L’avenir selon les prophéties de la Bible (5)
Le déclin
Ephèse (Apoc. 2 : 1-7)
Smyrne (Apoc. 2 : 8-11)
Pergame (Apoc. 2 : 12-17)
Thyatire (Apoc. 2 : 18-29)
Sardes (Apoc. 3 : 1-6)
Philadelphie (Apoc. 3 : 7-13)
Laodicée (Apoc. 3 : 14-22)
Les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse exposent l'histoire de l'Assemblée d'un point de vue prophétique. L'Assemblée n'est pas présentée dans ces chapitres sous son caractère de corps de Christ, c'est-à-dire composée uniquement de vrais croyants, mais comme une entité responsable de constituer le témoignage de Dieu sur la terre. Elle est représentée sous la forme de sept lampes d'or, et non pas sous la forme d'un chandelier à sept branches comme dans le tabernacle ; l'accent est en effet mis sur la responsabilité particulière de chaque assemblée de répandre la lumière.
La structure du livre de l'Apocalypse est bien connue, puisqu'elle nous est donnée par la Parole de Dieu elle-même, au verset 19 du premier chapitre :
- « les choses que tu as vues », c'est-à-dire le Seigneur Jésus sous son caractère de Juge ;
- « les choses qui sont » ;
- « les choses qui doivent arriver après celles-ci ».
La troisième partie commence au premier verset du chapitre 4, comme le texte l'indique lui-même. La deuxième – « les choses qui sont » - est donc constituée par les deuxième et troisième chapitres.
Au chapitre 4, nous voyons les croyants glorifiés dans le ciel. Ils ne sont pas simplement endormis : ils sont ressuscités et glorifiés, puisqu'ils sont revêtus de vêtements blancs et portent des couronnes d'or.
En effet, nous ne recevrons pas de couronne à notre mort, mais après notre résurrection. Du reste, en Apocalypse 6 : 9, la Parole parle « d'âmes » pour désigner le groupe de personnes décrit dans ce verset.
Nous avons par conséquent en Apocalypse 2 et 3 une description de l'état actuel de l'Assemblée, depuis les temps apostoliques jusqu'à l'enlèvement des croyants.
Les observations suivantes nous le confirment :
- L'Apocalypse entière se constitue de prophéties, y compris les chapitres 2 et 3 (voir 1 : 3).
- Les différentes lettres ne devaient pas être envoyées à l'assemblée concernée seulement ; chaque assemblée devait en recevoir la totalité (voir 1 : 11). A la fin de chaque lettre, celui qui a des oreilles est exhorté à écouter ce que dit l'Esprit aux assemblées, et non pas seulement ce qui est dit à l'assemblée particulière.
- Le chiffre sept est caractéristique du livre de l'Apocalypse. Nous y trouvons sept assemblées, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, sept Esprits de Dieu, etc. Le nombre sept est le symbole bien connu de la perfection spirituelle, en particulier de la perfection de tout ce que Dieu opère. C'est en sept jours que Dieu a tout créé, et tout était très bon (Gen. 2 : 2). Dans l'Apocalypse, nous avons donc affaire à l'Assemblée comme entité responsable certes, mais vue comme l'œuvre de Dieu.
- Les sept lettres suivent à l'évidence un plan précis ; elles nous décrivent la progression de la déchéance dans son ordre moral.
- Dieu nous donne à plusieurs reprises dans l'Ecriture un panorama prophétique d'une certaine dispensation en sept tableaux, par exemple en Lévitique 23 et en Matthieu 13.
On peut classer les sept lettres en deux groupes. Dans les trois premières, l'injonction : « Que celui qui a des oreilles écoute » précède les promesses données au vainqueur. Dans les quatre dernières, cet ordre est inversé. Il semble que le Seigneur n'escompte plus une restauration globale de l'Assemblée, et ne s'attend plus désormais à trouver une oreille attentive sinon parmi les vainqueurs.
Dans les quatre dernières lettres, le Seigneur mentionne son retour, ce qui nous permet de conclure que les conditions qu'elles décrivent subsisteront jusqu'à sa deuxième venue. Dans toutes les lettres cependant, le Seigneur se présente sous un caractère qui correspond à la situation particulière de l'assemblée en question.
Nous avons là le début de l'histoire de l'Eglise. En apparence, tout est encore en ordre. Quelle série de points positifs le Seigneur ne relève-t-il pas ! Mais ses yeux, qui sont « comme une flamme de feu », décèlent déjà les premiers signes du déclin : « mais j'ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » (v. 4). C'est là l'origine de tout éloignement. Même si les habitudes sont encore intactes, le cœur n'est plus attaché à Lui de la même manière. De plus, les œuvres des Nicolaïtes se manifestent déjà.
Cette lettre nous présente les grandes persécutions menées aux deuxième et troisième siècles par les empereurs romains. « Vous aurez une tribulation de dix jours » (v. 10). Comme chacun le sait, il y eut dix persécutions, dont la dernière dura exactement dix ans. Dieu permit de telles souffrances pour ramener à Lui le cœur de l'assemblée.
A ce point, les circonstances ont déjà bien changé. L'Assemblée n'est plus une étrangère sur la terre ; bien au contraire, elle a désormais un lieu de domicile fixe, non pas dans le désert, mais « là où est le trône de Satan » (v. 13). Elle a cherché refuge dans le monde, dans le lieu même où le prince et dieu de ce monde a dressé son trône. Constantin le Grand, en embrassant le christianisme, l'a promu au rang de religion d'Etat au prix de sa liberté. L'assemblée est désormais liée au monde ; celui-ci la tient en son pouvoir et contrôle même les domaines touchant sa foi. Elle n'est plus l'« ekklésia », « celle qui a été appelée en dehors », mais elle est devenue une église nationale, avec quelques croyants disséminés ici et là.
Désormais, nous ne trouvons plus seulement les œuvres des Nicolaïtes, mais ces dernières se sont érigées en doctrine, en dogmes. Le verset 14 nous en décrit les conséquences. Nicolas signifie « vainqueur, ou dominateur, du peuple ». Du mot « laos », « peuple », est dérivé le mot français « laïque ». Nous avons donc ici l'origine de la distinction tout à fait anti-biblique entre laïques et ecclésiastiques. La doctrine de Balaam avait consisté à donner un conseil de perdition à des fins intéressées ; ce conseil devait entraîner Israël à renoncer à sa position de peuple mis à part, pour manger des mets sacrifiés aux idoles et s'adonner à la fornication, en communion avec les Moabites.
Thyatire représente le système corrompu duquel est issue la papauté. Jésabel caractérise désormais l'assemblée. Elle-même se nomme prophétesse. Elle enseigne et exige la reconnaissance absolue de ses doctrines, car elle se prétend investie d'une autorité infaillible. Pourtant, selon 1 Timothée 2 : 12, une femme n'a pas le droit d'enseigner.
Dans l'Ecriture, l'Assemblée est toujours représentée comme une femme, jamais comme un homme. L'homme, c'est Christ, et c'est de Lui seul que procède la Parole !
A Thyatire, l'assemblée prend donc la place qui revient exclusivement au Seigneur. Elle utilise cette position pour poursuivre l'œuvre de Balaam. L'œuvre de Jésabel consiste en effet à mettre le peuple de Dieu en relation avec le monde et à l'entraîner à l'idolâtrie.
Les deux grandes caractéristiques du christianisme sont les suivantes :
- d'une part un Seigneur, rejeté par le monde, qui siège désormais sur le trône de Dieu, en attendant que Dieu ait mis ses ennemis pour marchepied de ses pieds (voir Eph. 1 : 21-23) ;
- d'autre part, la présence sur la terre de Dieu le Saint Esprit, envoyé par le Fils pour y être son représentant (Jean 16 : 7).
Ces deux réalités ont été reniées par l'assemblée. Alors que Christ, mis à mort par le monde, est absent, et pendant que le diable est présent ici-bas, elle a pris une position dominante sur la terre. Elle s'est arrogé le droit de revêtir l'autorité suprême.
Puis son chef s'est également donné le titre de vicaire du Christ, et a usurpé l'autorité et les droits du divin représentant du Seigneur Jésus.
La manière dont le Seigneur se présente dans cette lettre n'est-elle pas significative ? « Voici ce que dit le Fils de Dieu » (v. 18) ! Qu'y a-t-il de plus frappant dans la doctrine catholique, que le fait qu'elle réduit Jésus Christ au rang de fils de Marie ? Si elle Le reconnaît bien comme Fils de Dieu, ce n'est que pour glorifier davantage Marie : elle serait la « mère de Dieu » et la « reine du ciel ».
A ce stade, la corruption est déjà trop étendue : le Seigneur ne peut plus attendre aucun retour de l'ensemble. Mais bien que le Seigneur retire sa lampe de son lieu parce qu'Il ne peut plus la reconnaître comme témoignage, Thyatire subsistera jusqu'à sa venue. Nous la retrouvons en Apocalypse 17.
Nous avons avec Sardes un nouveau commencement. On ne trouve plus les grands péchés de Thyatire. Il n'est plus question de prétention à l'infaillibilité, de doctrine perverse, de persécution des saints, d'aspiration à la suprématie mondiale. Le mal est ici d'ordre négatif : la vie devient tout simplement absente.
Lors de la Réformation, Dieu ouvrit les yeux des hommes sur l'état corrompu de l'église catholique. Par son action bénie, Il établit un nouveau témoignage, qui n'avait aucune part aux abominations de la papauté. Mais ces chrétiens ne gardèrent pas ce que Dieu leur avait donné.
La Réformation était à l'origine un acte de foi, mais l'élément politique s'y mêla très vite.
La férule inflexible de Rome avait suscité bien du mécontentement ; c'est pourquoi beaucoup utilisèrent la Réforme comme un moyen politique pour lutter contre le pape. Combien il fut difficile de refuser l'aide offerte par les princes, les politiciens et les soldats. Un refus aurait signifié s'exposer plus longtemps encore à la persécution de Rome. On accepta donc l'aide des puissants de ce monde, et l'on se retrouva sous leur tutelle. Ainsi naquirent les églises nationales protestantes. Ce n'était plus l'assemblée de Dieu, mais un monde christianisé, avec (quelques) des chrétiens disséminés çà et là. L'église ne dominait plus le monde, contrairement à l'église romaine, mais s'appuyait sur lui ; elle lui était donc assujettie désormais. « Tu as le nom de vivre, et tu es mort » (v. 2b). Quelle valeur peut avoir une confession de foi de la plus pure orthodoxie si la vie de Dieu est absente ?
Le Seigneur ne peut plus reconnaître Sardes comme le témoignage ; néanmoins, celle-ci demeurera elle aussi jusqu'à son retour (Apoc. 3 : 3 ; 1 Thes. 5 : 20).
Un double attachement caractérise Philadelphie : à la Parole de Dieu d'une part, et au nom du Seigneur d'autre part. N'est-ce pas justement là ce qui a caractérisé le puissant réveil que le Saint Esprit a opéré après les guerres napoléoniennes ? Dans tous les pays, dans toutes les églises nationales, la vie a jailli à nouveau dans les ossements desséchés de la chrétienté. L'Esprit de Dieu a poussé les croyants ainsi réveillés à quitter les grandes églises étatiques, et à revenir à la Parole de Dieu et au nom du Seigneur Jésus.
Certes, ils n'ont pas tous complètement rompu avec les institutions et les systèmes humains, ni tous eu connaissance des pensées de Dieu dans la même mesure. Mais n'y avait-il pas un désir général d'agir en accord avec les principes divins, selon la lumière reçue ? Notre cœur est réchauffé en pensant que ces hommes se sont consacrés entièrement au service de Dieu ; ils ont sondé sa Parole pour en recevoir sagesse et connaissance, et ont marché alors avec Lui. Ils étaient animés d'une foi inébranlable, dans un chemin inconnu.
Nous trouvons l'appréciation du Seigneur sur ce réveil dans ces versets 7 à 13. Les lettres à Smyrne et à Philadelphie sont les seules à ne contenir aucun reproche de Sa part. Il se présente à ces deux assemblées dans l'essence même de sa Personne, et donne de précieuses promesses aux vainqueurs.
Mais là comme partout ailleurs, l'homme a tout gâté. Philadelphie subsistera certes jusqu'au retour du Seigneur, et sera enlevée à Lui par sa puissance, mais elle ne constituera plus alors qu'un faible petit résidu ! La grande majorité des Philadelphiens n'ont en effet pas vaincu ni tenu ferme ce qu'ils avaient. De Philadelphie est donc issue Laodicée.
Quel changement ! « Je connais tes œuvres, je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu sois ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche » (v. 15-16). Laodicée se trouve partout où l'on s'est arrogé la grâce et attribué présomptueusement la position de chrétien, où le vocabulaire chrétien est devenu coutumier, où la position ecclésiastique est en apparence correcte, sans que tout cela exerce une influence quelconque sur l'âme.
Ne trouvons-nous pas dans cette église issue de Philadelphie une description frappante de notre état actuel ?
La connaissance abonde, ainsi que les belles paroles, et les brillantes professions de foi sont tenues en grande estime. Les cercles missionnaires, les sociétés bibliques, les écoles confessionnelles, et que sais-je encore, foisonnent.
Je suis certes loin de condamner tout cela. Mais où sont les affections du cœur ? Où est la foi puissante et active de nos pères ? Qu'est-il advenu de la soumission à la Parole de Dieu jusque dans les plus infimes détails de la vie quotidienne ? Où trouve-t-on encore des cœurs disposés à porter l'opprobre pour le nom de Jésus, pour le Nom de Celui que le monde a crucifié ?
Ne sommes-nous pas devenus plutôt tièdes et mondains ? Notre vie tranquille, le bien-être économique, ne nous ont-ils pas rendus craintifs face à la souffrance, et avides de plaisirs ?
Le Seigneur Jésus, le Témoin fidèle et véritable, se trouve-t-Il encore réellement au centre de notre vie d'assemblée ?
Dans combien d'églises libres reconnaît-on encore pratiquement l'autorité de la Parole de Dieu quant à l'organisation de la communauté et au service ? La plupart ne considèrent-elles pas comme un honneur de posséder une liturgie qui soit la plus officielle possible ?
Quelle importance attachent-elles à être reconnues par les « grandes églises » et les autorités ! Le Seigneur Jésus peut-il encore se trouver réellement là où sa Parole et son Nom n'ont plus d'autorité dans la pratique ?
Et qu'en est-il de ceux qui professent être réunis à son seul Nom autour de sa Parole ? Cette profession correspond-elle vraiment à la réalité ? Sommes-nous conscients d'être assemblés à son seul Nom ? Sa Parole constitue-t-elle réellement la seule autorité pour nous ? Et cela nous suffit-il vraiment ? Ou le Seigneur doit-il aussi nous dire : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe » (v. 20) ? Notre Seigneur recherche la vérité dans le cœur. Les simples formes n'ont aucune valeur pour Lui !
Nous sommes remplis de honte quand nous considérons ce que nous avons fait du témoignage qu'Il nous a confié. Que Dieu nous donne un esprit brisé, un cœur brisé et humilié (Ps. 51 : 17), afin que nous nous humiliions devant Lui et reconnaissions de manière sincère notre culpabilité.
H.L. Heijkoop