Siméon, Anne, et tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance.
Siméon, un homme juste et pieux : Luc 2 : 25-35
Anne, la prophétesse qui ne quittait pas le temple : Luc 2 : 36-38
« Voici ce que dit le Fils de Dieu : … ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu'à ce que je vienne » (Apoc. 2 : 18, 25).
L'évangile de Luc nous fait tout spécialement admirer le Seigneur dans son humanité parfaite. Pour l'écrire, Dieu a choisi Luc, un médecin, fidèle compagnon de Paul jusqu'à la fin (Col. 4 : 1 ; 2 Tim. 4 : 11). Luc décrit avec soin le grand mystère de la piété (1 Tim. 3 : 16). Jésus a revêtu notre humanité, il a voulu vivre entièrement notre histoire, depuis la naissance jusqu'à la mort.
On apprend comment l'ange Gabriel a été chargé d'annoncer à Marie, vierge d'Israël, qu'elle serait la mère du Sauveur. Mais c'est sa cousine Elisabeth, malgré son âge avancé, qui met d'abord au monde Jean le Baptiseur : il deviendra le plus grand des prophètes, le précurseur chargé d'annoncer la venue du Seigneur (Luc 1 : 76-79 ; Matt. 11 : 9). Zacharie, son père, rempli de l'Esprit Saint, célèbre la grande délivrance que l'Eternel va accomplir en faveur de son peuple.
Zacharie et Elisabeth, « tous deux justes devant l'Eternel… » (Luc 1 : 6), faisaient partie de ce petit résidu fidèle dont nous désirons parler un peu. Actuellement, leur exemple est toujours propre à encourager les rachetés du Seigneur, suscités à la fin de l'économie de la grâce. Ces enfants de Dieu sont souvent méprisés par le monde mais leur ferme attente est sa venue !
« L'Orient d'en haut nous a visités », déclare Zacharie (Luc 1 : 78). La gloire, qui au temps d'Ezéchiel était partie vers l'Orient (Ezé. 11 : 23), revenait sous les traits de cet humble enfant. Ainsi, allaient s'accomplir les merveilleux desseins de Dieu. Marie et Joseph se rendent à Bethléem où l'Ecriture avait annoncé que le Seigneur Jésus devait naître (Mich. 5 : 2). Et les bergers vont le trouver couché dans une crèche : il n'y a pas de place pour lui dans l'hôtellerie (Luc 2 : 7, 16). Pourtant, de grands sujets de joie sont évoqués dans ces premiers chapitres de l'évangile (Luc 1 : 14, 44, 47, 58 ; 2 : 10). La louange y tient beaucoup de place aussi ! Les anges rendent gloire à Dieu, de même que les bergers (Luc 2 : 13-14 ; 20).
Les parents pieux de Jésus s'appliquent à faire à l'égard du petit enfant tout ce que prescrivait la loi du Seigneur. Ce nom de Seigneur revient quatre fois dans les versets 22-24 du premier chapitre de Luc, comme pour affirmer les droits divins sur cet enfant hors du commun. Le sacrifice offert par Joseph et Marie dans le temple, une paire de tourterelles ou de colombes, met en évidence leur pauvreté (Lév. 12 : 8 ; 2 Cor. 8 : 9).
Ce n'est pas aux principaux du peuple que le libérateur d'Israël va être présenté, mais à d'humbles et pieux vieillards : Siméon et Anne. A quel titre une telle faveur leur est-elle accordée ? C'est parce qu'ils l'attendaient (Ps. 130 : 6) ! Ils appartenaient au fidèle résidu en Israël, qui dans ces jours de déclin et d'apostasie, s'attachait fermement à la Parole de Dieu et attendait patiemment son accomplissement.
Siméon (dont le nom signifie « qui écoute ») était « juste et pieux », il attendait la consolation d'Israël ; et l'Esprit Saint était avec lui. Sa justice pratique et sa piété ne lui permettaient pas de s'accommoder de l'état de choses désastreux qui caractérisait alors le peuple. En réponse à sa foi, il il est conduit par l'Esprit dans le temple, pour y rencontrer la consolation d'Israël : c'est ainsi que les rabbins appelaient le Messie, le consolateur par excellence (Luc 2 : 27 ; Es. 40 : 1).
« Il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort, que premièrement il n'eût vu le Christ du Seigneur » (Ps 25 : 14). L'attachement de Siméon au Seigneur était très grand, et pourtant il était loin de savoir à son sujet tout ce que nous en connaissons maintenant ! Pourtant il reconnaît sur le champ le Messie. Il devait y avoir à ce moment-là, dans le Temple, d'autres petits enfants et d'autres spectateurs que Siméon. Mais lui ne voit personne que Jésus et les autres personnes ne voient rien en Jésus, sinon un petit enfant.
Comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour faire à son égard selon l'usage de la loi, Siméon le prend dans ses bras, le reconnaissant comme le libérateur d'Israël. Il bénit Dieu etaffirme ce que l'apparition de Christ a été pour lui : « Maintenant, Seigneur tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole ; car mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples ; une lumière pour la révélation des nations et la gloire de ton peuple Israël » (Luc 2 : 29-32). Simon sait que le salut promis est assuré. Il se considère comme une sentinelle qu'on relève de son poste de garde !
Désormais, Dieu a placé Christ sous les yeux de tous, il l'a rendu parfaitement visible ! Et dans ce cantique, Siméon, comme Marie et Zacharie, discerne dans la venue de l'enfant Jésus l'accomplissement des promesses faites aux pères. Il exalte avec bonheur l'étendue de la bonté divine dont tous pourront profiter ! Il confirme d'abord que le salut est apporté aux nations ; cette lumière si souvent annoncée par les prophètes brille désormais au milieu des ténèbres morales de ce monde (Es. 42 : 6 ; 49 : 5-6). Israël ne sera pas privé pour autant de la gloire qui résulte du fait que le Messie est né au milieu d'eux (Rom. 5 : 9 ; Gal. 4 : 4) car ils conserveront les promesses qu'ils ont reçues sans condition (Act. 13 : 46-47 ; Rom. 11 : 25-26) !
Ce petit enfant est tout pour la foi de Siméon. Celui-ci met en évidence que le Seigneur sera la pierre de touche pour révéler les pensées de plusieurs : « Voici celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l'on contredira (Es. 8 : 14). Il a aujourd'hui encore ce rôle capital ! Siméon ne bénit pas le petit enfant - il savait que c'était Lui le Bienfaiteur - il bénit Joseph et Marie, qui sont profondément étonnés de tout ce que Siméon annonce au sujet de Jésus ! Comme ils sont loin encore d'avoir compris qu'Il est venu sur la terre pour être « aux affaires de son Père », occupé entièrement de celles-ci ; c'est ce que déclarent ses premières paroles citées dans l'Ecriture (Luc. 2 : 49) !
Mais Siméon doit prophétiser encore, annonçant à Marie qu'une épée (longue et large, selon l'original) transpercera sa propre âme (Luc 2 : 35) ! A-t-elle compris aussitôt le sens de ces paroles ? C'est fort improbable, mais à mesure que l'opposition contre Jésus s'est faite plus violente, Marie a dû se rappeler cette prophétie. Quelle souffrance de voir Celui qu'elle pouvait appeler son fils, ainsi rejeté, subir finalement cette mort infamante sur la croix !
Or simultanément Anne, la prophétesse, de la tribu d'Aser, était dans le temple, qu'elle ne quittait pas (Ps. 23 : 6 ; 27 : 4). C'était une veuve fort avancée en âge, probablement centenaire. Connue pour sa piété, s'oubliant elle-même, elle servait Dieu, en jeûnes et en prières, nuit et jour. Elle survient à ce moment-là et se joint aux actions de grâces de Siméon. Ils devaient fort bien se connaître car Anne parlait habituellement du Seigneur à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance.
Malachie avait annoncé que Dieu se garderait un petit résidu : « Alors ceux qui craignent l'Eternel ont parlé l'un à l'autre, et l'Eternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Eternel, et pour ceux qui pensent à son nom » (Mal. 3 : 16). Ce prophète avait décrit le bas état moral du peuple dans cette période de quatre cents ans environ entre le retour de la captivité et la naissance du Sauveur. Et pourtant, ces Israélites se montraient satisfaits de leur état spirituel (Mal. 2 : 17 ; 3 : 7, 8) ! Extérieurement, tout semblait en ordre, puisque Zacharie lui-même exerçait la sacrificature dans le temple devant Dieu au moment assigné, alors que la multitude du peuple priait dehors à l'heure du parfum (Luc 1 : 5-9). Mais en réalité, il n'y avait plus, hélas, que la forme de la piété, comme dans la chrétienté actuelle (2 Tim. 3 : 5).
Cependant, Dieu s'était réservé, comme du temps d'Elie (1 Rois 19 : 18), un petit groupe de témoins, ceux qui sont désignés par le psalmiste comme « les fidèles cachés », objets d'ailleurs de moquerie et parfois même de haine (Ps. 83 : 3 ; Es. 26 : 20). L'Eternel des armées annonçait qu'ils seraient à lui, son trésor particulier, au jour qu'il ferait – un jour qui vient, brûlant comme un four. Durant cette terrible épreuve, la promesse divine leur est assurée : « Je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert» (Mal. 3 : 17).
Une personne pieuse comme Anne l'était, ne pouvait que souffrir dans un si mauvais milieu, formé de personnes prêtes au meurtre (Es. 1 : 21). Elle se tenait donc à l'écart et s'adonnait au jeûne et la prière. Elle jeûnait, refusant de s'associer aux fêtes et aux réjouissances de ce peuple que Dieu avait pourtant autrefois sauvé de la servitude, mais qui à présent n'hésitait pas à « épouser la fille d'un dieu étranger », tout en couvrant hypocritement « de larmes et de gémissements l'autel de l'Eternel » (Mal. 2 : 11-13). Aussi Dieu avait envoyé son prophète leur dire : « Je ne puis supporter l'iniquité et la fête solennelle (Es. 1 : 12-14). Par la prière, Anne s'attendait à Dieu seul qui pouvait apporter la délivrance promise et permettre que le résidu retrouve la bénédiction espérée.
Dans cette attente, cette femme pieuse parlait à ceux qui partageaient la même espérance. Son service était identique à celui qui est confié aujourd'hui à ceux qui attendent le retour du Seigneur pour chercher les siens (1 Thes. 4 : 16).
Anne ne quittait pas le temple, lieu de bonheur et de paix pour l'Israélite pieux. Associés aux sentiments du résidu chassé de son pays aux derniers jours, les fils de Coré s'écrient : « Combien sont aimables tes demeures, ô Eternel des armées ! Mon âme désire et même elle languit après les parvis de l'Eternel…Bienheureux ceux qui habitent ta maison ; ils te loueront sans cesse…car un jour dans tes parvis vaut mieux que mille » (Ps. 84 : 1-2, 4, 10).
Actuellement, le croyant peut réaliser personnellement la présence de Dieu, en vivant séparé du mal ; il peut également goûter cette présence collective avec les deux ou trois réunis au nom du Seigneur. Un chrétien qui désire rester fidèle au Seigneur a le privilège de vivre comme Anne, à l'écart du monde, dans la présence de Dieu, en jeûnes et en prières. Comme elle, il aime aussi parler du Seigneur avec ceux qui vivent d'espérance, d'amour et de foi. Ils sont encore dans le monde, mais ils ne sont plus du monde, ils en ont été retirés - arrachés avec force - (Jean 17 : 11, 14 ; Gal. 1 : 4). Par leur conduite et leurs paroles, ne sont-ils pas responsables d'avertir ceux qui ne connaissent pas encore le Seigneur, et s'étourdissent éperdument dans un monde qui mûrit pour le jugement (1 Pier. 4 : 2-4) ?
Certes, au temps de Siméon et d'Anne, ceux qui craignaient l'Eternel et qui pensaient à son nom en attendant la délivrance étaient peu nombreux. Mais combien ces quelques fidèles étaient précieux au coeur de Dieu ! Il n'en est pas autrement de nos jours, alors que pendant la nuit, veillant avec prière, les rachetés attendent la venue du Seigneur glorifié (Héb. 9 : 28).
Ph. L. 13. 06. 06
Laisse-moi, désormais, Seigneur, aller en paix
Car selon ta promesse, tu fais voir à mes yeux
Le salut glorieux que j'attendais sans cesse ;
Salut qu'en l'univers tant de peuples divers
Vont recevoir et croire, ressource des petits,
Lumière des Gentils, et d'Israël la gloire.