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Le sain enseignement

 

« Tenant ferme la fidèle parole selon la doctrine, afin d’être capable aussi bien d’exhorter par un sain enseignement que de réfuter ceux qui contredisent » (Tite 1 : 9).

« Prêche la parole, insiste, que l’occasion soit favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute patience et doctrine ; car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement » (2 Tim. 4 : 2-4).

 

            Plusieurs de nos plus jeunes lecteurs ont sans doute été mis de bonne heure en contact avec les vérités de la Bible relatives à la Personne et à l'œuvre de Christ, à l'Assemblée de Dieu, à la venue du Seigneur. Nous rendons-nous compte alors à quel point Dieu nous a favorisés par l'enseignement qui nous a été ainsi donné ? Dans la période difficile de l’histoire de l’Eglise que nous sommes appelés à vivre, les croyants ont à leur disposition beaucoup de bons commentaires et études de la Bible (1) qui constituent une inestimable richesse. Ils nous conservent intact le ministère de serviteurs qualifiés qui n’ont point exposé des vues ou des doctrines personnelles, mais la Parole de Dieu, à laquelle ils nous ramènent sans cesse pour nous y faire trouver Christ. Ce trésor, qui n'a pas été acquis ni préservé sans travail, luttes et peines, nous a été fidèlement transmis.

           
                           Que faites-vous de ce trésor ?

            Il est assurément déplorable que souvent, nous glorifiant de ce que nous avons reçu comme si nous ne l'avions pas reçu, nous glissions vers un esprit traditionaliste et routinier, plein de suffisance. A l'action vivante du Livre de Dieu on substitue l'adhésion passive à des pensées empruntées à d'autres. Il est facile d'être théologien avec les écrits dont je parle, et de discuter sur beaucoup de passages sans que le cœur et la conscience soient vraiment touchés. On crée ainsi une sorte d’autorité humaine que l'on place sans y penser au-dessus de la Parole. C'est exactement le contraire de ce qu'ont voulu ces chers serviteurs de Dieu, qui visaient à amener les âmes au contact direct de la Parole divine, en les aidant, non point en les régentant.
            Mais plus déplorable encore est, à l'opposé, la tendance très répandue aujourd'hui de refuser le « sain enseignement » de nos conducteurs. Oh ! dit-on, je lis ma Bible, je n'ai pas besoin de guide, ces hommes ont pu se tromper... Prenons garde de ne pas mépriser le ministère de ceux que le Seigneur nous a donnés pour « exposer justement la parole de la vérité » (2 Tim. 2 : 15), « hommes fidèles, capables d’instruire aussi les autres », parce qu'ils étaient nourris eux-mêmes des Saintes Lettres. Si vous rejetez ce que le Seigneur vous présente par leur moyen, Il ne le donnera pas deux fois !
            Un tel ministère se recommande précisément en ce qu'il ne se fait pas valoir lui-même, mais seulement la Parole, et Christ dans la Parole. Ces conducteurs n'ont pas dit : Suivez-nous, mais : Voici ce que dit la Parole de Dieu. Ils n'imposent pas leur manière de voir, ils renvoient à l’autorité divine. Les négliger volontairement, c'est souvent de la présomption, c'est estimer sa propre pensée supérieure, et c'est s'exposer à errer par ignorance, tordant les Ecritures (2 Pier. 3 : 16). Leur pensée, bien que non inspirée, a été enseignée par Dieu, et elle s'offre toujours au contrôle de cette Parole dont elle est imprégnée. Ne nous privons pas d'une aide de cette valeur.

                           Recherchez dans la Bible la nourriture pour vos âmes

            Quelqu'un dira : « Je n'ai pas le temps ». Si tel est réellement le cas, aucun doute : lisez d'abord et avant tout la Bible. De nos jours, les loisirs sont plus répandus qu'autrefois : on trouve du temps pour la détente, pour le sport - exercice physique utile, mais « à peu de chose » (1 Tim. 4 : 8) ; on en trouve pour lire ou regarder ce que nous proposent à profusion les médias… N'en trouverait-on point pour l'exercice spirituel ? La vraie raison, c'est le manque d’appétit pour cette bonne nourriture. Certes elle attire moins que telles publications religieuses où « il y a tant de bonnes choses », nous dit-on, et si agréablement présentées qu'on les lit sans effort. Mais ce qui se lit sans effort est souvent marqué de faiblesse. L'extraordinaire diversité des productions actuelles, adaptées à tous les niveaux, risque d'ôter la vigueur à beaucoup d'esprits, ou de paralyser leur croissance.
            Sans doute, et la Parole nous l'enseigne, il faut des aliments différents selon l'âge et le degré de développement spirituel, aux uns le « lait », à d’autres de la « nourriture solide » (Héb. 5 : 12), et la présentation de la vérité doit être adaptée, cela est certain, à divers niveaux. Mais le propre d'une nourriture saine, pour un enfant, est d'être stimulante, de lui donner les forces voulues pour en prendre une plus solide, progressivement. Or, trop souvent, on s'accoutume à un enseignement dilué, ou qui, hélas, n'est qu'un enseignement frelaté, mêlant de façon attrayante le monde et le christianisme.

 
                      Vos efforts seront récompensés !

            Il faut réagir, jeunes gens, si vous voulez devenir forts. Que de fois n'entendons-nous pas dire : « Ces commentaires de la Bible sont trop difficiles à comprendre pour moi, je n'y entre pas... ». Et l'on abandonne ! Il vaut la peine, croyez-le, de casser la coque, même si elle est dure : la noix est exquise. Il vaut la peine de gravir patiemment le sentier ardu, pour découvrir ensuite des perspectives magnifiques. Pour qui s'y est mis résolument, il n'est pas de lectures plus attachantes, ni aussi profitables. Seulement, à la différence de beaucoup d'autres, elles exigent que l'on ait sans cesse sa Bible devant soi, et qu'on accompagne cette lecture de la prière. Ainsi la vie chrétienne sera nourrie de Christ.
            Les attaques contre le témoignage se multiplient. Il est manifeste que la plupart des gens qui critiquent la personne ou la vie de ces conducteurs - J.N.Darby, par exemple - n'ont pas même lu leurs ouvrages essentiels. Nous manquons beaucoup dans notre témoignage, mais ce n'est en aucune manière la faute des enseignements qui nous ont été transmis ; c'est nous qui n'avons pas retenu ces enseignements, quand nous ne les avons pas déformés. Aussi est-ce un pressant appel qui vous est adressé ici, chers jeunes gens, pour que vous les lisiez et les étudiiez vous-mêmes. Vous serez étonnés de voir avec quelle connaissance des hommes et des choses, quelle force et quelle largeur de vues, ces chrétiens d'autrefois ont parlé de sujets qui paraissent tout neufs à la génération nouvelle : l'évangélisation nécessaire, la place et le rôle du chrétien ici-bas, les rapports avec ceux du dehors tout en marchant rigoureusement dans le sentier étroit. Vous verrez comment ils dénoncent les deux écueils que nous trouvons sans cesse sur notre route, la mondanité d'une part, l'étroitesse de cœur de l'autre. C'est seulement en les lisant que vous comprendrez la distance qui sépare l'enseignement de ces frères suscités dans l’Eglise au 19ème siècle, et l'idée qu'on s'en fait souvent. Rien ne nous préservera davantage du danger de constituer une secte de plus dans la confusion de la chrétienté que de saisir la vérité scripturaire qu'ils ont toujours et seulement revendiquée au sujet du témoignage : le rassemblement autour du Seigneur, sous la direction du Saint Esprit.
            Dieu nous fasse la grâce de comprendre toujours plus la valeur et le sens de ce témoignage auquel Il nous appelle. Nous n'avons pas choisi, c'est Lui qui nous a placés là. Evitons à la fois l'indifférence coupable et un zèle ardent mais inconsidéré, et pour cela pesons le chemin de nos pieds (Prov. 4 : 26), ce qui veut dire, en particulier, étudions. La connaissance enfle, oui, mais jamais la connaissance du Seigneur, apprise humblement à ses pieds. Lisez à cet égard la deuxième épître de Pierre, toute remplie de cette expression : « la connaissance ». Nourrissons-nous de ce qui a nourri les témoins auxquels nous succédons. Dieu nous montrera comment adapter à des besoins nouveaux « ce qui est dès le commencement ». Mais l’apôtre Jean nous dit : « Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le Fils et dans le Père » (1 Jean 2 : 24).


                           Serez-vous des « creuseurs de puits » ?

            Nous trouverons en Genèse 26 : 8-33 une illustration qu'en terminant je vous invite à méditer. Abraham et ses serviteurs avaient creusé des puits. Le patriarche étant mort, les Philistins les avaient bouchés. Isaac, béni extraordinairement par l’Eternel après la mort de son père, aurait péri avec toutes ses richesses, faute d'eau, s'il n'avait débouché avec ardeur les puits d'Abraham.
            Chers amis, nos pères ont creusé, et ils ont trouvé l'eau vive, Christ. Dieu nous a comblés de richesses spirituelles que nous ne méritions pas, et avec lesquelles nous succomberons si nous ne retrouvons pas l'eau dont nos pères se sont abreuvés, et que nous avons laissé recouvrir par l'Ennemi. Prenons la pioche en main, besogne humble, méprisée peut-être, qui nous fera traiter d'attardés, qui nous vaudra l'hostilité du monde. Mais le geste a toujours été le même ; c’est celui des creuseurs de puits qui se sont baissés pour trouver l'eau. Cette tradition, ne nous en écartons pas, elle est féconde. L'eau est toujours là, l'eau vivante, dont nos âmes doivent boire pour elles-mêmes si nous voulons la faire couler ensuite pour d'autres. Mais il nous faut l'énergie obéissante et patiente de la foi attachée au « sain enseignement ».


                            D’après un article de A. Gibert paru dans la « Feuille aux jeunes » et le « Messager évangélique (1947)

 
 

(1)   Des commentaires et études de la Bible peuvent être commandés sur www.bpcbs.com ou www.eblc.ch (voir en page d’accueil : rubrique liens).