AU SUJET DES SACRIFICES (5)
Lévitique 16 : 15-22
Les versets 11 à 15 nous ont appris que le sang avait été porté dans le sanctuaire et qu'il en avait été fait aspersion sur le propitiatoire, de sorte que la justice et la sainteté de Dieu avaient été pleinement satisfaites. L’œuvre a été accomplie pour la gloire de Dieu en même temps qu'en rapport avec les hommes. « Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous » (Eph. 5 : 2).
Le sang de Christ a une telle puissance que non seulement nous sommes purifiés par lui et Dieu est pleinement satisfait à notre égard, mais que, en vertu de cette œuvre, les cieux et la terre seront un jour purifiés (Col. 1 : 20). C'est ce qui nous est présenté au verset 16 bien que nous ne trouvions pas ici la perfection de cette œuvre dans ses pleins résultats. Car si les types, dans le Lévitique, ont une application réelle à nous-mêmes, n'oublions pas que c'est à Israël qu'ils étaient donnés ; ils n'étaient par conséquent pas en accord avec la pleine réalité. Il n'est donc pas question ici de purification des cieux et de la terre, mais seulement du sanctuaire, image du ciel. Naturellement, plus tard, la terre aussi sera purifiée, mais dans ce contexte cela ne pouvait pas nous être présenté alors et cela rend la chose très précieuse pour nous.
Nous avons vu qu'Aaron seul avait le droit de pénétrer dans le sanctuaire. Pour nous, le chemin du sanctuaire est ouvert ; l’épître aux Hébreux (10 : 19) nous le déclare expressément et nous savons que, quand Jésus est mort, le voile a été déchiré du haut jusqu'en bas, de sorte que tous ceux qui sont liés à Lui peuvent entrer dans le lieu saint.
Mais un principe est formel dans la Parole de Dieu, c'est que le contact avec le mal souille. La terre et les cieux sont souillés ; la terre du fait que nous vivons sur elle ; les cieux parce que Satan s'y trouve, et aussi, pouvons-nous ajouter, du fait que des hommes y ont accès. Et nous voyons ici la merveilleuse façon dont le Seigneur a pourvu à cet état de choses : le lieu saint aussi a été purifié par le sang de Christ. En pratique nous sommes loin d'être toujours purs ; or Dieu ne peut tolérer aucune impureté en sa présence. C'est précisément à cela qu'il a été pourvu ici ; la souillure introduite par notre moyen a aussi été enlevée par le sang du Seigneur Jésus. S'il n'en était pas ainsi, nous ne pourrions pas pénétrer dans la présence de Dieu.
Nous trouvons un deuxième acte aux versets 18 et 19. Aaron devait sortir « vers l'autel qui est devant l'Eternel » et faire propitiation pour lui avec du sang. Il s'agit de l'autel d'airain qui était dans le parvis. Le parvis est une image de la terre, mais de cette terre comme le lieu où a été dressée la croix dont l'autel est le symbole. Mais l'autel d'airain est aussi appelé la Table du Seigneur (Mal. 1 : 12) et ceci nous aide à comprendre sa signification ici. L'autel d'airain était le lieu où Dieu se rencontrait avec son peuple.
Moïse, étant un type du Seigneur, pouvait entrer à tout moment dans le sanctuaire quand Dieu parlait avec lui, tandis qu'Aaron, ici en contraste avec Christ, ne le pouvait qu'une fois par an (voir Ex. 25 : 22 ; Nom. 7 : 89). Mais l'holocauste continuel était offert sur l'autel d'airain, « à l'entrée de la tente d'assignation... où je me rencontrerai avec vous pour y parler avec toi » (Ex. 29 : 42). Là le peuple pouvait apporter son sacrifice, en particulier son sacrifice de prospérité dont il avait le droit de manger. Dieu recevait une partie de ce sacrifice qu'Il appelle « son pain » (Lév. 3 : 11, 16) ; Aaron, type du Seigneur Jésus, en recevait une autre partie (Lév. 7 : 31), enfin celui qui apportait le sacrifice en mangeait aussi, ainsi que tous ceux du peuple qui étaient purs (Lév. 7 : 19). C'était donc un repas pour toute la famille de Dieu et il avait lieu près de cet autel.
N'est-ce pas là une image de ce que nous accomplissons le dimanche matin ? Aucun type, dans l'Ancien Testament, n'est davantage en rapport avec la Cène que celui-là : aucun ne suggère plus clairement la Table du Seigneur où la famille de Dieu se trouve réunie pour manger ensemble du sacrifice offert. Mais sommes-nous toujours pratiquement purs quand nous nous approchons de la Table du Seigneur et la chair n'agit-elle jamais quand nous sommes réunis ? Il en est hélas souvent ainsi ; nos pensées sont loin d'être toujours entièrement occupées du Seigneur Jésus. Et que de fois n'avons-nous pas oublié le jugement de nous-mêmes ?
Dieu ne peut pas avoir de communion avec le péché, et l'autel d'airain est précisément le signe le plus élevé de la sainteté. Il était fait de bois, mais recouvert d'airain. De quoi l’airain nous parle-t-il ? Nombres 16 l'illustre. Ce chapitre relate la révolte de Dathan et d'Abiram et de deux cent cinquante hommes avec eux. Lorsque ces hommes s'approchèrent de Dieu avec des encensoirs d'airain, la terre ouvrit sa bouche et Dathan et Abiram avec les leurs furent engloutis vivant. Puis le feu du ciel descendit et consuma les deux cent cinquante hommes qui présentaient l'encens. Mais les encensoirs d'airain ne furent pas détruits ; ils traversèrent le feu de Dieu sans être consumés. L'Eternel ordonna alors de plaquer l'autel avec cet airain, rappel perpétuel du jugement traversé par Celui en qui rien ne pouvait être détruit.
Selon 1 Corinthiens 10 : 18, l'autel d'airain évoque la Table du Seigneur qui est le lieu le plus saint sur la terre. Comment est-il possible alors que nous y participions ? Nous nous connaissons pourtant. Nous apprenons ici comment cela est possible : en vertu du sang apporté sur cet autel qui était le seul lieu sur la terre où le sang était apporté. Le sanctuaire, image du ciel, était purifié par le sang mais, à part cela, c'est seulement sur cette base que nous pouvons nous y rencontrer.
Ainsi la Table du Seigneur, le lieu où nous nous rencontrons avec le Seigneur au milieu de nous, se trouve placé sous l'efficace du sang, de sorte que le Seigneur Jésus peut être au milieu de nous, même si la chair agit en nous.
Bien que ce ne soit pas directement en rapport avec notre sujet, il est nécessaire de compléter la pensée que nous avons exprimée plus haut, car on pourrait en tirer une fausse conclusion et se dire : peu importe alors qu'il y ait du péché au milieu de nous. Mais l'Ecriture fait une grande différence entre les péchés connus et ceux qui ne le sont pas, et également entre une « vie dans le péché » qui rend impossible la présence du Seigneur, mais le refus de juger un mal connu. Si la présence du péché empêchait le Seigneur d'être au milieu de nous, jamais Il ne serait présent. Savons-nous toujours si quelque chose n'est pas en ordre chez nous ? Avons-nous toujours confessé ce qui doit être jugé ? Pratiquement, c'est impossible ; nous ne nous rappelons pas toutes nos pensées, toutes nos paroles et nous avons aussi pu accomplir des actions que nous avons crues bonnes et qui ne l'étaient pas.
Mais c'est bien pour cela que nous avons ici le sang. Et il en est exactement ainsi pour le pécheur qui vient au Seigneur. Le sang de Jésus a une telle efficace que tout pécheur qui vient à Lui peut être sauvé, et nous lisons, en 1 Timothée 2 : 6, qu'il « s'est donné lui-même en rançon pour tous ». Mais seul celui qui vient à Dieu en confessant ses péchés et qui accepte le Seigneur Jésus par la foi a part à l’œuvre de la croix.
Et il en est ainsi de ce dont nous parlions : si un mal est reconnu au milieu de croyants et qu'ils refusent de le juger, ils n'en sont pas purifiés et le Seigneur ne peut plus être au milieu d'eux. J'ai souvent appliqué à ceci le principe de 1 Jean 1 : 9 : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » ; aucun péché n'est pardonné qui n'est pas confessé. Pour les péchés dont nous ne sommes pas conscients, Dieu y a pourvu, mais celui qui refuse de confesser ses péchés n'a pas de pardon ; c'est un principe absolu dans les voies de Dieu. Il apparaît dans les versets suivants de notre chapitre.
La présentation du bouc vivant
Le verset 21 nous présente un fait remarquable : « Et Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et confessera sur lui toutes les iniquités des fils d'Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés ». Admirable figure de ce que Christ, dont Aaron est le type, a fait sur la croix ! Nous avons rappelé le principe divin selon lequel sans confession, il n'y a pas de pardon. Or qui de nous a confessé tous ses péchés lors de sa conversion ? Tous nos actes, toutes nos paroles, toutes nos pensées avant notre conversion ne sont-ils pas péché ? Selon Genèse 6 : 5, toute l'imagination des pensées du cœur de l'homme n'est que méchanceté en tout temps. Et Romains 3 : 12 déclare : « Il n'y en a aucun qui pratique la bonté, il n'y en a pas même un seul ».
Ainsi l’œuvre de Jésus est suffisante pour tout. Et nous voyons ici où nos péchés sont restés. Ils ont été confessés sur la tête de ce bouc, type de Christ Lui-même. Le bouc est emmené dans une terre déserte, chargé de toutes les iniquités du peuple. Le Seigneur Jésus a porté nos péchés en son corps sur le bois (1 Pier. 2 : 24). Dieu l'a châtié à cause de ces péchés, et c'est chargé de mes péchés qu'il est mort sur la croix. Mais il est ressuscité sans mes péchés ; ils sont restés dans le tombeau et Dieu ne les verra plus jamais ; ils ont été anéantis, détruits par le jugement de Dieu.
Nous avons remarqué que les deux boucs représentent l’œuvre de Christ pour Israël. Ce peuple n'en verra les résultats que quand le Seigneur Jésus viendra du ciel. Alors ceux qui composent le Résidu prononceront les paroles d'Esaïe 53, car Esaïe 53 est, à proprement parler, le langage du Résidu d'Israël. Et nous avons la même chose au Psaume 40 ; le Seigneur se présente là comme dans tous les psaumes dans sa relation avec Israël et s'écrie : « Mes iniquités m'ont atteint, et je ne puis les regarder ; elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête ». Mais la vérité que nous avons ici est bien entendu valable pour nous aussi, seulement nous n'avons pas à attendre jusqu'à ce que le Seigneur Jésus revienne du ciel. En effet, du moment où nous avons la paix avec Dieu, nous pénétrons avec Aaron dans le lieu saint et nous voyons le sang qui nous parle de l’œuvre de Christ. Je suis venu à Dieu comme pécheur, avec mes péchés et je lui ai dit : Je suis un pécheur et si tu agis en jugement envers moi, ma part est l'enfer. Dans cet état, je ne peux pas entrer dans le lieu saint. ‒ Eh bien, telle est l'application des deux boucs en ce qui nous concerne ! Dieu a dirigé nos yeux vers le Seigneur Jésus et le Saint Esprit nous a appris que Christ était mort pour nous et non seulement cela, mais qu'il était aussi ressuscité d'entre les morts, de sorte que nos péchés sont restés dans le tombeau ayant disparu à jamais. Quelle pensée remarquable !
Toutes les iniquités confessées sur le bouc
Lisons attentivement le verset 21 : Aaron devait confesser sur le bouc toutes les iniquités des fils d'Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés. A quoi cela m'aurait-il servi si Jésus n'avait porté que les péchés que j'ai commis avant ma conversion, ou s'il n'avait porté que mes péchés commis une heure auparavant ? Je serais perdu, car un péché est suffisant pour me conduire en enfer. Par un seul péché Adam et Eve sont devenus pécheurs et furent chassés de la présence de Dieu. Mais le Seigneur Jésus a confessé tous nos péchés et les a tous portés, de sorte que la Parole de Dieu déclare que nous sommes rendus parfaits à perpétuité (Héb. 10 : 14).
Dans le type, cette position ne peut pas apparaître clairement, car l'épître aux Hébreux (10 : 1- 4) nous dit que cela se rapporte à l'Israël d'alors. Or, tant que le souverain sacrificateur n'était pas sorti du sanctuaire, les fils d'Israël ne savaient pas que leurs péchés étaient pardonnés, tandis que, dès le moment où ils constataient que le souverain sacrificateur était sorti et qu'ils voyaient le bouc emmené au désert, ils savaient que tous leurs péchés s'en étaient allés. Mais il s'agissait seulement de leurs péchés jusqu'à ce moment et, l'année suivante, il était nécessaire de recommencer. C'était uniquement à ce moment-là qu'ils étaient sûrs que leurs péchés étaient enlevés.
En contraste, l'épître aux Hébreux nous dit ce qu'il en est pour nous ; l’œuvre du Seigneur Jésus est si grande, qu'elle nous a rendus parfaits à perpétuité, c'est-à-dire de façon ininterrompue (Héb. 10 : 14). Dès ce moment où j'ai eu part à l’œuvre de Christ et jusque dans l'éternité, il n'y a pas une seconde où du péché se trouve entre Dieu et moi, car Jésus a porté le jugement pour tous ces péchés-là. Et si je pèche encore, Christ a déjà porté le jugement de ce péché, de sorte qu'il n'y a pas, pour moi, de condamnation pour ce péché. Il se peut que Dieu ait à intervenir dans son gouvernement ; ma communion avec le Père est interrompue, mais quant à l'éternité, il n'y a pas de jugement. La question entre Dieu le Créateur et moi comme créature est réglée à tout jamais et je suis, à cet égard, devenu son enfant par la foi, Lui, étant mon Père : une relation qui ne peut être anéantie. C'est là ce que l’épître aux Hébreux ajoute à ce sujet, et c'est là, de fait, la fin de ce grand jour des propitiations.
« Vous affligerez vos âmes »
Un dernier point doit être souligné en rapport avec les versets 29 à 31. « Et ceci sera pour vous un statut perpétuel : au septième mois, le dixième jour du mois, vous affligerez vos âmes, et vous ne ferez aucune œuvre, tant l'Israélite de naissance que l'étranger qui séjourne au milieu de vous ; car, en ce jour-là, il sera fait propitiation pour vous, afin de vous purifier ; et vous serez purs de tous vos péchés devant l'Eternel. Ce sera pour vous un sabbat de repos, et vous affligerez vos âmes ; c'est un statut perpétuel ».
Nous apprenons là ce que ce jour signifiait pour Israël et ce qu'il sera dans l'avenir pour lui. Quand nous lisons les prophéties, nous voyons ce qui se passera dans le cœur du résidu quand il verra le Seigneur Jésus. Si nous pensons au moment où nous verrons le Seigneur ce n'est que joie pour nous ; nos cœurs désirent Le voir. Mais il n'en sera pas ainsi pour Israël. Certes le peuple sera heureux de son salut, de sa délivrance, mais, en même temps, ce sera pour lui un jour de deuil (Zach. 12 : 10 à 14 ; Es. 53). Ils constateront que Celui qu'ils ont rejeté et qui a dû mourir pour leur péchés était leur Messie et ce n'est pas là un sujet de joie, mais de contrition.
Quand nous sommes réunis pour le culte, le dimanche, les souffrances du Seigneur Jésus ne nous sont pas en elles-mêmes un sujet de joie. Nos cœurs en y pensant s'inclinent avec reconnaissance mais avec humiliation : ce sont les « herbes amères » liées à la Pâque. On trouverait une pensée analogue en rapport avec l'évangile, et le Seigneur la fait ressortir en Matthieu 13 : 20-21. Dire à quelqu'un qu'il est perdu n'est pas une heureuse nouvelle, et une vraie conversion ne débute pas par la joie. Il y en a au ciel (Luc 15 : 7), mais il n'y en a pas, d'abord, chez le pécheur. Et ce n'est pas un sujet de joie non plus pour les croyants de confesser que nous étions si mauvais que le Seigneur Jésus a dû mourir pour nous ! La joie vient dès que nous considérons les résultats de l’œuvre de Jésus, elle n'est pas dans la conversion même, ni dans le souvenir de ce qu'Il a dû souffrir pour nous. Ainsi en sera-t-il pour Israël.
Il vaut la peine de s'arrêter là-dessus, qu'il s'agisse d'évangélisation ou de la célébration de la Cène. Nous venons ensemble pour annoncer la mort du Seigneur, nous méditons sur le prix qu'il a payé, les souffrances qu'il a endurées, et cela nous amène à l'adoration. L'adoration n'est pas la joie, bien qu'elle ne l'exclue pas, au contraire : quelle joie quand nous considérons la part qui résulte pour Lui et pour nous de son œuvre, et d'avoir avec nous Celui qui est vivant après avoir été mort ! (Apoc. 1 : 18). Quand ces sujets remplissent nos cœurs nous ne pouvons pas être malheureux, mais nous sommes toujours sérieux, et c'est avec révérence et crainte que nous adressons à Dieu nos louanges. Toutes ne sont pas nécessairement l'expression de la joie, mais toutes « supposent » la joie profonde de la parfaite délivrance obtenue à ce prix - une joie solennelle. Ce côté de la joie, qui est la même que celle de Christ, nous est représenté plutôt dans le sacrifice de prospérités, et la Cène réunit précisément les caractères de la Pâque et du sacrifice de prospérités. Mais il reste que la pensée des souffrances et de la mort du Seigneur devrait tenir une plus grande place dans le culte qu'on ne la Lui donne en général.
D'après H. L. Heijkoop - « Messager évangélique » (1976 p. 156)