ESQUISSE DU LIVRE DES NOMBRES (11)
La grande ressource au désert - comme partout d’ailleurs - n’est-elle pas de s’approcher de Dieu ? « Pour moi, m’approcher de Dieu est mon bien » (Ps. 73 : 28), disait Asaph, après la terrible épreuve qu’il avait traversée.
Cette pensée nous amènera à considérer successivement la prière, la foi, la sacrificature, et les sacrifices au désert.
Mais, ressource suprême, Dieu vient aussi à nous, avec ses bénédictions, ses interventions, sa grâce. C’est ce qui formera la fin de ces entretiens sur le livre des Nombres.
La prière
En Hébreux 4, la prière est, après la Parole et le sacerdoce de Christ, la troisième ressource donnée à celui qui est en route vers le repos : « Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin de recevoir miséricorde et de trouver grâce, pour avoir du secours au moment opportun » (v. 16).
Dans les Nombres, elle est essentiellement le fait de Moïse. Il avait avec Dieu une communion merveilleuse. L’Eternel pouvait dire : « Je parle avec lui bouche à bouche » (Nom. 12 : 8). Il s’entretenait avec lui « comme un homme parle avec son ami » (Ex. 33 : 11).
Un verset nous donne le secret de cette intimité : « Quand Moïse entrait dans la tente d’assignation pour parler avec Lui, il entendait la voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire qui était sur l’arche du témoignage, d’entre les deux chérubins ; et il Lui parlait » (Nom. 7 : 89).
Pensons à Moïse dans la tension continuelle que lui causaient les murmures et les récriminations du peuple, sans parler des devoirs de sa charge, sous lesquels, plus d’une fois, il a soupiré. Voilà que, laissant tout ce qui pesait sur lui, le brouhaha qui l’entourait, la poussière du désert, il pénétrait dans l’ombre du sanctuaire pour parler avec son Dieu. Il « entrait dans le silence », et premièrement écoutait la Voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire ; ensuite, mais seulement ensuite, il Lui parlait.
Communion bienheureuse de l’âme avec son Dieu, dont le Seigneur Jésus nous a donné le parfait modèle, lorsque se levant longtemps avant le jour, Il s’en allait seul à l’écart, ou le soir, solitaire, montait sur la montagne pour prier.
Privilège qui est nôtre aujourd’hui, car nous pouvons chaque jour, en particulier chaque matin, rechercher la présence du Seigneur, écouter sa voix dans sa Parole, et lui dire tout ce que nous avons sur le cœur. La lecture en famille est une chose précieuse et nécessaire, mais rien ne peut remplacer la communion individuelle, journalière, aux pieds de Jésus ; le croyant qui la néglige ne prospérera pas dans sa vie spirituelle et offrira d’autant plus le flanc à l’Ennemi.
Tout le long de la course au désert, nous voyons Moïse prier.
- A Tabhéra, il prie, et l’incendie s’éteint (Nom. 11 : 2).
- Pour sa sœur Marie, qui l’a si gravement offensé, il supplie : O Dieu, je te prie, guéris-la, je te prie ; après sept jours de discipline, Marie est recueillie (12 : 13-15).
- A Kadès, il intercède pour Israël et obtient le pardon de l’Eternel (14 : 13-20).
- Lors de la rébellion de Coré, il intercède à nouveau - non pour Coré, Dathan et Abiram - mais pour le peuple de l’Eternel qui lui tient tant à cœur (16 : 22).
- Quand les serpents brûlants mordaient les fils d’Israël, Moïse prie à nouveau pour eux (21 : 7).
Plus d’une fois il tombe sur sa face (14 : 5 ; 16 : 4, 45 ; 20 : 6), exprimant par là qu’il se rejetait entièrement sur Dieu.
Il demande la pensée de l’Eternel lorsqu’il l’ignore, à propos des personnes impures pour la Pâque (9 : 8), ou pour ce qui concerne les filles de Tselophkad (27 : 5).
Enfin, quand l’âge est là, et le moment venu de déposer la charge, il prie l’Eternel d’établir sur son peuple « un homme qui sorte devant eux et entre devant eux... et que l’assemblée de l’Eternel ne soit pas comme un troupeau qui n’a pas de berger » (27 : 16-17).
Si Moïse est le seul dans les Nombres à prier, combien son intercession fidèle a été en bénédiction à son peuple. Nous ne voyons pas Aaron prier, sauf une fois avec Moïse (16 : 22), malgré la charge importante dont il était revêtu.
Ne voulons-nous pas entrer plus souvent dans le sanctuaire, écouter la Voix, et Lui parler ?
La foi
Sans la foi, il était impossible de quitter l'Egypte et de se rendre à travers le désert en Canaan. Nous l’avons vu en considérant plusieurs passages concernant l’incrédulité du peuple (Nom. 13 : 1-4, 27-34 ; 14 : 1-11, 22-25, 36-38), c’est la foi qui lui a beaucoup manqué.
Deux hommes se détachent par leur attitude, Josué et Caleb (13 : 31 ; 14 : 6-9) ; leur foi, et l’énergie qui en découle, les amènera à tenir ferme tout au long de ces années errantes, les soutiendra au Jourdain et devant Jéricho, et durant toute la conquête. De Caleb il sera dit et répété : « Il suivit pleinement l’Eternel » (14 : 24 ; Jos. 14 : 8-9, 14). Pour ces hommes, une seule chose comptait : « L’Eternel est avec nous ».
La foi quant au salut n’est pas en question ici, mais il s’agit de celle qui nous fait marcher ensuite dans le chemin et doit chaque jour être en activité : « Nous marchons par la foi, non par la vue » (2 Cor. 5 : 7). La « houppe de bleu » devait constamment le rappeler aux fils d’Israël (Nom. 15 : 37-41). Au coin de leurs vêtements, ces franges bordées d’un cordon de bleu, comme une fleur attirant l’attention, devaient leur remettre en mémoire de ne pas rechercher les pensées de leur cœur, ni les désirs de leurs yeux, mais ce qui plaisait au Seigneur. Une difficulté, un problème, se présentent : la foi regarde en haut et ne recherche pas ses propres pensées. Une tentation survient-elle, le regard de la foi se dirige vers le Seigneur et ne suit pas les désirs de nos yeux.
Aujourd’hui, Colossiens 3 : 1-2 nous dit : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez ce qui est en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez à ce qui est en haut, non pas à ce qui est sur la terre ». « Le principe céleste doit pénétrer dans les plus petits détails de notre vie, dans ceux qui sont même le plus près de la terre, si nous voulons éviter des maux sérieux qui attirent le jugement de Dieu » (J-N. Darby).
La sacrificature (Nom. 17 : 1-11)
Le chapitre 22 de la Genèse, au cœur de ce premier livre de l’Ecriture, nous parle du Père et du Fils à Morija.
Au centre de l’Exode nous retrouvons le serviteur hébreu qui déclare : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre » (Ex. 21 : 5).
Au milieu du Lévitique - et donc des 5 livres de Moïse formant le Pentateuque -, le grand jour des propitiations forme la base selon laquelle Dieu pouvait demeurer au milieu de son peuple (Lév. 16).
Notre chapitre, au cœur des Nombres, montre le seul fondement sur lequel Dieu pourra introduire Israël dans le pays : la sacrificature, confirmée, comme à nouveau, comme base de leur vie.
Lors de la révolte de Coré, de Dathan et d’Abiram, l’autorité de Moïse et la place d’Aaron avaient été rétablies par le châtiment et la mort, mais le peuple avait perdu tout droit au pays. Si les choses continuaient ainsi, il serait bientôt consumé sous le jugement de Dieu. Seule la grâce pouvait le faire entrer en Canaan, la grâce fondée sur la sacrificature, telle que le chapitre 17 la présente.
La verge de Moïse, pourtant si souvent utilisée, n’était pas suffisante. Symbole de l’autorité et de la puissance, elle n’était pas à même d’amener au but des tribus si remplies de faiblesses et de misères. Elle pouvait frapper ceux qui murmuraient, sans pour autant mettre fin aux murmures.
Dans la marche au désert, la sacrificature ne pouvait être efficace qu’accompagnée de la pure grâce de Dieu. Il en est de même en Hébreux 4 : personne, aucun croyant, n’arriverait au bout de la course sans l’intercession du Seigneur Jésus « toujours vivant afin d'intercéder pour ceux qui s’approchent de Dieu par lui » (Héb. 7 : 25).
Dans l’affaire de Coré, pour désigner « l’homme que l’Eternel aura choisi », Moïse avait été contraint d’imposer le test des encensoirs (16 : 17-19). Qu’en était-il résulté, sinon la mort des deux cent cinquante hommes qui présentaient l’encens (v. 35) ?
Mais Dieu avait en réserve un autre test que la mort, celui de la vie. Chaque chef de tribu devait apporter sa verge, son sceptre, au sanctuaire, douze verges « et la verge d’Aaron était au milieu de ces verges » (17 : 1-6). Pour désigner l’homme qu’Il avait choisi, l’Eternel ferait bourgeonner sa verge. Autrement dit, la vie qui allait surgir de ce bâton de bois mort désignerait le sacrificateur selon le cœur de Dieu.
« Et il arriva, le lendemain, que Moïse entra dans la tente du témoignage, et voici, la verge d’Aaron… avait bourgeonné, et avait poussé des boutons, et avait produit des fleurs et mûri des amandes » (v. 8). Type remarquable du Seigneur Jésus, Sacrificateur « qui n’a pas été établi selon la loi d’un commandement qui concerne la chair, mais selon la puissance d’une vie impérissable » (Héb. 7 : 16). « Si donc il était sur la terre, il ne serait pas même sacrificateur, puisqu’il y a ceux qui offrent les dons selon la Loi » (8 : 4). Mort, ressuscité et élevé dans la gloire, Il « est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur du salut éternel, étant salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec » (5 : 10).
Ainsi reste devant nos yeux et devant nos cœurs aujourd’hui, non un Sauveur mort, mais une Personne vivante qui intercède pour nous. « J’ai été mort, dit-il à Jean, et voici je suis vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1 : 18). La verge d’Aaron demeurait devant le témoignage, dans l’arche, garant que la grâce de Dieu ne manquerait jamais.