Les besoins des « riches »
Nous pensons peut-être que si nous étions à l’aise financièrement, nous n’aurions plus de besoins et nous nous persuadons qu’une vie dans l’abondance ferait de nous les plus heureux sur la terre ! Or en parlant de plusieurs personnes particulièrement riches, la Parole de Dieu révèle que quelque chose d’important faisait défaut dans leur vie, en dépit de tout ce qu’elles pouvaient posséder par ailleurs. Nous désirons considérer un peu, pour notre propre instruction, quels étaient donc leurs « besoins » insatisfaits.
Quelques hommes riches de l’Ancien Testament
Sans discussion possible, Adam a été l’homme le plus riche sur la terre. Tout y était placé, par Dieu lui-même, sous son autorité. Il dominait semble-t-il sur tout ce qui l’entourait. Avec la tendresse d’une mère qui prépare à l’avance tout ce qui est nécessaire à l’enfant qu’elle va mettre au monde, Dieu avait placé l’homme dans des conditions idéales : son cadre de vie, sa parfaite condition physique, répondaient à ce qu’il pouvait désirer. Nous ne savons pas pendant combien de temps il a joui d’une telle situation, mais une chose est certaine : aucun homme après lui n’a joui d’une telle libéralité de la part de Dieu.
Pourtant une chose lui faisait défaut. Il avait certainement constaté que chacun des animaux auxquels Dieu l’avait appelé à donner un nom (Gen. 2 : 19) avait un partenaire, tandis que lui était seul (v. 20) ; or il avait le désir de partager sa vie avec « quelqu’un » qui aurait les capacités de jouir avec lui de son très riche héritage. Il y a une joie particulière à partager ses biens. Son Créateur comprenait ce désir et, dans son amour, Il allait y répondre en lui donnant une épouse. Dieu aurait pu créer la femme de la même manière qu’Adam. Il introduit ici un principe général : il faut que l’on « ressente » d’abord son besoin, avant qu’Il y réponde. C’est toujours vrai ; quand une nécessité s’est déjà fait vivement sentir, nous apprécions d’autant plus de recevoir une réponse appropriée.
Dieu va donc donner à Adam une aide intelligente et douée d’affection : sa femme. Il le fait de telle manière que l’homme ressent qu’elle fait vraiment partie de lui. Adam peut dire : « Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair ; celle-ci sera appelée femme ». Elle était directement prise « de lui » (v. 23).
Ni l’or ni les pierres précieuses d’Havila n’auraient pu permettre à Adam d’acquérir un trésor d’une telle valeur ! (v. 12). Il appréciait sûrement la compagnie de certains animaux et celle des oiseaux qui voletaient autour de lui, mais il trouvait maintenant chez son épouse ce qui les surpassait tous ! Eve était pleinement capable, selon la volonté d’amour de Dieu, de partager avec lui toutes les bénédictions et toutes les joies inhérentes au jardin d’Eden.
L’Ecriture fait ressortir l’importance des richesses de ce patriarche. Son serviteur peut rendre témoignage que l’Eternel avait béni abondamment son seigneur, qu’il était devenu grand : « Il lui a donné du menu bétail, et du gros bétail, et de l’argent, et de l’or, et des serviteurs, et des servantes, et des chameaux, et des ânes » (Gen. 24 : 35). Il était fort probablement, à cette époque, l’homme le plus riche de la terre.
A la différence d’Adam, il avait une femme, mais il n’avait pas pour autant d’héritier auquel il pourrait transmettre son bel héritage ! Alors Dieu, qui avait donné une épouse à Adam, donne un fils à Abraham : c’est Isaac. Dans ces deux circonstances, tout est - et doit être- le fruit d’une intervention purement divine.
Personne ne peut vraiment comprendre quel prix Isaac avait pour son père. Combien moins peut-on saisir ce qu’Abraham a certainement éprouvé quand Dieu lui a demandé de Lui offrir son fils unique en holocauste !
Toutes les richesses d’Abraham ne pouvaient pas lui donner ce fils tant désiré, ni d’ailleurs lui éviter d’entendre plus tard Dieu lui demander d’offrir sur l’autel cet enfant tendrement aimé. Dans un sens, Abraham a reçu Isaac « deux fois » : à sa naissance qui était déjà miraculeuse, et plus tard, en réponse à sa foi remarquable, quand il a reçu son fils, selon son espoir, « d’entre les morts » (Héb. 11 : 19).
Il manquait quelque chose d’essentiel à cet homme de Dieu, au sujet duquel Dieu rend pourtant un si beau témoignage : « parfait et droit », il craignait Dieu et se retirait du mal (Job 1 : 1, 8 ; 2 : 3). La discipline si rude apparemment, envoyée par la main d’un Père céleste qui la mesurait soigneusement (Héb. 12 : 5-7), a eu pour merveilleux effet de le bénir richement à la fin, dans ses biens matériels sans doute, mais plus encore dans son état spirituel. Ses propres paroles font connaître que cet homme, criblé comme le blé, est enfin délivré de son moi méprisable ; il est affranchi (Job 42 : 3, 5-6). Sa bonne opinion de lui-même a entièrement disparu. Désormais cet instrument docile dans la main de Dieu peut fortifier ses frères et prier pour ses amis.
Jeune berger choisi par Dieu pour être le roi d’Israël, David était devenu l’un des hommes les plus riches de la terre. Si l’on regarde de plus près l’importance de ses diverses contributions, au moment de préparer la construction du temple, on constate que l’abondance de ses biens était telle qu’il était impossible d’en connaître vraiment les limites ! Toutefois, malgré toutes ses richesses et ses innombrables possessions, une chose lui manquait. Ce n’était pour lui ni une épouse ni un fils, mais l’arche de l’alliance. Il avait l’ardent désir d’avoir près de lui l’unique symbole, à ce moment-là, de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
David était encore un tout jeune enfant, vivant à Bethléem Ephratha, quand il a entendu parler de l’arche pour la première fois - probablement par le moyen de ses parents pieux qui aimaient l’Eternel (Ps. 132 : 6a) Il avait certainement appris comment les Philistins avaient osé l’emporter chez eux lors d’une lourde défaite infligée par l’Eternel à Israël à cause de son « état » de péché continuel. Il savait encore comment ils l’avaient rapidement ramenée, à cause des maladies et des désastres que sa présence causait dans leur pays ! Cependant, elle semblait être restée ensuite complètement oubliée dans les champs de Jaar (v. 6b). Les affections de David avaient été réveillées envers un si grand trésor, délaissé par un peuple qui restait indifférent, éloigné de son Dieu. Peut-être avait-il même déjà « rêvé » d’être un jour l’instrument de Dieu pour ramener l’arche à Jérusalem, afin qu’elle retrouve sa juste dignité et sa place d’honneur.
Placé par la volonté de l’Eternel sur le trône d’Israël, et malgré les responsabilités qui auraient pu accaparer son esprit, David n’avait pas perdu sa profonde affection pour l’arche. Au contraire, ses exercices à son égard avaient grandi, comme le montre ce qu’il déclare dans ce Psaume 132 : « Si j’entre dans… ma maison… si je permets à mes yeux de dormir… jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Eternel, des demeures pour le Puissant de Jacob ! » (v. 3-5). Il voulait que l’arche soit à nouveau honorée par tout Israël.
Le tabernacle subsistait dans le pays, mais David n’envisage pas d’y placer l’arche. Il est décidé à la ramener en Sion, où il a déjà fait ériger une nouvelle tente pour elle (2 Sam. 6 : 17). Bien qu’il ne soit pas lui-même sacrificateur, il se sent libre d’entrer par la suite dans cette tente pour se tenir devant Dieu (1 Chr. 17 : 16). Il goûte là une réelle communion avec Lui et reçoit des révélations de Sa part. C’est ainsi, très probablement, que Dieu lui a donné le « modèle » du Temple, que son fils Salomon serait appelé à construire.
D’autres riches dans le Nouveau Testament
Un jeune homme riche (Matt.19 :16-22 ; Marc 10 : 17-22 )
Ce jeune homme n’était pas un disciple du Seigneur, mais il avait l’heureux désir d’obtenir la vie éternelle - mais par ses œuvres ! Jésus lui dit : « Une chose te manque » (Marc 10 : 21). Sans doute était-ce d’abord l’amour pour le Seigneur. Il affirme avoir « gardé » toute la Loi et espère sans doute que Jésus va le reconnaître digne de recevoir la vie éternelle. Mais le Seigneur qui l’aimait veut lui faire réaliser qu’une idole remplit son cœur. « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-moi » (Matt. 19 : 21). Or il avait de « grands biens » et il y était attaché - c’est un obstacle qui empêche beaucoup de personnes de venir à Christ et de Le suivre dans son chemin d’abaissement ! Déçu, il s’en va donc tout triste.
S’il avait vraiment été le seul, à part le Seigneur, à avoir obéi à toute la Loi, il aurait aimé son prochain comme lui-même et aurait été prêt à tout donner sans hésiter aux pauvres. S’il avait aimé le Seigneur de tout son cœur, il L’aurait suivi où qu’Il aille. Il n’est pas décidé à le faire, et il n’a pas plus que les autres de « droit » à la bénédiction.
L’homme est totalement incapable d’accomplir la Loi : elle rend par ses commandements le péché excessivement pécheur (Rom. 7 : 13) ; l’homme devient un transgresseur et la Loi se révèle être la puissance du péché (1 Cor. 15 : 57). II faut tout le secours du Saint Esprit, agissant sans entrave chez le croyant, pour qu’il puisse marcher d’une manière qui honore Dieu, bien au-dessus des « exigences » de la Loi.
Dans sa première lettre aux Corinthiens, l'apôtre Paul leur dit : « Déjà vous êtes riches ! Vous avez régné sans nous » (1 Cor. 4 : 8). En parlant ainsi, il ne semble pas avoir en vue le côté matériel mais plutôt spirituel. Au début de l'épître, il a reconnu : « La grâce de Dieu... vous a été donnée dans le Christ Jésus... à tous égards vous avez été enrichis en lui en toute parole et toute connaissance... si bien que vous ne manquez d'aucun don de grâce » (1 ; 4-7). Or, la lecture des chapitres suivants montre qu'ils avaient en réalité de très grands besoins ; au point qu'on pourrait même estimer qu'aucune ressource ne pouvait suffire à répondre à tant de déficiences !
L’amour est le chemin « bien plus excellent » (12 : 31). Il ne cherche pas son propre intérêt, il n’impute pas le mal chez son frère, endure tout et ne périt jamais… (13 : 4-7, 13).
L’assemblée à Laodicée (Apoc. 3 : 14-22)
L’état de l’assemblée à Laodicée - ce nom signifie : les « droits de l’homme » - caractérise la chrétienté actuelle. Elle a de grands besoins mais veut les ignorer. La ville de Laodicée était très riche, paraît-il, et les « biens » dans cette assemblée avaient atteint un niveau impressionnant. Elle pensait vraiment n’avoir besoin de rien (Apoc. 3 : 17a). Ces richesses étaient surtout « matérielles », périssables, mais il y avait beaucoup de prétention spirituelle. En réalité, la tiédeur, le manque de cœur pour Christ et son service, étaient associés à une confiance orgueilleuse dans de prétendues capacités « humaines ».
Les croyants à Laodicée étaient aveuglés sur leur état réel : « Tu ne sais pas que toi tu es le malheureux et misérable, pauvre, aveugle et nu » (v. 17b). Tous ceux qui négligent la prière deviennent peu à peu satisfaits d’eux-mêmes, alors qu’en réalité ils sont attiédis, indifférents et prétentieux. Le Seigneur est le « grand médecin ». Il dispose de tout ce qui est indispensable pour soigner nos maux. Après lui avoir exposé la gravité de son cas, Il offre à cette assemblée de lui « vendre » tout ce qui est nécessaire pour sa guérison. L’or passé au feu, les vêtements blancs et le collyre pour oindre les yeux (v.18), toutes ces choses ont une signification symbolique. L’or est une image de la vraie justice selon Dieu ; les vêtements blancs sont l’image du témoignage qui peut en résulter ; le collyre pour les yeux présente le discernement que donne le Saint Esprit, dès qu’Il n’est plus attristé chez un croyant.
Celui qui est pauvre « spirituellement » est dans une situation très dangereuse. A Laodicée, le désordre était plus profond encore, à cause de l’orgueil spirituel. Or si des croyants sont spirituellement « appauvris », ils en sont entièrement responsables. Mais le Seigneur a mis à notre disposition tout ce qui est nécessaire pour grandir au contraire en Christ. Seule la réalisation de la présence de « Celui qui marche au milieu des sept lampes d’or », symbole des sept assemblées (Apoc. 2 et 3), permet d’arriver à une estimation plus juste de l’état spirituel d’un rassemblement autour du Seigneur - et de celui des frères et sœurs, qui le composent.
La fin de l’histoire de l’Eglise ici-bas est proche. Si grand que soit le déclin, la présence du Seigneur au milieu des siens fait toujours brûler le cœur de ceux qui L’aiment et restent petits à leurs yeux. Comme les disciples d’Emmaüs, disons-Lui : « Reste avec nous, car le soir approche et le jour a baissé » (Luc 24 : 29). Quelle bénédiction résultera alors d’une telle présence : elle est, selon l’expression d’un cantique, le « bien suprême » !
Dans la parabole de Luc 12 : 16-21, l’homme riche considérait tous les biens qu’il avait amassés comme la garantie d’une vie tranquille pour « beaucoup d’années ». Mais Dieu lui dit : « Insensé ! Cette nuit même, ton âme te sera redemandée ». Il n’était pas « riche quant à Dieu » ! Si l’on présente l’évangile, il est très important de dire aux auditeurs que ce qui est essentiel c’est d’être en règle avec Dieu, prêt pour paraître devant Lui. Ceux qui sont sauvés ont certes, eux aussi, des « besoins » sur le plan de la santé, et aussi dans leur état spirituel. Le Seigneur nous enseigne à nous confier en Lui pour les besoins de la vie présente en nous disant : « Votre Père sait » (v. 30).
Désirons d’abord acquérir les vraies richesses que Dieu seul peut donner (Matt. 6 : 20). Le Seigneur, étant riche, a volontairement vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté, nous soyons enrichis (2 Cor. 8 : 9). Sa joie est de partager ses biens avec les siens, mais bien souvent des croyants nourrissent l’illusion d’être dans un état spirituel élevé qui est loin de correspondre à la réalité !
Jésus, notre richesse, notre seul vrai bonheur,
Puisqu’en notre faiblesse tu nous gardes, Seigneur,
A nos cœurs l’Adversaire ne peut ravir la paix,
Ni de l’amour du Père nous séparer jamais.