Leçons de la vie de Gédéon
Gédéon souffrait, avec le peuple de Dieu, du châtiment divin. Il faut que le serviteur sente quel est l’état de son peuple à l’époque où il vit, afin de pouvoir répondre à la pensée de Dieu lorsqu’il l’appelle. Celui qui réalise le triste état du peuple de Dieu vivra dans l’humilité - ce serait le sens du mot Ophra. De nos jours, un véritable discernement spirituel ne se manifeste pas par la simple critique des péchés ou des erreurs qui se constatent dans une assemblée, mais beaucoup plus par une douleur et une humiliation réelles en face de son état actuel. Si quelqu’un critique sans jamais s’identifier lui-même avec le péché et la honte du temps présent, il ne pourra jamais être employé pour délivrer les croyants de leur esclavage. Pourquoi ? Parce que la critique ne fait pas intervenir Dieu, ni n’amène à pleurer sur son péché.
L’ange de l’Eternel s’assied et observe en silence. Dieu prend connaissance de l’état d’âme du jeune homme. Que verrait-il dans ma vie, dans mes pensées, dans mon activité ? Si aujourd’hui le Seigneur cherchait un instrument, me choisirait-il ? L’Ange désigne Gédéon comme un « fort et vaillant homme », alors qu’il semble être tout sauf cela. Un homme vaillant ferait face à l’ennemi et conduirait le peuple pour le chasser du pays. Mais Dieu ne voit pas les choses comme les hommes les voient ! Dieu voit de la hardiesse dans la détermination de Gédéon à s’approvisionner à quelque prix que ce soit. Tout ce qui est lié avec cet humble travail de battre le froment pour en recueillir les grains, Dieu le voit comme du courage.
Qui sont aujourd’hui les forts et vaillants hommes de Dieu ? Où les trouverons-nous ? Pas nécessairement en train d’argumenter en public avec des incrédules ou de dénoncer les folies du jour. Allez regarder dans les chambres où l’on prie en secret. Il est beaucoup plus exigeant d’être un chrétien de prière que de prendre plaisir à l’excitation de parler en public ! Si vous êtes un vainqueur dans la prière, vous serez préparé pour des combats plus exposés et publics. Avec le secours de Dieu, la bataille sera déjà pratiquement gagnée !
Gédéon se pose beaucoup de questions. Perplexe, il pense que l’Eternel a abandonné son peuple. Des questions semblables peuvent monter dans le cœur aujourd’hui. Où sont les merveilles d’autrefois ? Pourquoi un tel déclin, souvent si peu de nourriture, des difficultés qui s’amoncellent... ? Mais l’Eternel ne répond pas aux questions du jeune homme. Il le regarde et lui dit : « Va ». Il ne s'agit pas tant de discuter, de chercher à résoudre les problèmes, mais d'agir en s’appuyant sur le Seigneur.
Cette oppression exercée par Madian est semblable aux conditions qui existeront juste avant l'établissement du royaume terrestre de notre Seigneur. A ce moment-là, le peuple de Dieu dira : « Ô Dieu ! ... nos pères nous ont raconté [l’œuvre que tu as opérée dans leurs jours, aux jours d’autrefois… Mais tu nous as rejetés et rendus confus, et tu ne sors plus avec nos armées » (Ps. 44 : 1, 9). Dieu n’est pas sourd aux appels, mais il doit d’abord opérer en profondeur dans le cœur de son peuple pour l'amener à la réelle conscience de son péché.
Il en est de même de ceux qui mènent deuil sur l’état de choses actuel dans l’Eglise. Ils ne gémiront pas seulement sur le déclin des années précédentes, et ne déploreront pas uniquement que les choses ne soient plus comme il y a vingt ans, cinquante ou cent ans. Ils compareront l’état actuel avec celui qui existait au tout début, à la Pentecôte ! Lorsque nous nous souvenons de ce que l’Eglise était alors, nous ne pouvons jamais nous glorifier, si merveilleux que soient les réveils.
Remarquez que Dieu ne donne pas à Gédéon une force nouvelle – il suffit qu’il soit envoyé par l’Eternel, pour délivrer Israël ; cependant, il faut qu’il soit entièrement débarrassé de lui-même, qu’il en ait fini avec son insignifiance comme avec son orgueil. Il pensait à la force qu’il devrait avoir pour frapper Madian, mais il oubliait qu’il le ferait avec la force de l’Eternel qui l’avait envoyé. De même, bien des chrétiens, qui maintenant ne se vantent plus, sont occupés de leur faiblesse. Mais l’humilité excessive est un empêchement aussi grand que l’orgueil. Dieu seul doit avoir toute la gloire.
D’après S. Ridout – « Le Seigneur est proche » (14-15/02/2013)