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Louange au désert

 
 

            « Je bénirai l'Eternel en tout temps ; sa louange sera continuellement dans ma bouche » (Ps. 34 : 1) - Psaume de David, quand il dissimula sa raison devant Abimélec (ou Akish).

            « O Dieu ! tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour ; mon âme a soif de toi… dans une terre aride et altérée, sans eau » (Ps. 63 : 1) - Psaume de David ; quand il était dans le désert de Juda.
     

Bénir l’Eternel en tout temps et en tout lieu 

            Il est très encourageant pour nous de connaître les circonstances dans lesquelles certains psaumes ont été composés, certaines prières sont montées vers Dieu.
            Ainsi la suscription du Psaume 34 rappelle une page humiliante de l'histoire de David : le vainqueur de Goliath s'enfuit à Gath auprès des ennemis de son peuple, contrefait le fou devant le roi Akish, est chassé par celui-ci, sans doute sous les risées des Philistins (1 Sam. 21). Voilà une triste scène qui ne peut guère, semble-t-il, préparer David à l'adoration ; nous nous attendons à le voir passer d'abord par une sévère discipline. Mais non ! Il se tourne vers son Dieu, agissant selon ce qu’il exprime au verset 5 du Psaume 34 : « Ils ont regardé vers lui, et ils ont été illuminés » (ou « rayonnants » : allusion peut-être à la face de Moïse qui resplendissait après avoir parlé avec l'Eternel).
            Ce fou qui laissait couler sa salive, le moment d'après redevient un adorateur. C'est un exemple très consolant pour nous qui avons si souvent tendance à nous occuper de ce que nous sommes ou de ce que nous ne sommes pas, de ce que nous avons fait ou de ce que nous n'avons pas fait. Il faut nous juger certes, mais ne nous attardons pas indéfiniment à gémir sur le passé, ni à chercher en nous un bien quelconque. C'est au Seigneur qu'il faut regarder et à sa grâce.

            La foi peut donc s'écrier : « Je bénirai l'Eternel en tout temps » (v. 1). « Et en tout lieu », semble ajouter le Psaume 130 : « Je t'ai invoqué des lieux profonds, ô Eternel ! » (v. 1).
            Ce dernier verset pourrait servir de titre au chapitre 2 du livre de Jonas. Il est certain que l'endroit dans lequel se trouve alors le prophète est le moins favorable qu'on puisse imaginer pour louer son Dieu : le fond des mers, les entrailles immondes d'un gros poisson, l’antichambre de la mort. Mais comment sont formées les perles ? Précisément au fond de la mer, à l'abri de tous les regards sauf celui de Dieu. Les trois jours passés par Jonas dans ce sépulcre de l'horreur sont en réalité les meilleurs de toute son histoire. Enfin le voilà qui se réveille spirituellement ; enfin le voilà qui prie (comp. 1 : 6) ! Et cette prière parvient tout droit jusqu'au sanctuaire de Dieu ; elle met en relation directe le fond des abîmes avec « le temple de Sa sainteté » (v. 5, 8).

            Quel bonheur, chers enfants de Dieu, de conclure de ces deux exemples qu'il n'est pas de moment, qu'il n'est pas de lieu dans lesquels nous ne puissions adorer notre grand Dieu Sauveur !

 

Chercher Dieu lui-même

            Pourchassé par Saül, David erre maintenant dans le désert de Juda (Ps. 63). Que peut-il y chercher, dans ce désert, dès le point du jour ? Pas les ressources de l'homme, c'est évident, il sait bien qu'il ne les y trouvera pas ! Mais pas non plus les ressources de Dieu. Ce qu'il cherche c'est Dieu lui-même. « Je te cherche… ». Car avoir le Donateur, c'est avoir aussi les dons, ou plutôt ceux de ses dons que le Donateur choisit lui-même de donner et qui seront les seuls profitables. Ce Dieu qu'il cherche - et qui ne demande qu'à se laisser trouver - est son Dieu personnel. « O Dieu ! tu es mon Dieu… ». Il est peut-être le vôtre - dit le fidèle, mais en tout cas il est le mien, comme si, dans ce grand désert, il n'y avait que deux personnes, Lui et moi. Ma relation avec Lui a été fermement établie une fois pour toutes ; je connais ce Dieu-là, je sais que je peux compter sur Lui.
            C'est au point du jour que je Le cherche. Pourquoi tarder, perdre une heure ? C'est courir le risque de perdre toute la journée. Dieu a la priorité des priorités. « Cherchez premièrement le royaume de Dieu », dira le Seigneur Jésus (Matt. 6 : 33). Quand tout est encore silencieux dans la maison, avant que je sois pris dans l'engrenage des occupations prévues ou non, j'ai avec Lui mon rendez-vous matinal pour lui exprimer ma confiance, lui apporter ma faiblesse et mes craintes, écouter ses instructions, lui demander aide et direction. Cette première heure du jour est aussi celle où le Maître distribue les tâches avec ce qu'il faut pour les exécuter. Serviteurs et servantes, ne la manquons pas ! Notre parfait Modèle cherchait ainsi son Dieu dans la prière « longtemps avant le jour » (Marc 1 : 35), ce qui Le préparait à tout ce qui remplissait ce jour : besoins, fatigues, sollicitations, flatteries, contradictions des pécheurs contre lui-même, puissances du mal…
 
 
Le contempler, voir Sa force et Sa gloire
 
            « Mon âme a soif… ma chair languit ». Le chrétien n'est pas un homme insensible, un rêveur vivant en dehors des réalités. Le désert est bien le désert, l'âme l'éprouve, la chair en fait parfois durement l'expérience: c'est un lieu décevant, image d'un monde de besoins non satisfaits. Terre altérée qui boit sans jamais calmer sa soif, d'où montent les soupirs d'une création frustrée. « Nous-mêmes aussi… nous soupirons », ajoute Romains 8 : 23. Parce que, des besoins, nous en avons aussi : mais de quels besoins s'agit-il ? Essentiellement de celui de l'âme que Dieu seul peut apaiser par sa propre présence : « Mon âme a soif de toi ».
            L'invitation de Jésus est toujours actuelle, toujours renouvelée : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive » (Jean 7 : 37). Elle est assortie de la promesse : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, moi, n'aura plus soif, à jamais » (Jean 4 : 14).

            A ce besoin-là, Dieu répond en effet toujours. « J'ai rassasié l'âme lassée, et j'ai rempli toute âme languissante » (Jér. 31 : 25). Notre verset 5 confirme bien : « Mon âme est rassasiée… ». Que s'est il passé entre le verset 1 et le verset 5 ? Dieu a-t-il transformé le désert en un lieu fertile ? C'est souvent dans ce sens que nous prions : Ah ! si seulement ce problème était résolu, si ma santé était meilleure, si j'avais plus de temps libre, plus d'argent ! Nous demandons telle ou telle amélioration de nos circonstances, convaincus à tort que notre condition spirituelle en dépend, que, si Dieu nous enlève telle épreuve ou tel fardeau, notre âme sera dans un meilleur état et nous serons alors capables de le louer. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé dans ce psaume. Le désert est resté le désert, mais l'âme altérée a contemplé son Dieu, a vu sa force et sa gloire (v. 2). Elle s'est ressourcée à l'intérieur du sanctuaire.
  

Chanter de joie à l’ombre de Ses ailes

            Dieu ne change pas et le désert non plus. Ce qui peut et doit changer, c'est ma manière de le traverser. Si l'insatisfaction du cœur se traduit par des murmures comme ceux que fit entendre le peuple d’Israël tout au long de son voyage, la joie du fidèle s'exprime, elle, par des chants d'allégresse. « Quelqu'un est-il joyeux, qu'il chante des cantiques » (Jac. 5 : 13). Il n'est question que de cantiques dans ce petit psaume du désert : « Mes lèvres te loueront » (v. 3). « Ma bouche te louera avec des lèvres qui chantent de joie » (v. 5). « A l'ombre de tes ailes je chanterai de joie » (v. 7).
            Oui, Dieu veut se montrer suffisant. Le désert est nécessaire à cette démonstration. Mais mes cantiques le sont aussi, parce qu'ils témoignent que c'est bien Lui qui fait mon bonheur. Plus ce désert sera aride et sec, plus j'aurai l'occasion d'y montrer ma foi et le Seigneur d'y déployer sa plénitude.
 

                                                  J. Koechlin - « Messager évangélique » (1984 p. 172)