Le travail du dimanche
La Parole de Dieu enseigne-t-elle aux chrétiens à s'abstenir de travailler le dimanche ? Nul doute que nous devions sanctifier ce jour, mais où se trouvent les passages qui ont rapport au travail ?
La question n'est pas à résoudre en deux ou trois mots. Elle exige une attention sérieuse. Nous reproduisons ici, presque en entier, une ancienne note sur le sujet.
En premier lieu, considérons l'institution du sabbat. Le chapitre 4 de l'épître aux Hébreux nous enseigne que le sabbat renferme l'idée de la participation au repos de Dieu. Cette participation est le privilège de son peuple. À ce privilège, le coeur du croyant tient de toute sa force, quel que soit le signe que Dieu y ait attaché.
Dieu avait établi le sabbat dès le commencement, sans qu'il y ait indication que l'homme en ait joui. Le Seigneur dit que le « sabbat a été fait pour l'homme » (Marc 2 : 27) ; mais le péché est intervenu. Toutefois, le jour du repos a été sanctifié dès le commencement. Plus tard, le sabbat fut donné comme mémorial de la délivrance d'Egypte (Deut. 5 : 15). Les prophètes insistent spécialement sur ce point-ci, que le sabbat était les arrhes de ce qui était renfermé dans cette parole : « Ma face ira, et je te donnerai du repos » (Ex. 33 : 14 ; voir en contraste Ps. 95 : 11).
Nous voyons, en outre, que toutes les fois que Dieu donne quelque nouveau principe ou quelque nouvelle forme de relation, le sabbat est ajouté. Ainsi, en grâce pour Israël (Ex. 16 : 23) ; comme loi (Ex. 20 : 8, 10). Voyez aussi Ex. 31 : 13,14 ; 34 : 21, lorsque le peuple est de nouveau rétabli par la patience de Dieu, en vertu de la médiation ; voyez de plus, 30 : 2 ; et dans la nouvelle alliance mentionnée au Deutéronome, ainsi que nous l'avons déjà dit.
Ces remarques nous font voir de quelle importance essentielle était le sabbat, comme pensée de Dieu et signe de la relation qu'il formait avec son peuple.
Mais si la considération du rapport du sabbat avec l'alliance dont il est le signe est de toute importance, il ne faut pas oublier que l'alliance entre Dieu et le peuple juif a été entièrement mise de côté pour nous, et que le signe de cette alliance ne nous appartient pas. Ceci n'empêche pas que le repos de Dieu ne nous soit aussi précieux qu'aux Juifs, et même davantage. Mais notre repos n'est pas de cette création, comme le leur, dont le septième jour était le signe.
En outre, rappelons-nous que le Seigneur Jésus est le Seigneur du sabbat (Matt. 12 : 8), considération d'une très haute portée quant à sa personne, mais qui, cependant, deviendrait insignifiante, s'il était vrai qu'il n'a rien changé par rapport au jour.
Remarquons, enfin, qu'il n'en est fait aucune mention dans le sermon sur la montagne, où Jésus a donné un si précieux résumé de la loi dans ses principes fondamentaux, auxquels il en a ajouté d'autres, fournis par la lumière céleste qu'apportait ici-bas le nom de Père, la présence d'un Messie souffrant et la révélation de la récompense qui sera reçue dans le ciel. Cependant, Jésus a présenté dans cet enseignement un ensemble des principes de son royaume.
Loin d'attacher à l'observation du sabbat l'importance qu'elle avait aux yeux des Juifs, Jésus s'opposait continuellement à leurs pensées à ce sujet ; et cette circonstance nous a été soigneusement rapportée par les évangélistes, c'est-à-dire par le Saint-Esprit. Le sabbat est le jour même que Jésus a passé dans la mort, signe terrible pour les Juifs, quant à leur alliance ; mais, pour nous, signe que de meilleures choses ont pris naissance en notre faveur : elles ont commencé le premier jour de la semaine.
Quel est donc ce premier jour ? C'est, pour nous, le jour de la résurrection de Jésus, par lequel nous sommes régénérés pour une espérance vivante, qui est la source de toute notre joie, notre salut, et donne son caractère à notre vie tout entière. Aussi trouverons-nous le repos de Dieu dans la résurrection.
Moralement, dans ce monde, nous commençons notre vie spirituelle par le repos, au lieu de ne le goûter qu'à la fin de nos travaux. Notre repos est en effet dans la nouvelle création à laquelle nous appartenons.
Il est clair, par conséquent, que le repos de Dieu ne peut être associé pour nous au signe du repos de la création actuelle ; il est exclusivement attaché à la résurrection de Jésus, point de départ de la position qu'il a prise comme chef de la nouvelle création.
Avons-nous donc quelque autorité dans le Nouveau Testament, pour distinguer des autres le premier jour de la semaine ? Pour ma part, je n'en doute pas. Il est certain que nous n'avons pas, sur ce point, des ordonnances semblables à celles de l'ancienne loi ; elles seraient tout à fait contraires à l'esprit de l'évangile de grâce. Mais l'Esprit de Dieu a désigné, de diverses manières, le premier jour de la semaine, quoiqu'il n'ait pas imposé ce jour. Ce jour-là, le Seigneur étant ressuscité, selon sa promesse, paraît au milieu de ses disciples rassemblés d'après sa parole. Le même fait se reproduit le même jour, la semaine suivante. Dans les Actes, ce jour est signalé comme celui où l'on s'assemblait pour rompre le pain (Act. 20 : 7) . Dans la première épître aux Corinthiens (16 : 2), les chrétiens sont exhortés à mettre leur offrande à part chez eux, chaque premier jour de la semaine, selon qu'ils auront prospéré. Dans l'Apocalypse, ce jour est positivement appelé « le jour du Seigneur », c'est-à-dire que le Saint Esprit le désigne d'une manière directe, en l'appelant d'un nom distinctif.
En résumé, nous sommes obligés de reconnaître que le premier jour de la semaine se distingue de ceux qui le suivent, comme étant « le jour du Seigneur ». Aussi, sommes-nous tenus de dire, si nous voulons maintenir l'autorité du Fils de l'Homme, qu'il est supérieur au sabbat, Seigneur du sabbat.
De sorte que si nous maintenions l'autorité du sabbat juif comme tel, nous risquerions de nier l'autorité, la dignité et les droits du Seigneur Jésus lui-même. Plus on sent l'importance du sabbat du septième jour, plus on sentira combien il est important de considérer que ce n'est plus le septième, mais le premier, qui comporte des privilèges pour nos coeurs.
D'un autre côté, prenons garde de ne pas affaiblir, sous prétexte que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce, la pensée qui plane sur toute la révélation des relations de Dieu avec l'homme. Cette pensée, c'est le repos de Dieu, et non uniquement un repos pour l'homme (Héb. 4 : 9). Le repos définitif pour nous, est le repos des travaux spirituels au milieu du mal ; ce n'est pas seulement se reposer du péché. Nous en jouirons bientôt avec celui dont nous sommes les collaborateurs, et qui a dit : « Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille » (Jean 5 : 17).
Il ne faudrait donc pas nous attendre à trouver des passages formels qui interdisent le travail : car on voit que pour un coeur qui entre dans la pensée de Dieu, il devient clair que le dimanche n'est pas un jour de travail comme les autres. Le chrétien comprend qu'il doit tout faire « au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Col. 3 : 17).
Par conséquent, il ne saurait perdre avec légèreté l'occasion que Dieu lui a donnée pour se réunir avec ses frères, et pour travailler activement dans le service de l'évangile, travail qui, à bien des égards, se fait plus facilement le dimanche que les autres jours.
S'il travaille pour lui-même seulement, en cherchant ses propres intérêts, il ne fait qu'imiter le monde. Nous sommes appelés à vivre constamment pour celui qui est mort pour nous (2 Cor. 5 : 15). Pour le coeur qui aime Jésus, la grâce et l'amour de Dieu ont plus d'empire et plus d'effet que les exigences de la loi et d'un code formel.
Lowe William J. – Article paru dans le périodique d'évangélisation « le Salut de Dieu »