REVENEZ A MOI (3)
Histoire de Jérémie le prophète et des derniers rois de Juda
LA PERSECUTION COMMENCE
LE LONG VOYAGE
LA FETE DE LA PAQUE
ET IL MOURUT
JEHOJAKIM, LE NOUVEAU ROI
EN DANGER
« Ecoute », dit Dieu à Jérémie le jour où fut scellée la grande alliance, « écoute les paroles de ce peuple, et va leur parler ; dis-leur qu'il est inutile de faire toutes ces promesses, à moins qu'ils ne prennent garde à ma voix.
« Amen ! O Eternel ! », répondit Jérémie, en se dirigeant tout droit à la porte de la maison de l'Eternel. Amendez vos voies et ne réparez pas seulement votre temple, dit-il hardiment ; il ne sert à rien de montrer le temple en répétant à tout propos : c'est ici la maison de l'Eternel, tandis que vous continuez à voler, à tuer, à transgresser les dix commandements, et vous venez, et vous vous tenez devant moi dans le temple ! Et vous dites : nous sommes faits ainsi, nous n'y pouvons rien changer !
Dieu demande à son peuple l'obéissance et non des sacrifices. Quand vous avez été si prompts à promettre de garder l'alliance de Dieu, Il a fait attention et a écouté vos paroles si peu sincères. Aucun de vous ne s'est repenti de sa méchanceté, en disant : Qu'ai-je fait ? Eh bien ! même l'hirondelle est plus sensée que vous. Les hirondelles restent-elles pour mourir de froid quand l'hiver vient ? Vous savez qu'elles prévoient les intempéries et viennent chercher, dans les pays du midi, la nourriture, la chaleur et la vie. Mais vous, vous ne vous tournez pas vers votre Dieu et vous ne voyez pas venir son jugement.
C'est ainsi que Jérémie avertissait ces personnes insensées qui disaient : « Nous sommes sages » (Jér. 8 : 8), quand ils entraient dans les portiques du temple pour adorer Dieu. Il annonça la Parole non seulement à la porte de la maison de l'Eternel, mais Dieu lui ordonna de délivrer le même message dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem.
Jérémie obéit aussitôt. Mais la prédication du prophète indigna sa famille qui, furieuse à la pensée que Jérémie connaissait leur manque de sincérité, se mit à ourdir des complots pour tuer l'homme dont la parole les jugeait.
A partir de ce moment-là, les misères commencèrent pour l'homme de Dieu, et sa vie fut souvent en danger. Jusqu'alors, son amitié avec Josias lui avait valu au moins la sécurité. Son père Hilkija était mort et lui avait laissé une maison, un petit jardin et une vigne. C'était le lot de son désir et un bon héritage.
Peu de temps auparavant, Jérémie avait dit dans sa prédication : Si seulement je pouvais vivre dans le désert, abandonner mon peuple et m'en aller loin d'eux ; ils sont tous perfides ; on ne peut même pas se fier à son ami, car ils sont autant de Jacobs, essayant de supplanter leurs frères ; ils ont enseigné leurs langues à dire des mensonges.
Combien il se doutait peu, en disant cela, que ses propres frères le supplanteraient aussi, et essaieraient de lui prendre son héritage ; leurs plans avaient été conçus avec beaucoup d’habileté pour endormir sa vigilance. Au lieu de se montrer irrités ou blessés, ils se mirent à lui témoigner une amabilité marquée et prétendirent même que la Parole de Dieu les intéressait.
La joie de Jérémie, en voyant les heureuses dispositions de ses frères, fut de courte durée. Dieu lui parla et lui montra leurs actions. Ne les crois point, même s'ils te disent de bonnes paroles, lui dit le divin Révélateur des secrets. Et Il découvrit à Jérémie leur véritable état d'esprit.
Alors Jérémie, connaissant la méchanceté de leurs cœurs, sortit pour accuser ses frères en face. Mais cela ne les émut guère. Cesse de prophétiser, afin que tu ne meures pas par nos mains, furent leurs seules paroles. Puis, comme ils ne pouvaient pas tuer l'objet de leur haine, ils se vengèrent en dévastant son joli jardin et sa vigne. « Ils ont gâté ma vigne, ils ont foulé mon lot » (Jér. 12 : 10).
Alors Jérémie abandonna sa maison, car Dieu lui avait dit : « Tu ne prendras point de femme et tu n'auras point de fils ni de filles en ce lieu-ci » (Jér. 16 : 2) . Il s'en alla, le cœur brisé, et dut renoncer aux plans chéris de son cœur.
Il revint à Jérusalem et parla avec plus de sérieux que jamais de l'affliction qui allait tomber sur tous les enfants d'Israël, lorsque la bonté et les compassions de Dieu cesseraient, lorsqu’il n’y aurait plus dans le pays de chants d'allégresse.
Désormais la grande joie de Jérémie fut de lire la Bible qu'Hilkija avait retrouvée. Si profonde que fût sa tristesse, le Livre le réconfortait. Combien de lectures le prophète et Josias ne firent-ils pas ensemble, car le roi était diligent pour s'enquérir des pensées de l'Eternel.
« Tes paroles se sont-elles trouvées », dit Jérémie, « je les ai mangées ; et tes paroles ont été pour moi l'allégresse et la joie de mon cœur » (15 : 16). La place qu'avaient ses projets dans son esprit fut encore mieux occupée par la Parole de Dieu ; c'était une joie que personne ne pouvait lui ôter. Les nombreuses citations du Deutéronome contenues dans ses prophéties montrent combien Jérémie étudiait sa Bible avec soin.
Ceux qui ne veulent pas entendre sont les pires sourds qui soient. Pourtant certaines personnes qui n'écoutent pas sont disposées à se servir de leurs yeux. Les messages restant sans effet, Dieu essaya de faire comprendre ses enseignements à son peuple en présentant un objet à sa vue, comme Il l'avait fait avec Jérémie.
Dieu appela son serviteur et lui dit exactement ce qu'il avait à faire : mais il ne lui en expliqua pas la portée. Il voulait donner à son peuple une leçon dont nous examinerons les différentes parties.
Tout d'abord, Jérémie devait se procurer une ceinture de lin. Quand il allait faire des achats, tout le monde le savait ; en effet, les sourds dont il est question plus haut, n'étaient point muets. Ils avaient du temps pour bavarder. Aussi, pour avoir de quoi parler, chacun se mêlait-il des affaires d'autrui.
Qu'a-t-il besoin d'une ceinture ? se demandaient-ils N'en a-t-il pas déjà une ? En effet, il en possédait une puisqu'il était sacrificateur. Elle faisait partie du vêtement sacerdotal. Ainsi tout le village observait, s'étonnait, jasait.
Ce morceau de toile acheté par Jérémie lui appartenait, puisqu'il l'avait payé. Pour qu'il lui soit utile, il fallait donc que le prophète s'en serve. Il le mit autour de sa taille, tout près de son cœur.
Ce qui faisait surtout parler les gens à Anathoth, c’est que Jérémie portait toujours sa nouvelle acquisition et ne la lavait jamais dans l'eau ! Nous savons combien de fois un sacrificateur devait laver ses vêtements pour qu'ils soient toujours propres (Ex. 30 : 18-20). Et voici que leur prophète allait et venait avec une ceinture souillée, chaque jour plus sale. Que signifiait cette façon d’agir ? Le peuple apprit ainsi une nouvelle partie de la leçon : la ceinture n'était pas lavée.
Alors Jérémie reçut un nouvel ordre de Dieu : il devait prends cette ceinture sale et tachée et l’enlever. C'est bien le moment, devaient penser les gens en le voyant la détacher. Peut-être que cet homme bizarre va enfin la laver. Mais non ! il la plia, la prit sous son bras, et se mit en route. Dieu lui avait ordonné de la cacher dans le creux d'un rocher, au bord de l'Euphrate (Jér. 13 : 4-5).
L'Euphrate était au moins à quatre cents kilomètres ! Comment Jérémie pouvait-il faire cette folie. Est-ce qu'il n'y a pas assez d'endroits plus proches où il puisse enfouir ton bien ? Mais le prophète partit pour son long voyage, sourd à ces discours comme les hommes l'avaient été eux-mêmes. L'ordre venait de Dieu, il l'exécuta. Il trouva un creux dans le rocher, y mit la ceinture, la recouvrit de terre et rebroussa chemin.
Combien les langues durent s'activer pendant son absence ! Et lorsqu'il revint, les pieds enflés, que de moqueries on dû saluer son retour ! Es-tu vraiment allé là-bas ? demandait-on. Es-tu plus avancé maintenant qu'avant ? En tout cas, pensaient-ils, on ne reverrait plus son morceau de toile ! Ils se demandaient quelle chose extraordinaire leur prophète allait encore inventer, s'imaginant peu qu'ils entendraient reparler de la fameuse ceinture.
Mais il se passa « plusieurs jours », un long temps sans doute, avant que Dieu s'adresse de nouveau à Jérémie pour lui dire : Lève-toi et va sans délai jusqu'à la rivière, au même endroit qu'auparavant ; cherche le creux où tu as enterré la ceinture non lavée, et déterre-la.
Jérémie se prépara et partit pour son long voyage. Sans dire pourquoi, il quitta la ville. Pendant bien des jours, les faits et gestes du prophète furent le sujet habituel des conversations de l'endroit. Mais ces gens sourds avaient la mémoire courte et eurent certainement vite fait d'oublier Jérémie, quand, brusquement, la nouvelle se répandit qu'on avait entrevu la silhouette du prophète se dirigeant vers Anathoth. Le bruit se propageait et l’on partit à sa rencontre. Les mêmes personnes qui ne voulaient pas écouter la Parole de Dieu, abandonnèrent leurs travaux pour aller entendre les aventures de leur prophète.
Fatigué et couvert de poussière, Jérémie leur dit d'une voix forte : « Je m'en allai vers l'Euphrate, et je creusai, et je pris la ceinture du lieu où je l'avais cachée ; et voici la ceinture était gâtée, elle n’était plus bonne à rien » (v. 7).
Sans même leur laisser le temps de parler, il continua : Cette ceinture est votre image. Car vous êtes une nation corrompue et inutile. Dieu voulait faire de vous sa ceinture, attachée tout près de son cœur, son ornement. C'était le plan de Dieu. Vous avez besoin d'être lavés. Votre Maître vous aurait rendus aussi blancs que la neige et vous aurait conservés tels. Parce que vous n'avez pas voulu écouter son invitation, comme la ceinture sale, vous serez emmenés au bord de l'Euphrate, et là vous resterez. Vous n'êtes bons à rien, au lieu d'être un ornement pour votre Dieu.
Il est difficile de croire qu'après avoir entendu le beau nom de « Sa ceinture » que Dieu voulait leur donner, ces gens ne soient pas tous venus implorer son pardon, et le supplier de les laver, et de les garder à tout jamais près de son cœur.
S'ils s'étaient repentis, Dieu aurait écouté leurs supplications et aurait encore fait d'eux un renom, et une louange, et un ornement pour Lui-même.
Mais ils n'en firent rien.
Josias continuait à sonder, jour après jour, cette Bible si longtemps perdue, où il découvrait certainement bien des ordonnances qui n'étaient pas observées. L'une, en particulier, avait été totalement oubliée pendant le triste règne de son grand-père : la célébration de la Pâque. Dès que Josias trouva ce qui était écrit à ce sujet, il décida que le quatorzième jour du premier mois, la miraculeuse sortie d'Egypte, qui avait eu lieu mille ans auparavant, serait commémorée dans tout le pays !
Pour Josias, prendre une décision, c'était l'exécuter. Aussi lisons-nous que jamais la Pâque ne fut mieux célébrée que de son temps (2 Chr. 35 : 18). Mais le peuple, comme plus tard les pharisiens, se contenta d'une observance toute extérieure du rituel et négligea l'amour de Dieu.
De grands bienfaits auraient dû leur rappeler l'amour divin. La Parole n'est pas le seul moyen dont Dieu se serve pour mettre en évidence sa sollicitude à notre égard. Le peuple aurait pu en voir les effets, s'il n'avait pas été aveugle autant que sourd.
Le pays prospérait ; les chômeurs trouvaient du travail en aidant à la restauration du temple. Chaque ouvrier recevait un bon salaire, le pauvre et l'affligé trouvaient en Josias un ami puissant qui savait défendre leur cause.
Il semble qu'avec tous les privilèges que leur procurait un roi intègre, ils auraient dû être heureux d'écouter Jérémie leur parler d'un Roi plus grand encore, mais leur indifférence était complète ; car, chose triste à dire, si grande que soit la grâce accordée aux méchants, ils refusent toujours d'apprendre la justice.
Si petite qu’elle fût, la Palestine était un pays qui jouait un rôle important, car il était situé entre deux grands empires : l'Egypte au sud, et l'Assyrie au nord. Dieu avait placé son peuple si près des païens pour que ceux-ci soient témoins de la puissance qu'Il déployait en sa faveur. Si cette nation avait mis toute sa confiance en l'Eternel, elle aurait remporté la victoire sur toute la ligne. Mais, hélas ! elle se tournait, pour avoir du secours, tantôt vers l'Egypte, tantôt vers l'Assyrie.
A ce point de notre histoire, le Pharaon Neco allait faire la guerre à l'Assyrie (2 Chr. 35 : 20). Josias, pour une raison inconnue, trouva bon de s'interposer pour bloquer l'avance égyptienne vers Ninive.
Tandis que l'armée de Neco suivait la côte, se dirigeant vers le nord, celle de Josias s'avançait de l'intérieur du pays vers la mer. La rencontre se produisit à Meguiddo ; le reste de l'histoire nous est raconté en une seule phrase. Les archers égyptiens tirèrent sur le roi Josias ; et le roi dit à ses serviteurs : « Otez-moi d'ici, car je suis grièvement blessé » (v. 23). C'est ainsi que mourut l'un des rois les plus fidèles qui ait régné à Jérusalem, homme au cœur généreux, lecteur assidu des Ecritures, serviteur de l'Eternel par ses actions pieuses. Ce n'est pas étonnant que tout le pays portât le deuil, deuil tel qu'on n'en avait jamais vu auparavant, deuil dont on parlait encore cent ans plus tard, comme la plus grande lamentation qui ait jamais eu lieu.
Et parmi tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants qui pleuraient dans chaque ville ce jour-là, et longtemps après, pas un ne se lamenta comme Jérémie, l'ami du roi. Peut-être se servit-il de l'hymne funèbre de David et répandit-il une telle plainte devant Dieu : « Je suis dans l'angoisse à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu étais pour moi plein de charmes ; ton amour pour moi était merveilleux » (2 Sam. 1 : 26).
Dieu avait été fidèle à sa promesse ; le cœur aimant de Josias ne verrait pas le jugement qui allait venir. Blessé à mort dans le char royal par la flèche égyptienne, il fut introduit dans la Jérusalem céleste.
Le cœur de Josias aurait été brisé, si ce roi avait connu toute l'ingratitude dont Jérémie fut la victime, l’ingratitude que le prophète supporta par la force dont Dieu le remplit.
Dans son amour, Dieu recueillit Josias de devant le mal (Es. 57 : 1). Mais, dans son amour aussi, il laissa Jérémie pour parler encore de Lui à son peuple bien-aimé.
Pour une raison inconnue, le quatrième fils de Josias, Joakhaz, succéda à son père. Pendant les vingt-trois années de sa vie, il n'avait pas appris à faire ce qui est droit aux yeux de l'Eternel ; bientôt, il déplut à Neco, de sorte qu'au bout de trois mois, il fut emmené prisonnier en Egypte, et vit son frère aîné, Jéhoïakim, régner à sa place.
Déjà quand il était tout petit, Jéhoïakim avait fait sa propre volonté. Bien qu'il ne fût pas l'aîné, il se mettait toujours en avant. Il était colérique et voulait tout pour lui, car le gain déshonnête était le principe dominant de son cœur désobéissant. Dès sa jeunesse, il était aussi cruel que passionné. En présence de la Parole de Dieu, il répétait : Je n'écouterai point.
Il est possible que, connaissant le caractère de son fils, Josias ait décidé de ne pas le choisir comme son successeur et de lui préférer Joakhaz, de deux ans plus jeune.
Jéhoïakim n'a sans doute pas été trop fâché lorsque son père est mort, car tout ce que Josias appréciait, lui, le détestait ; et ce que son père abhorrait, lui, l'aimait. Malgré la déception de voir son frère monter sur le trône tant convoité, il trouva moyen de s'attirer la faveur de Neco, et, comme nous l'avons dit, au bout de trois mois, le roi d'Egypte couronna Jéhoïakim roi de Juda.
Maintenant, je bâtirai, dit Jéhoïakim ; ce palais est bien trop petit pour moi. Il ne me suffit pas. La maison que je construirai sera vaste et les chambres spacieuses. Mes portes et mes lambris de cèdre seront peints en vermillon. La gloire de ma Maison Rouge frappera tous les yeux.
C'est ce qui arriva. Tout le luxe qu'on peut imaginer trouva place dans le palais. Mais le roi, bien qu'il disposât de tout ce qu'il désirait, ne savait pas discerner le bien et le mal.
Les ouvriers peinaient à la tâche. Heure après heure, jour après jour, Jéhoïakim se servait pour rien de son prochain. Pour cette magnifique maison, il ne dépensa jamais un sou. Si on lui résistait, il avait recours à l'oppression et à la violence. « Malheur à celui qui bâtit sa maison par l'injustice » (Jér. 22 : 13).
En effet, les palais n'assurent pas la stabilité d'un règne ; après toute cette pompe, personne ne sut jamais où était la sépulture du maître de la Maison Rouge ; le jour de sa mort, on ne tint pas plus compte de lui que d'un âne. Il n'y eut pas de lamentations comme pour Josias, mais il fut traîné et jeté par delà les portes de Jérusalem.
Après la mort de Josias, la vie de Jérémie devint encore plus difficile que jamais.
Au commencement du règne de Jéhoïakim, le prophète fut envoyé à nouveau pour annoncer la Parole de Dieu dans le parvis de la maison de l'Eternel. Cette fois-ci, il faillit perdre la vie. L'interrompant dans sa prédication, ses auditeurs s'écrièrent indignés : Tuez-le, comment ose-t-il dire que notre ville sera détruite ! Des mains furieuses le saisirent. « Tu mourras certainement », hurlaient-ils tous ensemble, pleins de haine contre le prophète qui ne craignait pas de leur dire la vérité.
Au milieu du brouhaha, une grande procession de princes se rendait lentement de la maison du roi au parvis du temple. Les sacrificateurs furieux allèrent à sa rencontre. La foule s'apaisa, désireuse d'entendre ce qu'ils allaient dire. Montrant du doigt Jérémie, ils répétaient : Cet homme mérite la mort pour les paroles qu'il prononce contre notre ville.
Tant que Josias vivait, personne n'aurait osé déclarer en public qu'il fallait tuer Jérémie. On souhaitait pourtant sa fin, tout en complotant secrètement contre lui. Mais maintenant, Josias était mort ; Hilkija était mort ; Shaphan était mort. Ne se trouverait-il personne pour prendre la défense du prophète solitaire ?
Oui, le fils de Shaphan, Akhikam fut avec lui (Jér. 26 : 24), et Jérémie lui-même plaida sa cause avec tant de conviction, que finalement les Princes et le peuple furent unanimes à déclarer : Cet homme ne mérite pas la mort. Il échappa ainsi à un nouveau danger, fait d'autant plus remarquable que Jéhoïakim, dans sa tyrannie, avait condamné à mort Urie, un autre prophète de l'Eternel. Comme celui-ci délivrait un message semblable à celui de Jérémie, il n'y avait aucune raison de tuer l'un et d'accorder la vie à l'autre !
Urie prit la fuite et trouva asile en Egypte. Mais Jéhoïakim ordonna à son beau-père Elnathan de partir immédiatement pour ce pays et de ramener le fugitif. Découvert, Urie fut traîné devant le roi qui, dans sa cruauté, le tua de sa propre épée (v. 23).
Quelle délivrance ! s'écria fièrement la reine Nehushta. Dieu regarda dans son cœur et lui parla : Que diras-tu quand je te punirai, quand je te livrerai, toi et ton fils en la main de ceux dont tu as peur, et en la main de Nebucadnetsar ?
Le nom de « Nehushta » signifie « d'airain ». Mais cette reine ne fut pas aussi ferme que l'airain, le jour où ce qu'elle redoutait le plus arriva !
D'après Lettice Bell - « The boiling cauldron »
A suivre