Craindre et croître
« Que vous discerniez les choses excellentes » (Philippiens 1 : 10).
Celui qui sème pour son plaisir, verra passer à mesure qu'il avancera tout ce pour quoi il a travaillé ; au contraire, celui qui sème pour Dieu et pour l'éternité recueillera abondamment du fruit de son travail, par la grâce de Dieu qui aura fait lever la semence, comme Christ lui-même jouira du fruit du travail de son âme.
J'espère que vous comprenez toujours plus que, pour le chrétien, il ne s'agit pas seulement d'être honnête, bon, et de vivre d'une vie dirigée et mesurée par la morale du monde et de la conscience naturelle, mais de marcher comme Christ a marché. Nous sommes appelés à être des lettres de Christ connues et lues de tous les hommes (2 Cor. 3 : 2), et ce n'est pas peu dire. Quel sérieux cela donne à notre vie tout entière ; et en même temps quelle grâce et quelle beauté ! Etre les témoins d'un Dieu Sauveur, non seulement comme un prophète proclamant le message que Dieu lui a confié, mais avec l'abondance d'un coeur rempli de ce dont il parle, quel glorieux privilège !
Pour cela, il faut vivre de Christ et près de lui ; il faut, par la Parole qui rend témoignage de lui, le connaître toujours mieux, lui, ses pensées, sa volonté : il faut que le coeur soit élargi et pressé par son amour ; il faut que notre sentier devienne toujours plus étroit, toujours plus complètement un sentier d'obéissance. Cela explique ces belles prières de Paul pour ceux qu'il aimait selon Christ (Eph. 1 ; 3 ; Phil. 1 ; Col. 1). Il ne faut pas nous contenter d'être pardonnés, justifiés, sauvés, de n'avoir pas à craindre de rencontrer Dieu, ni la mort ; mais il nous faut vivre dans sa communion et le servir ; nous ne devons pas rester des enfants, mais croître par la connaissance de Dieu et de sa volonté jusqu'à l'état d'hommes faits. Le commencement de la sagesse est la crainte de l'Eternel.
Priez et veillez. Ma prière pour vous est celle que Paul exprimait en faveur des Philippiens (Phil. 1 : 8-11). Priez et veillez sur vous-mêmes, pour que les personnes avec lesquelles vous vous trouvez en relation ne deviennent pas pour vous un piège ; n'oubliez pas que les plaines du Jourdain firent descendre Lot graduellement jusqu'au milieu de Sodome ; souvenez-vous toujours de Jésus qui est mort pour vous, afin que vous viviez pour lui.
Qu'est-ce que le monde peut donner ? Là où le salut de Dieu, la paix de Christ et son amour ne sont pas connus, que trouve-t-on, si ce n'est le tourment et la misère ? Il nous faudrait plus de simplicité et de persévérance de foi pour demander à Dieu d'intervenir et de bénir : Christ n'a jamais renvoyé à vide ceux qui venaient à lui. Mais combien nous sommes lents à apprendre ce qui est très simple ! Cependant Dieu est toujours là, toujours actif à notre égard, faisant contribuer toutes choses au bien de ceux qui l'aiment (Rom. 8 : 28).
J'espère que vous n'oubliez pas ce que l'amour de votre Père céleste veut nous enseigner. Que, par sa grâce, l'épreuve porte pour chacun de nous le fruit paisible de justice que Dieu voulait produire ! Rien n'arrive par hasard, les cheveux mêmes de notre tête sont comptés (Matt. 10 : 30 ; Luc 12 : 7) ; nous avons à apprendre la patience, et puis l'expérience, et aussi l'espérance.
Chers amis, que Dieu vous garde ainsi devant lui dans la conscience de son amour, comme le fils prodigue après qu'il eut rencontré son père et qu'il eut été introduit dans la maison paternelle, revêtu de la plus belle robe : un sujet de joie pour son père.
J. N. Darby