Le Seigneur est réellement ressuscité (9)
Le récit des événements concernant la résurrection du Seigneur nous ramène en Galilée, cette fois à la montagne où Jésus avait ordonné à ses disciples de se rendre (v. 16). Si la mer où sept disciples avaient fait une pêche merveilleuse est une image de la mer des nations dans laquelle Dieu accomplit son œuvre, la montagne, elle, selon le caractère de l'évangile de Matthieu, est le symbole de l'élévation de son Royaume.
Le Ressuscité s'approche et, à l'exception de quelques-uns dont les yeux étaient encore retenus, les disciples Le reconnaissent et Lui rendent l'hommage qui était dû au véritable roi des Juifs (v. 17).
Combien Il est digne, en effet, de cet hommage ! « Alors Jésus s'approcha et leur parla ainsi : Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre » (v. 18). « Toute autorité » : telle était la contrepartie et la récompense de son abaissement volontaire, selon ce qui est écrit : « C'est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands, et il partagera le butin avec les forts, parce qu'il aura livré son âme à la mort, et qu'il aura été compté parmi les transgresseurs » (Es. 53 : 12).
Sans doute les avait-Il déjà enseignés « comme ayant autorité » (Marc 1 : 22) lorsqu'Il avait marché dans son chemin d'abaissement parmi les siens. Il avait aussi commandé aux démons avec autorité (1 : 27), et, à certaines occasions, sa puissance créatrice, son pouvoir divin, avaient pu briller à travers le voile d'humiliation qu’Il avait momentanément revêtu. Mais, « quand l'heure fut venue », des hommes conduits par Satan reçurent d'en haut un pouvoir contre lui (Jean 19 : 11). Ils sortirent contre Lui « comme après un brigand avec des épées et des bâtons », et le Seigneur dut s'écrier : « C'est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres » (Luc 22 : 52-53).
Maintenant, tout cela était passé. Ce combat sans égal contre « les pouvoirs et les autorités » s'était terminé par le triomphe éclatant que le Seigneur avait remporté sur elles (Col. 2 : 15). Lorsque Satan lui avait offert « tous les royaumes du monde et leur gloire », sur une autre « haute montagne », Il les avait refusés. Mais maintenant Dieu Lui avait donné, à Lui, son Oint, « toute autorité... dans le ciel et sur la terre ». Et c'est revêtu de cette autorité suprême qu'Il commande à ses disciples : « Allez donc et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à garder tout ce que je vous ai commandé » (v. 19-20).
Rappelons-nous ici qu'avant de quitter ce monde, le Seigneur ressuscité chargea les siens de missions présentant des caractères quelque peu différents.
Dans l'évangile de Jean, les disciples sont vus comme ceux qui, dans la puissance de la vie nouvelle, doivent annoncer l'évangile qui apporte la paix à tous ceux qu'ils rencontrent (20 : 21-23).
En Luc, nous voyons que la prédication de cet évangile de la repentance et du pardon des péchés devait être faite en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem, et cela dans la puissance de la Parole et de l'Esprit de Dieu (24 : 45-49).
La portée de cette prédication est encore plus générale en Marc : « Allez dans le monde entier, et prêchez l'évangile à toute la création ». Et, tout comme le ministère du Seigneur, celui des apôtres serait soit accepté soit rejeté, l'évangile qu'ils devaient proclamer étant celui du salut par la foi (16 : 15-18).
Il en est autrement dans l'évangile de Matthieu. Il s'agit ici de la soumission de toutes les nations à la suprématie de Christ, Roi d'Israël, et de l'acceptation de son enseignement par le baptême au nom des trois personnes de la Déité. Les apôtres - car cette mission est confiée aux onze - devaient en quelque sorte poursuivre le ministère de Christ dont il était écrit : « Je te donnerai aussi pour être une lumière des nations » (Es. 49 : 6). Nous savons que ce ministère atteindra son plein épanouissement à la fin des temps, lorsque le peuple d’Israël se tournera de nouveau vers Dieu.
Ce ministère sera-t-il facile ? Certainement pas. Le Seigneur a parlé maintes fois à ses apôtres de l'opposition et des souffrances que ses messagers rencontreront (Matt. 10 et 23). C'est pourquoi Il ajoute cette parole combien encourageante : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu'à l’achèvement du siècle » (v. 20). Et nous avons certainement le droit de nous saisir de cette précieuse promesse, pour nous-mêmes, pour notre marche chrétienne et pour notre service pour le Seigneur.
« Il les aima jusqu'à la fin » (Act. 1 : 6-14)
Le Seigneur ressuscité n'a pas été manifesté ouvertement au monde entier, ni même à « tout le peuple » d'Israël, mais seulement à « des témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu ». A ceux-là, Il s'est présenté « lui-même, vivant, avec beaucoup de preuves certaines », durant quarante jours. Ils L'ont vu de leurs yeux, contemplé, touché de leurs mains. Ils ont « mangé et bu avec lui », et lui-même leur a parlé « de ce qui concerne le royaume de Dieu » (Act. 1 : 3 ; 10 : 40-41 ; 1 Jean 1 : 1). Mais ces quarante jours devaient prendre fin, et le moment approchait où Lui, le Seigneur bien-aimé, devait être reçu dans le ciel (Act. 3 : 21).
« Le Seigneur donc, après leur avoir parlé, fut élevé dans le ciel et s'assit à la droite de Dieu » (Marc 16 : 19). Le Serviteur fidèle, infatigable, avait achevé son service. Il allait maintenant entrer dans son repos et occuper, à la droite de Dieu, la place haut élevée qui était sa récompense. Désormais ses disciples prendraient sa place sur la terre, allant et poursuivant son œuvre sous sa direction et avec son aide, « le Seigneur coopérant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l'accompagnaient » (Marc 16 : 20).
Ainsi l'ascension de notre Seigneur constitue-t-elle la grande transition entre sa merveilleuse activité personnelle sur la terre et l'activité dont étaient responsables les enfants de Dieu laissés seuls désormais sur la terre. Contrairement à ce que nous pourrions supposer, ce n'était pas un recul, car cela devait avoir lieu dans la puissance du Saint Esprit, la troisième Personne de la Déité, qui allait descendre sur la terre. Le Saint Esprit poursuivrait maintenant l'activité du Fils de Dieu que le monde avait rejeté. Sa puissance et sa grâce se déploieraient à partir du lieu de son rejet. « Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre » (Act. 1 : 8 ; voir Jean 16 : 7 ; 14 : 12).
« Après avoir dit ces paroles, il fut élevé de la terre, tandis qu’ils regardaient : une nuée le reçut et le déroba à leurs yeux » (Act. 1 : 9). Quel événement ! A Emmaüs, il avait « disparu de devant eux », et il en avait été de même dans les nombreuses circonstances où le Ressuscité était apparu aux disciples. Mais maintenant, il était « élevé au ciel » par une puissance mystérieuse, « tandis qu’ils regardaient ». Et une nuée déroba à leur vue leur bien-aimé Sauveur qui maintenant les laissait seuls dans ce monde.
Saisis par ce spectacle, ils ne pouvaient détacher leurs regards de Jésus. Réalisaient-ils qu'Il les quittait définitivement ? Une nouvelle et profonde souffrance allait-elle encore accabler leurs cœurs ? De nouveau, comme au tombeau vide, Dieu avait préparé ses messagers célestes pour les soutenir, les éclairer et les instruire. « Comme ils fixaient leurs regards vers le ciel, tandis qu'il s'en allait, voici, deux hommes en vêtements blancs se tenaient là, à côté d'eux : Hommes galiléens, dirent-ils, pourquoi restez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d'avec vous au ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au ciel » (Act. 1 : 10-11).
Il est à remarquer que Dieu prend toujours soin de faire ressortir le caractère momentané de nos épreuves. « Un peu de temps et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps et vous me verrez », avait dit le Seigneur aux siens, en parlant des jours de sa souffrance et de sa mort, afin de fortifier leur foi. « Vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie » (Jean 16 : 16, 20).
De même ici, au moment de les quitter, Il leur fait savoir qu'Il reviendra. Le fait d'être laissés seuls désormais dans le monde leur vaudrait inévitablement, dans l'immédiat, d'être « affligés... par diverses épreuves ». Mais ils seraient « gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps » (1 Pier. 1 : 5-6). Ils souffriraient pour « un peu de temps », mais « le Dieu de toute grâce » les avait appelés « à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus » (5 : 10). « Notre légère tribulation d'un moment » est toujours mise en contraste avec ce « poids éternel de gloire » qu'elle opère pour nous « en mesure surabondante » (2 Cor. 4 : 17).
Lors de la dernière et mémorable réunion qu'Il eut avec ses disciples, avant sa mort, le Seigneur qui aima les siens « jusqu'à la fin », avait aussi parlé de son retour. « Si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14 : 3 ; voir 17 : 24). « Oui, je viens bientôt » (Apoc. 22 : 20). Telles sont les dernières paroles qu'Il nous adresse dans son Livre. Il est vrai qu'ici, au moment de son ascension, Il ne parle pas de cette espérance glorieuse qu'est l'enlèvement de l'Eglise. Ce mystère n'avait pas encore été révélé. C'est à son retour en gloire sur la terre qu'Il fait allusion.
Les jugements qui précéderont son retour visible sur la terre, les jours de la grande tribulation, seront « abrégés... à cause des élus », sinon « personne n’aurait été sauvé » (Matt. 24 : 22 ; Rom. 9 : 28). Mais « alors toutes les tribus de la terre... verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel » (Matt. 24 : 30). « Ce Jésus » - Celui même que le monde a rejeté et qu'il n'a plus jamais revu depuis que des mains aimantes ont descendu son corps de la croix – « viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au ciel » (Act. 1 : 11). Jour terrible que celui-là pour tous ceux qui n'ont pas reçu l'amour de la vérité, mais jour de triomphe et de gloire pour Lui et pour les siens !
Chose remarquable, en ce jour-là, les pieds de notre Seigneur glorifié se tiendront sur la montagne même où ils ont foulé pour la dernière fois le sol de cette terre (Zach. 14 : 4 ; Act. 1 : 12). Là où Il a reçu la coupe de la main de son Père, sa gloire sera manifestée en premier lieu.
Dans l'évangile de Luc, cette scène nous est présentée d'une manière quelque peu différente, certainement pour une bonne raison. Le Messie est associé aux espérances terrestres d'Israël ; c'est pourquoi, en Matthieu, il n'est pas fait mention de l'ascension du Seigneur. Jean ne nous en dit rien, non plus, car il est occupé du Fils unique, qui est en permanence dans le sein du Père (Jean 1 : 18 ; 3 : 13). « Il les mena dehors jusque vers Béthanie, puis, levant les mains en haut, il les bénit. Et il arriva qu'en les bénissant il fut séparé d'eux et fut élevé dans le ciel » (Luc 24 : 50-51). Le Mont des Oliviers est juste à la limite de Béthanie. En vue de ce village où Il avait trouvé un foyer accueillant, et auquel Il était attaché par des liens très doux, le Seigneur fait maintenant aux siens des adieux touchants. Sa présence avec eux avait été leur bénédiction, et c'est en bénissant encore qu'Il prend congé d'eux. Soyons certains qu'Il n'abaissera pas ses mains levées en haut avant que nous soyons tous arrivés à destination.
Le fait d'avoir été aimés « jusqu'à la fin » ne remplirait-il pas nos cœurs d'adoration et d'actions de grâce ? Et la responsabilité qui découle d'un tel amour ne nous pousserait-elle pas à prier avec persévérance ? C'est bien ce qu'on pouvait attendre des disciples. « Quand ils furent entrés dans la ville, ils montèrent dans la chambre haute où demeuraient Pierre, Jean... Tous ceux-ci persévéraient d'un commun accord dans la prière, avec quelques femmes, et Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » (Act. 1 : 13-14). « Ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu » (Luc 24 : 53).
Ainsi, tandis que les siens, remplis de joie, restaient sur cette pauvre terre, le ciel s'ouvrait pour Christ et Le recevait d'une manière unique et merveilleuse. Là, le Seigneur, « l'auteur du salut éternel », était « salué par Dieu souverain sacrificateur » pour l'éternité. Là, le Seigneur glorifié « s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux » (Héb. 5 : 9-10 ; 8 : 1).
Nous n'avons plus besoin de toutes ces « preuves certaines », car, par la foi, nous Le voyons là-haut, « couronné de gloire et d'honneur » (Héb. 2 : 9). Et nous Le contemplons ainsi jusqu'au jour où Il se lèvera du trône pour venir nous prendre auprès de Lui.
F. von Kietzel