PREMIERE EPITRE A TIMOTHEE (1b)
Contraste entre la loi et l’évangile (v. 8-11)
Paul et l’évangile (v. 12-17)
La mission de Timothée (v. 18-20)
Contraste entre la loi et l’évangile (v. 8-11)
Après avoir sévèrement condamné les faux docteurs de la Loi, Paul présente maintenant le véritable caractère de la Loi. S’il est vrai que le chrétien est appelé à l’obéissance, il ne regarde pas la loi comme l’expression et la référence de la volonté de Dieu, mais il les trouve dans la vie du Seigneur Jésus (Jean 4 : 34 ; Phil. 2 : 5-8). Ceci reste vrai aussi pour ceux qui sont sortis du judaïsme et ont accepté la foi chrétienne, malgré leurs réticences à abandonner la Loi.
Comme en Romains 7 : 16, l’apôtre déclare ici que la Loi est bonne en elle-même (v. 8). Puisque Dieu l’avait donnée, elle constituait l’expression de sa volonté, même si son amour et sa grâce cédaient encore le pas à sa sainteté. Les exigences de la Loi n’ont été données qu’au peuple d’Israël et ne s’adressaient qu’à des hommes naturels, non régénérés, incapables de satisfaire aux revendications de la sainteté divine. Aussi la Loi constituait-elle pour eux une accusation permanente, au lieu d’être la voie vers la vie et la justice (Lév. 18 : 5 ; Deut. 6 : 25).
L’usage légitime de la Loi produit la connaissance du péché (Rom. 3 : 20 ; 7 : 7). En revanche, appliquer la Loi comme un moyen de justification ou la brandir comme une règle de vie pour le croyant justifié sur le principe de la foi, et désireux de marcher selon la volonté de Dieu, constituent des usages illégitimes, car « la Loi n’est pas pour le juste » (v. 9).
Les versets 9 et 10 dressent la liste des personnes concernées par la Loi :
- les « gens sans loi » et les « rebelles » sont des personnes qui ne veulent pas entendre parler d’une loi ni se soumettre à un quelconque ordre supérieur.
- les « impies » et les « pécheurs » refusent de vénérer Dieu et pèchent contre ses commandements.
- les « gens sans piété » et les « profanes » foulent aux pieds tout ce qui est consacré à Dieu.
- « ceux qui battent père ou mère » violent le cinquième commandement, les « meurtriers » le sixième, les « fornicateurs » et ceux qui « couchent avec des hommes », le septième, les « voleurs d’hommes » le huitième.
- enfin, les « menteurs » et les « parjures » enfreignent le neuvième commandement (Ex. 20 : 12-16).
L’énumération est clôturée par les paroles : « Et toute autre chose qui s’oppose à la saine doctrine » (v. 10).
Tous ces péchés, condamnés par la Loi, sont aussi en contradiction avec le sain enseignement du Nouveau Testament. Sous ce rapport, la Loi est en harmonie avec l’évangile de la grâce, car l’une et l’autre viennent du seul Dieu, dont les yeux sont « trop purs pour voir le mal » (Hab. 1 : 13). Le critère supérieur est cependant le sain enseignement que le Seigneur Jésus a lui-même apporté et qu’Il a confié à ses apôtres. Nous le trouvons dans le Nouveau Testament. Il est frappant de relever à plusieurs reprises dans les épîtres pastorales l’expression « le sain enseignement » (2 Tim. 4 : 3 ; Tite 1 : 9 ; 2 : 1). Le message annoncé par les apôtres était la Parole de Dieu dans toute sa pureté. Le sain enseignement ne renferme pas seulement de bonnes instructions pour l’âme, mais leur observation mène à de sains principes moraux. On ne peut pas séparer la vérité de la sainteté morale.
Paul définit son message comme « l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux » (v. 11). Sur le chemin de Damas, la gloire de Christ l'avait terrassé et amené à une conversion radicale (Act. 9). Il comprend alors toujours davantage les divers aspects de la gloire de Dieu. Le conseil de Dieu, caractérisé par la gloire de Dieu, lui a été révélé (Col. 1 : 27). Les pécheurs perdus peuvent maintenant écouter le message de la grâce de Dieu, de ce Dieu qui a été glorifié par son Fils sur la terre, et qui en retour a glorifié son Fils dans le ciel (Jean 13 : 31-32 ; 17 : 4-5). Ces pensées sont développées dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens.
Dieu est appelé ici “le Dieu bienheureux”. Cette désignation se retrouvera à la fin de l’épître, où Dieu est appelé « le bienheureux et seul Souverain… lui qui seul possède l’immortalité, qui habite la lumière inaccessible, lui qu’aucun homme n’a vu, ni ne peut voir - à lui honneur et force éternelle ! Amen » (6 : 15-16). C’est ce Dieu qui, du haut de son trône d’éternité, d’un lieu de repos et de félicité inaltérés, s’abaisse vers des pécheurs perdus et hostiles. Il envoie son propre Fils pour associer à son bonheur et à sa gloire tous ceux qui croient en Jésus. Quel amour digne d’adoration !
En évoquant l’évangile qui lui a été confié, Paul se souvient de la grande miséricorde et de la grâce que Dieu lui a témoignées. Jetant un regard en arrière, il ne peut que louer le Christ Jésus, son Seigneur, qui l’a établi dans son service. Paul ne prétend pas ici qu’il a été estimé fidèle a priori, car cette qualité ne pouvait être démontrée lors de son appel, mais après un temps de mise à l’épreuve seulement. Toutefois le Seigneur, dans son omniscience, le reconnaissait comme quelqu’un qui serait fidèle dans l’avenir, aussi lui accorda-t-Il la force de le réaliser. Loin de chercher sa propre gloire, Paul ne porte pas son regard sur son œuvre, mais élève ses yeux avec reconnaissance vers le Seigneur.
Le Seigneur Jésus avait usé d’une grande miséricorde envers celui qui l’avait auparavant blasphémé. Quelle haine avait-il eue envers le Seigneur et les siens jusqu’à l’heure de Damas ! Il se nomme ici « blasphémateur », « persécuteur » et « violent » (v. 13). Tout en observant la Loi, il avait transgressé les deux grands commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Son ignorance avait certes amoindri, mais non pas annulé sa culpabilité (Luc 12 : 47-48 ; Act. 3 : 17). Pour cette raison son regard admire maintenant la surabondante grâce de son Seigneur, qui a éloigné de son cœur l’incrédulité et la haine pour y placer la foi et y verser l’amour – des choses qui lui étaient inconnues sous le régime de la Loi.
Les premières paroles du verset 15 : « Cette parole est certaine… » que nous retrouvons plus loin (3 : 1 ; 4 : 9) introduisent toujours une communication importante. Dans notre passage elles confirment ce que le Seigneur Jésus avait déjà dit Lui-même : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10). Etant sûre, cette parole est digne d’être reçue par tout homme avec joie et reconnaissance. Ici Paul se nomme « le premier » des pécheurs, amorçant l’immense colonne formée de ceux qui ont trouvé ou trouveront en Christ le parfait salut. Ces paroles ne sont ni exagérées, ni le fruit d’une fausse humilité. Plus d’une fois Paul parle de lui-même en des termes semblables (1 Cor. 15 : 9 ; Eph. 3 : 8). Plus qu’aucun autre, il avait persécuté les croyants, et Christ avec eux, et cela précisément dans les temps du début de l’assemblée de Dieu, lorsque l’évangile était annoncé aux nations et plus seulement aux brebis perdues de la maison d’Israël.
Au verset 16, Paul redit qu’il a obtenu miséricorde. S’il en avait précédemment indiqué le motif, il précise ici le but divin : « afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montre toute sa patience, comme exemple de ceux qui viendront à croire en Lui pour la vie éternelle ». Il se nomme de nouveau « le premier ». Comme pécheur, il avait occupé une place saillante, incarnant pour ainsi dire toute l’inimitié de l’homme contre Christ ; comme racheté, il était le premier joyau de l’amour de Dieu qui surmonte la plus grande inimitié et de la patience de Christ qui brise la plus forte opposition. Saul de Tarse occupe ainsi la première place dans les rangs des pécheurs et comme objet de la patience de Christ. En conséquence, personne ne peut dire : Je suis un trop grand pécheur, pour moi la grâce n’est pas suffisante ! Non, chacun peut le savoir : si Dieu a témoigné sa grâce au premier des pécheurs, Il peut agir de même à mon égard.
Dans ce passage, Paul n’évoque pas la justice de Dieu (Rom. 10 : 10) ou le salut de l’âme (1 Pier. 1 : 9) comme buts de la foi au Seigneur Jésus, mais la vie éternelle ; celle-ci est considérée comme le terme final dans la gloire, et non comme cette possession actuelle, telle que Jean l’envisage (Rom. 2 : 7 ; 6 : 22 ; Tite 3 : 7 ; Jean 3 : 16 ; 1 Jean 5 : 11-13). La vie aussi avait été promise en principe sous la Loi (Lév. 18 : 5). Mais puisque personne ne pouvait garder la Loi,elle conduisait à la mort, bien que donnée pour la vie (Rom. 7 : 10). Les paroles de l’apôtre visent donc à défendre la saine doctrine face aux docteurs de la Loi qui agissaient à Ephèse. Pas plus que la Loi ne peut sauver des pécheurs ou conduire des chrétiens dans le bon chemin, les fables et les généalogies interminables ne peuvent satisfaire le cœur de l’homme. Ce n’est que par la grâce de Dieu que nous avons obtenu la vie éternelle et les bénédictions spirituelles. Au verset 12, Paul avait rendu grâces en commençant à décrire l’expérience de son salut, il la termine maintenant sur une doxologie emphatique. Il n’y emploie pas les noms de Dieu qui expriment ses relations avec l’homme, mais deux caractères de son élévation. Comme roi des siècles, il est le Dominateur souverain sur toutes choses, et comme l’incorruptible, invisible, seul Dieu, il est infiniment élevé au-dessus de sa créature et de ses œuvres. Qu’à ce Dieu unique reviennent l’honneur et la gloire aux siècles des siècles.
Jésus Christ nous a rachetés
De la mort éternelle ;
En lui déjà ressuscités,
Au ciel il nous appelle.
Douce assurance
D'habiter au saint lieu !
Chère espérance
Des bien-aimés de Dieu !
Au Roi des siècles, immortel,
Seul grand, seul bon, seul sage,
Soient louange, honneur éternel,
Amour, puissance, hommage !
La mission de Timothée (v. 18-20)
Au verset 18, Paul reprend le cours de la pensée qu’il avait interrompue au verset 6 par une digression sur la Loi et la grâce. « L’injonction » a le sens déjà considéré aux versets 3 et 5. Paul s’adresse de nouveau à son jeune collaborateur, Timothée, comme à son enfant, pour souligner sa relation de confiance envers lui. Il lui rappelle, pour l’encourager, les prophéties qui ont été précédemment faites à son sujet. Des déclarations prophétiques avaient donc annoncé ce que serait le chemin de ce jeune homme, et l’usage de ses dons de grâce. Timothée avait un bon témoignage des frères (Act. 16 : 2) lorsque Paul le choisit comme compagnon. Des dons de grâce lui ont déjà été donnés, ce que Paul et les anciens avaient reconnu par l’imposition de leurs mains (2 Tim. 1 : 6 ; 1 Tim. 4 : 14).
Le rappel des prophéties qui avaient été précédemment faites à son sujet, devait fortifier Timothée dans le combat qu’il aurait à livrer. Ici, le combat n’est pas une lutte comme au verset 12 du chapitre 6, mais la guerre ouverte contre la puissance et les artifices de l’Ennemi. Dans la prédication de l’évangile, l’opposition de Satan vient plutôt de l’extérieur, du monde ; Timothée avait par contre plus particulièrement à combattre contre les fausses doctrines et l’immoralité par lesquelles l’Adversaire cherchait à résister à l’action du Saint Esprit au sein de la maison de Dieu.
Certains lecteurs s’étonnent peut-être de ce que les chrétiens, appelés à la paix, doivent combattre. En fait, il ne s’agit pas d’un combat corps à corps ou de disputes de mots. Nous n’avons pas non plus à lutter de quelque manière que ce soit contre le sang et la chair, c’est-à-dire contre des hommes, comme c’était le cas chez les Galates (Gal. 5 : 15). Dans ce texte, il s’agit d’un combat spirituel, qui consiste à résister même à l’opposition la plus forte qui s’élève contre les droits de Dieu et sa vérité. C’est à cela que Timothée est appelé et tous les enfants de Dieu doivent y répondre le cas échéant. Mais nous le répétons : ce combat n’est jamais charnel, mais spirituel, ainsi que les armes avec lesquelles on le mène (2 Cor. 10 : 3-5 ; Eph. 6 : 11-18).
Deux conditions préalables sont nécessaires pour réussir dans ce combat : garder « la foi et une bonne conscience » (v. 19). Seule la foi peut nous donner la force intérieure, et seule une bonne conscience peut nous garder dans la communion avec Dieu. La conscience agit comme une boussole qui indique toute déviation par rapport au bon cap. La conscience, qui n’est pas en soi une référence absolue, doit être correctement orientée, comme la boussole, c’est-à-dire sur la vivante et permanente Parole de Dieu. Quelques-uns avaient déjà jeté cet instrument par-dessus bord, et avaient fait naufrage quant à la foi. Peut-être un « petit péché » avait-il été focalisé et, sans avoir été ni jugé ni confessé à temps, il avait entraîné un grand dommage.
Paul mentionne ici des hommes qui ont complètement échoué quant à la foi et à la vérité. Leur témoignage devant le monde a été anéanti, et leur vie personnelle est un monceau de ruines.
Hyménée et Alexandre étaient de leur nombre (v. 20) ; Paul les avait livrés à Satan. Cette forme particulière de sanction, qu’il mentionne également en 1 Cor. 5 : 3-5, ne doit pas être assimilée à la discipline de l’assemblée. Quelqu’un qui persévère dans le mal et est manifestement un méchant est ôté du milieu de l’assemblée par l’exclusion. Une telle personne est en conséquence « dehors », mais elle n’est pas à mettre au même rang qu’une personne du monde, puisqu’on n’a pas le droit d’avoir de relations avec elle, pas même de manger avec elle (1 Cor. 5 : 11). D’une part l’assemblée, par cet acte de discipline extrême, se purifie du mal ; d’autre part, la personne qui persévère dans le mal doit, si possible, être amenée à la repentance afin que la communion puisse être rétablie.
Lorsque Paul parle de livrer quelqu’un à Satan, il va au-delà de ce que fait l’assemblée lors d’une exclusion. En 1 Cor. 5, il avait voulu agir avec l’assemblée, mais ici il avait agi tout seul. Par le fait d’être livré à Satan, le fornicateur à Corinthe devait connaître la destruction de la chair, c’est-à-dire subir les disciplines dans son corps et si possible aussi dans son âme, tandis que notre texte parle plus généralement du but éducatif de la sanction. L’instrument de cette discipline est Satan (comp. Job 1). Dans les deux cas mentionnés dans le Nouveau Testament, le but de la discipline de l’apôtre n’est pas la condamnation éternelle, mais le retour et la repentance. Hyménée et Alexandre devaient par là apprendre ce qu’ils n’auraient peut-être pas appris par des exhortations : cesser de blasphémer. Nous ne savons pas en quoi consistaient ces blasphèmes. Blasphémer signifie parler avec mépris des choses saintes, principalement de Dieu. Ceci ne nous étonne pas de la part d’un homme impie. Mais un disciple du Seigneur qui ne demeure pas constamment par la foi et une bonne conscience en communion avec Dieu, peut lui aussi en arriver là.
D’après A. R. – extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 10)
A suivre