Ses fidèles cachés (Psaume 83 : 3)
Joseph d'Arimathée et Nicodème
Deux hommes choisis par Dieu pour honorer son Fils après sa mort
Joseph d'Arimathée
Nicodème
Le service que ces deux « fidèles cachés » ont accompli ensemble pour Dieu
L'oeuvre de l'expiation est achevée, la victoire est remportée. « C'est accompli » (Jean 19 : 30) ; avec ce puissant cri de triomphe, Christ entre dans la mort. Dieu donne aussitôt d'autres preuves visibles de cette victoire. Le voile du temple est déchiré du haut en bas, ouvrant un « chemin nouveau et vivant » à l'homme pour qu'il puisse pénétrer désormais dans sa présence avec une pleine liberté (Héb. 10 : 19-21). Il ouvre aussi des sépulcres et la mort est obligée de rendre quelques-uns de ses prisonniers, signe qu'elle est vaincue (1 Cor. 15 : 55). Sortis des sépulcres après la résurrection du Seigneur, ils entreront dans la sainte ville et apparaîtront à plusieurs (Matt. 27 : 52-53).
Le soir est déjà venu : or c'est la Préparation, jour qui précède un sabbat (Marc 15 : 42). Dieu va veiller sur l'honneur dû au corps béni et saint de son Fils. La Parole se plaît à relever avec quel empressement quelques personnes pieuses et dévouées viendront pour l'honorer. Elles ont été formées dans le secret pour accomplir au temps convenable la bonne oeuvre préparée à l'avance par Dieu (Eph. 2 : 10). Sommes-nous toujours désireux de faire le travail que Dieu veut nous confier ? (Ex. 4 : 13 ; Es. 6 : 8). Tout se déroule ici selon les conseils divins : « Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, et il a été enseveli, et il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures » (1 Cor. 15 : 4).
Quels sont donc les instruments choisis par Dieu, les « fidèles cachés » (Ps. 83 : 3) qu'il a préparés pour remplir un si précieux service envers son saint Fils ?
Voici en premier lieu « un homme riche d'Arimathée, ville des Juifs », dont le nom est Joseph. Il n'a jamais été question de lui auparavant dans l'Ecriture, et il n'en sera plus jamais parlé ! Mais il est cité dans les quatre évangiles au moment de l'ensevelissement de Jésus. Membre du sanhédrin, il était pourtant déjà un de ses disciples, mais « en secret toutefois par crainte des Juifs » au milieu desquels il habitait (Matt. 27 : 57 ; Jean 19 : 38)). La crainte de l'homme tend toujours un piège (Prov. 29 : 25) : elle peut empêcher ou fortement ralentir les progrès spirituels. Joseph était considéré comme un conseiller honorable, mais surtout il attendait le royaume de Dieu. Et l'Ecriture souligne aussi qu'il était un homme de bien et juste, qui « ne s'était pas joint à leur conseil et à leur action » (Luc 23 : 50-51). En contraste avec sa conduite timorée dans le passé, il agit courageusement en apprenant la crucifixion suivie de la mort du Seigneur. Les autres disciples, à l'exception de Jean, à qui sur la croix Jésus confie sa mère (Jean 19 : 26-27) se sont cachés, saisis de terreur (Matt. 26 : 56). Quant aux femmes dévouées et fidèles, impuissantes, elles ne peuvent que regarder à distance cette scène bouleversante.
Joseph se rend à Jérusalem et avec courage prend sur lui d'entrer auprès de Pilate, le gouverneur romain, à ses risques et périls. Il lui demande la permission d'ôter le corps de Jésus. Joseph voulait que le corps du Seigneur crucifié soit enseveli avant le coucher du soleil (Deut. 21 : 22-23). Mais un sentiment plus profond encore d'amour l'anime : si la mort de Jésus a rempli de terreur les autres disciples, elle lui a donné au contraire de l'assurance (Prov. 28 : 1) !
Le gouverneur s'étonne : il a de la peine à croire que Jésus est déjà mort ! Il appelle le centurion, qui le lui confirme : alors Pilate autorise Joseph à prendre le corps de Jésus (Marc 15 : 43-45).
Cruels mais traditionalistes religieux, les Juifs ne voulaient pas que les corps des crucifiés demeurent sur les lieux de leur supplice en ce jour de sabbat qui était grand ! Dans la meilleure hypothèse, ceux-ci seraient jetés dans une fosse commune.
Mais longtemps à l'avance, Dieu avait annoncé qu'un grand soin serait pris à l'égard du corps de son Bien-aimé. Esaïe avait dit : « On lui donna son sépulcre avec les méchants ; mais il a été avec le riche dans sa mort, parce qu'il n'avait fait aucune violence, et qu'il n'y avait pas de fraude dans sa bouche » (Es. 53 : 9).
Un autre disciple, de façon inattendue, va se joindre à lui. Nicodème, docteur de la loi et membre du sanhédrin, n'avait pas eu jusqu'ici le courage de prendre clairement position pour Christ. Certes, dès l'abord, il avait reconnu en Jésus « un docteur venu de Dieu » (Jean 3 : 2). Et Nicodème avait soif de vérité, mais, comme tant d'autres, il craignait le ridicule, d'être vu en compagnie de Jésus ! Toutefois, poussé par les besoins de son âme, il s'était rendu de nuit vers Celui en qui était la lumière et la vie (Jean 1 : 4-5). Dans sa grâce, le Seigneur qui passait de lieu en lieu faisant du bien (Act.10 : 38) l'avait accueilli. Mais dès l'abord Nicodème avait appris une vérité pour lui aussi étrange qu'humiliante : ni ses qualités ni ses connaissances dont il était si fier ne lui donnaient aucun droit au royaume de Dieu ! Entré comme chacun d'entre nous dans le monde par la naissance naturelle, il avait absolument besoin d'une autre naissance pour faire partie de la famille de Dieu : ayant cru, il recevrait le Saint Esprit et la vie éternelle (Jean 3 : 5-8).
Longtemps, la Parole ne parle plus de lui, mais le travail divin s'était poursuivi sans bruit dans le coeur de cet homme (Marc 4 : 28). Nicodème était pour l'instant un disciple en secret, entravé dans sa vie spirituelle par ses mauvaises compagnies (Matt. 23 : 13-29 ; Ps. 1 : 1). Sans craindre l'opprobre, il faut rompre résolument les liens, quels qu'ils soient, qui nous empêchent de suivre le Seigneur !
Mais lors de la dernière journée, la grande journée de la fête des Juifs, celle des tabernacles, Jésus sort de sa retraite. Il monte au temple et crie : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive » (Jean 7 : 37-38). En entendant cette parole, certains disaient : « celui-ci est véritablement le prophète ». D'autres cherchaient en vain à le prendre. Les huissiers vont voir les principaux sacrificateurs qui leur reprochent : « Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? ». Mais ceux-ci répondent : « Jamais homme ne parla comme cet homme ». Les pharisiens irrités, s'exclament : « Et vous aussi, êtes-vous séduits ? Aucun d'entre les chefs ou d'entre les pharisiens a-t-il cru en lui ? » (Jean 7 : 37, 45-48). Ils montrent ainsi, avec
orgueil, leur mépris pour ceux qu'ils étaient pourtant censés enseigner : « Cette foule qui ne connaît pas la loi est maudite » (Jean 7 : 49) !
C'est alors que Nicodème « qui était l'un d'entre eux », ose parler enfin timidement en faveur du Seigneur. Il leur dit : « Notre loi juge-t-elle l'homme avant de l'avoir entendu et d'avoir connu ce qu'il a fait ? ». Il est immédiatement repris rudement par ces forcenés, qui, sans même lui répondre vraiment, l'apostrophent : « Et toi, es-tu aussi de Galilée ? Enquiers-toi, et vois qu'un prophète n'est pas suscité de Galilée » (Jean 7 : 50-52). Dans leur jalousie, ils oublient le prophète Elie et le fait que Jésus était né en Judée !
Du commencement à la fin de son court séjour sur la terre, la haine s'est acharnée contre Jésus. Dès son berceau improvisé dans une étable - car il n'y avait pas de place pour lui dans l'hôtellerie (Luc 2 : 7), elle se révèle sous les traits d'Hérode. Toute sa vie, elle le poursuivra en vain, jusqu'au tombeau. Là encore, ses ennemis multiplient les précautions : les Juifs mettent une garde et scellent soigneusement la pierre qui ferme le tombeau (Matt. 27 : 65-66). Tout sera absolument inutile et ne servira qu'à rendre plus éclatante encore la réalité de la résurrection !
Alors on retrouve Nicodème au pied de la croix, au moment opportun, pour assister cet autre disciple, Joseph d'Arimathée. L'Evangile de Jean est le seul qui parle de Nicodème, dans ce rôle tellement différent de ses occupations ordinaires. Maintenant, c'est l'amour qui va ensevelir pieusement le Crucifié. Se taire ou chercher à complaire à ses meurtriers équivaudrait dans cette circonstance à le renier. Au contraire, Joseph et Nicodème se manifestent avec courage devant tous comme ses disciples !
Joseph a acheté un linceul, un linceul net. Il n'avait jamais servi à un autre usage, précisent les évangiles (Marc 15 : 46 ; Matt. 27 : 59). Le corps de Jésus, de l'« Unique » du Père (Ps. 22 : 20) ne doit connaître aucun contact impur. Son corps adorable, couvert de blessures, est soigneusement descendu de la croix. Nicodème a spontanément apporté une mixtion de myrrhe et d'aloès, d'environ cent livres -32 kg - (Jean 19 : 39). Il fallait respecter l'heure du repos légal. Alors, dit l'Ecriture, « ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent de linges, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d'ensevelir » (Jean 19 : 39-40). Mais le Seigneur était confiant jusqu'en la mort même : « Tu n'abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voit la corruption » (Ps. 16 : 10) et Dieu l'a ressuscité d'entre les morts (Act. 3 : 15).
Or il y avait, à l'endroit où il avait été crucifié, un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, dans lequel personne n'avait jamais été mis. Il appartenait à Joseph d'Arimathée, qui l'avait taillé dans le roc (Matt. 27 : 60). Ils mirent donc là Jésus, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche, accomplissant à leur insu les conseils de Dieu (Jean 19 : 41-42). Joseph roule une grande pierre contre la porte du sépulcre. Ils s'en vont, ils ont rendu les honneurs dus à son corps, leur travail d'amour est achevé.
« Marie de Magdala et l'autre Marie demeurent là, pieusement assises vis-à-vis du sépulcre » (Matt.27 : 61). Marie de Béthanie n'était pas là, elle avait su discerner aux pieds du Seigneur le moment de répandre son parfum de nard pur (Jean 12 : 3, 7). Pensons, chers amis, aux occasions perdues de rendre à Jésus, devant tous, l'honneur qui lui est dû, et de remplir ainsi la maison de parfum !
Chers lecteurs, sommes-nous rendus très attentifs en présence d'une scène aussi grandiose, fait-elle partie de ces choses dans lesquelles, comme les anges, nous désirons « regarder de près » (1 Pier. 1 : 12) ?
Ph.L. 02.06.06
Les anges étonnés se penchent vers la terre
Avec un saint frémissement
Pour y lire à genoux l'ineffable mystère
De ce suprême abaissement.