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TOUTES SORTES DE PRIERES (5)

 
 

Cas particuliers

            Le Seigneur, enseignant ses disciples sur la montagne, leur dit : « Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert. Car quiconque demande reçoit ; et celui qui cherche trouve ; et à celui qui frappe il sera ouvert » (Matt. 7 : 7-8). Et pourtant, nous trouvons dans la Parole plusieurs prières qui n'ont pas été exaucées.
            L'apôtre Jean, dans sa première épître, écrit : « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute ; et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées » (1 Jean 5 : 14-15). Cependant les Ecritures font mention de prières qui n'ont pas été écoutées.
            En Luc 18, le Seigneur Jésus montre par une parabole qu'il faut « toujours prier et ne pas se lasser » (v. 1-8). Toutefois l'enseignement divin établit qu'en certaines circonstances, il ne faut pas le faire.

            De même, l'apôtre Paul nous exhorte à prier « sans cesse » (1 Thes. 5 : 17) et pourtant, à cause de nos faiblesses, l'apôtre Pierre doit rendre les croyants attentifs à ce qui pourrait interrompre leurs prières.
            Si de tels cas se produisent, quelles en sont les raisons ? Y a-t-il défaillance ou indifférence du côté de Dieu ? Assurément non. Certes, à cause de l'état de nos cœurs, de telles choses se produisent. Dans ses voies à notre égard, le Seigneur les permet et les juge parfois même comme nécessaires. Leur origine est certainement du côté de l'homme, mais le but que Dieu poursuit est de « faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16). Quelques exemples, riches en instructions, conservés pour nous dans la Parole afin qu'ils nous servent d'avertissements, seront suffisants pour en établir les réels motifs.

 
                        Des prières qui ont été entendues, mais non exaucées

            En considérant brièvement de telles prières, nous verrons que si les choses désirées n'ont pas été accordées, c'est que la sagesse et l'amour divins avaient souvent en vue une plus grande bénédiction que celle qui était demandée.
            Le premier exemple frappant est sans doute celui de Moïse qui supplie l'Eternel de lui permettre d'entrer dans le pays promis. Nous savons qu’il a frappé le rocher deux fois de sa verge et parlé légèrement de ses lèvres (Ps. 106 : 33), au lieu de prendre la verge de la sacrificature et de parler au rocher. Aussi l'Eternel a dû prononcer à l'égard de Moïse et d'Aaron ces paroles solennelles : « A cause de cela, vous n'introduirez pas cette congrégation dans le pays que je leur donne » (Nom. 20 : 12). Pensons un peu à l'effet produit par une telle déclaration venant de la bouche de Dieu, dans le cœur de Moïse qui avait auparavant intercédé pour le peuple afin qu'il ne soit pas privé de la terre promise. A-t-elle porté atteinte à la fidélité du service qu'il lui restait à accomplir ? Non, toutefois, elle constitua une souffrance pour cet homme de Dieu, comme en témoignent ses propres paroles en Deutéronome 3 : 23-26 : « Je suppliai l'Eternel disant : Seigneur Eternel ! Tu as commencé à faire voir à ton serviteur ta grandeur et ta main forte... Que je passe, je te prie, et que je voie ce bon pays qui est au-delà du Jourdain, cette bonne montagne, et le Liban. ‒ Et l'Eternel fut irrité contre moi à cause de vous, et il ne m'écouta point ; et l'Eternel me dit : C'est assez, ne me parle plus de cette affaire ». Moïse a été pleinement restauré, mais cela ne diminue en rien la réalité du gouvernement de Dieu qui s'exerce en conséquence de sa faute.
            C'est là une vérité fondamentale qu'il est de toute importance de bien saisir. D'une part, celui qui confesse ses péchés est pardonné (1 Jean 1 : 9) ; c'est une chose bien précieuse, mais d'autre part, ce qu'un homme sème, cela aussi, il le moissonnera (Gal. 6 : 7) ; c'est une autre chose bien solennelle. Or, ces deux déclarations sont faites à des croyants ! La grâce pardonne librement, pleinement, mais la moisson demeure en rapport avec la nature des semailles. Pour bien comprendre l’enseignement des Ecritures, il est indispensable de distinguer ces deux choses. La libre grâce de Dieu ne saurait annuler la solennité du gouvernement et l’irrésistible marche de celui-ci ne saurait mettre en doute l'action de cette grâce ni en ternir son éclat. Moïse donc, malgré la ferveur de sa supplication, n'a pas obtenu l'exaucement désiré et, à l'entrée en Canaan, le décret gouvernemental s'exerce, la porte lui en est fermée. Mais, combien il est beau de voir la grâce déployer ses effets à ce moment-là. Elle l'amène au sommet du Pisga d'où il contemple « tout le pays », en pleine vigueur et avec un œil qui n’est pas affaibli. Il n'en voit pas seulement la partie que le peuple possédera plus tard, mais il voit l'héritage complet, tel que donné de Dieu. Cette même grâce creuse son tombeau et l'ensevelit (Deut. 34). Plus tard, Dieu le conduira en gloire sur la sainte montagne où, en compagnie d'Elie, il s'entretiendra avec son Fils bien-aimé au sujet de Sa mort (Luc 9 : 28-36). Si la prière de Moïse n’a pas été exaucée (elle ne pouvait l'être car la gloire divine avait été atteinte en ce que le Rocher qui était le Christ ne devait être frappé qu'une seule fois), les honneurs qui lui sont accordés ne dépassent-ils pas - et de beaucoup - la faveur qu'il avait demandée ?

            Un autre exemple de prière entendue et non exaucée est celle, déjà citée, que présente l'apôtre Paul. A trois reprises il a supplié afin que son « écharde pour la chair » se retire de lui. Le Seigneur lui a répondu, mais que lui a-t-Il dit ? « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » (2 Cor. 12 : 8-9). Délivré de cette écharde, Paul aurait sans doute eu apparemment plus de facilité dans l'exercice de son ministère. Mais, à cause des révélations extraordinaires qui lui avaient été faites, il aurait été exposé à s’enorgueillir. Aussi, Dieu, dans sa grâce et sa sagesse, sachant ce qu'est l'homme, le prive de cette délivrance pour le préserver de ce piège. Paul l'a compris, ce qui lui fait dire : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ demeure sur moi » (v. 9). Par cela le Seigneur nous enseigne que s'Il veut se servir des facultés, des capacités ou des dons naturels qu'Il dispense à ses créatures pour accomplir un service, Il peut aussi être glorifié dans ses serviteurs sans elles. Par cette écharde, Satan espérait rendre l'évangile méprisable mais, comme pour Job, cette infirmité fut le moyen de bénédictions plus grandes pour l'apôtre. Elle n'a pas empêché Paul de combattre le bon combat, d'achever la course et de garder la foi (2 Tim. 4 : 7).
            Que dire de la scène qui s'est déroulée à Gethsémané ? Là, nous ne trouvons pas un homme ayant manqué, comme Moïse, ni même un homme exposé à produire les fruits de la chair, comme Paul, mais nous y trouvons l'Homme parfait, priant instamment et à trois reprises son Dieu pour qui toutes choses sont possibles. Moïse n'a pas obtenu  ce qu'il désirait, mais il a reçu une réponse. Paul n’a pas été exaucé, mais il lui en a été communiqué les raisons, accompagnées d'encouragements précieux. Mais le Fils bien-aimé du Père, le parfait Serviteur, n’a reçu aucune réponse. Et quelle grâce pour nous que cette prière n’ait pas été agréée ! Afin que nous soyons sauvés, cette coupe ne pouvait être écartée de Celui qui, livrant son âme à la mort, pouvait seul être le parfait sacrifice pour le péché. Par amour pour nous, « il plut à l'Eternel de le meurtrir ; il l'a soumis à la souffrance » (Es. 53 : 10). C'est avec des actions de grâces que nous lisons qu'« Il n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous » (Rom. 8 : 32). Le Seigneur n'a pas été exaucé en ce qu'il a dû boire jusqu'à la lie la coupe du courroux de Dieu contre le péché et passer par la mort qui est le salaire du péché. Mais, à cause de sa piété (Héb. 5 : 7), sa demande d'être délivré de la mort a été exaucée, en ce qu'il est ressuscité d'entre les morts, par la gloire du Père. Ainsi ont été pleinement accomplies les déclarations prophétiques : « Tu m'as répondu d'entre les cornes des buffles » (Ps. 22 : 21), comme aussi : « Tu n'abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption » (Ps. 16 : 10). « A cause de la joie qui était devant lui », Jésus « a enduré la croix, ayant méprisé la honte » (Héb. 12 : 2). Déjà maintenant nous Le voyons par la foi assis à la droite de Dieu, couronné de gloire et d'honneur et garant de notre rédemption éternelle. Bientôt Il jouira de la pleine maturité du fruit du travail de son âme et en sera satisfait, lorsque ses rachetés glorieux seront autour de Lui, proclamant dans une louange parfaite la dignité de l'Agneau qui pour eux a été immolé (Apoc. 5 : 12).

 

                        Des prières qui ne sont pas écoutées 

            Nous avons rappelé quelques exemples de prières qui, bien qu'entendues et présentées par des personnes en communion avec Dieu, n'ont pas été exaucées. Considérons maintenant brièvement quelques prières qui ne sont pas écoutées, à cause de l'état moral et spirituel dans lequel peut se trouver celui qui présente sa requête, comme aussi celui ou ceux pour lesquels il désire intercéder.
            S'il est beau de lire, en Josué 10 : 14, que l'Eternel, écoutant la voix d'un homme, arrêta le soleil dans sa course un jour entier, combien il est solennel de lire en Jérémie 11 : 11 ces paroles concernant Juda tout entier : « Ils crieront à moi, et je ne les écouterai pas ». Et un peu plus loin, au chapitre 14 du même livre : « S'ils jeûnent, je n'écouterai pas leur cri, et s'ils offrent un holocauste et une offrande de gâteau, je ne les agréerai pas » (v. 12).
            Par la bouche du prophète Ezéchiel, l'Eternel déclare encore au sujet de son peuple : « Quand ils crieront à mes oreilles à haute voix, je ne les écouterai point » (8 : 18). Certes, la patience de Dieu a un terme et ses compassions ont une limite. L'obstination dans la désobéissance et le mépris de ses appels font que, lorsque la mesure atteint son comble, l'accès à la prière est fermé.

            N'avons-nous pas aussi un exemple frappant dans les vierges folles qui, ayant méprisé le temps de la patience de Dieu, doivent entendre ces paroles : « Je ne vous connais pas » (Matt. 25 : 12) ?
            Dans le livre des Lamentations de Jérémie, nous lisons : « Même quand je crie et que j'élève ma voix, il ferme l'accès à ma prière » ; puis : « Tu t'es enveloppé d'un nuage, de manière à ce que la prière ne passât point » (3 : 8, 44). Le prophète conscient ici de l'état du peuple de Dieu et s'identifiant avec lui, se présente comme supportant personnellement le jugement divin. Il réalise qu'à cause des péchés dont Israël s'est rendu coupable, en conséquence de sa persistance à rester dans le mal, sa prière n'est pas entendue, couverte d'un nuage (2 : 1) et l'Eternel lui-même s'est enveloppé d'un nuage, de sorte que les rapports sont interrompus. La lecture de ce chapitre porte nécessairement les pensées sur Christ dont Jérémie est une image type. Or, les hommes qui furent par la grâce de Dieu des types du Seigneur les plus fidèles, les plus éloquents, sont toujours demeurés au-dessous de la mesure parfaite réalisée par Celui qu'ils ont préfiguré. N'a-t-Il pas été, lui seul, l'Homme parfait qui a vu l'affliction par la verge de la fureur divine ? Bien qu'étant sans péché quant à Lui-même, mais parce que « fait péché pour nous », Il a connu comme personne d’autre l'abandon de Dieu, son oreille étant sourde à Son cri. Celui qui a pu dire : « Je sais que tu m'entends toujours » (Jean 11 : 42) a vécu sur la croix toute la réalité de la déclaration prophétique : « Je crie de jour, mais tu ne réponds point » (Ps. 22 : 2).

            Dans le livre des Actes (8 : 18-24), nous avons l'exemple d'un homme qui n'est pas en état de prier. Simon, dont le cœur n'avait pas été touché par la Parole et la grâce de Dieu, offre de l'argent aux apôtres afin que lui soit conféré le pouvoir de faire appel à la descente du Saint Esprit sur ceux auxquels il imposerait les mains. Or, le don du Saint Esprit, résultat de la mort, de la résurrection et de la glorification du Fils de Dieu, pouvait-il être acquis avec de l'argent ? Une telle pensée met à jour le cœur pervers de Simon et donne lieu aux paroles si sévères de Pierre : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as pensé acquérir avec de l'argent le don de Dieu » (v. 20). Une seule action lui convenait, c'était la repentance ; mais la gravité de son péché était telle qu'aucune assurance de pardon ne lui est donnée. Il lui est dit : « s’il est possible ». Simon ne se montre pas disposé à confesser sa faute mais se borne à exprimer la crainte qu'il éprouve des conséquences de son péché, de sorte qu'il ne peut pas prier et demande aux apôtres de supplier le Seigneur pour lui. Nous ne savons pas si ceux-ci ont donné suite à sa requête.
            Nous avons fait mention du privilège qui nous appartient en tant que croyants de pouvoir prier pour autrui, et combien nombreuses sont les exhortations de la Parole quant à l'intercession que nous devons pratiquer en faveur de tous les hommes, de l'Assemblée de Dieu, des membres de nos familles. Toutefois, il existe des états d'obstination dans le mal ou d'endurcissement tels, qu'il en résulte un décret de jugement de la part de Dieu, de sorte que les intercessions sont rendues vaines et inutiles. Ce fut le cas pour le peuple Israël. Sa persistance à mépriser les droits de Dieu à son égard et à refuser les appels à la repentance qui lui ont été adressés à maintes reprises par les prophètes, l'ont placé sous le jugement divin. Aussi, l'Eternel doit dire à Jérémie : « Ne prie pas pour ce peuple, et ne fais monter pour eux ni cri, ni prière ; et n'insiste pas auprès de moi, car je ne t'écouterai pas » (Jér. 7 : 16). Le prophète, qui a tant à cœur le bien de ce peuple, ne peut se résoudre à ne pas intercéder et continue à faire appel aux compassions de l'Eternel. Il doit alors entendre pour la seconde fois les mêmes paroles (11 : 14). Jérémie sait qu'à cause de l'état d'égarement d'Israël, le jugement est décrété. Toutefois, malgré cette double défense de prier pour lui, il continue, faisant usage des mêmes arguments que ceux évoqués par Moïse au chapitre 14 du livre des Nombres. Pour la troisième fois, l'Eternel doit lui dire : « Ne prie pas pour ce peuple pour leur bien » (14 : 11). Malgré cela, il tente encore de faire fléchir le cœur de Dieu, mais son insistance est inutile. Qu'entend-il alors ? « Quand Moïse et Samuel se tiendraient devant moi, mon âme ne serait pas tournée vers ce peuple ; renvoie-les de devant moi, et qu'ils sortent » (15 : 1). Par cela, l'Eternel déclare que même si ces deux serviteurs qui se sont tenus à la brèche pour Israël plaidaient sa cause devant Lui, ils ne seraient pas écoutés. La voix divine scelle de telles paroles en ajoutant : « Tu m'as délaissé, dit l'Eternel, tu t'en es allée en arrière ; et j'ai étendu ma main sur toi, et je te détruirai : Je suis las de me repentir » (15 : 6). Nous comprenons alors ce que dit Asaph dans le Psaume 80, parlant du temps de ruine où Israël est abreuvé de larmes à pleine mesure : « Jusques à quand ta colère fumera-t-elle contre la prière de ton peuple ? » (v. 4 et 5).

            Si cet exemple place devant nous un état collectif faisant obstacle à l'intercession, la Parole établit que ce principe s'applique également sur le plan spirituel. Dans la première épître de Jean (5 : 16), nous lisons : « Si quelqu'un voit son frère pécher d'un péché qui ne soit pas à la mort, il demandera pour lui ; et Dieu lui donnera la vie - c’est-à-dire à ceux qui ne pèchent pas à la mort. Il y a un péché à la mort : pour ce péché-là, je ne dis pas qu'il demande ». La première chose à noter, c'est qu'il est question, dans ce passage, de chrétiens et non pas d'incrédules. Si donc un frère a commis un péché qui n'est pas à la mort, quand bien même il ne s'en serait pas repenti, il peut être l'objet des prières de ceux qui réalisent son état afin que, par leur intercession, il soit amené à confesser sa faute de sorte que soient écartés les résultats de son péché auxquels il est exposé. Telle est l'intervention dont parle l'apôtre Jacques dans le dernier chapitre de son épître (v. 14-16). Or, quant au péché à la mort, il en est autrement. Tout d'abord, quel est-il ? Nous transcrivons ce qu'a dit un serviteur de Dieu à ce sujet : « Ce n'est pas, me semble-t-il, un péché particulier, mais tout péché qui a un caractère tel qu'au lieu de réveiller la charité du chrétien, il réveille son indignation ». Il s'agit donc d'un péché (quel qu'il soit), commis dans des circonstances ou un état tels qu'il provoque l'horreur au lieu de l'intercession. Ce péché-là peut entraîner la mort du corps comme conséquence gouvernementale. Ainsi Ananias et Sapphira, ayant menti à l'Esprit Saint, tombent et expirent. Nous ne voyons pas que Pierre ait prié pour eux (Act. 5 : 1-11). Elihu a pu dire à Job : « Puisqu'il y a de la colère, prends garde qu'il ne t'enlève par le châtiment » (Job 36 : 18).
            A deux reprises, l'apôtre Paul fait mention de l'acte de livrer des croyants à Satan. Notons tout d'abord que, même exercé en communion avec l'Assemblée, il s'agit cependant d'un pouvoir apostolique pour lequel il avait été personnellement revêtu d'autorité. Or, tel n'est pas le cas de l'Assemblée. Lorsqu'elle prononce une exclusion, elle le fait par obéissance et selon sa responsabilité d'ôter le méchant du milieu d'elle, mais elle ne livre jamais à Satan. En 1 Corinthiens 5 : 5, l'apôtre Paul écrit : « Pour moi... j'ai jugé… de livrer un tel homme à Satan pour la destruction du corps, afin que l'esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus ». Bien que nous ne voyions pas que la décision de l'apôtre ait été exécutée, il aurait pu agir avec la même puissance que celle dont Pierre avait fait usage dans le cas d'Ananias et Sapphira en livrant un membre du Corps de Christ à Satan pour la mort du corps physique. Par cela, l'Ennemi devient un serviteur des voies gouvernementales de Dieu pour libérer cet homme, la destruction corporelle l'affranchissant finalement de cette chair qu'il n'a pas su tenir dans la mort. Cette discipline, bien que terrible, est néanmoins un effet de la grâce de Dieu.

            Dans la première épître à Timothée (1 : 20), Paul livre positivement Hyménée et Alexandre à Satan afin qu'ils apprennent à ne pas blasphémer. Ces hommes sont abandonnés à Satan, non pour la destruction du corps, mais afin qu'ils apprennent par la misère et la souffrance dans laquelle ils se trouveront, la leçon que Dieu a en vue pour leur bien, afin qu'ils puissent être restaurés. Ici encore, Satan est un « instrument » pour corriger un enfant de Dieu et briser sa volonté charnelle. Le livre de Job présente d'une façon remarquable un tel enseignement. Remarquons que cette leçon ne peut être apprise dans le sein de l'Assemblée, l'Ennemi ne pouvant y agir de la sorte, mais elle est subie « dehors », dans le monde duquel il est le prince. A cette école, un tel chrétien livré à Satan se trouve privé de l'abri de la Maison de Dieu dont il bénéficiait mais duquel il n'a pas su apprécier la valeur. Quelle solennité !
            En rapport avec le sujet qui nous occupe, il est frappant de considérer que dans ces deux cas, l'apôtre n'a prié ni pour le fornicateur, ni pour les blasphémateurs. Nous avons donc lieu d'être exercés afin de discerner si les péchés constatés chez un frère sont de nature à provoquer une sainte indignation ou s'ils relèvent de l'intercession.
       

 

                                                                                                     P. C – « Messager évangélique » (1968)

 

A suivre