Regardez en haut, et levez la tête
Luc 21 : 28
Peuple de Dieu lassé de tes longues errances,
Troupeau du seul Berger, tristement dispersé,
Semeurs aux mains desquels s'altèrent les semences,
Instruments où s'éteint le son clair du passé,
Les débris des maisons que nous pensions fonder,
Vains rêveurs poursuivant un but insaisissable,
Docteurs souillant la plaie en voulant la sonder,
Compagnons décevants d'un Chef victorieux
Et qui vont consommant ta déchéance, Eglise,
Fiancée infidèle à l'Epoux glorieux,
Indignes mis à part pour avertir les hommes,
Appelés restés sourds aux accents des vainqueurs,
Incapables témoins et véreux économes,
Comment ne pas crouler dans la honte et les pleurs ?…
- En sommes-nous là, mes frères?
Laissons-nous le désespoir
Etendre sur nos misèresLaissons-nous le désespoir
Dans nos cœurs son voile noir ?
Serions-nous parvenus au point de non-retour ?
Le vrai deuil n'est pas fait « d'hélas! » redits sans nombre,
Sa tristesse est d'avoir blessé le saint amour…
Relève, toi, nos fronts vers la terre courbés !
Maître, péririons-nous t'ayant dans la nacelle ?
Fais voir aux tiens les flots domptés, les vents tombés !
Que les sentiers frayés renaissent sous nos pas,
Que ta voix, nous tirant de tant de somnolence,
Nous arrache aux vapeurs mortelles d'ici-bas !
Flamboiement de l'Esprit, éclaire le chemin !
Eglise, lève-toi pour être transmuée,
Ton Epoux vient, l'éclat du jour sans lendemain
Luit par delà la nuée !
O mes frères, debout !
Seigneur Jésus, amen !
A. Gibert - « Messager évangélique » (1982)