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LE LIVRE DE JOSUE (1)

 INTRODUCTION
  Plan du livre de Josué
  CHAPITRE PREMIER : les instructions divines pour la conquête du pays 
         Josué conducteur du peuple (v. 1)
         Les caractères du pays promis (v. 2-3)
         Les frontières du pays (v. 4)
         Les instructions pour entrer dans le pays (v. 5-9)
         Le commandement de Josué aux officiers du peuple (v. 10-11)
         Les deux tribus et demie en Galaad (v. 12-18)

INTRODUCTION
 

            Le livre de Josué fait immédiatement suite au Pentateuque (les cinq livres de Moïse). Il présente la prise de possession du pays promis par Dieu au peuple d’Israël. En figure pour les chrétiens, ce livre expose la jouissance de leurs bénédictions célestes en Christ dans le ciel.
            Dieu s’était choisi un peuple pour lui, Israël. Il l’a fait sortir d’Egypte, à main forte et à bras étendu, à travers la mer Rouge et a pris soin de lui dans le désert, durant quarante ans d’épreuves. Le livre du Deutéronome montre le peuple arrivé en deçà du Jourdain dans le désert, dans la plaine de Moab (Deut. 1 : 1).
Il y reçoit de Dieu les instructions morales nécessaires pour vivre dans le pays promis.
            Le livre de Josué présente maintenant l’entrée dans ce pays (par la traversée du Jourdain), sa conquête et sa répartition entre les tribus d’Israël sous la direction de Josué, conducteur du peuple.

            Cette histoire, qui couvre une période d’environ trente ans, fait suite à celle de la traversée du désert, décrite dans le livre des Nombres. Elle précède la triste description, donnée par le livre des Juges, de l’infidélité du peuple d’Israël à achever la conquête du pays et à y honorer la présence de Dieu.
            Ce livre forme donc un maillon fondamental de la première période de l’histoire du peuple depuis la sortie d’Egypte jusqu’à l’établissement de la royauté.

 
            Le livre de Josué se divise assez simplement en trois parties :

                 – L’entrée dans le pays par la traversée du Jourdain (chap. 1-5).
                 – La conquête du pays par les armées d’Israël, sous la conduite de Josué (chap. 6-12).
                 – La répartition du pays entre les tribus d’Israël. C’est la possession par le peuple de l’héritage de Dieu (chap. 13-24).

            La première partie se termine par la préparation du peuple aux combats qui l’attendent et la vision glorieuse de Christ, l’Ange de l’Eternel.
            La seconde partie commence par la prise de Jéricho, figure de ce que sera le renversement de la puissance du mal par Christ aux derniers jours. La victoire est complète et Israël voit tout le pays s’ouvrir devant lui. Elle est suivie par la défaite d’Aï et l’alliance avec les Gabaonites. Les voies de Dieu se manifestent ainsi en face des infidélités du peuple. Cette époque de l’histoire du peuple est généralement marquée par l’énergie de la foi et se termine par l’énumération des victoires et le repos après les combats. Cette partie du livre correspond exactement dans le Nouveau Testament à l’épître aux Ephésiens : les chrétiens - peuple céleste de Dieu - sont déjà spirituellement dans les lieux célestes et invités à acquérir par la foi ce que Dieu leur donne en Christ ; en même temps, ils sont engagés dans un combat contre les puissances spirituelles de méchanceté qui s’y trouvent.
            La troisième partie du livre présente la répartition du pays entre les tribus d’Israël (chap. 13-19). Un très grand pays restait encore à posséder. Au zèle et à l’énergie de la foi du début succèdent maintenant l’inaction et la faiblesse générale du peuple, malgré de brillantes exceptions telles que Caleb (14 : 6-15). Toutefois, dans sa miséricorde, Dieu accorde le pays au peuple comme le fruit de ses conquêtes antérieures. L’établissement des villes de refuge (chap. 20), l’habitation des Lévites au milieu du peuple (chap. 21) et enfin le retour des deux tribus et demie au-delà du Jourdain dans les plaines de Galaad (chap. 22) complètent cette partie.

            Le livre s’achève enfin sur les paroles personnelles d’adieu de Josué (chap. 23) et le dernier message de l’Eternel à son peuple (chap. 24).

            Chaque période de la vie de l’Eglise sur la terre a été marquée au commencement par l’énergie de la foi et le zèle pour Christ. Puis, avec le temps, l’inaction a remplacé la ferveur tandis que les traditions et les ordonnances se substituaient souvent à la communion avec Christ et au jugement de soi-même (c’est le sens spirituel de Guilgal). L’état moral au milieu du déclin (qui a suivi tous les réveils) est rétabli par la discipline de Dieu, qui s’adapte en justice et en grâce à la situation et aux circonstances des siens.

            Le livre de Josué présente donc à tous les chrétiens des instructions, encouragements et avertissements particulièrement adaptés aux temps actuels.

 

Plan du livre de Josué

 
            Première partie : L’entrée dans le pays : chap. 1-5

                  1. Les instructions divines pour la conquête du pays : chap. 1
                  2. Rahab et les espions : chap. 2
                  3. Le passage du Jourdain : chap. 3-4

                  4. La préparation du peuple aux conquêtes : chap. 5

 
            Deuxième partie : La conquête du pays : chap. 6-12

                  1. La prise de Jéricho : chap. 6
                  2. La défaite d’Aï et la faute d’Acan : chap. 7
                  3. La victoire sur Aï : chap. 8 : 1-29

                  4. L’autel sur la montagne d’Ebal : chap. 8 : 30-35
                  5. L’alliance avec les Gabaonites : chap. 9

                  6. La victoire de Gabaon : chap. 10
                  7. La victoire sur Hatsor et les Anakim : chap. 11

                  8. Les victoires. Le repos : chap. 12

 
            Troisième partie : La possession du pays : chap. 13-24

                  1. Les deux tribus et demie en Galaad : chap. 13
                  2. L’héritage de Juda à Guilgal : chap. 14-15
                  3. L’héritage de Joseph à Guilgal : chap. 16-17

                  4. L’héritage des sept dernières tribus à Silo : chap. 18-19
                  5. Les villes de refuge : chap. 20

                  6. Les villes des Lévites. Le repos : chap. 21
                  7. Le retour des deux tribus et demie en Galaad. L’autel de Hed : chap. 22

                  8. Les dernières paroles de Josué au peuple : chap. 23
                  9. Les dernières paroles de l’Éternel par Josué à Sichem : chap. 24. 1-28

                  10. Conclusion du livre : chap. 24 : 29-33

 
 
CHAPITRE PREMIER : les instructions divines pour la conquête du pays
 
                             Josué conducteur du peuple (v. 1)
 
            « Et il arriva après la mort de Moïse, serviteur de l’Eternel… » (v. 1). Une nouvelle phase de l’histoire d’Israël commence après la mort de Moïse.
            Envoyé par Dieu pour faire sortir le peuple terrestre d’Egypte, Moïse est une figure de Christ libérateur, délivrant le peuple céleste de Dieu de la puissance de Satan et du monde par la mort (figuré par la mer Rouge). Moïse, roi en Jeshurun (nom poétique d’Israël) et médiateur, Aaron, souverain sacrificateur et Marie, prophétesse, présentent en figure les trois ressources divines pour le peuple pendant la traversée du désert.

            Moïse avait aussi la place de législateur - « la Loi a été donnée par Moïse » (Jean 1 : 17). Comme tel son service ne pouvait être d’introduire le peuple dans l’héritage. C’est à Josué qu’incombe cette tâche ; il est la figure de Christ ressuscité, assis dans les lieux célestes, qui nous introduit là où sont toutes nos bénédictions spirituelles en Lui.

            Dès le début du livre, l’Esprit de Dieu présente donc Josué que Dieu a appelé à être le conducteur du peuple à la suite de Moïse. Arrivé au terme de son service dans le désert, Moïse a reçu de l’Eternel lui-même l’instruction de désigner Josué pour lui succéder. « Prends Josué, fils de Nun, un homme en qui est l’Esprit et pose ta main sur lui » (Nom. 27 : 18). En présence d’Eléazar le sacrificateur et devant toute l’assemblée d’Israël, l’autorité est conférée à Josué. Moïse l’invite à se fortifier et à être ferme (Deut. 31 : 7) ; l’exhortation est répétée par Dieu lui-même au commencement du livre de Josué (1 : 5, 7, 9). Enfin, Josué « était rempli de l’Esprit de sagesse, car Moïse avait posé ses mains sur lui » (Deut. 34 : 9).

            Josué était âgé d’environ quatre-vingts ans lorsque la tâche de conduire le peuple lui a été confiée à la mort de Moïse. Son service public a duré environ trente ans, puisqu’il est mort à cent dix ans (24 : 29). Quarante ans de formation à travers le désert au service et dans l’ombre du législateur avaient été nécessaires avant qu’il ne soit placé à la tête du peuple et que l’Eternel ne l’élève aux yeux de tout Israël (3 : 7 ; 4 : 14).
 
 
                            Les caractères du pays promis (v. 2-3)
 
            Les paroles de l’Eternel à Josué présentent quatre instructions :
                  1. Pour entrer dans le pays, il fallait traverser le Jourdain : « Lève-toi, passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple » (v. 2). Le Jourdain est la figure de la mort de Christ et de l’identification du croyant avec lui dans sa mort. Accepter par la foi notre mort avec Christ est ainsi le seul chemin d’accès aux bénédictions que Dieu nous donne et le moyen d’en jouir effectivement maintenant.

                  2. Le pays était à Dieu qui l’avait promis à Israël et le lui donnait ; le peuple est l’objet de la grâce et reçoit un don, totalement gratuit : il en est exactement de même du croyant maintenant (Es. 55 : 1-3 ; Rom. 3 : 24).

                  3. Quoique donné par Dieu, le pays restait à conquérir : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (v. 3). Paul le rappelle dans son discours à Antioche de Pisidie (Act. 13 : 19). Pour trouver sa joie dans les bénédictions divines, il faut les acquérir par la foi à travers un combat contre les ennemis spirituels.

                  4. Enfin, le pays était délimité par des frontières précises, qui ont chacune une signification spirituelle. Avant de s’arrêter sur celles-ci, il faut remarquer qu’une seule porte (le Jourdain) permet de pénétrer dans le domaine des bénédictions ; par contre, quatre dangers différents risquent de nous en faire sortir pratiquement. Il ne s’agit pas ici du salut de l’âme, mais de sa bénédiction présente.
 

                            Les frontières du pays (v. 4)

            Les quatre limites du pays étaient :
                  1. Le désert, limite sud du pays (désert de Sin et désert de Paran) qui séparent le pays de l’Egypte, figure du monde naturel ayant Satan pour chef (Jean 14 : 30).

                  2. Le Liban, frontière du nord : c’est le pays des Phéniciens, Tyr et Sidon, sous la domination du prince de Tyr (qui représente également Satan) (Ezé. 28 : 1-19). C’est le monde des affaires et du commerce. Dans sa grâce, Dieu nous a fait sortir de l’Egypte. Il nous invite à ne pas retourner maintenant dans le monde, ce système organisé loin de Dieu (Gal. 1 : 4 ; 6 : 14).

                  3. Le grand fleuve, le fleuve Euphrate. C’était, dans la pensée de Dieu, la limite orientale de la possession d’Israël. L’Euphrate (ainsi que le Tigre) arrose la Mésopotamie, pays d’origine d’Abraham (Ur des Chaldéens) et la plaine de Shinhar. Là, l’orgueil et la rébellion de l’homme contre Dieu se sont manifestés aussitôt après le déluge (Gen. 11 : 1-9) ; plus tard a été construite la ville de Babylone, figure de l’apostasie religieuse (Babylone la grande) (Apoc. 17 : 1-7). A l’exception d’une courte période au début du règne de Salomon (1 Rois 4 : 21), le peuple n’a en fait jamais occupé le grand territoire situé entre le Jourdain et l’Euphrate. Il faudra attendre la période millénaire pour que le dessein de Dieu s’accomplisse à l’égard de la possession de la totalité de la terre promise à son peuple.
                  4. Enfin, la limite occidentale du pays était la grande mer, la Méditerranée. La mer est le symbole de l’agitation incessante des peuples, des méchants et de la souillure du monde (Es. 57 : 20).

                  5. Le croyant peut ajouter avec reconnaissance aux quatre frontières terrestres précédentes une dernière limite, ouverte pour la foi : le ciel, où se goûtent toutes les bénédictions de l’héritage céleste (1 Pier. 1 : 4).

            En résumé, la terre d’Emmanuel - pays fertile sur lequel l’Eternel avait continuellement les yeux (Deut. 11 : 11-12) pour que son peuple y soit heureux - était bordée par un grand désert (figure de l’aridité du monde), une grande montagne (sa prospérité factice), un grand fleuve (sa puissance) et une grande mer (son agitation).
            Dieu, dans une vision, avait déjà fixé les limites ci-dessus à Abraham (Gen. 15 : 18) ; ces limites étaient alors liées aux promesses inconditionnelles faites à sa descendance. Les mêmes frontières sont confirmées à Moïse, mais cette fois, elles sont soumises à une condition d’obéissance.
            Pour Israël, l’Euphrate était la limite extrême de son héritage, tandis que le Jourdain était celle de son habitation effective et de sa possession. De même, toutes choses sont aux chrétiens dès maintenant : monde, vie, mort, choses présentes ou choses à venir (1 Cor. 3 : 21-22). Dans la vie présente, toutefois, la mort de Christ (le Jourdain en figure) sépare moralement le chrétien du monde, pour lui donner le ciel comme demeure spirituelle, avant que, revenu en gloire avec Christ, il ne règne sur le monde
entier dans un temps à venir (1 Cor. 6 : 2).

 
                            Les instructions pour entrer dans le pays (v. 5-9)
 
            La première instruction que Dieu donne à Josué et au peuple est de se lever pour passer le Jourdain et prendre possession du pays. Le pays était à l’Eternel : « Vous, vous êtes chez moi comme des étrangers et comme des hôtes » (Lév. 25 : 23). C’était l’héritage de Dieu dont il voulait hériter dans son peuple : « Tu les planteras sur la montagne de ton héritage » (Ex. 15 : 17). En fait, le peuple lui-même constituait l’héritage de Dieu : « La portion de l’Eternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage » (Deut. 32 : 9). La même pensée est exprimée dans l’épître aux Ephésiens pour les chrétiens, peuple céleste de Dieu : « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Eph. 1 : 18). L’héritage est celui de Dieu dont il veut hériter lui-même par Christ dans ses rachetés. Mis à part pour cet héritage par le sceau de son Esprit (Eph. 1 : 14 ; 2 Cor. 1 : 22), nous en possédons un avant-goût par les arrhes de l’Esprit.
            Le pays appartenait donc à l’Eternel, mais Il en offrait la jouissance à son peuple, dans la mesure où celui-ci aurait l’énergie d’en prendre possession : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (v. 3). La même instruction était déjà donnée à Abraham : « Lève-toi, et promène-toi dans le pays en long et en large, car je te le donnerai » (Gen. 13 : 17). Il en est exactement ainsi pour les chrétiens : toutes nos bénédictions sont spirituelles, dans les lieux célestes en Christ. Nous n’en jouirons effectivement que dans la mesure où nous saurons nous les approprier par la foi.

            Trois appels sont alors donnés à Josué à se fortifier et à être ferme :

                  - v. 6 : Le dessein de Dieu était de donner le pays à son peuple, quelle que soit la puissance des ennemis qui s’en étaient emparés. En Christ ressuscité et assis à la droite de Dieu, toutes les promesses de Dieu nous sont assurées : « Celui qui nous a formés pour cela même, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’Esprit » (2 Cor. 5 : 5-6).

                  - v. 7-8 : La victoire était assurée dans la mesure où le peuple prenait garde à la Loi et faisait ce qui y était écrit. Dieu nous révèle sa pensée dans sa Parole. Croire ce que Dieu dit et s’y soumettre de tout notre cœur est le sûr et unique chemin de la victoire et de la bénédiction. C’est un chemin droit : « Ne t’en écarte ni à droite ni à gauche » (v. 7). C’est le sentier du juste (Prov. 4 : 18). Prêter l’oreille à la Parole de Dieu (Es. 30 : 21), s’en nourrir et y trouver la joie de son cœur (Ps. 1 : 2 ; Jér. 15 : 16) : voilà le secret de la victoire sur nos ennemis (Satan, le monde et la chair).

                  - v. 9 : Le troisième appel au courage se fonde sur la promesse de la présence de Dieu avec son peuple : « L’Eternel Dieu est avec toi partout où tu iras ». C’est une condition indispensable et désirée par tous les hommes de foi.

            Trois fois Josué est ainsi invité à se fortifier et à être ferme (v. 6, 7, 9). De même, le chrétien, engagé dans un combat spirituel dans les lieux célestes, est invité par trois fois à se fortifier et à tenir ferme :
                  - « Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force ; revêtez-vous de l’armure complète de Dieu,
pour pouvoir tenir ferme contre les artifices du diable » (Eph. 6 : 10-11). La force est dans le Seigneur, en qui l’apôtre Paul lui-même se fortifiait (Phil. 4 : 13) ; « étant pleinement fortifié, selon la puissance de sa gloire » (Col. 1 : 11).
                  - « C’est pourquoi prenez l’armure complète de Dieu afin qu’au mauvais
jour vous puissiez résister et, après avoir tout surmonté, tenir ferme » (Eph. 6 : 13). Le combat dure pendant tout le temps de l’absence de Christ.
                  - « Tenez donc ferme 
: mettez autour de vos reins la ceinture de la vérité… » (Eph. 6 : 14). Il faut revêtir l’armure de Dieu avant d’engager le combat avec les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes.

            Toutes les préparations morales présentées ici pour entrer dans le pays sont d’ordre intérieur : c’est la foi dans le cœur. L’histoire de Rahab, au chapitre suivant, ajoute le côté extérieur : c’est la foi montrée par les œuvres. L’œuvre intérieure précède toujours l’activité extérieure.

 
                            Le commandement de Josué aux officiers du peuple (v. 10-11)
 
            Les exhortations précédentes ont produit sur Josué un effet immédiat ; par le moyen des officiers (les magistrats du peuple), l’ensemble du camp se prépare à la traversée du Jourdain et à la conquête du pays. Un chrétien nourri de Christ et soumis à la Parole aura, même à son insu, une influence heureuse sur d’autres.
            Ensuite, rien n’est fait hâtivement. Les officiers invitent le peuple à se tenir prêt dans trois jours. Pour nous, l’énergie humaine est sans valeur pour traverser le fleuve de la mort et vaincre l’Ennemi dans ses places fortes. Si la vérité de Dieu est la ceinture de nos reins et si nous revêtons l’armure complète de Dieu avant le combat, nous serons assurés de la victoire.

            Les trois jours évoquent pour le chrétien la période de temps connue de la mort et de la résurrection de Christ (Luc 9 : 22). C’est le signe du prophète Jonas (Matt. 12 : 40), le fondement même de l’évangile (1 Cor. 15 : 3-4). A la sortie d’Egypte, trois jours s’étaient déjà écoulés depuis la nuit de la Pâque, jusqu’à la traversée de la mer Rouge et le chant du cantique de la délivrance.

            Et maintenant, au bout de trois jours, le peuple part de Sittim, la dernière étape de la traversée du désert. Conduit par Josué et instruit par ses officiers, il est invité à suivre l’arche pour traverser le
Jourdain (3 : 1-3).
 

                            Les deux tribus et demie en Galaad
(v. 12-18)
 
            La dernière partie du chapitre présente le cas attristant et instructif des deux tribus et demie - Ruben, Gad et la moitié de la tribu de Manassé - qui avaient déjà fait le choix d’habiter en deçà du Jourdain. Le début de leur histoire est donné dans le livre des Nombres. Ayant vu que les pays de Jahzer et de Galaad convenaient bien à leurs nombreux troupeaux, ils étaient venus à Moïse (Nom. 32 : 1-2) en exprimant leur désir de ne pas traverser le Jourdain. Leur décision délibérée était de s’installer dans les plaines de Galaad, « de ce côté du Jourdain, vers le levant » (Nom. 32 : 19). La juste indignation de Moïse ne les a pas fait revenir sur leur choix.
            Le compromis accepté par Moïse constate, hélas, la première brèche dans l’unité du peuple : « Nous nous équiperons promptement pour marcher devant les fils d’Israël » (Nom. 32 : 17). L’engagement était que tous les hommes de guerre de ces deux tribus et demie accompagneraient leurs frères pour aller à la guerre et achever la conquête du pays avant de rejoindre leurs familles en Galaad (Nom. 32 : 20-21, 27). L’accord a été clairement confirmé, sur-le-champ, à Eléazar et à Josué, pour qu’il soit respecté le moment venu. Moïse leur accorde alors leurs possessions dans le lieu de leur choix. Mais où était la pensée de Dieu dans cette affaire ? Ces deux tribus et demie sont pour nous l’image des chrétiens terrestres qui ont leurs pensées et leurs affections aux choses visibles et ne connaissent Christ « qu’à travers les circonstances de la terre ». Toutefois, leur bonne volonté et leur sincérité sont réelles. Ils ajoutent même au rappel de leur engagement pris devant Moïse (1 : 17), cette exhortation que Dieu lui-même avait faite à Josué : « Fortifie-toi et sois ferme » (1 : 18).

            La suite de l’histoire de ces deux tribus et demie a confirmé que leur choix n’était pas selon les pensées de Dieu. Déjà au moment d’accompagner leurs frères au combat (4 : 13), seuls quarante mille hommes se présentent, alors que le dénombrement du peuple montre que leurs hommes de guerre étaient au moins cent dix mille.

            L’affaire de l’autel de Hed (chap. 22) est déjà l’occasion de malentendus et de difficultés. Plus tard, ces tribus ne répondront pas à l’appel de Barak et de Débora pour aller au combat contre les ennemis du peuple (Jug. 5 : 15-17). Et ces tribus seront les premières à tomber aux mains de l’ennemi : « Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? Et nous nous taisons, sans la reprendre de la main du roi de Syrie » (1 Rois 22 : 3). Mais, plus triste encore, elles connaîtront les premières, de la part de Dieu, la captivité loin du pays : « Et le Dieu d’Israël réveilla l’esprit de Pul, roi d’Assyrie, et l’esprit de Tilgath-Pilnéser, roi d’Assyrie, et il transporta les Rubénites, et les Gadites, et la demi-tribu de Manassé, et les emmena à Khalakh, et à Khabor, et à Hara, et au fleuve de Gozan, où ils sont jusqu’à ce jour » (1 Chr. 5 : 26).

            Le choix de ces tribus était semblable à celui de Lot déjà ébloui par les mêmes lieux, qui étaient, en apparence seulement, « comme le jardin de l’Eternel » (Gen. 13 : 10). Leur choix a porté plus tard ses fruits amers.

            La vraie patrie du chrétien est le pays même, au-delà du Jourdain, figure de la mort et de la résurrection de Christ que l’Esprit de Dieu applique à son âme.
 
 

                                               D’après J. Muller - extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 3)