Le jardin du bien-aimé
« Tu es un jardin clos, ma sœur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée. Tes plants sont un paradis de grenadiers et de fruits exquis, de henné et de nard, de nard et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens ; de myrrhe et d’aloès, avec tous les principaux aromates ; une fontaine dans les jardins, un puits d’eaux vives, qui coulent du Liban !
Réveille-toi, nord, et viens, midi : souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s’exhalent ! Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange ses fruits exquis » (Cant. 4 : 12-16).
Le « bien-aimé » du Cantique des cantiques présente une figure magnifique de Christ ; tous les croyants qui ont le cœur ouvert pour comprendre les Ecritures seront probablement d’accord pour le dire.
De plus, nous pouvons découvrir dans son jardin les choses excellentes que Christ trouve dans son épouse céleste. Et n’apprenons-nous pas en même temps ce que l’amour de Christ recherche dans le cœur de ceux qui composent l’épouse ?
Nous remarquons d’abord que le bien-aimé parle toujours de « mon jardin », tandis que la fiancée se plaît à reconnaître qu’il est « son jardin ». « Réveille-toi, nord… souffle dans mon jardin », dit le bien-aimé. La fiancée répond : « Que mon bien-aimé vienne dans son jardin ». En réponse, le bien-aimé dit : « Je suis venu dans mon jardin » (5 : 1). L’application est évidente : le Seigneur réclame notre cœur pour lui-même. « Mon fils, donne-moi ton cœur », dit le Prédicateur (Prov. 23 : 26).
Ce n’est pas seulement notre temps, nos capacités et notre service affairé que le Seigneur désire ; il réclame tout d’abord nos affections. Nous pouvons donner tous nos biens aux pauvres, et nos corps pour être brûlés, mais sans l’amour cela ne nous sera d’aucun profit (1 Cor. 13 : 3). Le Seigneur nous dit encore aujourd’hui : « Donne-moi ton cœur ».
Le jardin doit être son jardin. De plus, si le Seigneur réclame notre cœur pour qu’il soit un jardin pour son plaisir, notre cœur doit avoir les caractères d’un jardin selon ses pensées.
En lisant cette belle description du jardin du Seigneur, nous notons cinq caractères remarquables qui présentent en figure ce que le Seigneur voudrait trouver dans nos cœurs pour Lui-même :
- le jardin du Seigneur est un jardin clos.
- c’est un jardin arrosé, avec sa source fermée et sa fontaine scellée.
- c’est un jardin fertile, un paradis de grenadiers et de fruits exquis.
- c’est un jardin parfumé, avec tous les arbres à encens et tous les principaux aromates.
- enfin, c’est un jardin rafraîchissant d’où coulent les « eaux vives », et le parfum de ses aromates se répand tout autour vers le monde.
Un jardin clos
Si notre cœur doit être gardé comme un jardin pour le plaisir du Seigneur, ce doit être un « jardin clos ». Cette image évoque un cœur séparé du monde, préservé du mal et sanctifié pour le Seigneur.
Dans la dernière prière du Seigneur, ne découvrons-nous pas le désir de son cœur que son peuple soit comme un « jardin clos » ? Nous l’entendons dire au Père que les siens sont un peuple séparé : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ». Il désire qu’ils soient un peuple préservé : « Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal ». Par-dessus tout, Il prie pour qu’ils soient un peuple sanctifié : « Sanctifie-les par la vérité » (Jean 17 : 14-17).
Si la ceinture de la vérité (Eph. 6 : 14) ne garde pas nos affections et nos pensées, combien nos esprits sont facilement détournés par les choses de ce monde ! Notre cœur cesse alors d’être un « jardin clos ».
Le cœur sanctifié pour le Seigneur aura sa source cachée de rafraîchissement et de joie. Ce sera un jardin avec une « source fermée » et une « fontaine scellée ». Une source est une réserve inépuisable ; la fontaine fait jaillir l’eau qui provient de la source. Le prophète peut dire de celui qui marche selon les pensée de l’Eternel, qu’il sera « comme un jardin arrosé, et comme une source jaillissante dont les eaux ne trompent pas » (Es. 58 : 11). Le Seigneur a offert à la femme de Sichar de lui donner de l’eau vive, une eau qui serait dans le croyant « une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jean 4 : 14). Le monde dépend des circonstances environnantes pour ses joies passagères ; le croyant a une source de joie intérieure : la vie cachée vécue dans la puissance du Saint Esprit.
Le Saint Esprit, source de vie, répond à tous nos besoins spirituels en nous conduisant dans « toute la vérité ». Comme fontaine de vie, il occupe notre cœur de Christ au ciel. Le Seigneur a dit : « L’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi » (Jean 15 : 26), témoignage de Christ dans la place nouvelle qu'Il occupe dans la gloire. Ainsi, comme source, il rafraîchit notre âme par la vérité ; comme fontaine faisant jaillir l’eau provenant de la source, il attache notre cœur à Christ.
Souvenons-nous cependant que la source d’où découle la bénédiction est une « source fermée », et la fontaine une « fontaine scellée ». Cela ne nous rappelle-t-il pas que la source de la bénédiction pour le croyant est fermée pour ce monde, et totalement à part de la chair ? Hélas, il se peut que nous soyons occupés des choses de la chair, et que nous nous détournions vers le monde, mais nous nous rendrons compte que nous avons attristé l’Esprit (voir Eph. 4 : 30), de sorte que notre cœur, au lieu d’être un jardin arrosé, ne sera plus qu’un terrain en friche, sec et stérile !
Tu me conduis dans ta fidélité ;
Je trouve en toi la source jaillissante,
Pour m’abreuver jusqu’en l’éternité.
La « source » et la « fontaine » (v. 12) transformeront le jardin du Seigneur en un jardin fertile, un « paradis de grenadiers et de fruits exquis » (v. 13). L’Esprit produira librement son fruit dans notre cœur ; l’apôtre Paul nous dit que ce fruit est « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (Gal. 5 : 22-23). Ces fruits précieux de l’esprit sont la reproduction du caractère de Christ dans le croyant. La fontaine, alimentée par l’eau de la source, nous occupe de Christ et de ses caractères excellents ; et contemplant la gloire du Seigneur, « nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire » (2 Cor. 3 : 18).
Le jardin du Seigneur n’est pas seulement un jardin rempli de fruits précieux, mais un jardin plein d’aromates d’où s’élèvent des parfums agréables. Dans l’Ecriture, le fruit évoque l’excellence de Christ, mais les aromates, avec leur parfum, parlent de l’adoration dont Christ est l’objet. Dans l’adoration il n’y a pas la pensée de recevoir des bénédictions de la part de Christ, mais d’apporter à Christ l’hommage de notre cœur. Quand les mages venant de l’orient se trouvèrent en présence du jeune enfant, ils se prosternèrent et lui rendirent hommage. Puis ils lui offrirent des dons : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (Matt. 2 : 11). Quand Marie oignit les pieds de Jésus avec « une livre de parfum de nard pur de grand prix » (Jean 12 : 3), elle était à ses pieds pour donner ce qu’elle avait préparé, et présenter ainsi l’adoration d’un cœur rempli du sentiment de sa perfection.
Encens dont le ciel est rempli,
Gardé pour le moment suprême
De ton sacrifice accompli.
Le Seigneur voudrait que son jardin soit une source de rafraîchissement pour le monde autour de lui, un jardin d’où coulent les « eaux vives. Il peut parler du croyant, dans lequel habite le Saint Esprit, comme d’une source de bénédiction pour un monde rempli de besoins. Il dit : « Des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7 : 38).
Ainsi nous apprenons, dans le Cantique des cantiques, que le Seigneur désirerait vivement posséder nos cœurs comme un jardin de délices pour Lui. Il se tient à la porte de nos cœurs et frappe, car Il désire entrer et y habiter. Si nous sommes lents à le laisser entrer, Il peut dire comme le bien-aimé : « Réveille-toi, nord, et viens, midi ; souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s’exhalent ! » (v. 16a). Il peut permettre des circonstances contraires, des épreuves et des peines, pour nous amener à Lui-même, afin que nous puissions dire comme la fiancée : « Que mon bien-aimé vienne dans son jardin » (v. 16b).
Si nous Lui ouvrons, nous ferons l’expérience de la vérité de ses propres paroles : « Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apoc. 3 : 20). C’est dans le même esprit que le bien-aimé parle à sa fiancée. Celle-ci dit : « Que mon bien-aimé vienne dans son jardin » ; alors le bien-aimé répond aussitôt : « Je suis venu dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ! J’ai cueilli ma myrrhe avec mes aromates, j’ai mangé mon rayon de miel avec mon miel » (Cant. 5 : 1). Le cœur qui s’exprime en adoration envers Christ deviendra une source de bénédiction pour le monde autour de lui.
Abreuver ton cœur altéré,
Source de grâce et d'espérance,
A ton onde je viens puiser ;
Et je reçois paix, délivrance,
Force et joie pour témoigner.
H. Smith – « Le Seigneur est proche » (oct. 2012)