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LE LIVRE DES JUGES  (2)

CHAPITRE 2
                De Guilgal à Bokim
                La ruine

 

CHAPITRE 2

« Et l’Ange de l’Eternel monta de Guilgal à Bokim » (v. 1).
            Certains événements de l’histoire du peuple après la mort de Josué avaient été décrits dans le premier chapitre. Maintenant, la Parole dévoile l’état moral du peuple, l’origine de son déclin et ses conséquences.
            Israël avait perdu sa force devant ses ennemis, parce qu’il avait quitté Guilgal. En montant de Guilgal à Bokim, l’Ange de L’Eternel montre les conséquences de l’infidélité du peuple. Dieu se trouvait à Guilgal, mais le peuple l’avait oublié en pratique ; alors, il devait connaître les pleurs de Bokim (v. 5). La longue histoire des Juges est caractérisée par cet abandon de Guilgal, sérieuse leçon pour nous.

 

De Guilgal à Bokim

Guilgal et la circoncision

Guilgal avait été le lieu du premier campement du peuple après la traversée du Jourdain.
            Le peuple devait être préparé au combat avant d’entreprendre la conquête du pays. C’est à Guilgal, par la circoncision, que s’était opérée cette préparation. La circoncision du peuple n’avait pas eu lieu dans le désert (Jos. 5 : 4-7), figure du monde pour le chrétien après sa conversion. Nous devons d’abord comprendre par la foi notre identification avec Christ dans sa mort (le Jourdain) et notre position dans les lieux célestes en Lui (Eph. 2 : 6). Alors nous pourrons saisir la puissance de la circoncision du Christ (Col. 2 : 11)  pour nous libérer de l’esclavage du péché et de notre ancienne condition en Adam. Cette circoncision (spirituelle) s’opère moralement pour nous à Guilgal, dont le nom signifie « roulement » : « Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Egypte » (Jos. 5 : 9).

            Guilgal : la force et la liberté

Le chrétien vit sur la terre en partageant les peines et les joies de la condition humaine. Quant à ses affections, son but et sa vie, il est hors du monde bien qu’encore dans ce monde (Jean 17 : 11, 15-16).
            A Guilgal, précisément, se trouvaient les douze pierres du mémorial de la traversée du Jourdain. Pour le chrétien, la conscience d’être mort avec Christ est toujours nécessaire pour mortifier la chair en pratique.
            Tel est le secret de la force et de la vraie liberté.

Guilgal, la Pâque et la nourriture du peuple

Le dépouillement de la chair (1 Pier. 3 : 21), secret du bonheur de l’âme et des victoires contre les ennemis, ne nourrit pas le cœur. Après la circoncision - le peuple est guéri (Jos. 5 : 8)  -, Dieu lui donne alors une nourriture appropriée à ses besoins et à sa nouvelle position dans le pays de la promesse.
            Le peuple célèbre la Pâque selon l’ordonnance. Avant de prendre possession de l’héritage par les combats, il garde ainsi le mémorial de la délivrance de l’Egypte. L’Eternel dresse une table en présence des ennemis (Ps. 23 : 5). Dans la paix, le peuple racheté se repose sur l’œuvre du Sauveur et se nourrit de son sacrifice.
            Dès le lendemain de ce jour du mémorial, Dieu change la nourriture de son peuple : la manne cesse, remplacée par le cru du pays, le vieux blé et le grain rôti (Jos. 5 : 11-12). Le pain sans levain, figure pour le chrétien d’une marche séparée du mal, n’est pas oublié à cette occasion.

Guilgal et les combats

Le camp d’Israël était à Guilgal (Jos. 9 : 6 ; 10 : 6, 43) et le peuple devait toujours y revenir puiser la force pour de nouveaux combats. Point de départ des conquêtes du pays, Guilgal était aussi le point de ralliement du peuple après les victoires.
            Là se trouvait le secret des victoires, pour autant qu’on interroge la bouche de l’Eternel ; Josué avait oublié de le faire dans l’affaire des Gabaonites (Jos. 9 : 6, 14).

 L’Ange de l’Eternel monte de Guilgal à Bokim

Guilgal avait été négligé, puis abandonné par Israël. L’Ange de l’Eternel, représentant de la présence et de la puissance de Dieu, avait longtemps attendu que le peuple revienne à Lui. Alors, Il monte à Bokim. Le peuple avait oublié le lieu du jugement de soi-même pour s’élever à ses propres yeux.
            Si Dieu avait été à Guilgal, il n’y était plus désormais. Son Ange était maintenant à Bokim, le lieu des pleurs, pour y rester.
            Les jours de force et de joie du temps de Josué étaient perdus à jamais, car Dieu ne rétablit pas ce que l’homme a ruiné. Il donne autre chose, selon sa justice et sa miséricorde envers nous. Bokim caractérise maintenant le temps des Juges.

            La source du déclin

Dieu avait été fidèle envers son peuple pour le faire sortir d’Egypte et l’introduire dans le pays de la promesse.
            Israël, lui, avait été infidèle envers Dieu ; il n’avait pas respecté Ses instructions à se séparer des nations et de leur idolâtrie (v. 2). En fait, le peuple n’avait pas écouté la voix de Dieu (6 : 10).
            Le déclin de l’assemblée sur la terre n’a-t-il pas exactement les mêmes causes ? L’oubli de l’autorité de la Parole, et le manque de séparation vis-à-vis du monde (religieux en particulier) et de ses principes. Acceptons donc les pleurs de Bokim comme le résultat de notre infidélité.

            Le remède au déclin

Le remède à notre état ne se trouve ni dans le légalisme, ni dans l’abandon de ce que Dieu nous a confié. Il faut revenir à la grâce du commencement, et au « premier amour » abandonné.
            On ne trouve pas de réelle confession ou humiliation à Bokim ; seulement les larmes devant les bénédictions perdues. Mais Dieu aime son peuple et ne veut pas le laisser de façon permanente dans cet état. A la fin de la période des Juges, sous la conduite de Samuel, le dernier juge, Israël s’assemblera à Mitspa pour « répandre de l’eau » devant l’Eternel en signe de vraie repentance (1 Sam. 7 : 5-6). Alors, le peuple sera rétabli et Dieu lui-même le délivrera de ses ennemis. La sentence prononcée à Bokim : « Je ne les chasserai pas de devant vous » (v. 3), sera donc suspendue pour Israël, objet des compassions divines.

 Les sacrifices à Bokim

Au milieu du triste état moral du peuple, Dieu, dans une grâce touchante, désire que le culte lui soit rendu. Le lieu des pleurs devient aussi le lieu du sacrifice.
            Soyons reconnaissants envers le Seigneur de ce qu’Il ne nous ait pas retiré l’immense privilège du service de la louange, malgré notre coupable état spirituel.

 

La ruine

Le déclin d’Israël s’est d’abord manifesté dans ses rapports avec le monde (ch. 1). Maintenant est décrite la ruine de ses rapports avec Dieu.

            Le départ de Josué (2 : 6-9)

Le récit, déjà donné à la fin du livre de Josué (Jos. 24 : 28-31), est répété ici pour rattacher le déclin et la ruine du peuple à son histoire antérieure.
            La sépulture de Josué est dans la montagne d’Ephraïm, à Thimnath-Serakh (Jos. 24 : 30), dont le nom signifie « héritage abondant ». Au temps des Juges, le lieu devient Thimnath-Herès (2 : 9), qui signifie « portion d’argile ». Josué avait conduit le peuple par la foi à une abondance de bénédictions. Maintenant, la position d’Israël se réduit à un peu de terre qui ne produit ni fruit ni nourriture.

            Le changement de génération (2 : 10)

Le peuple a servi Dieu pendant les jours de Josué et des anciens de sa génération, les témoins de la grande œuvre de l’Eternel (2 : 7).
            Mais cette génération s’en va, et une autre génération vient (Eccl. 1 : 4). Celle-ci ne connaissait ni Dieu, ni son œuvre. Elle a vite oublié le témoignage de ses pères, notamment celui des douze pierres à Guilgal (Jos. 4 : 20-24), et celui de la grande pierre de Sichem (Jos. 24 : 25-28).
            Il en a été de même de l’histoire de l’Assemblée sur la terre. Les disciples et apôtres du Seigneur ont parlé avec puissance des choses qu’ils avaient vues (1 Jean 1 : 1-3). Les croyants qui les ont suivis ont rapidement oublié leur témoignage. Il est étonnant de constater les erreurs doctrinales qui se sont glissées dans l’Eglise primitive après le départ des apôtres. Toutefois, le Seigneur ne s’est jamais laissé sans fidèles témoins, comme Antipas par exemple (Apoc. 2 : 13), dans les moments les plus sombres de l’histoire de l’Assemblée.
            Encore aujourd’hui, nous sommes expressément exhortés à nous souvenir de nos conducteurs (Héb. 13 : 7). Chaque nouvelle génération doit acquérir par un travail de cœur l’héritage de ses pères. La Parole reste notre seul guide, mais nos conducteurs nous aident à mieux la comprendre. Ils avaient marché par la foi, et nous devons maintenant les imiter.
            Jehoïakim avait non seulement oublié l’exemple de son père Josias, mais il s’était plongé dans le mal pour son propre malheur (Jér. 22 : 15-19). Gardons-nous de suivre, même en partie, un si terrible chemin !

L’apostasie et l’idolâtrie (2 : 11-14)

Ayant oublié le dernier message de Josué (Jos. 24 : 14, 23), le peuple abandonne l’Eternel et se détourne de Lui, pour servir d’autres dieux.
            L’idolâtrie, pour nous, c’est admettre dans notre cœur et notre marche, des éléments des ténèbres morales du monde. Conduit par l’Esprit de Dieu à Jérusalem, Ezéchiel voit par un trou dans le mur le cabinet d’images (le domaine des pensées secrètes) des anciens d’Israël qui s’étaient voués à l’idolâtrie (Ezé. 8 : 7-13). Voilà ce que peut être le cœur d’un croyant qui tolère dans ses pensées et dans sa vie des choses incompatibles avec la lumière de Dieu.
            L’état d’Israël entraîne un double jugement de la part de Dieu, qui se tourne maintenant contre son peuple infidèle :
                        - Ils sont livrés aux ennemis du dehors qui les pillent (v. 14)
                        - Dieu laisse dans le pays des ennemis qui seront comme des épines dans leur côté (3 : 1, 3)

            Les juges et la délivrance (2 : 16-23)

Si Dieu châtie son peuple, Il ne l’en aime pas moins. L’histoire des Juges nous montre de façon saisissante la bonté et la sévérité de Dieu à l’égard des siens. L’ordre des faits est toujours le même, tout au long du livre :
                        - l'infidélité et le déclin du peuple, 
                        - son asservissement aux nations et sa détresse, conséquence de ses fautes,
                        - un appel d’Israël à Dieu pour la délivrance, et un retour du peuple sur lui-même,
                        - la réponse de Dieu : « L’Eternel avait pitié » (v. 18) ; une délivrance partielle est accordée par le moyen d’un juge.            

A chaque nouvelle génération, un juge a été suscité pour la délivrance du peuple. C’est ainsi qu’un nouveau réveil, même partiel, est nécessaire au passage de chaque génération dans l’histoire de l’Eglise !
            Les circonstances se sont répétées six fois, jusqu’au début de l’histoire de Samuel. Si nous connaissons un peu nos propres cœurs, nous accepterons de reconnaître dans cette triste histoire des Juges, l’image de nos propres infidélités. Mais nous y voyons aussi la fidélité immuable de Dieu. Que le Seigneur nous accorde des cœurs sensibles, mais gardés du découragement !

            L’épreuve du peuple (3 : 1-4)

Dans cette phase de l’histoire d’Israël, il n’est plus question de nouvelles conquêtes (2 : 20-21 ; 3 : 1). Dieu, au contraire, laisse les choses en l’état, pour éprouver son peuple de trois façons :

- La marche (v. 22)

Les pères avaient gardé la voie de l’Eternel. Que feraient les fils ? La même question nous est évidemment posée. Désirons-nous marcher dans les sentiers anciens (Jér. 6 : 16) ? Le chemin de la fidélité dans le temps de la ruine est dans la séparation du mal (2 Tim. 2 : 19-21).

- La nécessité des combats (3 : 2)

Chaque génération doit apprendre, pour elle-même, « ce que c’est que la guerre », en la faisant. Le chrétien aujourd’hui doit prendre sa part des souffrances, « comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 Tim. 2 : 3). La vie chrétienne n’est pas seulement une vie contemplative. Il faut acquérir par des combats spirituels ce que Dieu nous donne. Cet enseignement essentiel du livre de Josué conserve toute sa valeur au temps des Juges, c’est-à-dire pour le temps actuel.

- L’attachement à la Parole (3 : 4)

Les commandements de l’Eternel avaient été donnés aux pères. Les fils devaient maintenant les écouter pour les pratiquer. La Parole de Dieu doit conserver son autorité absolue sur chacun de nous. Pour chaque génération, l’appel à garder ses enseignements est renouvelé. C’est en particulier le moyen donné de Dieu pour être en bénédiction à ceux qui nous suivent. Quelle terrible déclaration que celle du prophète au peuple infidèle : « Car tu as oublié la loi de ton Dieu, et moi j’oublierai tes fils » (Os. 4 : 6) ! Que le Seigneur nous garde de cette fatale erreur et de ses funestes conséquences. Au contraire, nous devons demeurer dans les choses que nous avons apprises et dont nous avons été pleinement convaincus (2 Tim. 3 : 14-15).
            Désormais, l’Esprit de Dieu va nous présenter l’histoire détaillée d’Israël au temps des Juges.

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)