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« N’imite pas le mal, mais le bien »

 
 

Lire : la troisième épître de Jean

            Aucune des trois épîtres de Jean ne mentionne le nom de son auteur. Mais leur style identique et la continuité des sujets traités ne laissent aucun doute au sujet de l’écrivain : il s’agit bien de Jean, « le disciple que Jésus aimait ». Les deux dernières épîtres ont un caractère plus personnel ; l’une est adressée à une sœur, « la dame élue », et l’autre, dont nous aimerions nous occuper un peu, a été envoyée à un frère, Gaïus - un nom alors très répandu.

Le souhait de Jean et le bon témoignage rendu à l’égard de Gaïus

            Jean se présente à Gaïus comme un « ancien », et non pas simplement comme un vieillard. Il l’assure d’abord de son amour « dans la vérité » (v. 1). Puis il dit : « Bien-aimé, je souhaite qu’à tous égards tu prospères et que tu sois en bonne santé, comme ton âme prospère » (v. 2). On a dit que tout souhait chez un enfant de Dieu est une prière. Le souhait que l’apôtre exprime concerne à la fois la santé physique de Gaïus (peut-être déficiente) et son état spirituel ; celui-ci était bien meilleur, aussi son âme prospérait-elle ! Et nous savons que toute la qualité de notre activité pour le Seigneur en dépend. D’ailleurs la bonne santé de notre corps et des circonstances favorables ne sont pas indispensables à un bon état spirituel ; nous sommes plutôt amenés parfois à constater le contraire !
            En ce qui nous concerne, nous sommes souvent plutôt enclins à nous occuper davantage de notre santé physique que de savoir si notre état spirituel est bon. Attention ! C’est un piège à éviter absolument (1 Tim. 4 : 8).
            Même si sa santé laissait à désirer, Gaïus ne se relâchait pas pour autant dans son service (2 Cor. 4 : 16), un service qui semblait être axé, en grande partie au moins, sur l’hospitalité (Héb. 13 : 1-2). Recevoir les frères est une façon très utile de coopérer avec la vérité. L’hospitalité les uns envers les autres - « sans murmurer » (1 Pier. 4 : 9) - a tout son prix aux yeux de Dieu.

            L’apôtre Jean s’était beaucoup réjoui du témoignage très favorable donné par les frères après leur passage chez Gaïus : ce frère marchait dans la vérité (v. 3), ce qui est bien plus important que de l’étudier ou d’en parler ! La marche fidèle de ce chrétien était tout à fait en accord avec la vérité révélée ! Elle est inséparable de la dépendance, de l’humilité et de la confession des fautes.
            Ces évangélistes itinérants avaient raconté devant tous l’accueil plein d’amour que Gaïus leur avait réservé, selon sa coutume. Cet éloge, qui concernait celui que l’apôtre considérait probablement comme un de ses « enfants spirituels », apportait à Jean un nouveau sujet de joie et de consolation - après celui de 2 Jean 3. Il était par ailleurs attristé devant le déclin général, car la vérité avait « trébuché sur la place publique » (Es. 59 : 14-15).

            Nous mesurons mal sans doute à quel point ces exemples de fidélité sont un baume pour ceux qui paissent le troupeau de Dieu - et pour le Seigneur Lui-même ! Ailleurs, l’apôtre Paul parle aussi de Gaïus - si du moins c’est le même - en ces termes : « mon hôte et celui de toute l’assemblée » (Rom. 16 : 23).

Le service fidèle de Gaïus, un exemple à imiter

            En s’appuyant sur l’exemple de Gaïus, l’apôtre Jean nous exhorte à recevoir et à aider tous ceux qui viennent nous enseigner la vérité. Il encourage Gaïus à continuer d’accomplir pleinement son service à l’égard de ces frères étrangers : « Tu feras bien de les accompagner d’une manière digne de Dieu, car ils sont sortis pour le Nom, ne recevant rien de ceux des nations » (v. 6-7 ; Matt. 10 : 8 ; Apoc 22 : 17). Il fallait les accompagner dans leurs déplacements et participer de façon généreuse à leurs frais de voyage, « d’une manière digne de Dieu » ; l’apôtre précise en effet qu’ils n’acceptaient rien de la part des païens qu’ils venaient évangéliser. C’est d’ailleurs ce qui les conduisait parfois à travailler de leurs propres mains pour subvenir à leurs besoins, tout en servant le Seigneur (1 Cor. 4 : 12).      
            Paradoxalement, il n’est pas rare de voir des « chrétiens » agir de nos jours tout autrement. Pour couvrir les « frais » engendrés par un travail d’évangélisation, on accepte de recevoir des subsides d’un monde sans Dieu qui a volontairement rejeté Christ, et où se trouvent justement ceux que l’on se propose d’évangéliser. On est loin alors d’avoir honte d’agir ainsi, à la grande différence d’Esdras : cet homme pieux ne voulait pas demander au roi des forces et de la cavalerie pour les aider en chemin ! (Esd. 8 : 22). 
            Cette exhortation à « accompagner » de soins diligents les serviteurs de Dieu lors de leurs voyages se retrouve à plusieurs reprises dans les épîtres (1 Cor. 16 : 6, 11 ; 2 Cor. 1 : 16). Nous devons - c’est plutôt impératif – « accueillir de tels hommes » et ainsi « coopérer avec la vérité » (v. 8 ; 1 Cor. 16 : 16). C’est recevoir Christ Lui-même (Matt. 10 : 40) !
            Avons-nous saisi la valeur de ce service envers les envoyés de Dieu ? Sommes-nous disposés à le rendre avec amour, en saisissant l’occasion de servir avec joie le Seigneur en servant les siens ? (Matt. 25 : 35-38). La suite de l’épître montre qu’il y avait dans cette assemblée locale un autre frère qui n’en avait pas du tout le désir. Peut-être craignait-il simplement que son autorité abusive ne soit ainsi battue en brèche ? Or, dans son orgueil, il entendait la conserver.
 
 
Un contre-exemple : Diotrèphe
 
            Nous apprenons que Gaïus est confronté dans sa propre assemblée à une situation difficile. Elle était due aux agissements d’un autre frère, Diotrèphe. Celui-ci refusait de recevoir qui que ce soit - et même l’apôtre ! Jean avait bien écrit à l’assemblée, mais il craignait visiblement que cette lettre n’ait pas été communiquée. Aussi avait-il jugé bon d’en avertir Gaïus.
           Diotrèphe empêchait donc ses frères de se montrer hospitaliers vis-à-vis des frères étrangers et chassait de l’assemblée ceux qui lui désobéissaient ! (v. 10) Une courte phrase de l’apôtre semble préciser la source d’une telle manière d’agir : Diotrèphe était un croyant mais il aimait à être le premier parmi les frères (v. 9) ! Il usurpait la place du Seigneur. Son comportement montrait qu’il n’était pas gouverné par l’Esprit, mais par sa propre volonté et ses inclinations charnelles.

            Une telle conduite est en opposition directe avec l’Esprit de Christ ; le Seigneur a pris volontairement parmi ses disciples la place de « celui qui sert ». Il nous donne une leçon mémorable quand Il dit : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert » (Luc 22 : 26-27). Ce n’est certes pas sans motif que dans Romains 12, on trouve côte à côte des exhortations telles que : « Celui qui est à la tête, qu’il conduise soigneusement ; celui qui exerce la miséricorde, qu’il le fasse joyeusement » (v. 8). Quel que soit le service qui nous est confié, il convient de l’exercer avec humilité.

            Par ses paroles et ses actions, Jean montrait autour de lui un véritable amour selon Dieu. Toutefois il aimait « dans la vérité » et, comme Elihu, ne tombait pas - ce qui est fréquent - dans la flatterie, cette complaisance qui plaît tellement à notre chair (2 Jean 1 ; Job 32 : 22). L’apôtre ajoute donc : « Si je viens, je me souviendrai des œuvres que Diotrèphe fait en débitant de méchantes paroles contre nous » (v. 10). « Il se souviendra » - il ne précise pas de quelle manière il le fera, mais venant d’un apôtre, l’avertissement avait du poids. Ce genre d’opposition surgit souvent dans les assemblées, faute de parler la vérité l’un à l’autre sous le regard de Dieu. Il en résulte beaucoup de troubles parmi les saints.

            Cependant, il peut arriver qu’un frère fidèle soit traité à tort de « Diotrèphe » ou même, pourquoi pas, d’hérétique ! Ecoutons ce que dit la Parole : elle invite à « ne rien juger avant le temps » (Matt. 7 : 1-5 ; 1 Cor. 4 : 3-5). Dieu seul connaît les motifs intimes qui nous font agir. Il les mettra en lumière, le jour venu : ici-bas peut-être, et en tout cas au tribunal du Christ (2 Cor. 5 : 10). Il nous aide à discerner ceux qui ne sont pas des « aides » mais des « entraves » dans la marche des assemblées. Il faut reconnaître aussi les faux prophètes et ne pas les recevoir dans notre maison (2 Jean : 10). Le Seigneur dit : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Matt. 7 : 16 et 20). Le Saint Esprit, qui habite en chaque croyant, aide à les découvrir. Veillons à ne pas L’attrister, afin qu’Il puisse agir en nous, en toute liberté.
 
 
Un autre bon exemple : Démétrius
 
            Aucun détail n’est donné sur les activités de Démétrius, un frère de la même assemblée. Il faut toutefois l’imiter, lui aussi. L’essentiel est qu’il avait un bon témoignage « de tous et de la vérité elle-même » (v.12). Or ce « tous » laisse supposer que « ceux du dehors » reconnaissaient qu’il répandait autour de lui la « bonne odeur de Christ » (2 Cor. 2 : 14-15 ; 1 Tim. 3 : 7).
            Nous touchons ici à une question vraiment importante : si notre conduite journalière laisse hélas à désirer, même aux yeux des incrédules, c’est très probablement un obstacle pour ceux qui nous entourent. Plusieurs ont été de ce fait « retenus » de s’approcher du Seigneur. Veillons sérieusement à ne pas être une pierre d’achoppement (1 Cor. 10 : 32). Sans doute faut-il rappeler la réponse d’un incrédule à un croyant qui cherchait à le convaincre de venir au Sauveur : « Ce que vous faites crie si fort que je n’entends pas ce que vous dites ». Que de fois des personnes ont été ainsi empêchées, par notre faute, de venir à la foi !

            On se réjouit de pouvoir rappeler au contraire l’exemple des croyants à Antioche. C’est là qu’il a été parlé pour la première fois de « chrétiens ». La conduite de ces croyants reflétait à tel point Christ qu’on les a spontanément nommés « chrétiens », c’est-à-dire « petits Christ » (Act. 11 : 26).

            L’apôtre se réjouit d’ajouter au sujet de Démétrius : « Nous aussi, nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est vrai » (voir Jean 21 : 24). La conduite de l’apôtre au milieu des croyants était telle qu’ils étaient convaincus qu’il disait la vérité ! C’est très humiliant d’entendre Paul, conduit par l’Esprit, nous inviter à « renoncer au mensonge », car, dit-il, « nous sommes membres les uns des autres » (Eph. 4 : 25). Et pourtant dans cette épître aux Ephésiens, il s’adresse à des chrétiens auxquels il s’était senti libre d’exposer notre si haute position en Christ ! Si les œuvres de la chair se manifestent chez des enfants de Dieu, il s’ensuit forcément beaucoup de misère ; la confiance réciproque s’étiole, aussi longtemps que ces péchés n’ont pas été confessés par celui qui a menti et ne change pas réellement de conduite avec le secours d’en Haut. 
 
 
L’exhortation de Jean à Gaïus : imiter le bien, et non le mal
 
            Au début du verset 11, l’apôtre tire un avertissement de la douloureuse situation qu’il vient d’évoquer (v. 9-10). Il s’adresse à tous les croyants, en tout temps et en tout lieu : « Bien aimé, n’imite pas le mal, mais le bien ». Il y a de la tendresse dans ses paroles - elles viennent du Seigneur. L’apôtre Paul, lui aussi, nous exhorte, en écrivant aux Romains : « Ayez en horreur le mal, tenez ferme au bien… Je désire que vous soyez sages quant au bien et sans compromis avec le mal » (Rom. 12 : 9 ; 16 : 19), et il dit aux Thessaloniciens : « Abstenez-vous de toute forme de mal » (1 Thes. 5 : 21).
            Notre cœur naturel, toujours porté à mal faire, peut être tenté d’adopter une attitude semblable à celle de Diotrèphe. Celui-ci voulait sans doute considérer l’assemblée locale comme son héritage personnel, une sorte de chasse gardée. Il cherchait à avoir une position dominante au milieu de ses frères, dans le but de leur imposer sa façon de voir. Elle n’avait rien à faire avec celle qui est indiquée par les Ecritures. 
            Sous la férule d’un tel despotisme, notre chair se cabre ; nous regimbons ou nous pouvons parfois être tentés d’imiter un si mauvais exemple. Le monde affirme que « la raison du plus fort est toujours la meilleure » et il agit selon ce principe charnel. Restons résolument à l’écart de ces pensées d’origine diabolique. Sinon, sous le couvert d’un manteau religieux trompeur, nous pourrons provoquer de graves conflits parmi les enfants de Dieu. L’esprit de parti se fera jour et une humiliante division pourra s’ensuivre (Phil. 2 : 3).   

            Notre douceur (ou : notre modération) doit être connue de tous les hommes (Phil. 4 : 5). Suivons le « modèle » laissé par Celui qui, outragé, « ne rendait pas l’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à Celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 23).
            A la fin de son épître, Jean remonte à la « source » de nos actes et pose, selon sa démarche habituelle, des principes sous une forme absolue : « Celui qui fait le bien est de Dieu ; celui qui fait le mal n’a pas vu Dieu » (v. 11). Sans doute, un croyant peut parfois être entraîné à faire le mal, mais ici l’apôtre a en vue quelqu’un qui y marche habituellement. Tout bien est chez le croyant un fruit de la vie divine ; au contraire, celui qui fait habituellement le mal n’a pas vu Dieu ! 

 
            En attendant de les visiter, bientôt si possible, Jean voulait que chacun de ses « amis » - c’est la seule occasion où cette appellation est employée dans les épîtres - reçoive un témoignage personnel de son souvenir et de son affection. Aussi demande-t-il qu’ils soient, dans ce but, salués nom par nom (v. 15).
            En terminant, rappelons cette préoccupation de l’apôtre, exprimée dans sa seconde lettre : « Prenez garde à vous-mêmes, afin que nous ne perdions pas le fruit de notre travail, mais que nous recevions un plein salaire » (v. 8). Ces paroles s’adressent à tous les croyants : ayons le même désir d’agir de manière à encourager ceux qui nous ont annoncé la Parole de vérité. Ces bergers, marchant sur les traces du « grand Pasteur des brebis » (Héb. 13 : 20), étaient humbles ; soyons animés du même esprit !
 
 

                                                                       Ph. L                            le 06. 06. 13

 
 

                              Forme à ton service des cœurs plus joyeux,
                              Prompts au sacrifice, toujours sous tes yeux ;

                              Qui chantent, qui tremblent, remplis de ferveur ;
                              Des cœurs qui ressemblent au tien, cher Sauveur.