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LA  FAMILLE  SELON  LE  PLAN  DE  DIEU  (14)

 

17.  Ananias et Sapphira  (Act. 5 : 1-11)

Ce récit nous reporte au temps des débuts prospères de l’assemblée de Dieu. Le Seigneur Jésus était mort, ressuscité, et monté au ciel. Le Saint Esprit en était descendu le jour de la Pentecôte pour habiter dans les cœurs de tous ceux qui venaient au salut et constituaient l'assemblée. Celle-ci croissait rapidement. Les croyants étaient « un cœur et une âme » (Act. 4 : 32) et prenaient soin les uns des autres avec amour. Personne n'était dans la nécessité. Les riches vendaient leurs biens pour aider les pauvres. Certains ont prétendu que les premiers chrétiens étaient communistes. Ce n'est pas vrai, car ils ne partaient pas du principe que la propriété est un péché ; ils n'enseignaient pas : « Ce qui est à toi est à moi », mais ils vivaient selon la règle suivante : « Tout ce qui est à moi est à toi ».
            Dieu le Saint Esprit habitait dans l'Assemblée. Il demeurait aussi dans chaque croyant individuellement. Leurs corps étaient des temples du Saint Esprit. Celui-ci était la force motrice de leur vie. Cela se voyait de l'extérieur, on en parlait, et le nom de Dieu était glorifié par ce moyen. Seul Satan ne pouvait y trouver son compte. En vue de détruire l’œuvre de Dieu, il déclencha une persécution contre les apôtres. Ce fut en vain. Alors il essaya d'entraîner des croyants à pécher. Ce récit nous en montre les résultats.
            Quel péché ce couple a-t-il commis ? Ce n'était pas un vol ni une désobéissance, comme dans le cas d'Acan au début de l'histoire d'Israël dans le pays de Canaan. Ananias et Sapphira avaient vu que Joseph (Barnabas) avait vendu un champ et avait apporté le produit de la vente aux apôtres pour qu'il soit distribué aux pauvres. D'autres aussi avaient fait de même et avaient reçu en retour de la reconnaissance et de l'estime. Cependant personne n'y était obligé, Ananias et Sapphira non plus. Ils étaient tout à fait libres de vendre leur bien ou de le garder. Ils étaient libres aussi de faire ce qu'ils voulaient de la recette. Leur péché, c'était de prétendre tout donner, alors qu'ils en gardaient une partie à l'insu de tous. Ils pensaient ainsi recevoir le même honneur que les autres.
            Pierre, conduit par le Seigneur, appela cela mentir à l'Esprit Saint, et donc à Dieu, ce qui était bien plus grave que de mentir aux hommes. C'était une mauvaise action qu'ils s'étaient proposée dans leurs cœurs à l'instigation de Satan. Ils n'ont pas été surpris par ce péché mais l'ont commis « intentionnellement ». De plus, cela se passait en un temps où le Saint Esprit agissait très puissamment dans l'Assemblée, ce qui rendait l'acte d'autant plus grave. Ainsi ce mal devint-il un « péché à la mort » (1 Jean 5 : 16).
            Il existe des cas où le péché nécessite la discipline de l'assemblée (1 Cor. 5), et d'autres où Dieu intervient lui-même. Chaque fois, le but est le salut de l'esprit dans la journée du Seigneur Jésus (1 Cor. 5 : 5). Sapphira eut à son tour l'occasion de confesser son péché, mais elle persista dans le mal et fut frappée du même jugement que son mari. Il est bon de remarquer que, dans ce cas, il n'est pas question d'une discipline exercée par l'assemblée ni par l'autorité apostolique, mais par une intervention directe de Dieu. On dit parfois qu'Ananias et Sapphira n'étaient pas vraiment convertis. Mais alors ce serait un avertissement de moins pour nous, et nous pourrions croire qu'il n'est pas possible qu'une chose aussi grave arrive à un croyant. Le jugement commence par la maison de Dieu. C'est valable aujourd'hui aussi, et c'est tout autre chose que le jugement qui va venir sur les incrédules.
            Une grande crainte s'empara de toute l'assemblée. C'est ce qu'il nous convient également de ressentir en face du péché de l'hypocrisie. Dans le discours du Seigneur Jésus, en Luc 12, nous lisons qu'il « se mit d’abord à dire à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l'hypocrisie. Mais il n'y a rien de couvert qui ne sera révélé, ni rien de secret qui ne sera connu. C'est pourquoi tout ce que vous avez dit dans les ténèbres sera entendu dans la lumière, et ce dont vous avez parlé à l'oreille dans les chambres sera proclamé sur les toits » (v. 1-3). Le Seigneur le dit bien à ses disciples, et non aux pharisiens Eux aussi étaient exposés à ce mal et pouvaient y succomber. Et nous ne sommes pas meilleurs qu'eux. Ce chapitre contient beaucoup d'avertissements donnés par le Seigneur, mais en tout premier lieu c'est sur ce péché d'hypocrisie qu'Il attira l'attention des disciples.
            Si nous comparons les paroles du Seigneur en Luc 12 : 3 avec ce qui est arrivé en Actes 5, la relation est particulièrement évidente. Le grand sérieux avec lequel le Seigneur mit en garde contre l'hypocrisie, la sévérité avec laquelle Il jugea ce péché dans la première assemblée à Jérusalem et fit plus tard des reproches à Laodicée, nous contraint à prendre ce péché également très au sérieux. Nous avons besoin comme cette dernière assemblée de recevoir du Seigneur un collyre pour bien voir (Apoc. 3 : 18). L'hypocrisie nous empêche d'avoir un regard juste sur lui, sur nos frères et nos contemporains. Je suis persuadé que cet avertissement de Luc 12 revêt aussi la plus grande importance pour la vie conjugale et familiale des croyants.
            Ananias et Sapphira voulurent imiter Joseph qui avait vendu sa terre et en avait apporté la valeur aux apôtres pour soulager les nombreux pauvres. On lui avait donné le beau nom de « Barnabas », qui signifie « fils de consolation ». Quelle place honorable il avait dans l'assemblée ! Ananias et Sapphira  avaient, eux aussi, des possessions. S'ils faisaient comme Barnabas ? Mais était-il nécessaire de tout donner ? S'ils en gardaient par exemple la moitié pour eux ? Ils seraient alors considérés comme ayant autant de dévouement que les autres qui avaient tout donné. Qui saurait qu'ils avaient mis de côté de petites économies ? Ils mirent donc leur projet à exécution. Mais le secret fut révélé à Pierre. « Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l'Esprit Saint... ? », demanda-t-il sévèrement. Il savait que Satan est l'instigateur de tout mal. C'est ce qu'il a été pour Eve au paradis, c'est ce qu'il sera jusqu'à la fin, lorsque Dieu le jettera dans l'étang de feu qui est préparé pour lui et pour ses anges. Cependant, Ananias n'était pas justifié pour autant, pas plus qu'Eve, des siècles plus tôt. Si seulement il avait discerné l'origine de la première suggestion et avait résisté à Satan ! Mais il laissa la convoitise s'implanter dans son cœur, et finalement le diable en profita pour prendre la place à laquelle seul le Seigneur avait droit. Nous connaissons sa fin et celle de Sapphira qui persista dans le même mensonge.

Que peut nous apporter cette histoire, à nous, maris et femmes d'aujourd'hui ? Nous aussi, nous avons des délibérations dans l'intimité de nos demeures ! Et c'est bien nécessaire. Nous parlons de l'éducation de nos enfants, quand Dieu nous en a donné. Nous discutons des problèmes que comportent notre travail et notre profession. Cherchons-nous alors notre satisfaction et la considération des hommes ? Sommes-nous conscients du fait que Dieu entend ces conversations privées ? Sa parole est-elle la règle de conduite de toutes nos actions ?
            A propos de ce récit, nous sommes confrontés à la question : Comment devons-nous gérer nos biens et employer nos revenus ? Nous avons vu que, pour les croyants de ce temps-là, ce n'était pas un problème. J'ai déjà entendu dire que ce comportement n'était pas raisonnable parce que, en conséquence, tous les Juifs croyants eurent besoin d'assistance et qu'il fallut faire des collectes pour eux en d'autres lieux. Pourtant ils ont agi alors selon la parole du Seigneur en Luc 12 : 33 et ont acquis ainsi pour eux-mêmes « un trésor inépuisable, dans les cieux, où le voleur n'approche pas, et où la mite ne détruit pas ; car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ». Si ce trésor, pour nous, est sur la terre, notre cœur engendrera inévitablement la cupidité qui est rangée parmi les péchés graves en 1 Corinthiens 5 : 10-11 et 6 : 10.
            On entend dire parfois que l'argent est la racine de tous les maux. C'est faux. On peut faire beaucoup de bien avec l'argent. Il est écrit en 1 Timothée 6 : 10 : « c'est une racine de toutes sortes de maux que l'amour de l'argent : pour s’y être livrés, certains se sont égarés de la foi et se sont eux-mêmes transpercés de beaucoup de douleurs ». Le verset précédent avertit : « Mais ceux qui veulent devenir riches tombent en tentation et dans un piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition ». Mais il existe aussi des croyants à qui Dieu a confié des richesses. A ceux-là s'adressent les versets 17 à 19 : « Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent siècle de ne pas être hautains et de ne pas mettre leur confiance dans l'incertitude des richesses, mais en Dieu, lui qui nous donne tout, richement, pour en jouir ; qu'ils fassent du bien ; qu'ils soient riches en bonnes œuvres ; qu'ils soient prompts à donner, généreux, s'amassant comme trésor un bon fondement pour l'avenir, afin de saisir ce qui est vraiment la vie ».
            Nous lisons en Hébreux 13 : 16 : « N'oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices ».
            Selon Lévitique 27 : 30, les Juifs devaient donner la dîme de leurs revenus pour le service de Dieu. C'était pour subvenir aux besoins des Lévites qui, à leur tour, devaient en donner dix pour cent aux sacrificateurs (Nom. 18 : 26). S'y ajoutaient les sacrifices offerts volontairement, entre autres les dons aux pauvres. Dans le Nouveau Testament, il ne nous est pas prescrit une telle règle, puisque nous ne sommes pas sous la Loi, mais sous la grâce. Mais ne serait-ce pas mal comprendre la grâce et méconnaître ses effets que de donner en dessous du minimum ordonné au peuple terrestre de Dieu ?
            Outre les passages déjà cités, j'aimerais encore attirer l'attention sur 2 Corinthiens 8 et 9, deux chapitres entièrement consacrés au « don », sans trace de principe légal. Paul présente aux croyants de Corinthe l'exemple des Macédoniens, en qui la grâce de Dieu avait opéré de telle manière que, malgré leur profonde pauvreté, ils avaient abondé dans la richesse de leur libéralité. Ils avaient même demandé de pouvoir participer aux collectes, et y avaient contribué spontanément, et au-delà de leur pouvoir. Le secret, c'est qu'ils avaient trouvé le salut par la foi en Christ qui s'était donné lui-même pour eux. Ils s'étaient alors donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur et ensuite, poussés par l'amour, aussi aux autres. Pour eux, la question n'était pas « combien dois-je donner ? » mais « combien puis-je donner ? »
            Au chapitre 9, on lit : « Que chacun fasse comme il l’a résolu dans son cœur, non pas à regret, ou par contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement » (v. 7). Si l'amour du Christ avait eu une telle place dans les cœurs d'Ananias et de Sapphira, ils n'auraient pas connu cette mort terrible. Et si nous donnons à Christ la première place dans notre cœur, Satan n'aura pas d'influence sur nous. Il n'y aura pas de place non plus pour le levain d'hypocrisie des pharisiens. Dans les sept « Malheur à vous ! » de Matthieu 23, le Seigneur Jésus a mis en lumière l'hypocrisie de ces hommes et a prononcé son jugement contre eux. Le Seigneur comparait leur doctrine et leur mise en pratique avec le levain qui, dans la Bible, est toujours une image du mal. Lorsque les fils d’Israël célébrèrent la Pâque en Egypte, ils durent ôter le levain de leurs maisons, car il ne fallait pas qu'il y en ait du tout. Paul appelle les croyants à ôter le vieux levain : « c'est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de mal et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité » (1 Cor. 5 : 8).
            Les pharisiens donnaient rigoureusement la dîme de tout. Mais ils faisaient leurs aumônes publiquement afin d'être loués par les hommes pour leur piété. C'était agir avec fausseté, c'était un péché !
            Et nous ? Si nous examinons nos maisons, les trouvons-nous exemptes de « levain » ? Où en sont nos relations entre mari et femme ? Sommes-nous francs et loyaux l'un devant l'autre dans un amour sincère ? Ou l'hypocrisie y a-t-elle aussi une place ? Par nature, nous sommes enclins à donner aux autres une meilleure image de nous-mêmes que ce que nous sommes.
            Dans quelle atmosphère nos enfants grandissent-ils ? Est-elle imprégnée de sincérité et de vérité, ou bien faisons-nous « comme si... » ? Les enfants savent bien ce qu'il en est au fond, ou le comprennent par intuition. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Ils sont plus faibles et plus vulnérables, et ont besoin que nous les guidions et leur soyons en exemple.
            Au sujet des pharisiens, le Seigneur a dû dire : faites selon leurs paroles mais non selon leurs œuvres. Il ne faut pas que cela puisse s'appliquer à nous, parents. Nous désapprouvons avec raison la manière de donner des pharisiens en la qualifiant d'hypocrisie. Mais est-ce que cela doit nous conduire à ne rien donner, ou à donner peu ? Selon l'apôtre Paul, donner est une bénédiction. Et on connaît les paroles du Seigneur Jésus : « Il est plus heureux de donner que de recevoir » (Act. 20 : 35). On doit malheureusement souvent constater que beaucoup de personnes, et même des croyants, sont entièrement satisfaits de la bénédiction qu'il y a à recevoir, et pensent peu à l'autre bénédiction que l'on trouve à donner. Nous devrions aussi y faire participer nos enfants.
            Je vois parfois des parents glisser un peu d'argent dans la main de leur enfant pour qu'il le mettre à la collecte. Moi-même, je l'ai fait aussi. Les petits aiment cela. Pourquoi ne leur accorderions-nous pas cette joie ? Mais nous ne devons pas penser que, de cette manière, ils apprennent à donner. Ils sauront ce que c'est, lorsqu'ils auront grandi, seulement quand nous leur enseignerons à faire un bon usage de l'argent de poche ou de celui qu'ils ont gagné eux-mêmes. Ils devront apprendre à en donner aussi une partie au Seigneur, Lui qui est le grand Ami des enfants.
            Il y a longtemps, je reçus d'un jeune élève une somme de 35 florins, si je me souviens bien. Pendant quelques mois, il avait distribué le journal dans son quartier, et il avait gardé l'argent qu'il avait gagné. Il voulait donner la somme en question pour l’œuvre missionnaire. Il me demanda de transmettre cet argent, ce que je fis avec joie, estimant heureux ses parents à cause des résultats de leur éducation. Ce que l'on a appris dans sa jeunesse peut marquer toute la vie. « Elève le jeune garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point » (Prov. 22 : 6).
            Terminons sur cet extrait du livre des Proverbes : « Honore l'Eternel de tes biens et des prémices de tout ton revenu ; et tes greniers se rempliront d'abondance, et tes cuves regorgeront de moût » (Prov. 3 : 9-10).
            Les fils d'Israël devaient donner de leurs prémices à Dieu. Celui qui reçoit un salaire hebdomadaire ou mensuel fera bien, dès le début, d'en mettre à part pour le Seigneur, « sur ce qu’il aura gagné » (1 Cor. 16 : 2), « comme il l’a résolu dans son cœur » (2 Cor. 9 : 7). Il vaut mieux donner des premiers fruits plutôt que de ce qui reste.


D’après H. Wilts 

 

A suivre