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LES NOURRITURES DU CROYANT (5)

 

 

5 - La nourriture de la famille sacerdotale (Nom. 18)  

                        Aaron contesté par Coré, puis établi dans sa fonction sacerdotale

Il ne fait aucun doute que l'esprit de rébellion qui s'était emparé de l'assemblée contre Moïse et Aaron au chapitre 16 était, en fait, dirigé contre l'Eternel lui-même (voir v. 3, 11). Au lieu de produire chez les rebelles un retour salutaire sur eux-mêmes, le jugement qui est tombé sur eux n’a fait que révolter le peuple et l'attrouper dès le lendemain contre Moïse et Aaron (v. 41). Plus tard, le prophète Esaïe dira au même peuple : « Pourquoi seriez-vous encore frappés? vous ajouterez des révoltes ! » (Es. 1 : 5). C'est une condition effrayante lorsque Dieu nous abandonne dans nos mauvaises voies (voir Os. 4 : 17). Dans le cas présent, les rebelles ne devront leur salut qu'à l'intervention intelligente et empressée de Moïse qui pousse son frère à courir pour se tenir avec l'encensoir, afin de faire propitiation, entre le feu qui dévore et la congrégation frappée par la plaie. Mais, grâce à l'encensoir qui répand la nuée d'encens entre les morts et les vivants, la plaie s'est arrêtée.
            Ensuite, au chapitre 17, le sacerdoce confié à Aaron se trouve affirmé par des signes extraordinaires qui illustrent la vie et la bénédiction que Dieu attache lui-même à la verge d'Aaron. Elle avait, en effet, bourgeonné en une seule nuit ; elle portait des fleurs et des fruits, signes de puissance et de la vie triomphante de la mort. C'est un magnifique tableau de la grâce qui introduit le sacerdoce, seule ressource capable de conduire le peuple à travers toutes les circonstances du désert. Effectivement, toute l'efficace des ressources de la bonté de Dieu est déployée par elle.
            C'est dans ce cadre qu'il faut situer le chapitre 18. Il donne une réponse toute empreinte de grâce et de miséricorde à la crainte incrédule formulée par le peuple dans les versets 11 à 13 du chapitre 17. Ils ont bien peu compris que le sacerdoce contre lequel ils se sont élevés à la suite de Coré n'était pour eux que salut et sécurité! Quelle patience que celle de notre Dieu! Sa grâce s'élève au-dessus du mal et des erreurs de son peuple pour révéler les pensées les plus précieuses à son égard ! De cet intérêt constant que Dieu porte à son peuple, le chapitre 18 va nous donner un remarquable exemple. L'Eternel s'adresse personnellement et directement à Aaron pour lui définir les plus grands et les plus saints des privilèges qui lui sont conférés ainsi qu'à ses fils. Dieu ne donne pas sa gloire à un autre. Rappelant le désert et leur rébellion, il dira beaucoup plus tard : « Et je dis que je verserais sur eux ma fureur dans le désert, pour les consumer. Mais j'ai agi à cause de mon nom, afin de ne pas le profaner aux yeux des nations » (Ezé. 20 : 13-14).

                        Les privilèges et les responsabilités confiés à la famille d'Aaron

Nous devons  retenir que nous avons en toutes ces choses des types précieux de bénédictions actuelles de l'assemblée chrétienne. C'est elle aujourd'hui qui est ce saint sacerdoce, une maison spirituelle sur la terre formée de tous les vrais croyants, les pierres vivantes approchées de « la pierre vivante, choisie, précieuse, élue » (1 Pier. 2 : 4-7).
            La première chose qui nous apparaît, c'est la mention du don et du service des Lévites donnés en don à Aaron et à ses fils et cela, remarquons-le, dès le désert. Nous avons à y voir pour nous les services et les dons que le Seigneur donne dans son Assemblée pendant le séjour de celle-ci sur la terre. Prenant soin de celle qu'Il aime, Il la nourrit et la chérit et Il le fera jusqu'au moment où Il va se la présenter à Lui-même telle que son cœur la désire. Si, pendant les quarante années du désert, Israël fut l'objet de soins comme ceux d'une mère (Act. 13 : 18), que dire de la sollicitude du Seigneur pour l'assemblée qui est son Corps ?
            « Le service des Lévites qui accompagnait le sacerdoce consistait à pourvoir au bien de cette famille et à vaquer au service des saints. Comme les dons aujourd'hui, ils étaient appelés à travailler pour fortifier, pour instruire, exhorter et encourager en nourrissant chacun de la Parole, afin de les rendre capables d'honorer Dieu et la doctrine du Christ » (J.N.Darby).
            La variété des attributions confiées aux Lévites, qui fait penser à la diversité des dons de grâce, favorisait essentiellement le service du sacerdoce en vue des fonctions les plus élevées qu'elle était appelée à rendre à l'autel et au-dedans du voile (v. 4-7). De même, après être monté en haut, les dons que le Seigneur a donnés en vue de l'édification et du perfectionnement des saints contribuent à l'intelligence des pensées de Dieu et au développement spirituel de chacun. C'est dans la mesure du développement et de leur capacité spirituelle que les saints pourront élever le niveau du culte rendu en esprit et en vérité. L'enseignement est donc hautement nécessaire à l'assemblée en vue de son bien, de son développement et de sa bénédiction.

                        Les offrandes élevées pour Aaron et ses fils

Après l'énoncé de tout ce que comportaient les privilèges relatifs au don des Lévites, nous trouvons dans les versets 8 et suivants celui des choses saintes. Elles revenaient à la famille d'Aaron en raison de l'onction d'huile. Relevons d'abord que cette onction seule sanctifiait Aaron et ses fils seuls pour l'exercice du sacerdoce devant l'Eternel (Ex. 30 : 30). On ne pouvait en verser « sur la chair de l'homme » (v. 32). Faut-il noter, quant à nous, que c'est le Saint Esprit qui seul nous rend capables d'offrir un culte de sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ ? Enfin, l'assemblée elle-même, comme un corps d'adorateurs, entrant pour adorer au-dedans du voile, trouve joie et bénédictions dans la communion du culte rendu en commun à Dieu (v. 7). Peut-il y avoir service plus élevé et plus heureux que le culte de l'assemblée rendu au Père et au Fils sous la conduite du Saint Esprit ? « Tes autels, ô Eternel… », s'écrie le fidèle (Ps. 84 : 3). Cette onction sainte, en même temps, devait introduire la même famille dans des fonctions particulières qui s'accompliraient « en mangeant ». C'est, pour nous, l'illustration des services que nous avons à remplir en communion avec Dieu. La part que Dieu donnait à Aaron et à ses fils nous paraît présentée dans ce chapitre dans quatre groupes différents.
            Il s'agissait :
                        - des offrandes de gâteau et des sacrifices pour le péché et pour le délit, dont le caractère « très saint » est particulièrement souligné. Ces offrandes « très saintes » qui n'avaient pas été consumées à l'autel - dans ce cas il y en avait une part réservée au sacrificateur - présentent entre elles une liaison qui mérite notre attention. Nous y reviendrons.
                        - les offrandes élevées et celles qui étaient tournoyées (v. 11).
                        - tout le meilleur de l'huile, du moût, du froment, les prémices, les premiers fruits du pays (v. 12).
                        - la chair de tout ce qui était voué à Dieu (v. 14- 15).

                        Des choses très saintes qui devaient être mangées

En revenant au premier groupe dont « tout mâle » pouvait manger, en contraste avec les offrandes élevées ou tournoyées qui étaient données aussi bien aux filles qu'aux fils (v. 11), il est clair que manger des sacrifices pour le péché nécessitait une plus grande énergie sacerdotale. Il y avait deux ordres de fautes qui exigeaient un sacrifice pour la propitiation : les fautes commises par erreur et les délits. Ces derniers sont des cas graves, des manquements qui sont condamnés par la conscience naturelle sans qu'on puisse invoquer « qu'on ne sait pas ». Pour tous ces cas, il ne s'agissait pas, dans le choix d'une victime, de l'estimation de celui qui venait offrir, comme pour l'holocauste par exemple, mais l'Eternel lui-même prescrit les victimes qui conviennent à chaque cas et qui ne peuvent être changées. En fait, c'était une anticipation, sous la Loi, de la grâce de Dieu qui donnait au coupable « dans le support des péchés précédents », d'échapper au jugement immédiat de Dieu.
            Sur l'enseignement qui découle de ces détails importants, nous aimons citer quelques lignes édifiantes de J.N.Darby : « Les filles comme les fils qui étaient nets mangeaient de ces offrandes élevées et tournoyées comme appartenant à la famille sacerdotale. Ainsi, dans les joies des enfants de Dieu, il y en a qui leur appartiennent comme formant une famille. Nous jouissons des bénédictions qui nous sont accordées et de tout ce qui est offert par l'homme à Dieu. C'est une joie pour l'âme. Tout ce que l'Esprit de Christ opère, dans les membres de Son corps, à la gloire de Dieu, et encore plus ce qu'il a fait en Christ lui-même, constitue la nourriture des gens de la maison de Dieu et les fortifie. Mais les sacrifices pour le péché, pour le délit, les gâteaux, tout ce en quoi nous prenons part en esprit dans l'œuvre profonde de Christ ne se mange que dans le caractère et l'esprit du sacrificateur. Il nous faut entrer, selon l'efficace de cette œuvre de Christ, dans l'esprit dans lequel il se présente lui-même à la suite de son sacrifice, mus par son amour parfait en la présence de Dieu ; il nous faut participer aux sentiments d'amour, de dévouement, dans la conscience de la sainteté de Dieu, il nous faut, en un mot, entrer dans les sentiments avec lesquels Christ se présente comme sacrificateur devant Dieu, pour nous permettre de lier, par l'amour et l'efficace de son offrande, la sainteté de Dieu à la bénédiction de celui qui a péché, de réaliser ce qui est précieux en Christ dans cette œuvre en y prenant part en grâce. En effet, cela n'a lieu que dans le lieu très saint, dans la présence de Dieu où Christ comparait pour nous » (Etudes sur la Parole).

                        L’identification du sacrificateur avec le coupable

En mangeant, le sacrificateur, bien que n'ayant pas commis le péché, s'identifiait avec celui du coupable. Mais on ne peut avoir affaire avec le péché, même par nécessité en vue de sa purification, sans en être souillé. Sans entrer ici dans les douloureuses répercussions éventuelles pour l'assemblée qui, par devoir, aura à se purifier du mal, nous nous bornons dans ces quelques lignes à envisager le rôle d'un frère, amené, par nécessité, à s'occuper du péché d'autrui. Cela exige un caractère sacerdotal bien développé chez celui qui en a la charge. Elle ne peut être remplie convenablement, nous le comprenons bien, en dehors de l'attitude morale dont le parfait modèle nous donne l'exemple si touchant en Jean 13. Par contre l'histoire d'Aaron en Lévitique 10, qui n'a pu s'élever aux nécessités de son sacerdoce, est un exemple frappant de notre faiblesse pour accomplir de telles charges et en même temps un touchant rappel du support de Dieu, et de sa miséricorde envers d'aussi pauvres serviteurs.
            Hélas, notre tendance naturelle, par ailleurs, est bien plutôt de nous porter à émettre un jugement sévère sur un racheté qui s'est laissé surprendre par quelque faute, ou encore à publier celle-ci avec tous ses détails. En agissant ainsi nous oublions ce que nous sommes nous-mêmes et nous manquons tristement à nos devoirs de sacrificateurs, dont nous avons l'esprit en Galates 6 : 1-2. Cependant, même en nous occupant du mal par nécessité et en vue du relèvement d'un frère dont nous désirons la restauration, nous ne pouvons éviter de nous souiller nous-mêmes : l'homme pur, qui appliquait l'eau de purification sur un homme impur devenait lui-même impur. Quel sera donc l'antidote capable de préserver notre âme des pernicieux effets du mal ? La ressource, dans toute son excellence, se trouve précisément donnée à côté et en même temps que les sacrifices pour le péché. C'est Lui-même, l'offrande de gâteau, la perfection de sa sainte humanité. Voilà l'incomparable remède pour le relèvement de l'âme qui a besoin de retrouver force et joie !

  

D’après P. Ft – « Messager Evangélique » (1977 p. 35-42)

A suivre