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LE LIVRE DE JOSUE (8)

 
 CHAPITRE 8 : La prise d’Aï – L’autel sur la montagne d’Ebal

         
La prise d’Aï
        L’autel sur la montagne d’Ebal
 
La prise d’Aï
 
                        Prologue (v. 1-2)
 
            Purifié du mal, le peuple peut reprendre la conquête du pays avec l’aide de Dieu. Il faut d’abord régler la question de la ville d’Aï (v. 1-29), avant d’anticiper la possession du pays en bâtissant l’autel sur la montagne d’Ebal, selon le commandement de l’Eternel à Moïse (v. 30-35). Quel bonheur et quel encouragement pour le peuple de retrouver la présence de Dieu au milieu de lui ! Les combats d’Israël sont de nouveau les combats de l’Eternel, qui donne lui-même à Josué les instructions pour prendre la ville d’Aï.
            Une leçon morale, importante pour nous, se dégage de cette scène. On a vu dans l’affaire d’Acan comment le péché ôte le discernement spirituel et éloigne le cœur de Dieu (Es. 59 : 2 ; Os. 4 : 11). Maintenant le peuple, bien que rétabli dans la faveur de Dieu, découvre qu’il a perdu sa force et fait l’expérience de sa propre faiblesse. Il n’est plus question de ne pas fatiguer tout le peuple pour prendre une ville peu nombreuse (7 : 3-4) ; au contraire, le peuple de guerre tout entier est invité par Dieu à se joindre à Josué (v. 1). Il faudra maintenant trente mille hommes vaillants (au lieu des trois mille de la première expédition) engagés dans une stratégie élaborée pour venir à bout de cette petite ville, de douze mille personnes seulement (v. 25).
 
 
                        Comparaison entre les prises de Jéricho et d’Aï
 
            Les conquêtes de ces deux villes sont les seules sur lesquelles la Parole donne quelques détails ; ensemble, elles représentent tout le développement du conflit spirituel du chrétien dans les lieux célestes en vue d’acquérir l’héritage de Dieu.
            Combien les choses sont différentes entre la prise de Jéricho et celle d’Aï :

                 - A Jéricho, le peuple découvre la puissance de Dieu. L’arche (figure de Christ) remporte la victoire en présence du peuple qui ne combat pas. La puissance des ennemis est brisée par la victoire de Christ à la croix.

                 - Pour la prise d’Aï, au contraire, le peuple connaît sa propre faiblesse. L’arche n’est plus mentionnée et le peuple lui-même est engagé directement dans les conflits qui l’opposent aux ennemis. L’arche n’est plus mentionnée dans le livre de Josué après l’humiliation de Josué et des anciens d’Israël (7 : 6). Elle reparaît lors de la scène d’Ebal et de Garizim (8 : 33) puis disparaît ; sans doute demeurait-elle au camp, à Guilgal, là où le peuple revenait après ses victoires ; mais elle n’est plus l’instrument public de celles-ci. On retrouve plus tard l’arche à Béthel (Jug. 20 : 27) puis à Silo (1 Sam. 3 : 3) avant qu’elle ne soit établie à Gabaon, et enfin à Jérusalem au temps de la royauté en Israël. La conquête d’Aï évoque une position subjective où le chrétien fait l’expérience des ressources divines et de la faiblesse humaine, au milieu des combats spirituels.
  

                        La prise d’Aï (v. 3-28)

            Selon les instructions de Dieu, la victoire sur cette ville et son roi impliquait :
                 – l’approche de la ville par Josué et le peuple de guerre à partir du nord (au-delà de la vallée, v. 11) ;
                 – la mise en place d’une embuscade de cinq mille hommes à l’ouest de la ville, se cachant en présence de l’ennemi (v. 12) ;
                 – la traversée, de nuit, de la vallée (le Jourdain avait été traversé de jour et Jéricho avait été prise de jour, car la victoire éclatait dans la lumière) ;

                 – l’apparence d’une défaite devant les ennemis comme la première fois (v. 14-16) ;

                 – enfin, seulement, la prise effective de la ville et son jugement.
 
            Telles sont les phases par lesquelles Dieu amène son peuple à juger sa confiance en soi et mesurer les conséquences pratiques de ses fautes antérieures. Toutefois la grâce de Dieu ne manque pas et la victoire sur Aï est complète. Cette victoire est liée à la présence de Josué et de son javelot au milieu du peuple (v. 18, 26). Josué est de nouveau conducteur du peuple et figure de Christ, portant maintenant l’instrument du jugement (le javelot). Auparavant, dans la plaine de Jéricho, Josué avait vu l’ange de l’Eternel portant l’épée nue (5 : 13) ; maintenant, Josué porte dans sa main le javelot qui doit demeurer étendu jusqu’à ce que le jugement soit entièrement exécuté.
            Les deux armes offensives du chrétien contre les ennemis spirituels sont l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu (Eph. 6 : 17) et la prière dont il faut user tout au long des combats jusqu’à la victoire finale. Le même enseignement est donné à l’occasion du combat contre Amalek (Ex. 17 : 11-13), où Josué est mentionné la première fois. L’intercession de Moïse, dont les mains étaient soutenues par Aaron et Hur, assurait la victoire au peuple sous la conduite de Josué. Appliquons-nous donc, comme l’apôtre Paul (Phil. 1 : 30) et comme Epaphras (Col. 4 : 12-13), à nous servir de ces deux précieuses ressources divines pour nous-mêmes et pour nos frères dans la foi.

            La victoire une fois remportée, le peuple est autorisé par Dieu à piller la ville (v. 2, 27). La victoire de Jéricho était la figure du conflit entre Dieu et les puissances spirituelles de méchanceté, vaincues par Christ à la croix (Col. 2 : 15). La gloire divine est manifestée devant tous et le peuple, témoin seulement, ne pouvait y avoir part ; les objets de valeur appartenaient au trésor de l’Eternel (6 : 19). A la prise d’Aï, au contraire, le peuple est engagé dans le combat et goûte le fruit de la victoire. La ville elle-même, brûlée au feu, devient alors le « monceau de ruines » qu’elle avait toujours été aux yeux de Dieu, non sans avoir causé beaucoup de peines au peuple d’Israël et lui avoir apporté peu de gloire en définitive.

            Notons une leçon morale importante pour nous : le jugement de soi-même (ch. 7) précède le jugement des ennemis (ch. 8). L’épée de l’Esprit (la parole de Dieu) exerce d’abord son action sanctifiante et pénétrante dans nos consciences (Héb. 4 : 12)  avant de pouvoir être employée contre nos ennemis (Eph. 6 : 17).
 
 
                        Le jugement du roi d’Aï (v. 29)
 
            Le dernier acte du jugement de la ville d’Aï est la mort de son roi, objet de la malédiction divine (Deut. 21 : 22-23). Josué se soumet exactement aux ordonnances de la loi en le faisant enterrer avant le coucher du soleil. L’apôtre Paul rappelle cette ordonnance du Deutéronome pour montrer comment le Seigneur, par sa mort, nous a « rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3 : 13). Souvenons-nous aussi que le corps saint du Fils de Dieu a été descendu du bois de la croix avant que le jour de sa mort ne s’achève. Il ne pouvait en être autrement pour Celui qui avait dit à son Dieu : « Ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40 : 8), lui qui était venu pour l’accomplir et non pour l’abolir (Matt. 5 : 17).
            Au reste, selon les déclarations faites sur la montagne d’Ebal, cette malédiction portée par Christ à la croix, devait être la part du peuple s’il transgressait la Loi ; telle aurait été aussi notre part si Christ ne nous en avait délivrés ! La fin du chapitre traite de cette question à l’occasion de l’autel bâti à l’Eternel sur la montagne de la malédiction. « Alors Josué bâtit un autel à l’Eternel, le Dieu d’Israël, sur la montagne d’Ebal » (v. 30).

            En enterrant le roi d’Aï avant la nuit et en bâtissant un autel à l’Eternel sur la terre d’Emmanuel, Josué montre que le pays appartenait à Dieu, mais qu’il était donné maintenant en héritage à son peuple. La foi de Josué répond ainsi à la pensée divine.
 
 
L’autel sur la montagne d’Ebal

                        L’autel à l’Eternel
 
            Au moment où Dieu donnait la loi à Moïse sur la montagne du Sinaï, le peuple avait été invité à bâtir un autel de terre ou de pierres pour offrir à l’Eternel des holocaustes et des sacrifices de prospérités (Ex. 20 : 24-26). L’autel devait être de pierres entières, sur lesquelles la main de l’homme ne devait pas se porter. En outre, l’autel ne devait pas être placé sur des marches qui auraient découvert la nudité de l’homme. Ainsi, les chrétiens ne peuvent rendre un culte véritable au Père :
                 - ni sur le terrain de la prétention humaine de Sardes (les pierres taillées qui ont une belle apparence)

                 - ni sur celui de Laodicée qui ne réalise pas sa nudité (c’est-à-dire son état naturel sans Christ) et qui n’est pas revêtu de la robe de la justice (Christ lui-même) (Es. 61 : 10 ; Gal. 3 : 27).

            Dieu avait confirmé sa pensée au peuple par Moïse et les anciens d’Israël, pour le moment où le peuple serait entré dans le pays (Deut. 27 : 5-7).
            Le temps était venu de bâtir cet autel.

 
                        Ebal et Garizim
 
            L’autel devait être bâti sur la montagne d’Ebal. Les deux montagnes d’Ebal et de Garizim, à proximité du Jourdain, étaient séparées par une vallée où se trouvait le village de Sichem, non loin de Sichar (peut-être s’agit-il d’ailleurs du même village) où le Seigneur rencontrera des siècles plus tard la femme de Samarie. Sur la montagne de Garizim, six tribus devaient se tenir pour bénir le peuple (dont Lévi, Juda, Joseph et Benjamin, quatre types de notre Seigneur Jésus). Sur la montagne d’Ebal, les six autres tribus se tenaient pour maudire le peuple (parmi celles-ci, Ruben symbolise le mal dans la nature et Dan, l’apostasie religieuse).
            Les bénédictions de Garizim ne sont pas mentionnées car ni le peuple ni même aucun homme ne les ont jamais méritées. Seul, l’homme Christ Jésus a pleinement répondu aux exigences de la Loi. Mais « pour lui, le ciel et le trône du Père étaient la seule digne récompense pour ce qu’Il a accompli en souffrant pour nos péchés », a écrit un serviteur de Dieu.

            Au contraire, les malédictions d’Ebal sont prononcées contre le peuple dans toute leur rigueur. Les douze malédictions (Deut. 27 : 15-26) devaient être acceptées par tout le peuple qui devait dire « Amen » pour chacune d’elles. L’apôtre Jacques reprend la dernière d’entre elles pour montrer comment la transgression d’un seul commandement entraîne la culpabilité vis-à-vis de l’ensemble de la Loi (Jac. 2 : 10). En définitive il faut que « toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Dieu » (Rom. 3 : 19).

            Mais Dieu donne lui-même la seule réponse à cet état désespéré de l’homme devant lui : l’autel (figure de la croix de Christ) est bâti sur la montagne de la malédiction. La mort de Christ nous délivre ainsi de toute culpabilité et nous justifie gratuitement par la grâce de Dieu acceptée par la foi (Rom. 3 : 24 ; 8 : 1).
 

                        Les sacrifices de prospérités offerts sur la montagne d’Ebal
 
            Le peuple tout entier se réunit donc à Sichem avec les anciens, les magistrats, les juges et les sacrificateurs en présence de l’arche de l’alliance de l’Eternel.
            Jusque-là, Israël avait été un peuple de guerriers engagé dans les combats. Maintenant, il devient un peuple d’adorateurs pour offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérités, dans la joie de la présence de Dieu (v. 31 ; Deut. 27 : 6-7). C’est une belle image de la communion goûtée dans l’unité du peuple racheté et placé au bénéfice de l’œuvre de la croix (présentée en figure par l’autel). Christ, la vraie arche de Dieu, a supporté sur la montagne d’Ebal la malédiction qui aurait dû être la part du peuple. Les pierres de l’autel parlent ici de l’unité du peuple reconnu de Dieu. De même, les douze pierres à Guilgal et dans le fond du lit du Jourdain avaient établi pour la première fois l’unité du peuple racheté à l’entrée dans le pays. Plus tard, Elie sur la montagne du Carmel rebâtira « par la foi » l’autel de Dieu de douze pierres selon le nombre des tribus d’Israël (1 Rois 18 : 30-32). A ce moment-là, l’unité extérieure du peuple était déjà perdue depuis longtemps. La foi seule peut nous élever au-dessus de nos misères, jusqu’à la hauteur des pensées de Dieu.
 
 
                        La loi honorée
 
            Enfin, Josué écrit sur les pierres de l’autel une copie complète de toute la Loi (v. 32), selon l’instruction déjà donnée à Moïse dans les plaines de Moab (Deut. 27 : 8). La loi est non seulement écrite sur les pierres de l’autel ; elle est aussi lue dans son entier à toute la congrégation d’Israël, les femmes, les enfants et les étrangers séjournant au milieu d’eux (v. 35).
            La parole de Dieu est d’une valeur infinie. C’est la règle de notre vie, comme aussi la nourriture de nos âmes.

            Si pour Dieu, l’assemblée est une compagnie de sacrificateurs présentant la louange, elle est aussi un témoignage vis-à-vis du monde, la colonne et le soutien de la vérité (1 Tim. 3 : 15). Chaque chrétien est comme une lettre de Christ (2 Cor. 3 : 3).
 
 
                        Conclusion
 
            Cette scène heureuse aura son plein accomplissement lorsque le peuple terrestre, placé au bénéfice de la nouvelle alliance, aura la loi de son Dieu écrite dans le cœur : « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jér. 31 : 33).
            Les deux villes de Jéricho et d’Aï sont prises ; les droits de Dieu sont reconnus et le peuple prend place dans le pays autour de l’arche (Christ) en présence de l’autel (la croix de Christ) pour y offrir des sacrifices agréables à Dieu. Il faudra attendre la fin de la royauté de David pour que l’arche et l’autel soient de nouveau réunis. Mais alors, ce n’est plus à ce lieu de passage qu’était Sichem (Gen. 37 : 14). C’est à Jérusalem que sont établis l’arche et l’autel, sur la « montagne que Dieu a désirée pour y habiter » (Ps. 68 : 16) ; cette montagne rappelle les souffrances de Christ (Morija), et la grâce royale de Dieu (Sion) comme nous le montrent par exemple les passages suivants : Gen. 22 : 2 ; 2 Chr. 3 : 1 ; 4 : 1, 19 ; 5 : 7 ; 6 : 40-42.
 

                                                                                          D’après J. Muller - extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 3)