Deux manières de prier

« Comme Jésus était en prière en un certain lieu, après qu’il eut terminé, il arriva qu’un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier… Il leur dit… : Qui parmi vous, s’il a un ami, ira le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains… A cause de son importunité, il se lèvera et lui donnera tout ce dont il a besoin » (Luc 11 : 1, 5, 8).

            L’une suppose une piété sincère, l’autre une foi toute-puissante.
            L’une demande et espère ; l’autre veut obtenir et attend jusqu’à ce qu’elle ait obtenu. C’est même ce « jusqu’à ce que » qui la caractérise.
            L’une est exaucée tant bien que mal, l’autre reçoit tout et toujours.
            L’une cherche Dieu et le trouve. L’autre lutte à genoux et sa prière se termine en triomphe.
            La première observe scrupuleusement le temps de ses dévotions journalières ; la seconde demeure à genoux des heures, un jour, toute une nuit.
            La première s’accommode au cours ordinaire de la vie ; la seconde veille, jeûne, crie, pleure, entre en sueur.
            La première est le chemin battu des fidèles, serpentant mollement dans la plaine ; la seconde est la voie rude des parfaits (Phil. 3 : 15), escaladant le rocher, sondant l’abîme, rasant le précipice.
            La première est la méthode irréprochable du frère un tel ou de la sœur une telle ; la seconde est la méthode – de Jacob près du torrent : « Tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, et tu as prévalu » (Gen. 32 : 28), - de Moïse au Sinaï : « Reviens de l’ardeur de ta colère, et repens-toi… Souviens-toi… d’Israël… Et l’Eternel se repentit du mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple » (Ex. 32 : 12-14), - de Samuel à Mitspa : « et Samuel cria à l’Eternel pour Israël, et l’Eternel l’exauça » (1 Sam. 7 : 9), - d’Elie au Carmel : « Eternel… qu’il soit connu aujourd’hui que toi tu es Dieu… Réponds-moi, Eternel, réponds-moi… Et Elie monta… et il se courba jusqu’à terre, et mit sa face entre ses genoux » (1 Rois 18 : 36-37, 42), - de Jésus au désert, à Getsémané et à Golgotha.
            La première nous est connue depuis que nous avons connu le Seigneur ; l’autre… ? Seigneur, enseigne-nous à prier !

                                                                                                            A.    Monod