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LE LIVRE DES JUGES  (5)

 

CHAPITRE 5

Shamgar
            Le cantique de Debora   
       
 

Shamgar

            • Les circonstances au temps de Shamgar (5. 6-8)

Cinq caractères du déclin et de la ruine du peuple sont constatés par Debora. A son image, nous avons à juger aujourd’hui les causes profondes de notre ruine, celle de l’Eglise.
                        – Les chemins étaient délaissés. Le Seigneur a tracé le vrai chemin à son assemblée sur la terre : la doctrine et la communion des apôtres ; la fraction du pain et les prières ; la paix, l’édification, la crainte du Seigneur et la consolation du Saint Esprit (Act. 2 : 42 ; 9 : 31). Ce sont les sentiers anciens, la bonne voie (Jér. 6 : 16). Là se goûtent la paix et la bénédiction, en marchant vers le but, Christ dans la gloire. Mais si l’ennemi occupe le pays, toute sécurité disparaît. Naturellement, les voyageurs évitent les routes pour échapper aux embuscades.
                        – Les grands chemins étaient abandonnés au profit des sentiers détournés. Le juste suit une voie droite, dans la lumière (Prov. 4 : 18 ; Es. 35 : 8). Mais dans les temps de ruine, on se détourne de la foi (1 Tim. 6 : 20-21), on se détourne de la vérité (2 Tim. 4 : 4). En conséquence, la paix disparaît  (Es. 59 : 8).
                        – Les villes ouvertes (ou l’autorité) étaient délaissées. Les lieux où demeuraient ensemble les familles d’Israël sont abandonnés. C’est ainsi aussi que s’est perdue l’unité visible de l’assemblée sur la terre. L’oubli de l’autorité du Seigneur, confiée par lui aux deux ou trois réunis en son nom (Matt. 18 : 18, 20)  est une cause profonde de la dispersion actuelle des croyants.
                        – On choisissait de nouveaux dieux. L’idolâtrie était devenue la religion du peuple qui avait abandonné le vrai Dieu. Laissé à lui-même, Israël était maintenant pressé par les ennemis : « La guerre était aux portes » (5 : 8).
                        – On ne voyait ni bouclier ni pique chez quarante milliers en Israël. Comment un peuple sans armes peut-il faire face à ses ennemis ? Dieu met à la disposition de tout chrétien les armes de la lumière (Rom. 13 : 12)  et de la justice (2 Cor. 6 : 7). Utilisons-nous l’épée de l’Esprit, la Parole de Dieu, et le bouclier de la foi, cette confiance entière en Dieu pour nous protéger des dards enflammés du méchant ?

En résumé, si l’exemple d’Israël nous donne une image si saisissante de notre propre état collectif et individuel, c’est pour nous amener dans la présence de Celui qui demeure le seul « réparateur des brèches, restaurateur des sentiers fréquentés » (Es. 58 : 12). Que le Seigneur produise dans nos cœurs un réel travail de sa grâce !

            • Shamgar, fils d’Anath (3. 31)

Un nouveau juge se lève ; par lui, Dieu délivre son peuple. Il ne s’agit plus maintenant des ennemis issus de la nature humaine (Moab, les fils d’Ammon et Amalek), comme du temps d’Ehud, mais des Philistins, que l’on rencontrera tout au long de l’histoire des Juges.
            Les Philistins étaient des descendants de Cham, originaires du royaume d’Assyrie. Leurs pères étaient les Caslukhim, ou les Caphtorim, sortis de Caphtor. Dieu les avait maintenus au milieu d’Israël pour l’éprouver (3 : 3-4). Ils sont l’image de la chair dans le croyant, notamment la chair religieuse, qui s’attache aux formes extérieures de la piété. Historiquement, les Philistins, dont le nom signifie « errants, étrangers », se sont infiltrés insidieusement au milieu d’Israël à partir de l’Egypte, sans passer par le Jourdain, pour se mêler à la vie intime du peuple. Voilà le danger constant de la chair dans le croyant !
            La délivrance opérée par Shamgar n’est pas une victoire nationale, suivie d’une longue période de repos, comme dans les deux cas précédents (Othniel et Ehud). Néanmoins, six cents Philistins sont frappés, et Israël est sauvé. La personne et l’origine d’Ehud étaient faibles aux yeux du monde. Maintenant, c’est l’arme de Shamgar qui est méprisable : un aiguillon à bœufs, digne seulement de piquer des bêtes sans intelligence pour accélérer leur marche.
            Mais si l’un et l’autre sont maniés par la foi, l’aiguillon de Shamgar est aussi efficace que la courte épée d’Ehud pour le chrétien qui a Christ comme puissance et comme sagesse, car : « Les paroles des sages sont comme des aiguillons ».
            Au tableau attristant de l’état du peuple d’Israël avant sa délivrance, succède donc maintenant l’énergie de la foi de Shamgar, qui remporte la victoire sur les ennemis. Même dans les temps de faiblesse et de ruine, le croyant peut aujourd’hui remporter la victoire sur le monde par la foi.

 

Le cantique de Debora

Dieu venait d’opérer une grande délivrance par le moyen de deux femmes fidèles, Debora et Jaël, et d’un juge, Barak, malgré sa foi bien hésitante. Alors s’élève un cantique d’actions de grâces, chanté par Debora, en présence de Barak.
            La pensée dominante de ce chant de louange est le désir d’un réveil spirituel du peuple d’Israël tout entier. L’appel : « Réveille-toi » y est répété quatre fois (v. 12).

            • Le thème du cantique (v. 1-5)

Le cantique de Debora rappelle celui de Moïse et des fils d’Israël après la délivrance d’Egypte (Ex. 15 : 1-21). L’harmonie d’une foule de plus de deux millions de personnes est maintenant remplacée par la voix de deux fidèles seulement. Mais la louange s’élève au même Dieu, qui habite au milieu de son peuple, selon la prophétie de Balaam : « L’Eternel, son Dieu, est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu de lui » (Nom. 23 : 21).
                        - v. 2 : Au milieu de la faiblesse, l’œuvre du Saint Esprit a été de manifester la bonne volonté du peuple et l’énergie morale de ses chefs. C’est pour nous un motif de reconnaissance envers Dieu, de constater le travail de sa grâce pour produire encore aujourd’hui tant de dévouement parmi les chrétiens.
                        - v. 3 : La louange est rendue par les fidèles seulement (« Moi, moi, je chanterai à l’Eternel »), mais en présence des rois et des princes (de ce monde). Aujourd’hui encore, le service de l’adoration est confié à ceux qui sont sanctifiés, l’assemblée, en témoignage devant le monde.
                        – v. 4-5 : Les allusions à Séhir (la demeure d’Edom) et à Sinaï (la montagne de la loi) rappellent à la fois le cantique de Moïse à la fin du désert (Deut. 33 : 2), et un cantique de David (Ps. 68 : 7-8). Un principe moral important apparaît ici pour nous. Dans les temps de faiblesse (comme ceux que nous connaissons), la sauvegarde des croyants est de revenir toujours aux vérités du début. « Ce qui était dès le commencement » demeure la ressource des fidèles de « la dernière heure » (1 Jean 1 : 1 ; 2 : 18).

            • Les jours de Shamgar (v.6-8)

Le bas état d’Israël aux jours de Shamgar explique l’intervention de Dieu par ce juge pour délivrer son peuple. Cette partie de l’histoire d’Israël a déjà été méditée (3 : 31).
            Mais, placée dans le contexte du cantique, la révélation par Débora de la ruine d’Israël en ces jours-là nous rappelle que nous n’avons pas à excuser ou ignorer nos misères. Les reconnaître devant Dieu, et nous séparer du mal, est pour nous le chemin d’un vrai réveil qui nous conduira à retrouver la place d’adorateurs.

            • Un peuple de bonne volonté (v. 9-11)

Si importante que soit la séparation, elle ne porte pas en elle-même le principe de l’unité des rachetés et ne nourrit pas leur cœur. C’est vers Christ que nous sommes invités à sortir (Héb. 13 : 13), pour retrouver, autour de lui, ceux qui invoquent son nom d’un cœur pur (2 Tim. 2 : 22). Débora était de cœur avec ceux qui avaient été portés de bonne volonté parmi le peuple. Comme elle, bénissons donc Dieu pour le bien qu’il a produit.
            La prophétesse se tourne alors vers ceux qui goûtent les bénédictions retrouvées, pour les engager à méditer :
                        – Monter sur des ânesses blanches est un signe de prospérité et de noblesse, dont ont joui les enfants de Jaïr et d’Abdon (10 : 4 ; 12 : 14). Le Messie est entré à Jérusalem sur un ânon, le petit d’une ânesse (Zach. 9 : 9 ; Matt. 21 : 1-5).
                        – Etre assis sur des tapis, et aller par les chemins, c’est une image du repos goûté et de la sécurité.
                        – Les chemins oubliés (v. 6) sont retrouvés (v. 10) ; les villes ouvertes, autrefois délaissées (v. 7), sont maintenant habitées (v. 11). Les rachetés y goûtent l’eau rafraîchissante et célèbrent l’Eternel.
                        – Alors, le peuple descend aux portes pour faire face à l’ennemi. On trouve ainsi tous les traits moraux d’un vrai réveil produit par la grâce de Dieu.

            • Réveille-toi, Debora ! et lève-toi Barak ! (v. 12-13)

Alors le cantique s’élève plus haut encore pour nous parler de la gloire de Christ. Barak, si faible témoin pendant les combats, devient maintenant, au temps de la victoire, un type de notre Seigneur. Auparavant, l’Esprit de Dieu nous invite à nous réveiller. Ce touchant appel : « Réveille-toi, réveille-toi » que la prophétesse adresse à son propre cœur sera repris plus tard trois fois par le prophète Esaïe (Es. 51 : 9-11 ; 51 : 17-23 ; 52 : 1-10). Il doit être entendu par toutes les générations, auxquelles la Parole dit encore : « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Es. 60 : 1 ; Eph. 5 : 14).
            Debora se tourne alors vers le juge : « Lève-toi, Barak, et emmène captifs tes captifs, fils d’Abinoam ». L’Esprit de Dieu place ici sur les lèvres de la prophétesse la déclaration même de David, le doux psalmiste d’Israël, qui annonce prophétiquement les gloires de Christ ressuscité, et les bénédictions millénaires de son peuple terrestre : « Tu es monté en haut, tu as emmené captive la captivité ; tu as reçu des dons dans l’homme… afin que Jah, Dieu, ait une demeure » (Ps. 68 : 18).
            On sait que cette prophétie est appliquée par l’apôtre Paul à l’Eglise (Eph. 4 : 8), qui reçoit maintenant sur la terre les dons spirituels de la part de la Tête du corps, Christ dans la gloire.
            A la mer Rouge (figure de la mort de Christ), tout Israël avait célébré la délivrance à travers la mort. Et maintenant, une femme seule entonne, dans un temps de ruine, l’hymne de la délivrance au-delà de la résurrection. Nous pouvons aussi conclure avec Débora : « Bénissez l’Eternel » (v. 9).
            Alors, le peuple de Dieu est invité à descendre (v. 13), pour combattre sur le lieu même de son témoignage. Et l’Eternel est au milieu de lui. Le faible nombre de l’armée du réveil (dix mille hommes seulement : 4 : 6, 10) contraste avec les quarante milliers d’Israël sans armes (v. 8) ; mais la présence de Dieu assure la victoire à tous les combattants de bonne volonté. Dieu considère maintenant la position de chacun dans le combat. Notre part aux bénédictions ne doit jamais faire perdre de vue la responsabilité qui s’y rattache.

            • La réponse des tribus (v.14-18)

Certaines tribus ont répondu à l’appel, alors que d’autres restaient en arrière.

            – Ephraïm, Benjamin, les chefs de Zabulon et les princes d’Issacar :
            Ces quatre tribus sont montées au combat. Plus tard, le témoignage sera rendu à Zabulon : « Gardant leur rang, n’ayant point un cœur double » (1 Chr. 12 : 33), et aux fils d’Issacar : « ils savaient discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël » (1 Chr. 12 : 32). Ces dispositions de cœur expliquent leur diligence à répondre ici à l’appel de Dieu.

            – Ruben et ceux de Galaad :
            L’appel de la trompette avait retenti au-delà du Jourdain, dans les plaines de Galaad. Mais, après délibération (les « grandes considérations de cœur » ceux qui étaient engagés dans leurs affaires (les étables et les troupeaux) restent chez eux et ne montent pas à la guerre. Le livre de Josué avait déjà souligné le danger que représente pour nous le christianisme terrestre, figuré par la position de ces deux tribus et demie installées hors du pays promis, au-delà du Jourdain. Les fruits de cette position se manifestent maintenant. L’attachement du cœur aux choses du monde (même légitimes) nous ôte toute force spirituelle, à notre insu. Le prophète dira plus tard : « Ephraïm s’est mélangé avec les peuples… Des étrangers ont consumé sa force, et il ne le sait pas » (Os. 7 : 8-9). La suite du livre des Juges confirmera cet avertissement que le Saint Esprit nous adresse, par le solennel exemple de Samson (16 : 20).

            – Dan et Aser :
            L’attitude de Dan n’est pas surprenante ; à la fin du livre, cette tribu sombre dans l’apostasie, la violence et l’idolâtrie.
            Aser avait choisi sa part en Syro-Phénicie (en figure, le monde des affaires et du commerce) lors du partage du pays (Jos. 19 : 24-31). Là, il a perdu son énergie morale, comme Ruben.

            – Zabulon et Nephthali :
            Cet exposé de la conduite de chacun se termine sur une note heureuse : le dévouement et l’esprit de sacrifice des deux tribus appelées dès l’origine à se joindre à Barak (4 : 6-10). Rien n’est oublié de ce qui est fait pour Christ et pour le peuple de Dieu !

            • Le souvenir du combat (v. 19-23)

La mention de Meguiddo (v. 19) évoque le théâtre du dernier conflit des nations contre Christ et ses élus au temps de la fin : Armagédon (Apoc. 16 : 16). Le jugement de Jabin au torrent de Kison est rappelé par Asaph dans un psaume qui annonce les attaques des confédérations ennemies conduites par Edom contre les « fidèles cachés » de Dieu (Ps. 83 : 9).
            Au temps de Debora, ces fidèles ne s’attribuent aucun mérite dans la victoire, mais reconnaissent au contraire l’intervention divine (les cieux et les étoiles combattent).
            Cette division du cantique se termine par une terrible malédiction sur Méroz et ses habitants qui avaient refusé de monter au combat (v. 23). La neutralité n’existe pas dans le domaine spirituel. Le Seigneur a dit : « Celui qui n’est pas avec moi, est contre moi ; et celui qui n’assemble pas avec moi, disperse » (Luc 11 : 23). Et l’apôtre Paul ajoute : « Si quelqu’un n’aime pas le seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème ! » (1 Cor. 16 : 22). Si nous nous réclamons du nom de Christ, nous devons résolument prendre parti pour lui.

            • Jaël et Sisera (v. 24-30)

Alors, la foi de Jaël est honorée. En frappant Sisera, elle avait pris le parti de Dieu et de son peuple contre les ennemis. Les détails de sa conduite, inconnus de tous (car tout s’était passé, sans témoins, dans sa tente) sont maintenant révélés dans le cantique de la délivrance. Il en sera ainsi au jour des récompenses : « Quiconque m’aura reconnu devant les hommes, le Fils de l’homme le reconnaîtra aussi devant les anges de Dieu ; mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu » (Luc 12 : 8-9). La conduite de Jaël est ainsi en contraste complet avec celle des habitants de Méroz.
            La révélation par la prophétesse des pensées de la mère de Sisera est poignante. Dans l’au-delà de malheur, les remords éternels rongeront ceux qui auront refusé les appels de la grâce. La sagesse des princesses et la propre réponse de l’âme (v. 29) ne changent pas le jugement. Tous les rebelles tomberont en définitive d’accord avec Dieu sur leur sort, mais aucun retour en arrière ne sera possible !

            • Conclusion (v. 31)

Le cantique de Debora se termine sur des accents d’espérance. Pour Israël, la délivrance à venir est toujours liée aux jugements des ennemis. L’appel à la vengeance est donc à sa place dans la bouche du résidu terrestre. La quatrième prophétie de Balaam (Nom. 24 : 17-24)  et le dernier cantique de David (2 Sam. 23 : 4-7) associent les jugements à l’apparition glorieuse de Christ.
            Ceux qui aiment l’Eternel seront « comme le soleil quand il sort dans sa force ». La promesse sera annoncée par le prophète Daniel pour les temps de la fin : « Les sages brilleront comme la splendeur de l’étendue » (Dan. 12 : 3). Elle sera confirmée par le Seigneur dans les paraboles du royaume : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matt. 13 : 43).
            L’Ancien Testament se termine sur le lever du soleil de justice pour ceux qui craignent le nom de l’Eternel (Mal. 4 : 2). Mais le Nouveau Testament conclut la révélation divine par la promesse pour l’Eglise du lever de « l’étoile brillante du matin » (Apoc. 22 : 16) ; Jésus lui-même nous dit : « Je viens bientôt ».

Puissions-nous répondre avec l’Esprit : « Amen, viens, Seigneur Jésus ! »

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)