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Le Seigneur est réellement ressuscité (5)

 
 

Les disciples d’Emmaüs (Luc 24 : 13-35)

                        « Ce qui est arrivé ces jours-ci »

            « Après cela, il apparut sous une autre forme à deux d'entre eux qui étaient en chemin, allant à la campagne » (Marc 16 : 12).
            Plusieurs heures s'étaient écoulées entre les événements que nous venons de considérer et celui dont nous allons nous occuper maintenant. L'après-midi du premier jour de la semaine est déjà bien avancé. La distance entre Jérusalem et Emmaüs est d'environ soixante stades (soit onze kilomètres), ce qui représente environ deux heures et demie de marche. Étant donné que ces disciples atteignirent Emmaüs à l'approche du soir (vers dix-sept heures), on peut en déduire qu'ils avaient dû partir de Jérusalem vers quinze heures ce jour-là.
            Cependant, malgré le message des femmes annonçant que le Seigneur est vivant et qu'il a été vu par elles, le cœur des siens est encore oppressé. Deux d'entre eux sont en chemin, « pour aller à un village dont le nom était Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades » (Luc 24 : 13). Déçus, ils tournent le dos à la ville où leur Seigneur vient d'être crucifié et où se trouve le tombeau de toutes leurs espérances. Comment pourraient-ils oublier ce qui vient de s'y passer ? « Ils parlaient entre eux de tous ces événements » (v. 14).
            A cette tristesse, leur Seigneur ressuscité ne peut rester indifférent ; il faut qu'il se joigne à eux. Il s'était tenu soudainement, ce matin-là, derrière une Marie en pleurs. Il s'était approché des femmes qui s'enfuyaient du sépulcre, en leur disant : « N'ayez pas peur ». Il avait eu une pensée particulière pour Pierre, qui avait gravement manqué, et l'avait rencontré. Et maintenant Il apparaît à ces deux disciples qui, jusqu'alors, ne s'étaient pas distingués des autres, mais qui ne lui en étaient pas moins chers. « Il arriva, comme ils s'entretenaient et s’interrogeaient, que Jésus lui-même s’approcha et se mit à marcher avec eux » (v. 15).
            Remarquons bien qu'il s'agit de « Jésus lui-même », de sa propre Personne. C'est l'une de ces occasions dans lesquelles « ceux qui craignent l'Éternel ont parlé l'un à l'autre », et où « l'Éternel a été attentif et a entendu » (Mal. 3 : 16). « Celui qui est haut élevé et exalté, qui habite l'éternité, et duquel le nom est le Saint » s'est abaissé pour habiter « avec celui qui est abattu et d'un esprit contrit, pour revivifier le cœur de ceux qui sont abattus » (Es. 57 : 15). « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous », leur avait-Il dit (Jean 14 : 18). En vérité, quel autre que « Jésus lui-même » aurait pu relever ces disciples découragés et les détourner, avec une puissance irrésistible, de leur chemin de doute et de désespoir ? Nous retrouverons ce « lui-même » une fois encore dans le récit de la résurrection (Luc 24 : 36).
            Il est vrai qu'il leur « apparut sous une autre forme » (Marc 16 : 12) et que « leurs yeux étaient retenus, de sorte qu'ils ne le reconnurent pas » (v. 16). Pas davantage que Marie de Magdala ou les sept disciples, à la mer de Tibérias, qui « ne savaient pas que c’était Jésus » ; ou encore que les disciples, ce soir-là, qui « croyaient voir un esprit » (Jean 20 : 14 ; 21 : 4 ; Luc 24 : 37). Cependant, dans le cas présent, le Seigneur avait un but bien précis en ne se révélant pas immédiatement aux deux disciples : le divin Maître tenait à leur ouvrir les yeux spirituellement, avant de le faire physiquement. N'est-ce pas ainsi qu'il agit avec nous tandis qu'ici-bas nous marchons vers le but, où la foi sera changée en vue ?
            « Alors il leur dit : Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? Et vous êtes tristes ! » (v. 17). Quel étranger extraordinaire que Celui-ci ! On sent l'étonnement et une pointe de reproche dans la réponse de Cléopas, l'un des deux disciples : « Est-ce que tu séjournes tout seul dans Jérusalem, que tu ne saches pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ? » (v. 18). Etait-il possible que quelqu'un se soit trouvé à Jérusalem sans subir le choc du terrible événement qui venait de s'y dérouler ?
            De nos jours, la nouvelle de ce qui s'est passé là, à Golgotha, est connue pratiquement du monde entier - en tout cas de tout le monde christianisé - et pourtant il semble bien qu'elle laisse indifférents la plupart des gens. Un appel pressant est encore adressé à la chrétienté : « Je voudrais que tu sois ou froid ou bouillant ! » (Apoc. 3 : 15). La tiédeur et l'indifférence qui règnent partout aujourd'hui sont pour le Seigneur un objet de dégoût et appellent son jugement. Quelle est l'attitude de chacun de nos cœurs vis-à-vis de ces événements qui ont eu lieu alors à Jérusalem ?
            Mais cet étranger qui, de toute évidence, vient de sortir des portes de Jérusalem, semble ignorer complètement tout cela ! Il leur dit en effet : « Quoi donc ? ». Les disciples lui disent : « Ce qui concerne Jésus le Nazaréen ; c’était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple, mais les principaux sacrificateurs et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié » (v. 19-20). Ce « grand prophète », par lequel Dieu avait « visité son peuple », ce « docteur venu de Dieu », « accrédité de la part de Dieu... par les miracles et les prodiges et les signes » que Dieu avait faits par lui au milieu d'eux, devant leurs yeux, - Celui qui avait « passé de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance » - c'était ce Jésus que ceux qui étaient appelés à être les conducteurs du peuple avaient fait mourir d'une mort ignominieuse, en « le pendant au bois » (Luc 7 : 16 ; Jean 3 : 2 ; Actes 2 : 22 ; 10 : 38-39) ! En vérité, c'étaient là des faits que même les plus indifférents ne pouvaient ignorer ! Etait-il possible que cet étranger ne sache vraiment rien de tout cela ?
            Mais qu'en savaient-ils eux-mêmes ? Avaient-ils réellement saisi le véritable sens de ces événements ? « Or nous, nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer Israël ; mais encore, avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour depuis que c’est arrivé » (v. 21). Avaient-ils vraiment espéré en vain, comme aussi « tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance » ? Mais c'était précisément pour cette délivrance que Christ était mort. Son sang, ce « sang précieux... comme d'un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pier. 1 : 19), était devenu le fondement divin de la rédemption. Et le Seigneur n'avait-il pas parlé clairement de ce « troisième jour » ? Ils n'avaient donc pas de raisons d'être bouleversés par les événements des derniers jours. C'est seulement dans leurs cœurs, parce qu'ils étaient remplis de leurs propres idées, que se trouvait la cause de leur trouble.
            C'est ce que nous constatons ici : « Pourtant, quelques femmes d'entre nous nous ont fortement étonnés... ». Ce que les femmes avaient dit au sujet du tombeau vide, la « vision d'anges » et leur message annonçant « qu'il est vivant », tout cela était venu à leurs oreilles ; mais au lieu de s'en réjouir, ils avaient été complètement troublés et déconcertés (v. 22-23). Quelques-uns de ceux qui étaient avec eux étaient même allés au tombeau et avaient trouvé « les choses absolument comme les femmes les avaient dites » (v. 24a). Que leur fallait-il de plus ? Hélas ! de tout ce qu'ils ont entendu, ils n'ont retenu que ceci : « mais lui, ils ne l'ont pas vu » (v. 24b).
            Ils ne s'aperçoivent pas que c'est Lui-même en personne qui se tient devant eux, parce que leurs cœurs tout comme leurs yeux, sont « retenus » !

 

                        « Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances ? »

               « Mais lui, ils ne l'ont pas vu ». Telle est la conclusion du récit que les deux disciples font à l'étranger qui s'est joint à eux. « Il », « lui » - ces mots reviennent constamment sur leurs lèvres. Car, bien que leurs cœurs soient remplis d'une amère déception et de la douleur de voir tous leurs espoirs anéantis, la cause profonde de leur tristesse était que « lui », leur Seigneur qu'ils aimaient plus que tout au monde, leur ait été enlevé si brusquement et dans de telles conditions.
            Le moment est venu, maintenant, pour que le Seigneur lui-même prenne la parole. Avec quelle joie Il répond à un tel besoin de lui-même ! Mais, là encore, la manière dont Il le fait est remarquable. Il n'attire pas leur attention sur sa présence corporelle, mais sur l'infaillible Parole de Dieu, sur le témoignage des
« Ecritures » (voir Jean 5 : 39).
            « Alors Il leur dit : Ô gens sans intelligence et lents de cœur à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! » (v. 25). Celui à qui l'on faisait des reproches en adresse maintenant à son tour ! « Est-ce que tu séjournes tout seul dans Jérusalem, que tu ne saches pas... ? » lui avaient-ils demandé ; mais ils doivent maintenant s'entendre dire qu'ils sont eux-mêmes ignorants et sans intelligence !
            Combien tout cela est plein d'enseignements pour nous ! Que de fois, croyant savoir quelque chose, nous prenons de l'assurance et allons de l'avant, pour être ensuite arrêtés par ce sérieux avertissement du Seigneur : « Tu ne connais pas... » (voir Jean 3 : 2, 10 ; Apoc. 3 : 17) ! Puissions-nous faire plus grand cas de la « patience » et de la « consolation des Ecritures » (Rom. 15 : 4) ! Elles seules sont un guide sûr pour nos pas, et elles seules peuvent nous rendre « sages à salut » (2 Tim. 3 : 15).
            Car la foi doit aller de pair avec la connaissance. Ni l'écoute ni la lecture de la Parole ne nous sont d'aucun profit si elles ne sont pas « mêlées avec de la foi » (Héb. 4 : 2). Quelle perte pour nous si notre foi n'est pas en activité et si nos cœurs sont « lents à croire » !
            Pour ces deux disciples aussi, ce fut, comme nous l'avons vu, une grande perte d'avoir été « lents de cœur à croire tout ce qu'ont dit les prophètes » (voir Act. 24 : 14). L'accent porte sur ce petit mot « tout ». Ils en avaient cru beaucoup, mais principalement ce qui s'accordait d'une manière ou d'une autre avec leurs propres aspirations et avec leurs espoirs humains. Aussi étaient-ils passés à côté de l'essentiel. Ils n'avaient pas compris cette nécessité absolue sur laquelle le Seigneur attire maintenant leur attention, comme il le fera encore une fois le même soir : « Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances et qu'il entre dans sa gloire ? » (v. 26, cf. v. 46).
            « Ne fallait-il pas ? » Nécessité bénie mais profondément solennelle ! Non seulement Jésus devait « souffrir beaucoup » et être « livré entre les mains des pécheurs », mais encore il devait être « compté parmi les transgresseurs » (Es. 53 : 12). « J'ai à être baptisé d'un baptême » (Luc 12 : 50), avait-Il dit, et ce baptême n'était rien de moins que le jugement que Dieu allait faire tomber sur son Fils pour notre péché. Alors, non seulement le cœur du peuple serait fermé à Christ, mais le ciel aussi lui serait fermé : la face de Dieu lui serait cachée tandis qu'il serait là, suspendu entre le ciel et la terre, rejeté à la fois par l'homme et par Dieu. Car « comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3 : 14-15).
            Or une œuvre aussi complète et aussi parfaite devait avoir son couronnement. En témoignage du fait qu'elle était achevée, il fallait aussi que le Seigneur ressuscite d'entre les morts le troisième jour. Il a triomphé de la mort « puisqu'il n'était pas possible qu'il soit retenu par elle » (Act. 2 : 24).
            C'est tout cela (et même certainement beaucoup plus) que ces deux disciples inconnus durent apprendre de cet étranger qui marchait avec eux. « Et commençant par Moïse et par tous les Prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Écritures, les choses qui le concernent » (v. 27). Quelle leçon ce dut être ! Quel Maître pour la donner ! Lequel d'entre nous n'aurait souhaité être là, pour sentir son cœur brûler au-dedans de lui, comme ce fut le cas pour les deux disciples (v. 32) ?
            Voilà ce dont nos cœurs, naturellement si froids et insensibles, ont véritablement besoin. Et n'est-ce pas ainsi qu'il vient vers chacun de nous aujourd'hui encore ? Ne désire-t-il pas toujours autant s'approcher de nous ? Bien que nos yeux soient en quelque sorte « retenus » de le voir physiquement, le Seigneur, présent quoique invisible, veut pourtant nous instruire chacun individuellement par sa merveilleuse Parole. Nous la possédons aujourd'hui tout entière. Soyons prêts à nous en emparer, et à croire de tout notre cœur « toutes les Ecritures », en « commençant par Moïse et par tous les prophètes », et en poursuivant jusqu'au témoignage final de l'Apocalypse. Alors le long voyage de la vie nous paraîtra court : nous ferons de plus en plus l'expérience que firent ces disciples sur la route d'Emmaüs.
            « Ils approchèrent du village où ils allaient ; lui fit comme s'il allait plus loin » (v. 28). Plus tôt qu'ils ne l'auraient cru - beaucoup trop tôt ! -, ils arrivèrent à destination. Alors, l'étranger qui les avait accompagnés fit comme s'il continuait son voyage, bien qu'il commençât à faire nuit. L'expression « il fit comme si » ne désigne nullement quelque chose de feint, ni un manque de sincérité. Le « miel » de la politesse humaine (qui est un manque de sincérité) était absent de la parfaite « offrande de gâteau » de sa vie, tout comme le « levain » (cf. Lév. 2 : 11).
            Quel droit pouvait-il bien avoir, cet étranger, d'entrer chez eux et de s'asseoir à leur table ? Il aurait donc poursuivi sa route dans l'obscurité s'ils ne l'avaient invité à demeurer avec eux. Quelle délicatesse de sentiments, qui n'a d'égales que la douceur et la perfection qui émanent de toute sa personne ! Mais comment auraient-ils pu le laisser poursuivre son chemin ?
            « Ils le pressèrent, en disant : Reste avec nous, car le soir approche et le jour a baissé » (v. 29). Leur prévenance à son égard provenait sans doute de leurs bons sentiments, mais surtout du désir de jouir encore de sa compagnie. C'est pourquoi « ils le forcèrent », se mettant pour ainsi dire devant lui pour lui barrer le passage. L'expression grecque utilisée ici est semblable à celle qui est traduite par « pris par violence » en Matthieu 11 : 12 et Luc 16 : 16. Combien Il dut se réjouir d'être ainsi contraint ! De la même manière, Lydie, la marchande de pourpre, « contraignit » les serviteurs du Seigneur d'entrer chez elle, après que le Seigneur lui eut ouvert le cœur « pour qu'elle soit attentive à ce que Paul disait » (Actes 16 : 14-15).
            Qu'allons-nous dire au Seigneur, maintenant, en lisant ceci ? Ne souhaitons-nous pas, nous aussi, lui « barrer le passage » pour l'empêcher de s'éloigner ? Ou bien notre cœur est-il rempli d'autres choses, comme c'était le cas pour les Gadaréniens (Marc 5), aux yeux desquels leurs animaux impurs avaient plus de prix que la présence de Jésus, et qui, par conséquent, « se mirent à le prier de s'en aller de leur territoire » ?
            Le Seigneur ne s'impose à personne, mais Il ne put résister à la prière instante des deux disciples : « Et il entra pour rester avec eux ». Leur insistance lui permit d'achever ce qu'Il voulait accomplir dans leurs cœurs.

 

                        « Leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent »

               L'étranger est donc entré chez eux, et s'est assis à leur table. Mais, chose remarquable, bien qu'Il soit l'invité, Il prend dès le début la place du maître de maison. « Comme il était à table avec eux, il prit le pain et il bénit ; puis il le rompit et le leur distribua » (v. 30).
            Chaque détail de cette troisième scène de notre récit est précieux et touchant. L'étranger est maintenant au centre de l'action. Evidemment, nous savons aujourd'hui qu'Il avait pleinement droit à la place qu'Il prenait alors au milieu d'eux, mais tout ceci dut les surprendre grandement.
            De quelle manière inimitable Il prit le pain ! Qui pouvait bénir ainsi ? Qui pouvait rendre grâces pour ce don de Dieu de façon aussi sentie ? Personne d'autre ne distribuait la nourriture de cette façon ! Comme ils durent regarder le Seigneur, muets d'étonnement ! Tout se passait exactement comme lorsqu'Il avait distribué les cinq pains - puis les sept - aux multitudes affamées ; ou lorsqu'Il avait donné le pain qui représentait son corps, lors de cette réunion inoubliable dans la chambre haute (Matt. 14 : 19 ; 15 : 36 ; 26 : 26).
            « Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent » (v. 31). Nous pouvons être certains que jamais ils n'ont oublié ce moment-là ! Le son de sa voix avait révélé à Marie qui était Celui qui se tenait derrière elle ; de même ici, à la vue de Sa main bénissante qui pourvoyait à leurs besoins, le voile qui était sur leurs yeux fut levé. Ils reconnurent que c'était bien le Seigneur lui-même qui s'était joint à eux sur la route et qui les avait instruits, par la Parole de Dieu, d'une manière si extraordinaire.
            Mais n'y avait-il pas ici quelque chose de plus ? Ce que le Seigneur venait de faire correspondait à la coutume de son temps (voir Act. 27 : 35). Mais même s'il ne s'agit pas ici de la Cène, il n'en reste pas moins que le geste de rompre le pain rappelait sa mort. Celui qui était mort se révélait comme le Vivant, le Ressuscité d'entre les morts. Alors, toute leur peine et toute leur déception disparaissent, tandis que de leurs yeux désormais ouverts ils contemplent Celui qui avait été mort et qui était vivant.
            Quel moment, aujourd'hui, lorsqu'un croyant saisit cela ! Et que sera-ce lorsque la foi aura fait place à la vue ! Alors « nous le verrons comme il est » (1 Jean 3 : 2), Lui qui nous aura accompagnés si fidèlement tout le long du chemin, sans jamais manquer de nous instruire et de nous encourager par la puissance de sa Parole. En attendant ce moment bienheureux, nous aurions tort de croire que nous ne pouvons pas déjà maintenant parcourir notre chemin le cœur rempli de joie.
            Pour les disciples non plus, ce moment n'était pas encore là. Eux aussi, comme Marie de Magdala, devaient voir leur Seigneur les quitter de nouveau : « Il disparut de devant eux ». Mais les hommes et les femmes qui l'avaient suivi ne se désolèrent pas de son départ, pas plus qu'ils ne pleurèrent lorsque, quarante jours plus tard, Il fut élevé dans le ciel. De même que l'intendant éthiopien ne sera pas affecté par le départ de Philippe et continuera son chemin tout joyeux (Actes 8 : 39), les deux disciples avaient le cœur tellement plein de joie qu'ils ne se sentirent pas privés de sa présence physique, maintenant qu'ils avaient la certitude qu'Il était vivant. Son enseignement, les souvenirs qu'ils avaient de Lui, ses paroles, son regard, tout cela leur restait. Bien loin d'éprouver une nouvelle déception, « ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous ouvrait les Ecritures ? » (Luc 24 : 32).
            Voilà exactement ce dont les saints ont besoin aujourd'hui : des cœurs qui brûlent au-dedans d'eux à cause de sa Parole ! Les nombreuses voix étrangères qui se font entendre à nos oreilles n'ont pas cet effet-là, en contraste avec la voix familière du Bon Berger dont les paroles « sont esprit et sont vie ». C'est à ce Bon Berger que Pierre disait un jour, parce que son cœur brûlait aussi : « Seigneur, auprès de qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6 : 68). Puissions-nous nous asseoir plus souvent près de cette source intarissable !
            « Se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem ; ils trouvèrent assemblés les onze et leurs compagnons » (v. 33). Leurs cœurs, maintenant occupés de la personne de leur Seigneur ressuscité, ne leur permettent pas de rester là où l'incrédulité et le découragement les avaient conduits. Sans hésiter, ils se lèvent « à l'heure même » pour revenir. Peu importe le long et pénible voyage à refaire en sens inverse. Ils ne se laissent pas non plus arrêter par l'obscurité de la nuit. Leurs cœurs continuent de brûler, et ils éprouvent un ardent besoin de communion avec les bien-aimés du Seigneur. Ils ont hâte aussi de leur annoncer la glorieuse nouvelle de la résurrection.
            Cependant, le Seigneur avait aussi agi en grâce parmi ceux qui étaient restés à Jérusalem. A peine les deux disciples d'Emmaüs les ont-ils rejoints, que ceux-ci les accueillent en leur annonçant : « Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon » (v. 34). En contraste avec ceci, Marc nous décrit les autres dans leur incrédulité et leur endurcissement de cœur (16 : 13, 14). Ce qui nous montre clairement notre incapacité à accorder les évangiles avec notre compréhension limitée.
            Alors, à leur tour, ils « racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment il s'était fait connaître à eux dans la fraction du pain » (v. 35).
            « De l'abondance du cœur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34). C'est ainsi que de cœurs qui « brûlent » parce qu'ils sont occupés de Lui, procèdent des paroles et des actes qui glorifient et exaltent son Nom sans pareil.


                                                                                                        F. von Kietzell