulter « elle-même », en laissant Dieu de côté. Pourtant ce ne sont pas les pénibles raisonnements de notre esprit qui nous apporteront le moindre soulagement. S’occuper de soi-même est toujours une voie de chagrin. Un homme égocentrique ne voit plus que sa faiblesse et il ressent la puissance de l’Ennemi s’appesantir sur lui.
L’expression « jusques à quand » montre que pour David l’attente paraît longue et douloureuse. Ces mots reviennent quatre fois dans ce psaume, et une quinzaine de fois encore dans ce livre (voir, par exemple, le Psaume 35 :17). Un commentateur a écrit : Les mots « jusques à quand » et « à toujours » expriment fréquemment dans les psaumes cette épreuve de la patience. « Sa bonté demeure à toujours » sera le nouveau langage de l’adorateur, lorsque le temps de la patience aura pris fin avec l’avènement du règne (J-G. Bellet).
L’angoisse éprouvée par David est à la mesure de la haine tenace de ses ennemis. Même sa santé en est affectée ; toutefois, il trouve son secours dans les compassions divines. Elles lui apportent le soulagement indispensable dans une telle extrémité : « Je me suis confié en ta bonté » (v. 5).
Un « délai » avant de recevoir la réponse attendue à nos requêtes ne doit pas être mal interprété ! Le Seigneur ne nous oublie pas, par contre il peut avoir un motif précis pour sembler « se cacher ». Il peut s’agir d’une rupture de communion avec notre Dieu ! Cela vient souvent d’un péché que nous n’avons pas encore confessé, vraiment jugé et abandonné.
Quand le Seigneur a été « fait péché pour nous » sur la croix, Il a porté nos péchés et a dû tous les expier à notre place. Il a été, de ce fait, séparé de Dieu. Il a connu, Lui seul, la réalité de l’abandon de Dieu. Il s’est écrié : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné… ? » (Ps. 22 : 1). Sa communion avec Dieu a été interrompue à cause de nos péchés, pendant les heures de l’expiation. Le Seul qui était sans péché quant à Lui-même, s’est chargé de nos péchés et les a confessés comme s’ils étaient les siens ! Et Il en a subi le châtiment de la part du Dieu juste et saint (1 Pier. 2 : 24 ; Ps. 38 : 4 ; 40 : 12).
La joie et la louange après la réponse divine
Si nos pensées se dirigent vers le Seigneur, notre vue spirituelle s’éclaircit. Nous cessons d’être occupés de ce qui accable notre cœur. En regardant en Haut, vers Lui, nos yeux et surtout notre être intérieur seront illuminés (Ps. 34 : 5-6). Nous ne plaçons plus notre confiance en nous-mêmes, ni dans nos propres mérites ou dans la « justice de notre cause » ! L’âme est apaisée, elle passe de la détresse, causée par les circonstances adverses ou ses fautes, à la joie qui résulte de la perspective du salut. Avec David, nous pouvons dire : « Mais pour moi, je me suis confié en ta bonté, mon cœur s’est réjoui dans ton salut » (v. 5a).
La foi de David a été « testée » par un temps d’attente. Elle va sortir affermie d’une telle épreuve. Ce résultat est précieux aux yeux de Dieu : ce sera un sujet de louange, de gloire et d’honneur, dans la révélation de Jésus-Christ (1 Pier. 1 : 7 ; Job 23 : 10).
A la fin du psaume, la situation est changée ; la foi connaît la victoire et elle triomphe : « Je chanterai à l’Eternel, parce qu’il m’a fait du bien » (v. 5b). La tristesse de David est changée en joie, ses pleurs deviennent des chants d’espérance, son désespoir a fait place à des certitudes.
Ce psaume, comme beaucoup d’autres, avait commencé dans les pleurs, il s’achève dans la joie (Hab. 3 : 15-18). Objet de Sa grâce imméritée, le croyant chante ! C’est ce que Jésus a réalisé parfaitement, Lui qui, jour après jour, savait « ce que c’est que la langueur » (Es. 53 : 3). « Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu » (Ps. 40 : 3).
Ph. L le 15. 01. 14
Espère en Dieu quand la nuit sombre voile le ciel et l’horizon.
Jamais là-haut ne règne l’ombre, là-haut t’attend une maison.
Espère en Dieu quand la tempête contre ta nef jette ses flots.
Un mot vainqueur déjà s’apprête à commander paix et repos.
Espère en Dieu quand la souffrance, brisant ton corps, trouble ton cœur.
Chez Lui jamais l’indifférence ne le distrait de ton malheur.
Espère en Dieu quand sonne l’heure d’abandonner les biens d’en bas.
Crois aux trésors de sa demeure, car son amour t’ouvre ses bras.
Espère en Dieu quand on t’oublie, ou qu’on te raille avec dédain,
Pour te sauver, jamais ne plie ! va plutôt seul sur ton chemin.
Espère en Dieu quand ton pied glisse, sous les efforts du Tentateur.
Saisis la main libératrice qui te rendra toujours vainqueur.