Lieux de prières
Dans la première épître à Timothée, nous lisons : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement » (2 : 8). Selon le caractère de cette lettre de l'apôtre Paul qui traite de l'ordre divin dans la maison de Dieu (3 : 15), cet enseignement établit que les hommes croyants sont appelés à prier publiquement en tout lieu où cette maison spirituelle existe, où ses caractères précisés par l’Ecriture sont réalisés, c'est-à-dire là où deux ou trois sont assemblés au Nom du Seigneur (Matt. 18 : 20). Les hommes ici sont mis en contraste avec les femmes qui doivent demeurer dans le silence en Assemblée.
Toutefois, il n'en résulte pas moins que selon l'exhortation de la Parole qui nous invite à prier sans cesse, la nécessité du secours divin peut nous pousser à élever nos âmes à Celui qui peut nous aider, et ceci dans les lieux les plus divers et les circonstances les plus variées. Jonas, au fond des eaux, dans les entrailles du poisson, a crié à l'Eternel du fond de sa détresse (Jon. 2 : 2-3). Pierre, marchant sur les eaux eut peur et, comme il enfonçait, il s'écria : « Seigneur, sauve-moi ! » (Matt. 14 : 30). David, fuyant devant Saül, caché dans la caverne, crie à l'Eternel (Ps. 57 et 142). Paul et Silas emprisonnés, au milieu de la nuit, en priant, chantaient les louanges de Dieu (Act. 16 : 25). Le brigand mis en croix adresse au Seigneur ces paroles remarquables : « Souviens-toi de moi » (Luc 23 : 42). De telles prières qui ont toutes été merveilleusement exaucées ne constituent que quelques exemples parmi beaucoup d'autres et sont de nature à remplir nos cœurs de confiance envers le Seigneur, sachant que ses oreilles sont toujours attentives à nos appels (1 Pier. 3 : 12). Que de requêtes sont montées des lits de souffrance, des lieux de détresse et des scènes d'angoisse !
Cependant, quant à l'exercice personnel et quotidien de la prière et pour autant que la chose soit possible, il est indiqué de rechercher un endroit tranquille, à l'écart des distractions. Là encore, la Parole nous présente de nombreux exemples. Daniel, déjà cité à de nombreuses reprises, entrait dans sa chambre pour prier trois fois par jour (Dan. 6 : 10). Pierre, au milieu du jour, monte sur le toit pour prier (Act. 10 : 9). Le Seigneur, modèle parfait en toutes choses, ne disposant d'aucun lieu, se tenait à l'écart des foules et se retirait dans les déserts pour prier (Luc 5 : 16). Lui-même nous enseigne à cet égard, nous disant : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, et, après avoir fermé ta porte, prie ton Père qui demeure dans le secret » (Matt. 6 : 6). Nous ne saurions assez recommander cet exercice personnel indispensable à la vie et au développement spirituel de tout croyant. Il serait aussi de toute nécessité que les jeunes qui ont le privilège de vivre dans l'atmosphère familiale de piété qui devrait caractériser tout foyer chrétien, sentent aussi le besoin de se retirer dans la solitude pour prier, si possible à haute voix. En effet, combien souvent ces jeunes chrétiens attachés au Seigneur parviennent à l'âge de responsabilité sans avoir connu l'exercice personnel de la prière. Réalisant par cela une communion individuelle, ils pourront exposer des besoins qu'eux seuls connaissent et qui ne sont pas exprimés par la prière en famille. Si nous disons à haute voix, c'est que cet exercice a pour effet d'éliminer les pensées étrangères qui traversent si facilement l'esprit dans la prière muette ; il constitue aussi une préparation très utile à la prière en public.
La prière collective peut également s'exercer en des lieux divers - nous ne parlons pas des réunions de prières, dans le rassemblement. Il est souhaitable et normal que lorsque les croyants se trouvent ensemble, ils éprouvent le besoin de consacrer pour le moins un moment à la lecture de la Parole et à la prière. Nos entretiens fraternels seront certainement enrichis et bénis par cet exercice mutuel de la piété qui doit répondre aux besoins des cœurs qui ont le même objet de jouissance. Quel fait navrant et déshonorant lorsque les heures passées entre frères et sœurs dans le cercle privé revêtent les mêmes caractères que les rencontres d'incrédules. Dans les Ecritures, nous trouvons fréquemment des croyants en prières, dans leurs demeures ou même au dehors. Daniel et ses compagnons, dans sa maison, implorent ensemble les compassions divines au sujet du décret du roi (Dan. 2 : 17-18). Pierre et Jean prient ensemble afin que les Samaritains qui avaient été touchés par la Parole reçoivent aussi l'Esprit Saint (Act. 8 : 15). Les croyants de Tyr, hommes, femmes et enfants, accompagnant Paul au navire, se mettent à genoux sur le rivage et prient (Act. 21 : 5). Quelle joie et quel réconfort des chrétiens pieux ont souvent éprouvés en s'unissant dans la prière alors qu'ils se trouvaient placés ensemble dans des lieux ou circonstances indépendants de leur volonté, souvent peu propices à la vie spirituelle ! Que le Seigneur veuille développer dans nos cœurs des affections toujours plus grandes pour sa Personne, de sorte qu’Il soit le sujet de nos conversations fraternelles et qu'ainsi nous revêtions les caractères de ceux qui, craignant l'Eternel, parlent « l'un à l'autre ». Ils constituent alors le « trésor particulier » de Celui qui est attentif à leurs paroles (Mal. 3 : 16-17).
Nous ne saurions toutefois confondre de telles prières avec celles exprimées en Assemblée. Précisons tout d'abord qu'une réunion d'assemblée est celle où des frères et sœurs sont réunis au nom du Seigneur et s'attendent à Lui, selon Matthieu 18 : 19 ; or, une réunion de prières revêt ce caractère. La réalisation de la présence du Seigneur, la soumission à l'autorité des Ecritures et la libre action du Saint Esprit confèrent à ceux qui sont ainsi assemblés la capacité d'agir en son Nom. Le lieu d'un tel rassemblement répond à ce que nous trouvons mentionné à plusieurs reprises dans les chapitres 12 et 16 du Deutéronome : « le lieu que l'Eternel a choisi ». C'était seulement à l'endroit reconnu comme la maison de l'Eternel, où se réalisait sa présence, que les Israélites devaient se rassembler pour sacrifier, offrir leur culte et goûter la joie d’un service en commun. Mais il s'agit pour nous maintenant d'une « maison spirituelle » (1 Pier.2 : 5 ; Eph. 2 : 22). Le local où l’on se rassemble n'a en lui-même qu'une importance accessoire, sauf qu'il faut évidemment que l'assemblée s'y réunisse comme telle, de façon attitrée, ayant été dirigée par le Seigneur pour faire ce choix (voir Matt. 26 : 17 ; Marc 14 : 12 ; Luc 22 : 7-9) : nous pensons, par exemple, que des croyants ne sauraient se sentir autorisés à rompre le pain lorsqu'ils se trouvent occasionnellement le dimanche, et parfois de façon regrettable, dans un endroit où il n'existe pas d'assemblée locale. Il est clair que, à la différence du tabernacle ou du temple, la présence du Seigneur n'est pas liée au local matériel, mais à Son nom rassemblant effectivement les siens. Quel prix a pour nos cœurs la maison de Dieu, l'Assemblée du Dieu vivant dans laquelle nous sommes introduits par grâce ? Pouvons-nous dire à son sujet comme le psalmiste : « J'ai aimé l'habitation de ta maison et le lieu de la demeure de ta gloire » (Ps. 26 : 8) ? Et encore : « Combien sont aimables tes demeures ô Eternel des armées, mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l'Eternel... Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison, ils te loueront sans cesse… Car un jour dans tes parvis vaut mieux que mille. J'aimerais mieux me tenir sur le seuil dans la maison de mon Dieu, que de demeurer dans les tentes de la méchanceté » (Ps. 84). C'est là que les saints rassemblés ont le privilège d'adorer en esprit et en vérité, comme aussi de prier d'un commun accord. La persévérance dans la prière en commun caractérisait les premiers chrétiens (Act. 2 : 42). Que pourrait-il être dit actuellement de nous, lorsque nous participons à l'abandon croissant et si généralisé des réunions de prières ? Certes, l'habitude de s'en tenir à l'écart sans raisons valables est une manifestation de notre bas état spirituel. Comme cela a été dit, de telles rencontres sont le thermomètre du rassemblement local. Le sujet des réunions de prières ayant déjà fait l'objet de nombreux écrits, nous nous abstiendrons de le développer, recommandant à chacun la lecture de telles exhortations dont l'actualité n'est qu'accrue. Remarquons seulement que la présentation de besoins personnels n'est pas à sa place dans les réunions de prières. Celui qui prie, étant la bouche de l'ensemble, doit par conséquent exposer des requêtes propres à l'ensemble, qui constituent un exercice commun, de sorte que ce ne sont pas des frères qui prient, mais l'assemblée qui prie. Ainsi, le frère muet qui a prononcé son amen aux requêtes exprimées peut dire : Nous avons prié. A la différence de l'enseignement, mais comme l'adoration, la prière ne nécessite pas de don, en sorte que tout frère dépendant du Seigneur et habituellement exercé au sujet des besoins du témoignage devrait avoir une pleine liberté pour prier en Assemblée. Or, c'est là que débute normalement tout service public.
Nous ne voudrions en aucun cas restreindre la valeur des requêtes individuelles et la nécessité d'exprimer nos besoins personnels, mais quant à la prière dans le rassemblement, il est de toute importance que nous soyons conduits conformément aux enseignements divins relatifs aux caractères scripturaires des réunions de prières. Il est cependant bien évident que dans l'exercice individuel de la prière, nos requêtes peuvent alors et doivent même s'étendre à l'ensemble, comme nous l'avons vu plus haut.
Quel que soit le lieu où notre prière s'exprime et si même nous pouvons user d'insistance, criant à Lui jour et nuit (Luc 18 : 7) - voire parfois de hardiesse comme Abraham priant pour Sodome à cause des justes pouvant s'y trouver (Gen. 18) -, soyons toujours conscients du profond respect qui convient dans un tel acte. Notre libre accès au trône de la grâce ne saurait porter atteinte à la révérence qui est due à la Personne divine qui l'occupe. Servons Dieu d'une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte (Héb. 12 : 28).
Attitudes de prière
Si nous pouvons présenter nos prières dans les circonstances variées de notre vie ici-bas, il en découle nécessairement qu'elles peuvent s'exprimer dans les positions les plus diverses en fonction de l'état et des nécessités du moment, mais pour autant qu'elles ne soient pas délibérément irrespectueuses. Que de requêtes sont montées des lits de souffrance, des champs de bataille, des lieux de persécution ! Outre cela, la Parole fait mention de trois positions précises.
La prière à genoux
C’est sans doute la plus fréquemment rapportée dans les Ecritures. Cette attitude est l'expression de la dépendance, de la soumission, voire même de l'infériorité car c'est toujours le plus petit qui fléchit les genoux devant le plus grand. N'est-ce pas au nom de Jésus qui a été haut élevé que se ploie tout genou des êtres célestes, terrestres, et infernaux (Phil. 2 : 9-10) ? Voyez la signification typique de l'« Abrec » prononcé devant Joseph (Gen. 41 : 43). C'est donc une position particulièrement indiquée pour la prière et que nous devons rechercher dans toute la mesure du possible. Il est souhaitable que dans les réunions de prières, toutes les personnes dont l'état physique le permet se mettent à genoux. De même aussi, adoptons cette position pour nos prières individuelles ainsi que celles en famille. Lors de la dédicace du temple, Salomon fléchit les genoux pour prononcer sa remarquable prière, en face de toute la congrégation d'Israël (2 Chr. 6 : 13). Etienne, à genoux, intercède pour ses persécuteurs (Actes 7 : 60). Nous pourrions multiplier les citations en parlant d'Esdras, de Daniel, de Pierre, de Paul et d'autres encore desquels la Parole nous dit qu'ils se sont tenus à genoux pour prier. Le Seigneur lui-même, à genoux dans le jardin de Gethsémané, soutint dans la prière un combat que nous ne pouvons considérer qu'à un jet de pierre et dans l'adoration. Là, son humanité, sa dépendance et sa soumission brillent d'un éclat sans pareil. Pressentant dans son âme sainte ce que comportait l'affreuse réalité de la séparation de Dieu et l'abandon de Celui duquel il accomplissait les desseins, Il demande s'il était possible que cette coupe passe loin de Lui. Toutefois, dans son parfait dévouement, Il ajoute : « Non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux » (Matt. 26 : 39). N'avons-nous pas des motifs de plier nos genoux chaque jour devant lui, avec actions de grâces ? L'apôtre Paul, désirant que les Ephésiens saisissent mieux les conseils divins, le propos des siècles établi dans le Christ Jésus, pouvait leur écrire : « C'est pour cela que je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ... afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit quant à l'homme intérieur, pour que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, étant enracinés et fondés dans l'amour » (Eph. 3 : 14-18).
La prière prononcée debout
La Parole fait également mention d’une telle attitude, et la reconnaît comme étant agréée. Il est bienséant de se lever devant une personne à qui l'honneur est dû, et ceci d'autant plus si nous lui adressons la parole. Les vieillards se levaient devant Job (29 : 8), tandis que Mardochée refuse de le faire pour Haman (Est. 5 : 9). N'est-il pas beau de voir, en Néhémie 8 : 5 le peuple se tenir debout lorsque le livre de la Loi est ouvert ? Cette position témoigne donc, dans la prière, du respect, de la déférence, de l'hommage qui reviennent à Dieu, comme au Seigneur. Ce n'est donc pas sans raison qu'il est d'usage de se lever pour prier, particulièrement en Assemblée et en collectivité. Nous lisons : « Et le roi (Salomon) tourna sa face, et bénit toute la congrégation d'Israël ; et toute la congrégation d'Israël était debout. Et il dit : Béni soit l'Eternel, le Dieu d'Israël » (1 Rois 8 : 14 ; voir aussi v. 55). De même, les Lévites « se levèrent sur l'estrade et crièrent à haute voix à l'Eternel, leur Dieu » (Néh. 9 : 4). En Matthieu 6 : 5, le Seigneur parle des hypocrites qui aiment à prier debout dans les synagogues, et au coin des rues, en sorte qu'ils soient vus des hommes. Nous comprenons que ce qui est répréhensible ici n'est pas la position en elle-même, mais l'orgueil qui se trouve dans le cœur de celui qui prie et le pousse à prendre cette attitude dans le but d'être remarqué. Or, si nous nous levons pour prier, c'est dans la conscience de l'honneur qui est dû à la Personne à laquelle nous nous adressons et non pas pour traduire une disposition présomptueuse.
La prière prononcée en étant assis
Elle est rapportée une fois seulement dans les Ecritures. En 2 Samuel 7 : 18 comme aussi en 1 Chroniques 17 : 16, nous lisons : « Et le roi David entra et s'assit devant l'Eternel et dit : Qui suis-je, Seigneur Eternel, et quelle est ma maison, que tu m'aies amené jusqu'ici ? ». La position prise par ce serviteur de Dieu est l'expression de la communion et il faut voir dans cet acte sa signification morale et spirituelle, comme aussi sa portée prophétique. David entend les déclarations divines communiquées par le prophète Nathan ; celles-ci parlaient d'un long avenir concernant sa maison et le peuple Israël, mais elles étaient surtout relatives à Christ ; alors le roi s'assied devant l'Eternel pour bénir et rendre grâces. Cette position qui témoigne de sa confiance est aussi une manifestation de stabilité bien en rapport avec la nature des pensées de Dieu qui lui sont données à connaître : « Je le planterai, et il habitera chez lui et ne sera plus agité » (2 Sam. 7 : 10). Sous le règne d'un plus grand que Salomon, Israël se réjouira dans son héritage et l'Eternel se reposera dans son amour, s'égayant en son peuple avec chant de triomphe (Soph. 3 : 17).
D’autres mentions quant à la prière ou à l'adoration
Nous trouvons dans la Parole de Dieu des verbes ou expressions tels que : s'incliner, se prosterner (2 Chr. 7 : 3 ; Néh. 8 : 6 ; Matt. 8 : 2), tomber sur sa face (Nom. 16 : 22), étendre ou élever les mains (Esd. 9 : 5 ; Ps. 28 : 2). Ces manifestations extérieures témoignaient certainement de l'état d'âme de celui qui priait, soit l'hommage rendu, l'humilité ressentie, l'attente du secours… Elles sont particulières à la période ayant précédé celle de la grâce. Toutefois, l'apôtre Paul, dans sa première épître à Timothée (2 : 8) écrit : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement ». L'accent n'est certes pas porté sur les mains élevées, mais sur la sainteté de celles-ci sans laquelle nos prières ne pourraient être agréées d'un Dieu saint. La colère, à laquelle le croyant doit renoncer (Col. 3 : 8) car elle n'accomplit pas la justice de Dieu (Jac 1 : 20) ainsi que le raisonnement qui produit le doute et s'élève même contre la connaissance de Dieu (2 Cor. 10 : 5), sont incompatibles avec la prière, comme aussi en contradiction avec la pureté, la paix et la foi qui doivent la caractériser. S'il n'est actuellement plus fait usage de telles formes, elles conservent néanmoins leur portée morale. Quant à nous-mêmes, et selon les exhortations de la Parole, prenons garde aux dispositions de l'homme intérieur, de l'homme caché du cœur dont la parure est un esprit doux et paisible qui est d'un grand prix devant Dieu (1 Pier. 3 : 4).
P. C – « Messager évangélique » (1968)
A suivre